Séries US 2009 : Que valent les nouveautés ?

Stéphane Argentin | 9 octobre 2009
Stéphane Argentin | 9 octobre 2009

À quelques rares exceptions près - le remake attendu / redouté (rayez la mention inutile) de V : Les Visiteurs prévu en novembre -, toutes les nouveautés sérielles ont fait leur rentrée Outre-Atlantique. Soit l'occasion d'un premier petit survol de chacune, basé uniquement sur le pilot, ainsi que l'accueil qui leur a été réservé sur leurs terres natales.

Seules les séries qualifiées de dramas (format 45min) et diffusées sur les cinq grands networks historiques américains (ABC, FOX, CBS, NBC et CW) seront évoquées dans ce dossier. Soit les shows les plus à même de débarquer sur nos grandes chaînes nationales, contrairement aux sitcoms et aux séries du câble US. Entre parenthèses le nom du network qui diffuse la série aux États-Unis.

 

 

LES TOPS...

Entrent dans cette première catégorie les séries qui ont su s'attirer les faveurs du public et/ou de la critique.

 

NCIS : Los Angeles (CBS)

En deux mots : NCIS... à Los Angeles !

Impressions : Bon, OK, on simplifie mais à peine car hormis les beaux joujoux high-tech façon « Big Brother » et un peu plus d'action musclée sur le terrain, on a un peu de mal à percevoir à la seule vision du pilot ce qui différencie vraiment NCIS : LA de sa grande sœur NCIS : même montage, humour, flashs noirs et blancs... La scission apparaît pour le moment beaucoup moins prononcée qu'elle ne le fut à l'époque entre NCIS (fun, décomplexé et sympathique à suite) et JAG (coincé du cul).

Le public américain a quant à lui déjà réservé un accueil triomphal au show dont le series premiere fut suivi par 18,3 millions de téléspectateurs. Soit le meilleur démarrage pour une série de CBS depuis Les Experts : Manhattan en 2004 (19,3 millions à l'époque). Il faut dire aussi que le pilot de NCIS : LA avait pour lead in rien moins que le retour très attendu de NCIS dont le season premiere fut suivi par 20 millions de téléspectateurs. Soit la meilleure audience de la rentrée 2009, loin devant le retour des Experts : Las Vegas deux jours plus tard (15,7 millions), série qui s'enfonce lentement mais surement depuis le départ d'un certain Grissom. Trois semaines plus tard, les chiffres sont toujours aussi impressionnants pour les deux NCIS et CBS a déjà passé commande d'une saison complète pour la petite nouvelle.

 

 

 

Flash Forward (ABC)

En deux mots : Un blackout total de 2 minutes et 17 secondes provoque le chaos à travers le monde. Pendant cette courte durée, chaque personne est confrontée à une vision du futur qui va changer sa vie à jamais...

Impressions : Annoncée plus ou moins officiellement comme « le successeur de Lost », Flash Forward a plutôt de la gueule, pour peu que l'on fasse abstraction de la mise en scène un tantinet pesante du sieur David Goyer (mollo sur les ralentis !). De toute évidence nanties d'un budget confortable, les séquences de catastrophe plus ou moins réussies sur le plan visuel en jettent tandis que le côté « c'est quoi tout ce bordel » permet aux téléspectateurs de se laisser prendre assez facilement à ce gigantesque puzzle planétaire entre mystère et fantastique où toutes les supputations vont bon train (un gigantesque complot, un coup des aliens... ?).

D'ailleurs, 12,4 millions d'américain se sont pris au jeu. Soit un excellent score pour le pilot diffusé en lead in du retour de Grey's Anatomy. Si d'aventure la série était prolongée pour une première saison complète, le fin mot de l'histoire pourrait être révélé lors du season finale le 29 avril 2010 (le fameux jour J de la série), soit un jeudi soir. Pile poil le jour de la diffusion de Flash Forward aux States. Malin tout cela non ?

 

 

 

The Vampire Diaries (CW)

En deux mots : Une jeune fille tombe amoureuse de deux frères vampires que tout oppose.

