Vinyl : audience en berne et showrunner éjecté, qu'arrive-t-il à la série de HBO ?

Sophie Sthul | 20 avril 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Sophie Sthul | 20 avril 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Vinyl devait être l’évènement HBO de 2016, la série portée Scorsese, Jagger et Terence Winter, capable de montrer à l’insatiable Netflix qui avait les plus grosses cojones. Mais rien ne s’est passé comme prévu.

Quelques heures seulement après avoir été éjecté de la série dont il était le showrunner, l’ex-star de HBO (Les Soprano), l’inestimable Terence Winter, faisait une déclaration pour le moins surprenante durant le 8ème gala annuel du TV + Film Finance Forum East.

« Peut-être les années 70 étaient-elles simplement trop proches. Les récits d’époque sont très lourds. C’est difficile de décrire une réalité qui est encore fraîche dans l’esprit des gens. »

Si de nombreuses raisons ont été invoquées pour décrire l’échec public et (partiellement) critique de Vinyl, l’époque où se déroule la série n’a jamais été pointée du doigt comme un possible motif de désaffection. En revanche, le fait qu’un poids lourd de l’industrie, fraîchement limogé, l’invoque si facilement témoigne de l’atmosphère étrange qui règne actuellement à HBO.

 

Juno Temple Vinyl

 

Une série trop gourmande ?

100 millions de dollars de budget, dont 30 alloués au seul pilote réalisé par Martin Scorsese, un casting de luxe, une reconstitution délirante, une promo digne des plus gros blockbusters hollywoodiens, investissement massif (HBO a renouvelée le projet pour une saison 2 avant même le début de la diffusion)… Vinyl a été une série gourmande, voire affamée.

C’est qu’il faut faire oublier l’échec de True Detective saison 2, tout comme il convient de ne pas trop attirer l’attention sur Westworld, autre production maison extrêmement coûteuse, repoussée aux calendes grecques en raison de mystérieux problèmes.

Résultat, une série énorme, pour ne pas dire obèse, obligée d’obtenir des audiences très (trop) importantes pour être considérée comme un succès.

 

Juno Temple Vinyl

 

Certains l’aiment show

Si Vinyl est une série historique, elle se concentre aussi sur le destin d’un ogre du business musical, incarné par Bobby Cannavale. Richie Finestra est un géant aux pieds d’argiles, un génie au bord de la crise de nerfs et la série raconte avant tout son existence et les luttes internes qui la gouvernent.

Mais c'est aussi le récit de l’ascension de Jamie Vine (Juno Temple), qui plus qu’une assistante bonne à distribuer la dope et photocopier les contrats, veut jouer un vrai rôle éditorial au sein du label. C’est aussi l’histoire d’une chute inexorable, celle que vit Devon Finestra (Olivia Wilde), ex-égérie Warholienne, qui comprend et voit combien le monde de folie douce qu’elle a connu s’apprête à sombrer, après un ultime feu de joie.

Vinyl est également un formidable éventail musical. Un show témoin d’un temps où le rock’n roll enflammait littéralement l’esprit d’une génération d’occidentaux qui découvraient simultanément la crise systémique et la décrépitude de leur modèle sociétal.

Bref, Vinyl est riche, sans doute trop pour son propre bien, et ne parvient jamais à choisir si elle veut être un Mad Men musical, un Soprano rock, ou un Sex and the Music.

 

Olivia Wilde

 

HBO en péril ?

Nous l’évoquions il y a quelques semaines, la stratégie de la chaîne câblée, les multiples annulations et reports de projet évoquaient pour le moins des problématiques de positionnement de la part de ce pilier du divertissement télévisuel.

Récemment c’est une déclaration du brillant acteur principal de Vinyl, Bobby Cannavale, qu’ont recueilli nos confrères du Point, qui nous a mis la puce à l’oreille. Dans l’interview qu’il a accordée à notre confrère Philippe Guedj, l’artiste critique durement la maison mère.

