Battlestar Galactica - Saison 2

Jonathan Deladerriere | 25 janvier 2010
Jonathan Deladerriere | 25 janvier 2010

Pari risqué que celui de se lancer dans une série science fictionnelle sans se casser les dents sur des problèmes de réalisation ou d'intrigues abracadabrantes. Alors, quid de cette deuxième saison tant attendue ?

 

Dans cette première partie, on retrouve le commandant Adama, mal en point après s'être fait tiré dessus, tandis que son fils, le capitaine Lee, tente de débusquer des Cylons montés à bord du Galactica. Une lutte intestine entre le gouvernement civil et le commandement militaire s'instaure pour la prise de pouvoir et certains épisodes « one-shot » tentent de diversifier l'approche de la série. Mais ne nous y trompons pas, ce que le spectateur recherche à l'instar de ce qu'il vivait il y a quelques années devant le non moins excellent X-files, c'est la résolution de la trame principale.

 

                    

 

Difficile de résumer les tenants et aboutissants d'une série riches en rebondissement sans gâcher le plaisir de se retrouver scotcher à son siège à chaque fin d'épisode.

Sachez simplement que l'un d'eux, digne de Thx 1138, au rythme trépidant, fait prendre au mot haletant tout son sens, ou que les conflits d'intérêts entre les partisans de la recherche de Kobol ou de l'application de la loi martiale mettront profondément en évidence le coté faillible de l'être humain. On appréciera également  diverses métaphores plus ou moins astucieuse, que ce soient les mascarades des élections truquées, ou la descente aux enfers liée à la découverte d'un marché noir où se mélangent, dans la tristesse la plus absolue, prostitution, hédonisme désespéré et pédophilie.

Nous serons pourtant horripilés par un insupportable épisode  « télé réalité » qui a néanmoins le mérite de présenter un protagoniste important. La solidarité et la confiance seront malgré tout présentes lors de certaines missions de sauvetages ou face à un mystérieux virus.

Il est impossible de trop en dire quant à la suite des événements tant l'intérêt de la série ne se situe pas dans le coté poudre aux yeux de la SF mais dans ce qu'elle défend, la science-fiction naturaliste centrée sur les drames humains.

 

                    

 

 

Par son scénario impeccable, la richesse de son propos et son script en béton, Battlestar Galactica réussit à nous tenir en haleine.

Les personnages toujours aussi  complexes échappent à toute analyse pragmatique, mettant en exergue nos propres défaillances où se mêlent avec justesse et parcimonie le sexe, l'alcoolisme, la violence, la lâcheté ou la folie (on pense souvent au traumatisme des vétérans de guerre).

Subtils, les ennemis jurés et leur caractérisation le sont tout autant, car les humains ayant parfois de douteuses motivations, on se prend d'empathie pour un Cylon qui ira jusqu'à nier sa propre condition, bien plus intéressant dans le rapport homme machine, qu'un Terminator notamment.

A ces portraits esquissés avec intelligence s'ajoute nombre de qualités dont ont fait preuve les créateurs du show, évitant ainsi les écueils inhérents au genre.

 

                   

 

 

Les nombreux clins d'oeils ne sont jamais là pour détendre l'atmosphère mais servent souvent l'intrigue. On citera donc de façon non exhaustive Star Trek ou Star Wars bien évidemment, mais également K2000, Silent Running ...

S'ajoute à cela un propos nuancé et réfléchi, où les métaphores sur l'occupation américaine en Irak ou sur l'imagerie nazi lors d'un dernier épisode traumatisant persistent dans la rétine.

Enfin une réalisation en parfaite adéquation avec son sujet : caméra à l'épaule ou zooms lors de combats spatiaux renforcent un aspect « reportage pris sur le vif » fort a propos. Une musique aérienne où l'influence de Hans Zimmer et de Dead Can Dance nous emmènera dans des volutes dignes des plus belles partitions de cinéma.

 

                   

 

Avec cette adaptation de la série éponyme de 1978, d'abord prénommée  l'Arche d'Adam, Ronald D Moore peut-être fier de sa création.

Seules quelques fausses notes viennent se greffer à une partition quasi parfaite.

On songera donc au leitmotiv des séries américaines : « nous ne négocions pas avec les terroristes » qui commence sérieusement à agacer, à certaines incohérences scientifiques comme les corps errant dans l'espace sans aucune combinaison pour recréer la pesanteur terrestre (essayer de balancer un corps nu dans l'espace et vous verrez ...).

L'hypocrisie de certaines réactions quant à l'utilisation de la torture ou un patriotisme exacerbé déguisé sous le manteau de la défense de sa propre race peuvent également sembler gênants. Enfin des épisodes se suffisant à eux même ne sont souvent pas nécessaires pour relancer l'intérêt du spectateur et une post synchronisation en  vf absolument catastrophique est à fuir comme la peste.

 

                   

 

Imagerie rétro futuriste  (on songe à Capitaine Sky), questionnement métaphysique renversant le rapport homme - animal et sa relation  à Dieu, la série aux spin off, jeux vidéos, comics, figurines, jeu de plateau ou de rôles est à suivre non pour ce qu'elle démontre mais pour ce qu'elle sous-entend.

Prédateurs devenus proies, chasseurs subissant le retour de bâton de sa propre création, conséquence d'une ambition démesurée et d'un nihilisme sous-jacent, Battlestar Galactica réussit en ne prenant pas, une fois n'est pas coutume, le spectateur pour un abruti complet, à engendrer une réflexion bienvenue et salutaire. Mêlant une mise en scène habile et inventive à des personnages qu'on n'a pas l'habitude de voir aussi bien travaillés si ce n'est chez HBO, on ne peut que saluer cette deuxième saison, certes imparfaite, mais jouissive autant pour ce qu'elle offre à nos mirettes réjouies qu'à l'empreinte qu'elle laisse dans nos matières grises en pleine ébullition.

 

                    

Et comme le dirait le commandant Adama, continuer à voir une beauté comme Tricia Helfer parler de métaphysique, c'est ce que nous voulons tous.

 
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