Impressions : Est-il vraiment nécessaire, après le pitch ci-dessus, de donner ses premières impressions ? The Vampire Diaries n'est ni plus ni moins qu'une variation télévisée de Twilight sans la moindre originalité apparente. Tout y est ou presque : la panoplie vampirique au grand complet (cimetière, brouillard, corbeau, hémoglobine, force surhumaine...), une belle midinette très renfermée (il faut dire aussi que la belle en question a perdu ses parents dans un accident de voiture quelques mois plus tôt, ce qui n'aide pas vraiment), le beau Don Juan aux dents longues et les yeux doux entre nos Roméo et Juliette...

D'un autre côté, pour ceux qui voudraient s'épargner les 2h du film de Catherine Hardwicke, le pilot de The Vampire Diaries peut constituer un bon palliatif. Dans le cas du public américain et à fortiori de celui de la chaîne CW, les teens au sang chaud et aux hormones en ébullition y ont trouvé un bon moyen de patienter jusqu'au deuxième chapitre de Twilight (en salles en novembre) puisque le series premiere a été suivi par 4,8 millions de téléspectateurs. Soit le meilleur score depuis la création de la chaîne en 2006 (fusion rappelons-le de UPN et The WB). La décision ne s'est d'ailleurs pas fait attendre puisque CW n'a pas hésité à passer commande d'une saison complète la semaine suivante. Pour ceux à la recherche d'un show vampire plus « mature », il y a True Blood, qui cartonne sur HBO et dont la troisième saison est déjà annoncée pour 2010...

 

 

 

Glee (FOX)

En deux mots : Un professeur d'espagnol décide de s'occuper de la chorale de son lycée, une des pires des États-Unis. Mais les ados et les enseignants sont bien décidés à ce que les choses changent !

Impressions : Si elle n'est pas à proprement parlée une nouveauté de la rentrée 2009 puisque le series premiere fut diffusé en mai dernier, il semble assez difficile de ne pas évoquer LA perle sérielle de l'année. Dès le pilot, les racines d'une future grande sont semées : des séquences chantées et dansées qui rivalisent avec les classiques du cinéma, des personnages à priori stéréotypés mais qui ne demande qu'à être explorés (la cheerleader blonde catho, le quaterback beau comme un Apollo, le binoclard taillé comme une allumette, l'homo efféminé, la black obèse...), le tout au service d'un propos social comme seul les grands du Septième Art en ont le secret. En ligne de mire dès le pilot par l'entremise du prof : le rêve américain vs le désir de liberté artistique.

Chapeautée par Ryan Murphy (Nip / Tuck), Glee est cependant loin d'avoir convaincu le public américain. En mai, le series premiere avait réuni à peine 11 millions de téléspectateurs (à comparer aux 23 millions de la finale d'American Idol diffusé en lead in). Depuis son retour à l'antenne le 9 septembre 2009, la série vivote entre 7 et 8 millions de téléspectateurs. Ce qui n'aura pas empêché la FOX de lui accorder sa confiance en passant commande d'une première saison pleine et entière.

 

 

 

 

... ET LES AUTRES

Eastwick (ABC)

En deux mots : Trois jeunes femmes de la petite ville d'Eastwick se découvrent peu à peu des dons de sorcellerie...

Impressions : Est-il vraiment nécessaire là encore, à la lecture du pitch ci-dessus, de préciser la / les filiation(s) d'Eastwick ? D'une part bien sûr avec le film de George Miller, Les Sorcières d'Eastwick, et d'autre part avec la série de feu Aaron Spelling, Charmed. Toujours versé dans le fantastique / surnaturel (il fit partie de l'écurie Chris Carter pendant des années), le mythique David Nutter met en boite un pilot aussi propre sur la forme que convenu sur le fond où les papotages très « Sex and the city » entre filles le dispute aux séquences comiques liées aux pouvoirs de nos apprenties sorcières (le regard dévastateur de Lindsay Price) et autres désirs ardents (Rebecca Romijn qui croquerait bien volontiers le beau mâle fraichement débarqué dans la bourgade). Pas de quoi fouetter un chat (noir) !

D'ailleurs le series premiere n'a pas fouetté grand monde puisque seulement 8,5 millions d'américains ont suivi les débuts du show le mercredi 23 septembre à 22h, confronté pour sa défense aux Experts : Manhattan. Mais deux semaines plus tard, 2 millions de spectateurs avaient déjà déserté la série. À moins d'une formule magique pour envouter davantage de monde, ces trois sorcières là risquent fort de retourner bien vite au placard.

