Nurse Jackie - Saison 1

Aude Boutillon | 18 juin 2011
Aude Boutillon | 18 juin 2011

Il est des séries dont on n'attend rien de plus qu'une vague relecture d'un thème déjà abordé par d'autres, et pas des moindres. Un univers hospitalier, un cynisme affiché, une intelligence qui ne fait aucun doute, un certain mépris à l'égard des règles, et surtout, une propension à la surconsommation de Vicodin. Ca vous rappelle quelque chose ? Logique, Nurse Jackie étant vendue comme le pendant féminin de l'inénarrable Dr House. C'est bien dommage, tant cette série (dont certains épisodes sont réalisés par Steve Buscemi, excusez du peu) s'écarte de son aîné à plus d'un titre.

 

 

En premier lieu, personne n'ignore le credo ultime du médecin acariâtre : « tout le monde ment ».  Tout le monde, si ce n'est lui au sujet de son addiction pour la Vicodin, qui n'est un secret pour personne, et fait partie intégrante du personnage, tout comme elle structure ses relations avec chacun des protagonistes de la série. Mais Jackie Peyton n'est pas Gregory House. Mère de famille aimante, épouse attentionnée, infirmière prévenante, elle se cache derrière un prétendu mal de dos pour avaler des quantités monstrueuses de médicaments. Une seconde vie pour une femme à double visage, qui entretient une liaison avec un de ses collègues... en charge de la pharmacie de l'hôpital. Jackie, infirmière au grand cœur, ou junkie manipulatrice ? Cette dualité dérangeante constituera l'essence même de la série, et doit son efficacité au talent de la scotchante Edie Falco, remarquablement juste.

 

Le casting « secondaire » (mais pas tant que cela, les personnages périphériques tendant à prendre une consistance croissante au fil des saisons) n'est pas en reste, la vaste galerie de personnages bénéficiant d'une interprétation aux petits oignons. Si le flegme distingué de la britannique O'Hara charme, le décalage de Zoey, nouvelle arrivée un peu larguée, séduit assurément. N'oublions pas Peter Facinelli, dans le rôle hi-la-rant d'un médecin arriviste et prétentieux, aussi ridicule qu'attachant. Quiconque aura assisté au spectacle du Dr Cooper  (Coop' pour les intimes) peinera à réfréner son fou rire devant Twilight, en imaginant à chaque seconde le très sérieux Dr Cullen partir dans une blague machiste et foireuse...

 

 

Nurse Jackie n'est assurément pas une série médicale au sens brut. Si Urgences, Dr House ou encore Grey's Anatomy se souciaient de développer des intrigues médicales plus ou moins complexes et incorporées à la trame principale, cet univers ne sert ici que de toile de fond. Les antécédents des patients sont rarement approfondis, pas plus que les suivis médicaux. Car la singularité de Nurse Jackie tient au fait que son personnage principal soit une infirmière et non un médecin, dont la caméra s'éloigne rarement, si ce n'est pour développer des arcs secondaires relatifs à l'entourage, professionnel ou familial, de Jackie.

 

Dernier point, et non des moindres : Nurse Jackie est une série drôle. Très drôle. Très loin du côté surréaliste de Scrubs, son humour s'attache au contraire à coller au maximum à la réalité, en évitant autant que possible l'utilisation de musiques d'ambiance, pour se concentrer sur des situations cocasses mais plausibles, auxquelles répondent des protagonistes hauts en couleur, mais toujours crédibles.

 

 

Le seul reproche que l'on pourrait adresser à cette première saison serait de se focaliser excessivement sur la personne de Jackie Peyton. Mais n'est-ce pas un mal nécessaire pour caractériser un personnage bien plus complexe qu'il n'apparaît de prime abord, afin de pouvoir amorcer une seconde saison davantage ouverte aux personnages secondaires ? La suite de la série semble donner raison à cette hypothèse, en étoffant son intrigue comme ses divers portraits. Drôle, touchante, maligne, remarquablement interprétée : il serait vraiment dommage de s'en priver.

 

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