Grey's Anatomy - Saison 6

Aude Boutillon | 17 juin 2011
Aude Boutillon | 17 juin 2011

Les coups d'éclats dans le monde télévisuel ont ceci d'ennuyeux qu'ils révèlent très souvent les dénouements à venir au sein d'une série. Si le départ de Nicolette Sheridan de Desperate Housewives n'était plus un secret pour personne, les volontés affichées par certains acteurs de tirer un trait sur Grey's Anatomy ne se sont pas faites beaucoup plus discrètes. La fin de la cinquième saison avait souffert de la révélation du départ d'un des protagonistes principaux, en tentant tant bien que mal de jouer de rebondissements éventés sur un double-épisode final qui laissait peu de doutes quant à son issue.

 

 

La sixième saison de Grey's Anatomy, comme souvent, s'ouvre donc sur un deuil, et donne d'emblée une note inquiétante pour la suite de la saison. Le spectateur rompu aux disparitions de personnages aura donc droit, malgré lui, à 90 minutes de dissertation sur la variété des façons de gérer son deuil. Certes, Grey's Anatomy n'a jamais cherché à renier son statut de « série Kleenex ». Certes, la subtilité n'a jamais été son fort. Qui plus est, attendre de ce drama le cynisme et le second degré d'un Dr House serait une grave erreur. Toutefois, l'ouverture de cette sixième saison franchit le pas de trop, en versant dans un pathos interminable et ennuyeux. Seule distraction : une scène de fou-rire fort déplacée, et plutôt réjouissante.

 

Fort heureusement, le reste de la saison sera orienté vers une redistribution des rapports de force. Le chef Webber, en proie à ses névroses, n'a d'autre choix que de s'effacer devant Derek qui, en prenant la direction provisoire de l'hôpital, impose à Meredith un rôle de première dame dont elle se passerait volontiers. Mais la dynamique première de cette sixième année au sein du Seattle Grace repose sur le contexte économique omniprésent, qui amène la direction à devoir effectuer une fusion avec l'hôpital de Mercy West. L'opération donne lieu à une intéressante lutte entre résidents, chacun devant s'imposer pour conserver sa place au sein de la nouvelle structure. Une grande partie de la saison reposera donc sur un match Seattle Grace vs Mercy West. L'occasion d'introduire une ribambelle de nouvelles trognes (enfin !), dont le traitement, bien que simpliste (Grey's Anatomy n'ayant jamais donné dans la complexité scénaristique), n'en est pas moins intéressant. Car les nouveaux venus ne sont pas dépeints de prime abord comme de simples concurrents, mais comme de véritables ennemis ; diabolisés à l'extrême, ils font rejaillir sur quiconque aura l'outrecuidance de chercher à les intégrer dans la famille très fermée du Seattle Grace le déshonneur du traitre. Ce manichéisme un brin manipulateur vient à être renversé tandis que nos protagonistes habituels en arrivent à employer des méthodes déloyales au possible pour conserver leur poste. La transition vers une recomposition des équipes (et donc des personnages principaux) peut dès lors s'opérer en douceur ; la série en avait bien besoin.

 

 

L'éternelle rengaine des rebondissements amoureux commençait en effet à lasser, notamment en raison de la relative absence de renouvellement du casting. C'est à s'en demander quel résident n'a pas encore fricoté avec son voisin. La valse des couples, qui nous est épargnée durant les deux premiers tiers de la saison, fait tristement son retour dans le dernier virage, parasité par des bluettes plutôt dénuées d'intérêt. La relation Izzie-Karev, quant à elle, fatigue, et les départs et retours incessants de Katherine Heigl finissent de saper l'empathie et l'intérêt du spectateur pour Izzie, sentiments que sa relation avec Denny Duquette avait su insuffler lors de la deuxième saison.  De leur côté, Arizona et Callie tentent de faire accepter leur relation par le père de cette dernière, véritable caricature pieuse et intolérante sur pattes. L'intérêt est sans nul doute à rechercher du côté du couple Cristina (valeur sûre s'il en est) - Owen, déjà fragilisé par le traumatisme de la guerre vécu par ce-dernier, et qui devra faire face à une nouvelle épreuve : l'arrivée dans l'équipe du Seattle Grace de la chirurgienne Teddy Altman, ancienne associée d'Owen sur le front irakien... et plus si affinités. On peut reprocher tant qu'on veut au thème du triangle amoureux d'être éculé au possible (et resservi à toutes les sauces dans Grey's Anatomy), il n'en reste pas moins efficace dans le cas présent.

 

 

Enfin, comme si les scénaristes avaient pris acte du train-train ronronnant installé depuis un bout de temps au Seattle Grace, la saison s'achève de manière haletante sur une promesse de renouveau qui réserve son lot de surprises. Sera-t-elle tenue ?

 

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