House of Cards saison 4 : on a vu les 3 premiers épisodes impitoyables

Jacques-Henry Poucave | 4 mars 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Jacques-Henry Poucave | 4 mars 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Dans un bel effet d’annonce, Netflix a récupéré les droits de diffusion d’une de ses séries phares, qu’on pensait encore dans l’escarcelle de Canal Plus. Résultat, la saison 4 est disponible en France depuis quelques heures.

On était dans le flou il y a peu. Et par conséquent, on s’est précipités sur cette nouvelle fournée, sur laquelle reposaient beaucoup d’espoirs. Car avec l’explosion de son couple star, House of Cards avait conclu brillamment sa saison 3 et précipité ses protagonistes dans un nouveau champ de bataille, intime celui-là, qui promettait une bataille rangée et sanglante.

Voici nos impressions sur les trois premiers épisodes.

 

Underwood

Nouveaux venus

Un des plaisirs de cette entame de saison 4 provient de l’ajout de deux nouveaux personnages, qui en plus d’être intrinsèquement réussis, sont suffisamment bien écrits pour venir nuancer les protagonistes que nous connaissons depuis déjà plusieurs années.

La mère de Claire est probablement l’ajout le plus prestigieux et spectaculaire au casting, grâce à une Ellen Burstyn glaçante en vieille fortune texane à l’agonie. Hautaine, calculatrice et impitoyable, elle voit le retour de sa fille comme l’occasion de faire payer à cette dernière ses erreurs et ce qu’elle considère comme une trahison, tout en tentant désespérément de faire exploser son gendre en vol.

On ignore encore d’où provient la haine viscérale qu’elle éprouve à l’encontre de Francis Underwood, mais elle vient renouveler les forces en présence et pourrait constituer une sous-intrigue mordante.

S4

La très belle surprise de ces trois premiers épisodes provient de Neve Campbell. On n’avait tout simplement pas vu la comédienne aussi en forme depuis des années. Débauchée par Robin Wright pour fuseler sa campagne électorale, son personnage s’annonce comme éminemment retors et intelligent. Un Doug au féminin, doté de capacités de séduction bien supérieures à son modèle, comme le révèle une brève confrontation avec Remy Danton.

 

Nouvelle dynamique

Jusqu’à présent, un des principaux et plus savoureux plaisirs de House of Cards provenait de la jubilation qu’éprouvait le spectateur à voir un homme politique considéré comme respectable agir avec ignominie. Le public était le complice de Kevin Spacey, qui lui révélait ses plans et les sombres desseins à l’œuvre en coulisses lors d’aparté qui ont fait le sel des premières saisons.

Ce n’est pas pour rien que ces adresses directes aux spectateurs ont quasiment disparues. Désormais, le public n’a plus d’avance sur le récit, tout comme les Underwood, qui une fois séparés, naviguent à vue pour s’infliger les pires crasses.

Underwood

Un changement de point de vue qui modifie beaucoup le plaisir pris au visionnage et le renouvèle. Car pour la première fois, nous doutons. Kevin Spacey tente-t-il de reconquérir sa femme, ou de la briser ? Robin Wright désire-t-elle vraiment entamer une carrière politique personnelle, ou souhaite-t-elle plus que tout pulvériser celle de son époux ?

Difficile de lire ces anti-héros dévorés par leurs ambitions, leur orgueil et totalement corrompus par un pouvoir dont ils dépendent absolument. Ce qui les rend encore plus passionnants que quand ils étaient dépeints comme des êtres purement machiavéliques.

 

Vers un équilibre retrouvé ?

La suite de la saison dira si House of Cards est capable de maintenir la cohérence et l’harmonie stylistique de ses trois premiers épisodes. Mais en l’état, on se dit que le show a réussi deux belles performances.

Underwood

La première, celle de transformer une satire du jeu politique américain en pur drame shakespearien, qui constitue un sacré jeu d’écriture et de redistribution des cartes. Et la seconde, qui aura consisté en un apaisement des enjeux. En effet, les trois premiers épisodes, aussi intenses soient-ils sont finalement assez pauvres en violents rebondissements et climax énervés, ingrédient que la série avait toujours eu du mal à digérer jusqu’à présent. Désormais capable d’aiguiller l’intérêt du spectateur sans le maintenir artificiellement sous adrénaline, House of Cards paraît en ce début de saison 4 avoir atteint une réelle maturité.

 

Attention danger ?

Toutefois, la série devra composer avec ses propres démons, car elle pourrait rapidement retomber dans ses vieux travers. On note ainsi que la multiplicité des intrigues potentielles pourrait l’amener à nouveau à faire progresser son récit par brusques soubresauts, ce qui a toujours été synonymes jusqu’à présent de twists invraisemblables.

De même, si les nouveaux venus s’annoncent succulent et diaboliques, on compte encore énormément de seconds couteaux, qui risquent d’alourdir les intrigues. Le show serait peut-être inspiré de faire le ménage.

S4

Enfin, si cette saison se révèle aussi mordante que son premier mouvement, elle devra donner clairement une direction vers l’épilogue de ce récit. En effet, les Underwood, tout prédateurs qu’ils soient, apparaissent tous deux vulnérables et à cran, la série ne pourra survivre à leur propre entropie et doit envisager sans trop tarder de conclure les aventures sinistres des plus indignes politiciens du petit écran.

 

Tout savoir sur House of Cards

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commentaires
SMQ
06/03/2016 à 10:25

Suis d'accord avec Baneath88, Willimon quitte le show par la grande porte avec une saison 4 de toute beauté. Encore 1 saison pour conclure, et ensuite point final, pour ne pas tomber dans une routine qui gâcherait une si belle série.

Baneath88
06/03/2016 à 00:42

Les trois premiers épisodes sont incisifs. Les coups s'enchaînent et on a presque pas le temps de respirer. Un rythme beaucoup plus rapide que la saison 3 (mésestimée, mais également de grande qualité à mes yeux). Et croyez moi, le quatrième épisode...c'est comme un coup au foie. Cette année, House Of Cards décide de malmener les Underwood (comme dans la saison 3) mais de manière plus effrénée et jouissive.
J'étais de ceux qui sentait la fin venir avec cette saison. Je remercie Beau Willimon et son équipe pour m'avoir donné tort.
Par contre, la cinquième doit être la dernière. Vu la fin de celle-ci, je ne vois pas comment on pourrait enchainer avec une sixième.
Et puis 5 saison en tout, c'est très bien. Et amplement suffisant pour que House Of Cards reste l'une des séries les plus importantes des dix ou quinze dernières années.

Alex
05/03/2016 à 02:22

Apres une fin de saison 3 en demi teinte j'ai vraiment ete emballé par ce début de saison, le conflit entre les deux époux vient cristaliser tous les enjeux alors qu'ils n'étaient auparavant qu'un duo de manipulateurs complices. Espérons que le souffle soit régulier et que tous les récits secondaires ne viennent pas parasiter les choses.

SMQ
04/03/2016 à 23:05

Assez d'accord avec tout ce qui est écrit. La mère de Claire a effectivement une dent contre Frank, et ça se confirme encore un peu plus dans les épisodes suivants. Le passé (des saisons 1 et 2) ressurgit et pour l'instant tout cela me plait bien....A voir si tout cela reste cohérent jusqu'à la fin de la saison...

chouchou
04/03/2016 à 20:25

A quand votre critique de la saison 2 de daredevil ?