House - Saison 6

Au terme d'une cinquième saison de très haute volée, soucieuse de développer des arcs secondaires passionnants, marquée par l'omniprésence d'un spectre mortel qui allait profondément empreindre chacune des destinées des personnages, le Docteur House faisait son entrée à l'hôpital psychiatrique de Mayfield. Volontairement. Voilà qui promettait pour cette sixième année une entrée en matière riche et inédite ; elle le sera sans conteste, tandis que le reste de la saison se concentrera sur un Greg House affaibli, délaissé, en proie à des angoisses qui se font plus pressentes d'année en année.

Un nid de coucou

L'isolement. La détention. La perte de contrôle. Et surtout, l'acceptation. Autant de thèmes qui irriguent une première partie de saison consacrée à l'internement psychiatrique de House, sujet à des hallucinations qu'il met sur le compte de la Vicodin. La simple perspective de découvrir ce personnage arrogant, mégalo, brillant et avide de contrôle dans une situation où il n'est plus que patient démuni promettait un bon coup de fouet à une série qui se reposait un peu sur ses lauriers, en ce que la personnalité de Gregory House était installée (et peu remise en question) depuis un bon bout de temps. Tête rasée, teint grisâtre, contraint de prendre son traitement, House déambule, génie parmi les fous, ramené à la réalité de sa déchéance tandis que, dans une tentative d'évasion, il provoque un dramatique accident, entraînant avec lui ses quelques compagnons d'infortune. Une intéressante relation peut dès lors s'installer entre House, décidé à se soigner, et son psychiatre, le Docteur Nolan, donnant lieu à des échanges passionnants, qui se poursuivront après la réhabilitation de House.

Patients, éthique, pouvoir et autres joyeusetés

L'absence de House est aussi l'occasion de redistribuer les cartes au sein de l'équipe de Princeton-Plainsboro. Toujours plus avide de pouvoir, Foreman prend les commandes, qu'il gardera quelques temps au retour de House, contraint de se laisser diriger tandis que tout les regards se tournent vers lui lorsqu'il s'agit de prendre une décision (une situation réjouissante) et renvoie 13. Désolé de ne plus travailler pour le célèbre diagnosticien, Taub retourne à ses premières amours (la chirurgie esthétique). Chase et Cameron font leur grand retour, reformant ainsi l'équipe des premières saisons.

De leur côté, les intrigues médicales sont davantage traitées comme un soutien à la trame principale que comme des petites histoires indépendantes, comme ce fut régulièrement le cas. Les relations entre les protagonistes et leurs convictions profondes sont ainsi souvent sondées à l'aune d'affaires complexes, invitant à s'interroger sur la morale, la conscience, et la culpabilité.

All by myself

Soigné (ou plutôt désintoxiqué), House n'en est pas moins malheureux. La solitude est en effet un thème omniprésent au sein de cette sixième saison, tandis que Gregory House est parvenu à faire fuir ses collaborateurs en s'immisçant dans leurs relations et en cherchant à tout prix (et contre leur gré) à leur ouvrir les yeux. De prime abord pris sous l'aile de Wilson tandis qu'ils emménagent ensemble, House se sent progressivement délaissé, d'une part par son ami, occupé par une romance ressurgie du passé, d'autre part par une Lisa Cuddy (réduite à de la figuration au cours de cette saison) sous les charmes d'un prétendant inattendu. L'amour, ennemi le plus corriace du médecin taciturne ?

La réponse est partiellement donnée dans le dernier épisode qui, après un développement à l'image du reste de la saison (désespéré et pessimiste), se conclue de manière étonnamment positive et tendre, bien qu'il remette purement en question le cheminement de House dans le traitement de son addiction. Voilà donc l'ouverture vers une évolution que beaucoup attendaient depuis longtemps et qui promet de constituer la matière première de la septième saison, en espérant que le reste du casting n'en pâtisse pas trop...