 

 

 

The Forgotten (ABC)

En deux mots : Chaque année aux États-Unis, 40 000 victimes ne sont pas identifiées. Lorsque les investigations policières n'aboutissent pas, des civils volontaires prennent le relai pour tenter de retrouver le nom de ces oubliés...

Impressions : Neuf ans après le triomphal CSI (Les Experts en français), la paire Danny Cannon (réalisateur) / Jerry Bruckheimer (producteur exécutif) se reforme pour donner naissance à un nouveau show procédural. L'originalité aurait dû être le suivi de l'enquête par la défunte mais l'idée se limite ici à quelques apparitions / souvenirs sur les lieux fréquentés et quelques phrases en voix off qui débarquent comme un cheveu sur la soupe plus qu'autre chose. Pour le reste, prenez un zeste de CSI (indices à suivre et à analyser) et un soupçon de Cold Case (les apparitions susnommées et la résolution finale sur fond de musique mélo) et vous obtenez The Forgotten. Soit un show d'investigation policière sans grande originalité, ni mauvais ni franchement inoubliable.

Un résultat mi figue mi raison qui se retrouve au niveau de l'audience américaine : 9,5 millions de téléspectateurs pour le series premiere le mardi 22 septembre. Honorable par les temps qui court mais loin des autres standards de la chaîne (CBS) qui oscillent davantage dans les 15-20 millions.

 

 

 

The Good Wife (CBS)

En deux mots : Suite à l'incarcération de son mari, homme politique renommé, Alicia décide de reprendre sa carrière d'avocate mise de côté 13 ans plus tôt...

Impressions : Après les théories matheuses appliquées sur le terrain (Numb3rs), les frères Scott (Tony et Ridley) enfilent donc la toge. Ou plus exactement ils demandent à Julianna Margulies (Urgences) de l'enfiler à nouveau après le raté l'an passé de Canterbury's Law (annulé par la FOX au bout de 6 épisodes). Quoi de neuf au pays des « Objections votre honneur » ? Pas grand-chose à dire vrai et, comme beaucoup d'autres nouveautés sérielles de la rentrée un manque plus ou moins patent d'originalité. D'un côté, on trouve le fil rouge narratif du show (l'incarcération du mari infidèle), de l'autre le dossier de la semaine et sa suite d'éléments jusqu'à découvrir LA clé du procès (ah les sacs poubelles volants « à la » American Beauty !). Bref, on est bien loin du maître du genre : David E. Kelley (The Practice, Boston Legal).

La curiosité aura toutefois rencontré son joli succès Outre-Atlantique où 13,7 millions de téléspectateurs ont suivi la chose et un score quasi identique en deuxième semaine. On devine dès lors bien volontiers que CBS, toujours à la recherche d'un legal drama dans sa grille, y voit déjà le futur successeur du non moins sympathique Shark (2006-2008) et vient donc sans surprise d'octroyer une première saison complète à la série.

 

 

 

Mercy (NBC) / Trauma (NBC) / Three Rivers (CBS)

En deux mots : NFS, chimie, iono.

Impressions : Vous l'aurez compris aux trois barbarismes ci-dessus entrés dans le jargon populaire, ces trois shows ont la lourde tache de reprendre le flambeau laissé vacant par Urgences. Pas franchement une mince affaire donc. Des trois, Three Rivers offre l'approche la plus « froide » car beaucoup trop maladroite dès lors qu'il s'agit d'aborder la dramaturgie. Si le personnage campé par Katherine Moennig (The L Word) laisse entrevoir un certain potentiel à ce niveau, l'emballage est plus clinquant que passionnant (montage en parallèle des actions bariolées de couleurs vives).

De passion, il en est en revanche beaucoup question dans Mercy, qui se focalise sur le « cœur » des services médicaux : les infirmières. Et plus particulièrement l'une d'entre elles : Veronica, revenue d'un petit séjour sur le front iraquien et très indécise sur le plan sentimental. Soit une sucrerie assez plaisante à la croisée de Grey's anatomy et Nurse Jackie sans toutefois parvenir à égaler ses deux modèles.