 

Olivia Wilde

 

« Ce qui est sûr, c'est qu'on a changé d'époque. Il n'y a pas si longtemps, HBO était une chaîne qui protégeait les créateurs et les soutenait jusqu'au bout. Je ne sais pas trop pourquoi ce n'est plus le cas, c'est sans doute dû au durcissement de la concurrence sur le câble. »

On le voit, Vinyl et HBO semblent dans la tourmente. Reste à savoir si le nouveau showrunner (Scott Z. Burns), venu du cinéma, saura redresser la barre. Une chose est sûre, on va désormais scruter attentivement les choix de HBO, qui doit en partie se réinventer pour faire face aux nouveaux modes de consommation induits par le succès de Netflix, tout en conservant sa place de leader et d’innovateur face à de nouveaux concurrents (Hulu, Amazon).

 

Poster

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commentaires
Mechanyk
22/04/2016 à 01:15

@Romain
Sense8 un pétard mouillé, ça reste ton avis. Pas une Vérité.
Netflix, sinon, c'est aussi Bloodline, Orange is the new black, Love (excellente surprise alors que je n'aime pas Apatow), ou encore un petit truc nommé House of Cards.
Et Netflix créé ses propres séries depuis 3 ou 4 ans il me semble. Pas mal comme début.

Romain
21/04/2016 à 22:34

Oui enfin sur Netflix il n'y a pas l'équivalent de true détective saison 1. Sense 8 est un pétard mouillé, Marco polo sans aucun intérêt et si ensuite on met de côté l'intérêt pour les personnages de Marvel, c'est facile de décliner ses personnages à la cons... Au final quelque chose d'original comme Oz, True détective, Les soprano... il n'y a pas.

nucky
21/04/2016 à 14:04

Dommage. Ça valait vraiment pas le coup d’abréger Boardwalk pour ce pétard mouillé.

Vickers
21/04/2016 à 00:37

Quasi certain que The Wire a été encensé dès sa première saison par la critique, qui l'a aussitôt placé dans les grandes réussites de la chaîne. C'était absolument pas un objet incompris qui a été réhabilité au fil des années.

REA
21/04/2016 à 00:04

Pauvres américains. En même temps, ils sont tellement bombardés de séries. Mais bon, qu'ils viennent chez nous se taper Louis la brocante, Camping Paradis...

Comme le dit Richie : c'est une oeuvre incomprise. Elle aura sûrement son succès plus tard, comme THE WIRE.
Oui le pilot était trop long. Mais il est loin de remettre en cause l'échec incompréhensible de la série.

Le casting est génial, les acteurs au top, l'écriture nickel, la musique surkiffante... C'est mieux que Nashville, pas aussi drôle que Sex&Drugs&Rockn'Roll, mais c'est une super série durant laquelle on s'ennuie pas. A voir si netflix va se planter avec "The Get Down". Peut être que ce type de séries n'attire pas les foules, et c'est bien dommage. Après, il n'y a plus de culture musicale. Ce qui se fait depuis 10 ans, c'est sans passion, tout est dans le calcul à cause de la crise de l'industrie.

Mad
20/04/2016 à 23:06

Vinyl est un ratage. J'attendais quelque chose de transgressif, de fou mais de superbement bien soigné et on ressort avec quelque chose de mou, d'assez convenu et d'inintéressant (le pilot était terriblement long). Je n'ai pas reconnu la patte qu'il y avait eu avec Boardwalk Empire. C'est une énorme déception. On commence à avoir l'habitude avec HBO, entre la saison 2 de True Detective, la saison 5 de Game of Thrones, l'avortement de Treme (C'était cruel pour les fans), Westworld qui peine à arriver et maintenant ça. A force de trop vouloir faire dans l'esthétique et le non conventionnel (à première vue), on se perd dans un truc chiant et poussif.

KLM
20/04/2016 à 22:17

C'est certainement un argument choc Richie. Merci.

Richie
20/04/2016 à 22:14

Vinyl n'est pas un ratage mais une oeuvre incomprise.

2cloo
20/04/2016 à 19:01

La star de HBO pour "The Sopranos" était David Chase, le créateur....

maxleresistant
20/04/2016 à 17:25

Si ils commencaient par mettre à disposition HBO Go partout dans le monde, déjà ce serait pas mal. Parce que si aujourd'hui Netflix est devenu un mastodonte de la production, c'est parce qu'il est dans 190 pays.

Ensuite oui il y a clairement des problemes a la tete des programmes, déjà il faudrait arrêter de tout de suite jeter des dizaines de millions dans un projet a chaque fois, Ensuite il faudrait aller au bout de leur entreprise,
True Detective, Utopia, West World, maintenant Vinyl, autant de ratage qui commence à faire mal à leur réputation.