Kathryn Morris (Cold case)

Stéphane Argentin | 7 août 2007
Stéphane Argentin | 7 août 2007

Kathryn Morris. Un nom assez peu connu au cours des années 1990 car uniquement entraperçu en tant que guest star de quelques productions télés de moindre envergure ou encore au second plan dans des longs-métrages plus ou moins côtés. Mais depuis 2003, tout le monde connait désormais la comédienne grâce à la série télé Cold case où elle interprète Lilly Rush, un inspecteur de la police de Philadelphie spécialisé dans les enquêtes criminelles non résolues. Alors que le show entrera dans sa cinquième saison à la rentrée prochaine, nous avons eu l’occasion de rencontrer Kathryn Morris afin d’aborder avec elle son expérience sur cette série très prolifique…

 

Attention aux spoilers : Cet entretien aborde différents éléments d’intrigue des saisons 1 à 4.

 

Propos et autoportrait (en fin d’article) recueillis au cours du 47ème Festival de Télévision de Monte-Carlo (juin 2007).

 

 

Dans quelles circonstances êtes-vous arrivée sur Cold case ?

Les créateurs de la série avaient remarqué mon travail dans différents longs-métrages. En fait, j’étais la dernière personne choisie car ils avaient du mal à trouver l’interprète de Lilly Rush.

 

Quels traits communs partagez-vous avec le personnage ?

Assez peu en fin de compte, si ce n’est ce désir profond de venir en aide aux petites gens, aux opprimés. Tout comme Lilly, je suis également une grosse bosseuse qui aime prendre les choses en mains et rétablir les tors.

 

Qu’en est-il des animaux domestiques ? Avez-vous des chats comme Lilly ?

Je n’en ai pas autant qu’elle mais oui, j’ai deux chats. Des mâles. Je n’aime pas les femelles.

 


 

Vous avez pratiquement exploré chaque décennie du 20ème siècle au cours des quatre premières saisons. Y a-t-il une décennie que vous préférez en particulier ?

J’aimerais davantage d’histoires sur les années 1960, la belle époque du Studio 54, de Brigitte Bardot, de Mod squad, (série télé produite par Aaron Spelling diffusée sur ABC de 1968 à 1973, NDR). L’époque où l’on faisait la fête. Les années 1960, 70 et 80 sont une période où beaucoup de choses ont mal tourné en matière de musique, de drogue, de sexe et de rock n’roll si l’on y regarde bien. La guerre du Vietnam et le racisme étaient les deux sujets brûlants dans les années 60. La dualité entre l’euphorie et les dérives de cette époque serait intéressante à explorer plus avant.

 

Pourquoi les relations entre Lilly et les hommes sont-elles toutes aussi dysfonctionnelles ?

Lilly est par essence-même quelqu’un de dysfonctionnel. Elle a le chic pour saborder de telles relations et ignore comment réagir lorsqu’une personne devient trop proche d’elle sur un plan affectif. Sa mère alcoolique et son père absent l’ont terriblement blessé. C’est pour cette raison qu’elle se réfugie dans son travail. Je peux paraître très dur avec elle en disant ça mais j’espère néanmoins qu’elle finira par trouver une relation stable.

 

La photographie de la série est particulièrement froide, à l’image précisément du personnage de Lilly.

Plusieurs chefs op. ont déjà travaillé sur Cold case, et selon les époques auxquelles se déroulent les épisodes, différentes approches ont déjà été tentées à ce niveau. Mais le look visuel général a toujours été très glacial avec des teintes gris-bleutées. Les gens que je rencontre sont d’ailleurs assez surpris de ne pas se retrouver face à une personne à la mine cadavérique, à la limite du vampire, comme dans la série (rires). Mais vers la fin de la quatrième saison, ils vont essayer d’égayer tout cela en injectant quelques petites touches de couleurs.

 

Lilly termine pourtant la quatrième saison dans un triste état…

C’était en effet une très mauvaise journée pour elle. Une journée qui avait déjà mal commencé et qui est allée de mal en pis (rires).

 

Ces évènements auraient-ils des répercussions pour le personnage au cours de la saison 5 ?

