Stranger Things sur Netflix : on a vu les premiers épisodes de la série qui rend hommage au cinéma des années 80

Geoffrey Crété | 5 août 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Geoffrey Crété | 5 août 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Au programme de la nouvelle série Netflix Stranger Things : une petite ville américaine, des disparitions mystérieuses, des expériences effrayantes, un monstre qui rode, Winona Ryder et un groupe d'enfants qui part à la recherche de leur ami. Premier avis après les quatre premiers épisodes, à mi-saison.

Difficile de ne pas succomber à Strangers Things. Impossible même, sauf à n'avoir aucun amour pour le cinéma de genre des années 80, et à ressentir une aversion face au grand retour des sonorités eighties dans le cinéma contemporain, où les néons et les synthés sont redevenus des outils branchés.

Dès les premières minutes, la nouvelle série Netflix diffusée dès le 15 juillet rassemble les éléments parfaits d'une plongée en territoire old school : un scientifique pourchassé dans un laboratoire secret par une créature mystérieuse, un groupe d'enfants marginaux et geeks, et la disparition inexplicable de l'un d'eux, stoppé sur son vélo lancé à travers la nuit par la terrifiante créature, capable de choses qui dépassent l'entendement. Plus tard, il sera question de pouvoirs paranormaux, d'obscure agence gouvernementale, d'un policier et d'une mère qui tentent de demêler la vérité.

Le programme de Strangers Things est clair. Concoctée par les frères Matt et Ross Duffer, réalisateurs de l'amusante série B Hidden avec Alexander Skarsgard et scénaristes de quelques épisodes de la série de Shyamalan Wayward Pines, Stranger Things est un hommage vibrant à Steven Spielberg, John Carpenter et Stephen King, vendue sur la promesse d'une excursion nostalgique sur le territoire d'X-Files. Mais la série de huit épisodes va t-elle au-delà du simple hommage ?

 


 

 

ATTENTIONS PETITS SPOILERS

 

LES GRIFFES DE LA NUIT

Le synopsis officiel le revendique : "Stranger Things est une ode au cinéma des années 1980, qui a captivé une génération tout entière". Un hommage assumé devenu le grand argument promo de la série, sortie de l'anonymat en quelques semaines grâce à des premières images qui ont touché le coeur du cinéphile. Dès les premières épisodes, il sera pris par la main : affiches de The Thing, Les Dents de la mer et Evil Dead, places de cinéma pour Poltergeist offertes au personnage, imitation de Yoda, référence aux X-Men et Michael Myers, ou encore maquette du Millenium Falcon utilisé dans une scène amusante.

Le même cinéphile pourra y flairer un certain opportunisme après la petite vague de nostalgie très remarquée sur les écrans de cinéma (Super 8, Midnight Special, It Follows, Lost River, Nicolas Winding Refn). Mais si Stranger Things se repose sur ce comeback des synthés et des néons, c'est pour mieux envelopper son histoire dans une atmosphère douce et inquiétante, et en tirer une formidable fable sur l'enfance.

 

Enfants

 

La série s'ouvre sur le ciel étoilé de l'Indiana, le 6 novembre 1983, au-dessus de la petite ville ordinaire et sans histoire de Hawkins. Ou presque, puisque le gouvernement y mène des expériences dans un laboratoire rattaché au département des énergies, sous la houlette d'un Matthew Modine péroxydé. De cette zone 51 s'échappent deux choses extraordinaires : une forme de vie vraisemblablement extra-terrestre, digne de Slender Man, qui erre à la frontière de notre réalité pour enlever quelques âmes pures, et une enfant dotée de pouvoirs possiblement immenses.

Deux "monstres" qui vont croiser la route des héros, une bande d'enfants de 12 ans. L'alien enlève l'un d'eux dans le pilote et la fille, qu'ils décident de cacher, va peu à peu les aider à retrouver leur ami Will. En parallèle, la mère du disparu (Winona Ryder) voit dans divers phénomènes inexplicables la preuve que son fils est vivant, tandis que le policier de la ville (David Harbour), d'abord circonspect, va enquêter sur le laboratoire.

