Exclu : Delete, la nouvelle mini-série de Steven Barron

Linda Belhadj | 2 février 2013
Linda Belhadj | 2 février 2013

Depuis Twin Peaks (1990) et le boom qui a suivi à partir des années 2000 de séries télés de grande qualité telles que Les SopranosLost ou encore Mad Men, la petite lucarne est devenue tout aussi respectable que le grand écran. D'ailleurs, nombreux sont les réalisateurs qui se lancent dans l'aventure de la série télévisée comme Frank Darabont (Les évadés) avec The walking dead.

Entre la série TV et le film, il y a la mini-série. Composée de moins d'épisodes qu'une série mais profitant souvent d'un budget aussi conséquent que celui d'un film, ce format a connu et connaît encore de nombreux succès. Des épiques Les oiseaux se cachent pour mourir et Nord et Sud en passant par le soap-opera Pasadena et récemment l'écologique Terra Nova (produit par Spielberg), la minisérie embrasse tous les genres.

S'il y a un cinéaste qui a fait de la mini-série sa spécialité, c'est bien Steve Barron. Réalisateur des films Electric dreams (1984), des Tortues Ninja (1990) et des clips cultes Billie Jean pour Michael Jackson et Take on me pour A-Ha, Barron se consacre depuis plusieurs années à l'exercice de la minisérie ; exercice réussi puisque toutes celles qu'il a réalisées ont été nominées dans au moins deux catégories aux Emmys : 18 nominations pour Merlin, 5 pour Les mille et une nuits, 2 pour The StorytellerDreamkeeper et L'île aux trésor.

  

Barron revient cette année avec une nouvelle mini-série, Delete, produite par Shawn Williamson, avec dans l'un des rôles principaux Seth Green (Austin Powers, Buffy). Sa diffusion prévue en mars aux Etats-Unis, Delete sera projetée en même temps que « quatre autres très différentes miniséries qui dépeignent d'autres menaces envers l'humanité » nous a précisé Barron. En effet, Delete est une série apocalyptique : le web, devenue une entité « vivante » et consciente, n'a plus qu'une obsession, celle de détruire l'homme. Afin de contrecarrer ses plans, ce dernier n'a d'autre choix que de créer une vie artificielle tout aussi intelligente et dangereuse qu'elle.

Nous avons rencontré Steve Barron ainsi que les deux français - Achille Coquerel et Thomas Kauffman - du studio de réalisation Cokau (gagnant de la Vimeo awards de la meilleure vidéo expérimentale à New-York) à qui Barron à confié le générique de Delete. Les génériques sont aujourd'hui presque tout aussi importants que les séries elles-mêmes, et c'est particulièrement le cas pour celui de Delete.

 

Ecran Large : comment est née votre collaboration ?

Steve Barron : Mon fils Oliver m'avait montré quelques-unes des réalisations de Cokau et j'ai pensé qu'ils seraient parfaits pour faire la représentation graphique de l'intelligence artificielle sur le web ainsi que le générique d'ouverture.

Cokau : Nous ne connaissions pas cette histoire ! Nous pensions que Steve Barron nous avait repérés via Vimeo, c'est son producteur Jonathan Shore qui nous a contacté, nous avons montré l'ensemble de notre travail à la production et peu de temps après nous étions embarqués dans l'aventure Delete.

Steve, aviez-vous une image précise de l'Intelligence Artificielle en tête ?

SB : Non. Je savais qu'elle devait être extrêmement détaillée pour témoigner de l'étendue de son intellect. Les graphiques devaient montrer à quelle vitesse elle pouvait penser et réagir. En un clin d'œil.

Cokau : Steve souhaitait que nous créions une entité pourvue d'une conscience, une intelligence artificielle capable de paralyser le monde via n'importe quel système de communication. Visuellement parlant, il s'agissait de représenter cette IA lorsqu'elle apparaît sur des écrans dans le film (ex : ordinateurs, GPS, écrans de contrôle, etc...).

Le brief de départ était à la fois simple mais compliqué dans l'exécution. Il souhaitait que cette entité ait un aspect organique, technologique et très compliqué à la fois, avec en plus un côté sombre, dérangeant. Pour le reste, Steve nous a laissé libres de donner libre cours à notre imagination, ce qui était fort agréable.

Pour le côté organique, nous avons utilisé une base de plans macros inutilisés d'insectes que nous avions en stock. Nous les avons retravaillés afin d'obtenir un aspect "digital" sur ces masses bizarroïdes (vers, coléoptères, larves, etc...).

Suite à la création de l'IA, il nous a proposé de réaliser plusieurs VFX et surtout le générique d'introduction.

  

Nous en venons donc au générique. Pourquoi est-il si important ? Que devait-il représenter et annoncer ?

SB : J'ai demandé à Cokau de créer une séquence d'ouverture qui dépeindrait la naissance d'une nouvelle forme de vie. Le germe d'une intelligence artificielle appelée « La Singularité ». Je pense que ce générique inspire le mystère, le sens que quelque chose de digital est en train de se construire, de grandir, de se former. Quelque chose d'un peu sombre. Quelqu'un chose d'un peu dangereux. Quelque chose d'un peu menaçant.

Cokau : Steve souhaitait que l'on découvre la naissance de cette entité qui se développe jusqu'à son aspect final lorsque l'on découvre le titre Delete. La première chose qui était importante pour nous, c'était de "marier", de joindre les crédits (la typographie) et l'intelligence artificielle. Nous avons donc décidé de créer une typo unique, et extrêmement simple, mais de la faire apparaître avec des effets de transitions compliqués mi-organiques, mi-digitaux, dans la veine de l'IA afin de pouvoir facilement marier le tout et d'obtenir une cohérence. Nous le remercions de nous avoir permis de faire partie intégrante de cette aventure.

Steve, avez-vous le sentiment d'avoir achevé avec Delete votre analyse du digital, 20 ans après Electric dreams ?

SB : Oui, vous avez raison. Avec Delete, la boucle est bouclée. Cette mini-série est un regard fascinant sur combien nous sommes tous connectés les uns aux autres et donc à quel point nous sommes devenus vulnérables. Une entité sur internet développe sa propre conscience, une singularité, et elle imite comment nous agissons. Le plus souvent mal.

Vous avez dirigé de nombreuses mini-series auparavant. Qu'est-ce qui a changé depuis Merlin ?

SB : Les mini-séries ont fait un petit come-back depuis quelques années. Cependant, quand j'ai réalisé Merlin, il y avait beaucoup moins de chaînes donc le potentiel de téléspectateurs était plus grand. Quand il a été diffusé, Merlin a été regardé par 60 millions de personnes aux Etats-Unis. Atteindre de pareils scores est aujourd'hui impossible. De ce fait, les budgets alloués ont baissé, mais pas les ambitions.

 

  Crédit photos : Steve Barron / Sonar Entertainement.

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