Gros plan sur Souvenirs de Gravity Falls

Christophe Foltzer | 20 décembre 2014 - MAJ : 14/05/2020 15:59
Christophe Foltzer | 20 décembre 2014 - MAJ : 14/05/2020 15:59

Créée en 2012 par le jeune Alex Hirsch, Souvenirs de Gravity Falls est probablement ce qui est arrivé de mieux à la série jeunesse depuis les grandes années Nickelodeon avec Johnny Bravo, Les Supers Nanas et Le Laboratoire de Dexter. On vous explique pourquoi vous devez absolument la regarder.

Entre deux séries lives musicales débilisantes à la Violetta, la nouvelle mouture de Sabrina, apprentie sorcière et la déferlante Star Wars, il arrive que Disney prenne des risques et donne sa chance à des petits nouveaux. C'est exactement ce qui s'est passé avec Souvenirs de Gravity Falls, qui s'installe derechef en tête de liste des programmes jeunesses actuels. Et même plus.

Le pitch de départ est très simple et déjà vu : Dipper et Mabel, jumeaux de 12 ans, sont envoyés à Gravity Falls chez leur oncle Stan pour les vacances d'été. Sauf que dans le monde de Gravity Falls, rien n'est normal : l'oncle Stan est un escroc qui tient un musée de bizarreries, plutôt un piège à touristes, la Cabane aux Mystères, où il ne rechigne pas à arnaquer son prochain et son passé trouble laisse deviner qu'il a déjà moisi pas mal de temps derrière les barreaux. La ville elle-même, peuplée de personnages atypiques, est le théâtre d'évènements étranges que Dipper se décidera à élucider, convaincu que la paisible bourgade cache un secret. Il est aidé par un grimoire recelant tous les mystères de la ville et frappé du chiffre 3.

 

L'ADOLESCENCE, CE GRAND MYSTERE

On le voit dès le départ, à même pas 30 ans, Alex Hirsch a créé une oeuvre beaucoup plus maline qu'un simple dessin animé pour enfants du samedi matin. Véritable concentré de culture populaire, Souvenirs de Gravity Falls se souvient également de la justesse avec laquelle Joss Whedon illustrait les tourments adolescents dans Buffy contre les Vampires, sur un mode plus léger évidemment. Les deux jumeaux, antithétiques et donc complémentaires, traversent l'été comme un parcours initiatique qui les fera grandir, se confrontant aux mystères de l'enfance : l'amour, la possession, le désir de puissance, la solitude, l'engagement... Jamais traités de façon morale ou lourde, les différents thèmes sont illustrés avec énormément d'intelligence, beaucoup d'humour et une distance post-moderne vis-à-vis de la réalité extrêmement rafraichissante.

Limite punk, même, quand par exemple Mabel adopte un groupe de boys-band élevé en laboratoire et se perd dans le pouvoir qu'elle a sur eux, ou quand Dipper, tétanisé par le manque de confiance qui l'étreint à l'idée de draguer Wendy, l'employée de Stan dont il est amoureux, décide de se cloner pour occuper tous les fronts. Et le tout fonctionne à merveille grâce à une liberté de ton qu'on ne pensait pas trouver dans une série estampillée Disney. La mort est présente partout, la déception, la tragédie également, le tout sur un mode mélancolique tellement surprenant que son traitement humoristique crée le décalage nécessaire pour la rendre immédiatement sympathique.

Souvenirs de Gravity Falls ne s'embarrasse pas d'idées toutes faites, de vieilles rengaines usées jusqu'à la corde et fascine autant qu'il ravit. Les épisodes se suivent et ne se ressemblent jamais avec une énergie qui force le respect.

 

TECHNIQUEMENT AU TOP

Mais toutes ces belles intentions ne fonctionneraient pas si la technique ne suivait pas. Encore une fois, c'est un sans-faute, Souvenirs de Gravity Falls fait partie des grandes réussites télévisées de ces dernières années. Le character design d'apparence simpliste se révèle étonnament élaboré quand on s'y attarde (dans le sens où il en révèle énormément sur la personnalité des différents protagonistes), l'animation, bien que moins poussée qu'un film de cinéma, n'a pas à rougir et la photographie ainsi que le choix des couleurs sont exceptionnels. On n'oubliera pas de mentionner l'ambiance sonore, les différentes compositions de Brad Breek achevant de créer une identité extrêmement forte dans l'inconscient du spectateur. Le thème du générique étant, à ce titre, un modèle du genre.

Bourrée de trouvailles visuelles, d'idées de scénarios et d'une mise en scène extrêmement habile et efficace, Souvenirs de Gravity Falls rappelle en cela l'autre grande série de ces dernières années, Adventure Time, dont on finira bien par parler un jour. S'adressant tout autant aux enfants qu'aux adultes grâce à ses multiples niveaux de lecture, la série étonne par la facilité avec laquelle elle tutoie l'excellence. Passionnante de bout en bout et se renouvelant sans cesse, elle fait figure de mètre-étalon de la série animée pour la jeunesse, dont beaucoup de nos productions locales devraient s'inspirer.

Enorme surprise de ces dernières années, Souvenirs de Gravity Falls est un indispensable du moment, manié de main de maître par son créateur, Alex Hirsch, dont l'avenir semble d'ores et déjà assuré chez les plus grands. Vous pouvez retrouver deux épisodes de la série tous les samedis soirs à partir de 21h25 sur Disney Channel. Une si belle aventure ne se refuse pas.

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commentaires
Titanwarrior
09/06/2016 à 01:11

C'est la meilleur serie d'animation jamais vu pour moi :émotion ,mystère , combat et suspense je ne comprends pourquoi alex hirsch la arrêter le 15 février 2016 j.aimerais qu'il fasse une notre saison

FrankBooth
22/12/2014 à 13:16

Très bonne série, malgré la qualité qui varie parfois (un peu) entre les différents épisodes. Twin Peaks pour les gosses quoi !