 

Winona Ryder

 

L'ANTRE DE LA FOLIE

Stranger Things ressemble à un épisode d'X-Files retourné, dans un décor d'Amblin. Mulder et Scully auraient pu faire une escale à Hawkins le temps d'un épisode ou deux, pour élucider la disparition de Will et accueillir Winona Ryder en guest prestigieuse. Mais la série des frères Duff a un luxe : celui d'installer le décor, étirer l'intrigue et aborder l'histoire sous différents angles, pour plonger le spectateur dans un grand mystère. 

De la mère à fleur de peau qui passe pour une folle aux méchants agents du gouvernement américain, les ficelles sont bien classiques. La valeur de Stranger Things repose principalement sur l'énergie de ses petits héros Mike, Lucas et Dustin, qui forment un superbe trio. Parfaitement castés avec leurs têtes inhabituelles et irrésistibles (particulièrement Finn Wolfhard et Gaten Matarazzo), ces Goonies incarnent toute la dimension tendre et délicate de la série. Il y a une vraie beauté dans leur amitié, qui offre les moments les plus déchirants, comme la fin de l'épisode 3 bercée par une reprise de David Bowie.

Dans le rôle de l'enfant extraordinaire nommée Eleven, Millie Bobby Brown se révèle particulièrement excellente, capable de fendre le coeur avant de provoquer un vrai malaise en l'espace de quelques scènes, et quasiment sans dialogues. Elle donne une vraie dimension à ce personnage qui complète l'équipe pour y apporter l'aventure - dans la science-fiction mais également du côté coming of age de l'histoire. Cachée, déguisée, observée et aimée comme E.T., elle est comme le MacGuffin de la série, qui lui offrira sans aucun doute de grandes choses d'ici la fin de saison - ce que confirment les trailers.

 

Enfants

 

STAND BY US

Au coeur de Stranger Things, un grand thème du cinéma des années 80 cité : le fossé entre le monde des adultes et celui des enfants. Will disparaît dans une maison vide, en l'absence de sa mère divorcée, qui avouera elle-même avoir délaissé ses enfants déjà abandonnés par leur père. Trahie par son père, pourchassée par des adultes meurtriers, Eleven trouvera refuge auprès d'enfants, qui la cachent dans un sous-sol où ils mènent quasiment une existence parallèle sous le quotidien de la famille. Le policier a de son côté perdu sa fille de la manière la plus réaliste qui soit : elle est morte. La fracture est omniprésente, et Joyce semble d'ailleurs jouer dans un autre film que les enfants : plus mélodramatique, avec des effets spéciaux plus lourds, déconnectée des petits héros. 

La science-fiction naît dans cette fissure grandissante entre les générations, qui prend littéralement vie avec une dimension alternative où est enfermé Will. Car au fond, il n'a pas disparu : il continue à vivre sous les yeux de sa mère impuissante, piégé dans le tissu de la morne réalité. Dans les murs, le téléphone, les guirlandes de Noël qu'il aime. Toutes les réponses semblent être sous les yeux des protagonistes, comme le fameux laboratoire planté dans le décor de Hawkins, sans éveiller les soupçons.

 

Winona Ryder

 

Etonnamment présente dans les premiers épisodes, Nancy, la grande soeur de Mike, semble d'abord alourdir la narration avec ses banales histoires de coeur. En réalité, elle incarne ce passage délicat à l'âge adulte, ce saut effrayant dans les mystères de la sexualité. Ce n'est certainement pas un hasard si son amie Barbara (là encore superbement castée avec Shannon Purser dans son tout premier rôle), farouchement accrochée à son enfance, disparaît à ce moment précis, dans un soupir mélancolique.

