NCIS : Los Angeles - Fun et action à gogo

Stéphane Argentin | 11 mars 2010
Stéphane Argentin | 11 mars 2010

Alors que la franchise phare de CBS, la bien nommée Les Experts qui vit le jour en 2000, avait déjà eu droit à deux spin off à succès, le premier à Miami en 2002, le second à Manhattan en 2004, il semblait quasi inévitable de voir débarquer tôt ou tard une petite sœur à l'autre valeur sûre de la chaine : NCIS.

 

CHRONIQUE D'UN SUCCÈS ANNONCÉ

Après un solide démarrage à une moyenne hebdomadaire de 12 millions de téléspectateurs en 2003, NCIS n'a en effet eu de cesse de grappiller lentement mais sûrement des parts d'audimat (phénomène très rare dans l'univers sériel où les shows ont plutôt tendance à suivre la courbe inverse au fil du temps). À tel point que, au cours de sa septième saison actuellement en cours de diffusion Outre-Atlantique, NCIS se paye désormais le luxe d'être la nouvelle série dite « scriptée » numéro un aux États-Unis avec des scores qui dépassent aujourd'hui les 20 millions de téléspectateurs. Et la série de constituer dès lors un formidable lead in pour sa petite sœur diffusée dans la foulée chaque mardi soir et qui fit ses premiers pas en solo à l'antenne en septembre 2009 et enregistre des scores tout aussi délirants : 17 millions d'américains en moyenne chaque semaine. Sans surprise, cette nouvelle venue a déjà été renouvelée pour une deuxième saison. Mais un tel succès est-il si surprenant ?

 


 

NAISSANCE À LOS ANGELES

Tout comme NCIS avec le JAG (ainsi que Les Experts et ses différentes déclinaisons), NCIS : Los Angeles fit ses premiers pas aux côtés de sa grande sœur, à savoir au cours d'un épisode de la sixième saison de NCIS où Gibbs et son équipe étaient amenés à collaborer avec leurs homologues californiens le temps d'une enquête. Les présentations ainsi faites, la L.A. team pouvait dès lors marcher toute seule mais sans pour autant suivre stricto senso le sillage de son aînée.

 

Sur le fond, rien ne change : NCIS : Los Angeles est une nième série dite « procédurale » qui s'ouvre avec un cadavre (en rapport bien entendu avec la Navy), le but étant de parvenir à découvrir le fun mot d'une telle mort en 43 minutes chrono en main. Autant dire que les réfractaires à ce type de programmes, plus volontiers friands de dramaturgies au long cours s'étalant sur des dizaines d'épisodes et impliquant motards, mafieux, croque-morts et autres Robinson Crusoé peuvent dès à présent passer leur chemin car il y a en effet fort à parier que NCIS : Los Angeles ne sera pas à leur goût. Pour les autres en revanche, et notamment les amateurs de la série mère ou encore du récent carton The Mentalist, cette nouvelle venue pourrait fort bien leur convenir.

 


 

NCIS vs NCIS : LOS ANGELES

C'est sans aucun doute eux, les fans de longue date de NCIS tel l'auteur de ces lignes, qui seront les tous premiers à jeter un œil à la déclinaison californienne. Et si, de prime abord, cette dernière sent un peu trop le copier/coller comme nous l'évoquions déjà dans cette preview en octobre dernier, rapidement, de subtils aménagements conduisent NCIS : Los Angeles à trouver sa propre voie, évitant ainsi le piège de la banale photocopie inodore et incolore.

 

Des changements qui surviennent dès la séquence pré générique. Là où NCIS amenait un individu lambda généralement en pleine pérégrination nonchalante à se retrouver nez à nez avec notre macchabé de la semaine, NCIS : Los Angeles corse un peu la sauce et dévoile in extenso les circonstances du passage de vie à trépas : pendaison, explosion, tranchement de carotide... Sans pour autant sombrer dans le morbide (on reste ici dans une série dite « grand public »), NCIS : Los Angeles donne le ton d'un show résolument « plus » dès le départ. Le générique passé, l'épisode s'ouvre ainsi systématiquement sur l'un des nombreux intermèdes humoristiques qui ponctueront l'épisode à intervalle régulier. Mais là où les boss de NCIS (Vance et Gibbs) demeurent d'un stoïcisme légendaire, celle de NCIS : Los Angeles, Hetty (Linda Hunt), n'est pas la dernière à injecter un zeste de drôlerie tout en conservant un rôle prépondérant de mère protectrice vis-à-vis de ses oilles.

