Mary Lynn Rajskub (24 heures chrono)

Stéphane Argentin | 22 novembre 2007
Stéphane Argentin | 22 novembre 2007

Mary Lynn Rajskub. Un nom quasi-imprononçable pour une majorité. Qu’importe. Pour des millions de fans à travers le monde, Mary Lynn est Chloe O’Brian, la brillante informaticienne de 24 heures chrono et confidente du héros de la série : Jack Bauer. Un personnage un rien coincé et ultra-sérieux qui n’a strictement rien à voir avec son interprète, toujours prête à rigoler en entretien. Rencontre avec une comédienne enjouée…

 

Propos et autoportrait (en fin d’article) recueillis au cours du 47ème Festival de Télévision de Monte-Carlo (juin 2007).

 

 

Est-il vrai que votre mère vous a forcé la main pour accepter le rôle de Chloe ?

Oui.

 

Pourquoi ?

Je ressortais d’une audition pour Les Experts qui s’étaient très mal passée et dans la même semaine j’avais cette proposition pour 24 où je me contentais de dire : « Oui, Jack. Non, Jack ». Mon agent m’a précisé que les responsables tenaient vraiment à me rencontrer et ma mère n’arrêtait pas de me dire que c’était une excellente série. Comme je n’avais jamais regardé le moindre épisode, ils m’en ont fait parvenir. En les découvrant, je me suis dit : « C’est vrai que c’est une bonne série. Je devrais y aller ». En me rendant à l’entretien, j’ai croisé Joel Surnow (l’un des deux créateurs de 24, NDR) dans le vestibule qui m’a dit : « Je vous ai vu dans Punch drunk love et j’ai vraiment envie de vous écrire un rôle dans 24 ». C’est une chance unique en tant qu’acteur que d’avoir droit à un personnage créé spécialement à son attention. Rien que pour ça, j’ai eu envie de prendre part à la série.

 

Était-il prévu que Chloe prenne autant d’importance au fil des saisons ?

Au départ le personnage était en retrait mais Joel Surnow m’a dit qu’il allait l’étoffer. J’avais du mal à y croire car au début de la saison 3, Chloe est une simple technicienne, frigide coincée et assez grossière. Qui plus est, on lui colle un bébé qu’elle doit planquer sous son bureau (rires). Qui allait bien pouvoir croire en ce personnage ? Puis, au fil des épisodes, elle aide Jack, elle devient sa confidente. C’est à ce moment-là que Chloe a commencé à devenir intéressante.

 


 

Que pensez-vous des critiques faites à l’encontre de la torture dans la série et le fait que de telles méthodes employées par Jack soient justifiées par la situation et représentative de l’ère « George Bush » ?

Je suis tout à fait d’accord avec de telles méthodes, comme ça on peut passer à la question suivante (rires). Plus sérieusement, le show s’appuie sur la réalité pour en tirer une fiction à la fois trépidante et intelligente et qui ne se contente pas de montrer de telles méthodes par pure gratuité. Que la série suscite la controverse est donc une bonne chose selon moi et je crois que les gens sont réceptifs à une telle approche.

 

Partagez-vous des traits communs avec Chloe ?

Tout comme elle, je suis très appliquée dans mon travail et je ne comprends pas toujours tout au monde dans lequel je vis. Mais avant tout, nous sommes toutes deux très brillantes (rires).

 

Comment parvenez-vous à donner ce petit côté comique au personnage dans un show pourtant totalement dénué d’humour ?

Tout au long de mon cursus, j’étais très sérieuse : lorsque je peignais au San Francisco Art Institute, puis lorsque je me suis lancée dans le Performance Art. Jusqu’au jour où j’ai lu une critique qui disait que j’étais à la fois drôle et bizarre sur scène. De là, j’ai commencé à tourner en ridicule le Performance Art. Et voilà comment à débuter ma carrière dans la comédie jusqu’à 24 qui fut donc mon premier drama. Voilà la connexion : Chloe se prend très au sérieux dans un show lui aussi très sérieux mais en définitive c’est le côté comique du personnage qui ressort (rires).

 

C’est peut-être la clé de la survie de Chloe ?

Vous croyez ? Je n’en suis pas aussi sûre. J’ai toujours l’impression que mon personnage risque d’y passer d’un moment à l’autre.

 

Après tant d’année, vous avez toujours cette crainte ?

Bien sûr ! Mon patron est ici (Jon Cassar, en interview au même moment à quelques mètres de là, NDR). À chaque nouvelle saison, je lui demande toujours : « Jon, est-ce que je reviens la saison prochaine ? ». Et lui de me répondre avec désinvolture : « J’en sais rien ! ».

 

Il nous avouait pourtant ce matin qu’il serait sans doute très difficile de tuer votre personnage désormais.

(Contente) Yes !!! Je vais aller le voir : « Jon, tu as besoin d’un massage ? Jon, un peu d’argent ? » (rires).

 

Comment aimeriez-vous mourir dans la série ?

Sans le moindre climax, très doucement (rires). Comme si je m’étais endormie et que les gens réalisent après coup : « Oh, elle est morte ! » (rires). Puis, on verrait mon esprit s’envoler tel un ange (rires).

 


 

Y a-t-il une place pour l’improvisation sur le tournage ?

Non. Je m’en tiens essentiellement au script. Néanmoins, cela ressemble beaucoup à de l’improvisation car d’une semaine sur l’autre, l’histoire peut partir dans des directions complètement opposées et j’ignore en permanence ce qui va arriver. J’adore cette façon de travailler.

 

Retenez-vous facilement vos dialogues pourtant très chargés en termes techniques ?

Au départ, j’étais confiante car je retiens facilement mon texte mais à l’issue d’un break de 20 minutes pour mon premier jour de tournage, j’ai commencé à paniquer car j’avais tout oublié. Je dois donc m’entrainer davantage quotidiennement pour tout retenir.

 

Êtes-vous à l’aise avec la technologie d’une manière générale ?

Pas du tout. Je me lève encore pour changer de chaîne ou régler le volume de ma télé (rires).

 

On voit rarement Chloe en dehors de la CAT ?

J’aimerais davantage de scènes à l’extérieur mais Chloe est supposée travailler derrière son ordinateur.

 

Vous avez pourtant jouée quelques scènes en extérieur, comme cette séquence où vous utilisiez un fusil-mitrailleur ?

Les gens ignorent que j’ai toujours un flingue à porter de mains sous son bureau au cas où (rires). Plus généralement, j’aime tourner les scènes d’action comme par exemple lorsque je suis au lit avec ce type ou bien que je suis à deux doigts d’exploser avec une bombe dans ma voiture (rires).

 

Êtes-vous demandeuse de telles séquences hors de la CAT ?

Certains comédiens formulent de telles requêtes : « Ne me tuez-moi ! Je veux mourir ainsi ! » (rires). Pour ma part, je me contente de faire ce qu’on me dit et j’ai de la chance car jusqu’à présent j’ai été plutôt bien desservie.

 

Avez-vous déjà essayé le jeu vidéo 24 ?

Bien sûr ! J’y joue tous les soirs (rires). D’ailleurs, dès la fin de cet entretien, je retourne y jouer (l’interview a eu lieu en fin d’après-midi, NDR). Mais auparavant, je jouerais à mon autre jeu préféré : « Boire à Monaco ». Vous devriez essayer (rires).

 

 

Retrouvez les photos de Mary Lynn Rajskub du magazine Geek Monthly dans la galerie ci-jointe.

 


 

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