Battlestar Galactica - Saison 4 : La boucle est bouclée

Stéphane Argentin | 21 septembre 2009
Stéphane Argentin | 21 septembre 2009

Juin 2006 : Après la découverte des deux premières saisons de Battlestar Galactica version 21ème siècle (BSG en abrégé), l'auteur de ces lignes qualifiait la série de « pur diamant noir, ce qui s'est fait de mieux sur petit comme sur grand écran depuis bien des années » au moment où débarquait en France le DVD du pilot.

 

Septembre 2009 : Alors que la série vient de s'achever quelques mois plus tôt Outre-Atlantique et que sort en France le coffret DVD de la dernière saison, force est de constater que cette assertion initiale ne se sera jamais démentie au cours des quatre saisons d'existence du show. Mais peut-on encore parler de « simple fiction télé » lorsqu'en mars dernier, plusieurs artisans de la série étaient reçus rien moins qu'au siège new-yorkais des Nations Unis (voir l'article en anglais à cette adresse) ?

Véritable éponge thématique à mettre aux crédits des ordonnateurs du show, à commencer par le créateur / showrunner Ronald D. Moore, BSG aura en effet su s'extirper de son carcan réducteur de space opera, balayant par la même occasion la série originelle imaginée par Glen A. Larson, pour mieux s'imposer comme une radiographie sociale d'une intelligence peu commune, convergence de l'Histoire passée, présente et à venir de l'Humanité. Religion, politique, militaire, terrorisme... le spectre des sujets couverts est si vaste que rien ne semble avoir été omis. Une exhaustivité que seul le format sériel permettait d'explorer sur la durée. Il faut remonter à Babylon 5 (1994-1998) pour retrouver pareille richesse même si rétrospectivement le West Wing spatial imaginé par J. Michael Straczynski s'avère sans doute moins accessible.

Loin d'être une fin en soit, les grands fils rouges narratifs de BSG, notamment la recherche de la Terre promise sur fond d'opposition Hommes vs Machines et la révélation des fameux « Final Five », n'auront été in fine qu'un prétexte à cette exploration plurielle où les convictions de chacun furent sans cesse ébranlées. À ce titre, le personnage de Gaius Baltar incarne à lui seul tous ces tiraillements internes et les évolutions qui en découlent. À l'origine scientifique de renommée interplanétaire, ce bon docteur sombrera dans la déprime la plus profonde (saison 1), s'auto-flagellant de la responsabilité de l'extermination quasi-totale de l'humanité au point de voir sa bonne / mauvaise conscience lui apparaître sous les traits angéliques de n°6. Reprenant du poil de la bête, Baltar deviendra ensuite calife à la place du calife à l'issue de la saison 2 où il remporte les élections en tant que nouveau président face à Laura Roslin. Devenu le Général Pétain du régime de Vichy de New Caprica, le personnage, après un petit séjour au cœur de la civilisation Cylon, sera ensuite jugé tel un criminel de guerre au cours de la saison 3 avant de trouver la voie de la rédemption et de devenir celle de tout un peuple en temps que leader spirituel / religieux au cours de la saison 4 tout en prenant les armes pour contrebalancer un coup d'état militaire.

Scientifique, politicien, terroriste, religieux et enfin contre-putschiste, difficile d'imaginer plus complet comme personnification des grands fondements de l'Humanité. Ce n'est donc pas un hasard si, à l'heure de sa conclusion, la série se referme sur Baltar accompagné de celle qui, quatre saisons plus tôt, ouvrait les hostilités. Dans un mélange troublant d'onirisme et de pragmatisme, l'ultime séquence ne renvoie pas uniquement à chacune des saisons passées, elle ancre ad-vitam le show dans le réel et amène le téléspectateur à reconsidérer BSG non plus comme une simple fiction télé mais comme un miroir tour à tour optimiste et pessimiste de la société dans laquelle il vit. Définitivement l'une des plus grandes séries TV ayant jamais vu le jour.

 


 

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