Au final, la palme de la réussite (toutes proportions gardées) revient à Trauma, série chapeautée par un certain Peter Berg, qui nous offre l'approche la plus intéressante dans la mesure où le téléspectateur n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer au cours des 42 minutes que dure le pilot entre crash inaugural d'hélico, accident de grande ampleur sur un gigantesque highway américain et autres virées nocturnes dans les rues de San Francisco en hommage à Bullit. Certes, comme l'a unanimement qualifié la presse US, la série est « très forte en adrénaline, beaucoup moins côté personnages » mais les prémisses des traumas des uns et des autres laissent déjà entrevoir de nombreuses possibilités.

Hélas, une fois de plus, la plus attrayante de toute, à savoir Trauma, s'est révélée la moins bien accueillie par le public américain avec un très faible 6,9 millions de téléspectateurs (avant de tomber à 5,5 en deuxième semaine). Difficile donc de savoir si NBC, capable de soutenir des shows de qualité avec des scores faibles (Friday Night Lights) ou bien d'éjecter d'autres aux scores plus honorables (Southland), donnera ou non sa chance à celle-ci ou bien à Mercy, pas beaucoup mieux loti avec ses 8,2 millions de curieux (7,3 ensuite). Three Rivers quant à elle aura dû se contenter de 9,2 millions de téléspectateurs. Autant dire que les deux mastodontes de ces six dernières années, House et Grey's anatomy, ont encore de la marge.

 


 

 

Melrose Place (CW)

En deux mots : Le remake / spin-off de Melrose Place premier du nom.

Impressions : Au cours des années 1990, le nom d'Aaron Spelling était indissociable de celui des deux triomphes ados de la décennie : Beverly Hills, 90210 et Melrose Place. En 2008 / 2009, ce véritable mogul du petit écran (des centaines de shows et des milliers d'épisodes à son actif) n'est plus là pour assister à leur revival respectif. Doit-il pour autant s'en retourner dans sa tombe ? Pas forcément puisque l'un comme l'autre ne sont pas honteux à proprement parlé mais à l'intérêt limité, hormis une « modernisation » thématique et visuel (on parle beaucoup plus volontiers sexe, drogue et tutti quanti). Et le pilot de Melrose Place version 2009 ne fait pas exception à la règle : un meurtre, un cocufiage, une romance de couloir d'hosto, un mariage... Bref, tous les ingrédients du soap mâtiné teens sont réunis, plutôt bien emballés mais, comme toujours, une certaine posologie sera à respecter : ce genre de show est fortement déconseillé au plus de 20/25 ans.

Le démarrage US s'est donc fait tout en douceur avec 2,3 millions de téléspectateurs (2,6 pour le retour de 90210 une heure plus tôt), soit un score tout à fait honorable aux yeux de la chaîne qui a décidé d'octroyer 6 épisodes supplémentaires à Melrose Place. De là à dire que la série survivra 7 saisons comme l'original...

 

 

 

The Beautiful Life (CW)

En deux mots : Le quotidien de jeunes mannequins qui vivent dans la même résidence à New York.

Impressions : Terminons ce rapide survol des nouveautés sérielles de la rentrée US avec le cancre de la promo 2009, à savoir le show annulé après seulement 2 épisodes diffusés. Il faut dire aussi qu'avec des audiences débutées à 1,5 millions de téléspectateurs avant de descendre à 1 million la semaine suivante, même pour la petite chaîne CW, trop peu, c'est trop peu.

Alors certes, le pitch n'est pas forcément des plus flatteurs et le look branchouille ressemble à toutes les autres séries de la chaîne (comprendre par là : un montage clipesque et une B.O. non stop des derniers tubes du moment). Mais était-ce une raison suffisante pour bouder une série qui clament tout haut ce que beaucoup murmurent déjà tout bas depuis fort longtemps ? À savoir que le côté « amour, gloire et beauté » des podiums de la mode n'est pas aussi glamour en coulisses que les pages glacées des magazines voudraient bien nous le laisser croire. La drogue, la « promo canapé » et autres coucheries (in)volontaires sont monnaie courante et ce regard cynique sur le monde du mannequinat ne sera pas sans rappeler celui qu'Ashton Kutcher (producteur exécutif de la série) avait proposé de la Cité des Anges avec son film Toy Boy. À croire que certains univers doivent rester, aux yeux du grand public, des mondes pour faire rêver...

 

 

 

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