 

Nancy

 

LE VILLAGE DES DAMNES

Scénaristes et réalisateurs des deux premiers épisodes, les frères Matt et Ross Duffer n'ont pas cherché bien loin leur inspiration : "On a grandi en Caroline du nord et on était des gosses normaux vivant en banlieue, jouant à Donjons et dragon avec nos amis, donc quand on regardait les films de Spielberg, Carpenter, les adapations de Stephen King, on était transportés. Comme si soudainement, nos vies avaient le potentiel pour être des aventures. On voulait capturer ce sentiment".

Pari réussi : au-delà de l'hommage, il y a une vraie âme dans leur création, portée par une direction artistique impeccable, à l'image de ce générique faussement sobre. Avec une naïveté irrésistible, l'aventure épique des héros contre qu'ils appréhendent comme une partie de Donjons et dragon emporte peu à peu, avec une maîtrise discrète. Il reste encore beaucoup de secrets à percer et de mystère à dévoiler dans cette première saison, mais déjà une évidence : Strangers Things est l'une des jolies surprises de l'année.

 

Rendez-vous prochainement pour un bilan de la saison 1 de Stranger Things, diffusée sur Netflix à partir du 15 juillet. 

 

Poster

 

Tout savoir sur Stranger Things

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commentaires
Lechtitigrou
10/09/2016 à 10:38

"on se tape une bande de geek qui ont lu le seigneur des anneaux, alors qu'ils ont a peine douze ans...."
Non seulement c'est très courant de lire LSDA à cet age, mais c'était le cas dans une moindre mesure en France. J'ai lu LSDA en 89, après avoir dévoré quelques livres "dont vous êtes le héros" (ceux de ian livingstone et steve jackson). Bref, étant "geek" à l'époque, j'ai sans doute pu plus facilement apprécié cette série: petite madeleine au gout exquis pour moi.

Stridy
05/08/2016 à 13:25

"on se tape une bande de geek qui ont lu le seigneur des anneaux, alors qu'ils ont a peine douze ans...."

C'est très courant aux Etats Unis de lire LSDA à cet âge.

Gandalfou
17/07/2016 à 18:29

Le seigneur des anneaux je l'ai lu à peu prêt à cet âge la, Je savais pas que poiur le bon sens populaire il y avait un âge minimum pour le lire.

Psyloz
16/07/2016 à 15:51

Moi j'ai beaucoup aimé, une bonne série de la part de Netflix.
En espèrant qu'ils ne tire pas trop sur la ficelle s'ils se rendent compte que la série marche bien.
J'aimerais qu'ils sortent plus de séries du même genre.

graysam93
16/07/2016 à 14:33

J'ai beaucoup de mal a tenir avec le premier episode, on se tape une bande de geek qui ont lu le seigneur des anneaux, alors qu'ils ont a peine douze ans....ca me fait penser à super 8, tout dans la forme mais une oeuvre factice retro en apparence, je ressens plus big bang theory que les films que j'ai connu des années 80.

KenCht'iro de l'Etoile Du Ch'Nor
16/07/2016 à 14:15

"Ça fait série gamin" dixit le Chevalier d'Or. En même temps s'éveiller au 7e Sens et chercher à "Sentir" sa Cosmo Energie... Ça fait pas du tout, du tout gamin...

thierry
16/07/2016 à 12:50

En effet, la série se binge super vite et super agréablement.
Pour moi, pas une faute de gout, c'est une vrai réussite.
(A part Winona qui en fait parfois un peu trop..)

shion du bélier
16/07/2016 à 12:44

chez pas ça fait série gamin a mort quand meme bof , le premier ma pas convaincu .

SMQ
16/07/2016 à 10:22

J'ai avalé les 8 épisodes d'un trait hier, et c'est effectivement une série très sympa ! ça se regarde, on se laisse prendre par le scénario, bref, un retour vers les 80s qui fait du bien ! Et la fin laisse clairement de la place à une éventuelle suite.

Geoffrey Crété - Rédaction
15/07/2016 à 15:43

@Fennec

Netflix n'a pas communiqué le nom de Drew Struzan, ce qui semble indiquer que c'est le travail d'un autre, très inspiré.

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