Dick Wolf (Law & Order)

Stéphane Argentin | 29 avril 2008
Stéphane Argentin | 29 avril 2008

Le cerveau à l’origine de la série la plus pérenne de l’histoire du petit écran, c’est lui : Dick Wolf. Un nom qui figure désormais au panthéon des Dieux de l’Olympe des shows TV aux côtés des Steven Bochco, Donald P. Bellisario et autres Stephen J. Cannell. Rencontre avec le grand ordonnateur de Law & Order, une franchise dont les multiples ramifications n’ont pas toujours été sans heurts mais dont le public ne se lasse pas.

 

Propos et autoportrait (en fin d’article) recueillis au cours du 47ème Festival de Télévision de Monte-Carlo (juin 2007).

 

NB : Les trois séries mentionnées au cours de cet entretien sont :

Law & Order (en anglais) = New York District (en français)

Law & Order : Special Victims Unit (abréviée SVU) = New York unité spéciale

Law & Order : Criminal Intent (abréviée CI) = New York section criminelle

 

 

Pourriez-vous nous rappeler brièvement la genèse de Law & Order ?

À l’époque, nous souhaitions mettre sur pied des shows susceptibles d’être coupés en deux parties d’une demi-heure chacune. Trois projets furent ainsi envisagés : Life & Death, Day & Night et Law & Order. Des trois, Law & Order était le plus singulier car aucune série télé n’avait donné la vedette à des procureurs jusqu’à ce jour, uniquement des avocats de la défense.

 

Comment expliquez-vous le succès international de la série ?

Pour la simple et bonne raison que tous les épisodes sont indépendants les uns des autres. Vous n’avez pas besoin de savoir qui couche avec qui, qui est mort. Vous pouvez très bien arrêter de regarder pendant une semaine, un mois, voire même une année toute entière et reprendre le cours de la diffusion, le show sera toujours le même. Les acteurs auront peut-être changé mais la narration sera identique.

 

Comment expliquer alors l’échec de Trial by jury (New York Cour de Justice en VF, NDR) ?

Allez comprendre ! La présence de deux femmes procureurs et non un homme et une femme ? Le créneau horaire de diffusion (le vendredi soir à 22h de mars à mai 2005 aux États-Unis, NDR) ? Les raisons peuvent être multiples.

 

 

Pourquoi avoir choisi la France pour un remake de Criminal Intent ?

À l’origine, nous avions lancé le projet en Russie en 2001 où SVU et CI sont diffusés. Et au milieu des négociations, TF1, qui enregistrait de beaux scores avec la franchise et avait eu vent du projet, nous a contactés pour se joindre au concept.

 

Lors du lancement de Paris enquêtes criminelles, Vincent Perez déclarait que le remake français pourrait servir de nouvelle inspiration à l’original.

C’est une déclaration intéressante de sa part dans la mesure où les scripts du remake sont rigoureusement identiques aux nôtres. Mais il n’a sans doute pas vu tous les épisodes américains (rires).

 

Êtes-vous venu sur le tournage de Paris enquêtes criminelles ?

Oui et le moins que je puisse dire, c’est que la culture est très différente (rires). Aux pauses déjeuners, on trouve du vin sur la table. Aux États-Unis, si vous êtes surpris à boire sur le plateau, vous êtes viré (rires). Le tournage est également beaucoup plus long car votre législation limite le nombre d’heures de travail à sept par jour. Ce qui explique aussi pourquoi vos séries excèdent rarement les six à huit épisodes par saison. Un épisode prend vingt jours à tourner là où il en prend moitié moins aux États-Unis.

 

Avez-vous eu l’occasion de découvrir les épisodes français ?

Je les ai tous vu. Je trouve les quatre derniers plus réussis que les quatre premiers qui, comme au démarrage de n’importe quelle nouvelle série, prennent un peu de temps à trouver leurs marques. Vincent est un acteur très intéressant et je l’ai trouvé très convaincant dans le rôle.

 

Vincent et Sandrine (Rigaux) sont-ils venus sur le tournage de la version américaine ?

Non. En revanche, certains membres de l’équipe de production sont venus.

 

Qu’en est-il d’un éventuel cross-over entre les deux versions ?

Je souhaiterais faire venir le personnage interprété par Vincent Perez à New York. L’inverse serait difficilement envisageable. Les plannings sont bien trop serrés sur les séries américaines pour que l’on puisse se séparer de Vincent D'Onofrio pendant les deux semaines de tournage d’un épisode en France.

 

Peu avant les upfronts l’an passé, il a été fortement question de mettre fin à l’une des trois séries. Comment êtes-vous parvenu à contourner le problème ?

La raison initiale était d’ordre purement financière. NBC n’est plus aussi bien côté qu’elle le fut de par le passé et par conséquent ils n’ont plus autant d’argent. Nous avons donc revu les budgets à la baisse sans altérer pour autant le résultat final à l’écran. Personne n’a été viré. Seuls quelques changements de showrunners ont eu lieu en coulisses.

 

Quels sont vos futurs projets ?

J’espère mettre sur pied une mini-série sur Gengis Khan. Je verrais bien Jet Li dans le premier rôle.

 

Est-il vrai que vous avez également un projet sur les Doors de prévu ?

Oui mais il s’agira plus d’un documentaire. Les Doors sont venus nous voir avec toutes ces séquences que personne n’a jamais vues.

 

Combien d’années espérez-vous pouvoir continuer les trois Law & Order ?

20 ans (rires).

 

Ne pensez-vous pas que le public va finir par se lasser ?

Je l’ignore. Pour vous donner un ordre d’idées, les épisodes des trois séries réunies sont diffusés en moyenne 25 fois par semaine aux États-Unis, toutes chaînes confondues. Pas plus tard que le mois dernier, TNT, qui est la n°2 des chaînes câblées, a enregistré la meilleure audience de ces cinq dernières années avec Law & Order. USA Network est n°1 avec CI et SVU. CI est également n°1 sur Bravo. À l’arrivée, les trois séries sont diffusées sur un network, trois chaînes câblées et Dieu sait combien de chaînes locales et personne ne semble s’en lasser (rires).

 

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