 

Il y a tout d'abord G. Callen (Chris O'Donnell) au passé à peu près aussi énigmatique que son prénom à une seule lettre et qui fait équipe avec Sam (LL Cool J), un ex Navy Seals. Ces deux là sont en quelque sorte la caution buddy movie du show (les deux comparses sont d'ailleurs les seuls à apparaître sur les affiches promos Outre-Atlantique) : toujours à se chamailler, jamais d'accord dès qu'il s'agit de faire un brun de causette mais systématiquement sur la même longueur d'onde dès que l'enquête est en jeu. En soit, ces deux là n'ont pas vraiment d'équivalents dans l'univers de NCIS, contrairement à Kensi (Daniela Ruah, beauté latino en puissance dont les charmes s'avèreront très utiles), alter ego de Ziva au passé paternel aussi mystérieux que douloureux. Viennent ensuite Eric (Barrett Foa) et Dom (Adam Jamal Craig), les dérivés de Abby (qui fera d'ailleurs une apparition en chair et en os le temps d'un épisode de serial killer) et McGee, soit le geek et le probie du groupe. Le coroner de service, Ducky, a quant à lui cédé sa place à Nate (Peter Cambor), un psychanalyste / spécialiste des études comportementales, capable de « lire » le langage corporel de quiconque en un clin d'œil afin de déterminer si la personne dit la vérité ou non. Un peu gros certes mais, dans le feu de l'action et à l'instar de The Mentalist, la pilule passe sans problème.

 


 

FAUX SEMBLANTS, HUMOUR ET ACTION À GOGO

La réussite du show tient d'ailleurs avant tout dans la perfection de son tempo. Les fameux « flashs » noirs et blancs de NCIS qui ponctuent chaque pause commerciale aux États-Unis (où un épisode est généralement coupé 4 à 5 fois) sont désormais remplacés par toute une succession d'instantanées sur le même modèle, là encore afin d'attiser la curiosité du téléspectateur : « A quelle scène, quel moment clé correspond cette image ? ». Mais aussi et surtout la formule gagnante (si tant est qu'elle puisse être qualifiée ainsi) est imparable : séquences comiques, briefings, recoupements d'indices et scènes d'action s'enchaînent ainsi à merveille, sans accroc et avec une fluidité narrative qui voient défiler les 43 minutes d'un épisode sans la moindre baisse de régime.

 

Preuve ultime de cette maîtrise scénaristique : alors qu'il aura fallu attendre quelques années avant de pénétrer dans l'intimité de la team NCIS, à commencer par Gibbs lui-même, NCIS Los Angeles se penche sur ses membres dès la première saison : Hetty (elle a perdu un des agents sous ses ordres), Kensi (elle a perdu son père étant adolescente), Callen (il est orphelin mais aurait de fortes affinités du côté de la Russie)... Bel effort pourrait-on dire pour un show aussi procédural qui, dernière distinction avec sa grande sœur, met bien plus l'accent sur l'action (les courses-poursuites et autres empoignades, armées ou à mains nues, sont légions) et le high-tech (100% tactile, cf. le gigantesque écran dans la salle de briefing) auxquels s'ajoutent la notion de faux-semblants (chaque épisode amène sa petite mission d'infiltration façon Mission : Impossible).

 

Au final et en dépit d'un pilot sans véritables valeurs ajoutées, les épisodes suivants vont très vite prendre leur distance avec NCIS et permettre ainsi à NCIS : Los Angeles de trouver sa propre voie avec au programme davantage d'action et d'humour sans oublier pour autant une introspection en filigrane des différents personnages, le tout sur un rythme maîtrisé et sans temps morts. Un an après l'arrivée de la très sympathique The Mentalist, NCIS : Los Angeles prouve à son tour que dans l'univers ultra banalisé des séries procédurales, il y a encore du plaisir à prendre. NCIS : Los Angeles ou l'archétype de la série fun et décomplexée.

 

NCIS : Los Angeles - Saison 1 : Le vendredi soir à 20h45 sur M6 à partir du 12 mars 2010.

 



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