Je pense en effet qu’une page de la vie de Lilly vient de se tourner et qu’elle va réévaluer ses priorités : vivre pleinement sa vie ou bien continuer à se réfugier dans son travail pour échapper à ses problèmes familiaux avec sa mère, sa sœur… ? J’espère que la première option sera retenue et que cette décision saura la rendre encore plus performante dans son travail. Lilly a connu la guerre, il est temps pour elle de connaître un peu la paix.

 


 
Qu’est-ce que Cold case vous a apporté sur un plan professionnel ?

J’ai beaucoup appris sur la façon dont étaient produites les séries télés. Jerry Bruckheimer (producteur exécutif, NDR) vient du cinéma et c’est de ce milieu que sont également issus la plupart des intervenants sur Cold case. C’est donc à un véritable petit tutorial sur le casting, l’écriture, les éclairages, les transitions… auquel j’ai eu accès depuis les débuts de la série. À l’avenir, je souhaiterais moi aussi passer à la production. Et je crois avoir été à bonne école pour ça. À Hollywood, tous les gens du milieu savent que Cold case est l’une des séries les plus difficiles à faire car nous faisons pour ainsi dire deux shows chaque semaine : le présent et les flashbacks, ces derniers étant systématiquement différents pour chaque épisode.

 

La série a connu un changement de showrunner la saison passée (Veena Cabreros Sud en lieu et place de Meredith Stiehm, la créatrice de Cold case, NDR). Cela a-t-il eu des répercussions ?

Pour la série en elle-même, non car Cold case possède déjà son identité bien à elle et Veena fait partie du staff de scénaristes depuis le début. Et bien qu’elle possède son propre style, cette formule gagnante ne changera pas. En dépit des difficultés que Veena a pu rencontrer, l’ensemble du staff a été d’un grand soutien. Car il y a une sacrée différence entre le travail de scénariste et celui de showrunner. D’une certaine façon, Veena se retrouve un peu dans la position qui est la mienne depuis le lancement de la série, à savoir des personnes qui s’en prennent à elle pour tout ce qui ne va pas (rires). Les gens me font le coup en permanence : « J’ai détesté l’épisode d’hier soir ». Comme si c’était de ma faute (rires). Depuis, je lui dis : « Tu vois ce que c’est hein ? C’est dur ? » (rires).

 

Quel rapport entretenez-vous avec les scénaristes ?

Ils font leur boulot de leur côté et les acteurs sont les derniers au courant des intrigues. Je connais les grandes lignes mais pas les détails de chaque histoire. Je découvre généralement les scripts deux jours avant le tournage après que tous les autres départements l’aient déjà eu entre les mains. Ils souhaitent ainsi capitaliser sur l’effet de surprise, de telle sorte que les comédiens ne s’attachent pas trop à certaines histoires. Il m’arrive cependant d’avoir des retours des fans ou encore d’émettre certaines idées qu’ils décident d’intégrer d’une façon ou d’une autre, comme par exemple certains éléments autour de la relation entre Lilly et sa mère au cours de la saison 4.

 

Chaque saison semble justement voir ressurgir une personnalité du passé de Lilly : son ancien boyfriend, sa mère, sa sœur… À quoi allons-nous avoir droit pour la suite ? Qu’est-ce que vous aimeriez voir ?

Je crois que nous sommes à court de membres de sa famille. Elle a d’ailleurs eu droit à suffisamment de déconvenues de ce côté-là. J’aimerais bien la voir établir des relations plus durables et sereines, avec une amie ou un compagnon.

 

La saison passée, un crossover a eu lieu entre Les Experts : Manhattan et Cold case (ép. 3.22- Cold reveal dans les Experts : Manhattan, NDR). Y en a-t-il d’autres de prévu par la suite ?

Je ne suis pas sûr. Personnellement, j’adorerais faire équipe avec William Petersen (l’interprète de Gil Grissom dans Les Experts : Las Vegas, NDR). Nous sommes également très proches des personnes qui travaillent sur FBI : Portés disparus car Cold case est en quelque sorte la sœur cadette de FBI (Cold case a démarré un an après FBI : Portés disparus, NDR). Et je connaissais déjà Eric Close (l’interprète de Martin Fitzgerald dans FBI : Portés disparus, NDR) car nous avions travaillé ensemble il y a sept ou huit ans sur une autre série intitulée Les Sept mercenaires. Donc, pourquoi pas…

 


 

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