Grey's anatomy - Saison 5 ou l'héritière d'Urgences ?

Stéphane Argentin | 15 septembre 2009
Stéphane Argentin | 15 septembre 2009

À l'heure où la doyenne Urgences prenait sa retraite après 15 ans de bons et loyaux services, sa cadette postulait très clairement au titre de nouvelle reine des shows médicaux. En effet, il y a tout juste un an de cela, nous pointions déjà du doigt cette « urgentisation » de Grey's anatomy dans notre article à propos de la saison 4. La cinquième saison confirme cette tendance.

 

Le point le plus flagrant se situe à nouveau dans le traitement visuel, à la limite du gore, réservé à certains patients. Entre autres exemples : des visages découpés que n'auraient pas renié Hannibal Lecter, des corps en charpie (le season finale en tête) et autres viscères dignes d'un bon petit Saw. Pour téléspectateurs avertis donc. Le second point concerne le traitement de certains débats dits « de société » avec en ligne de mire deux des sujets les plus sensibles du moment (tout du moins aux États-Unis) : la peine de mort et la guerre en Iraq. Le premier donnera lieu à un triple épisode en compagnie d'Eric Stoltz dans le rôle du condamné, le second à l'arrivée d'un nouveau, Owen Hunt, interprété par Kevin McKidd dans le rôle d'un chirurgien militaire atteint de troubles psychologiques suite à son séjour au front. Le troisième et dernier point concerne les blessures sur les praticiens eux-mêmes, cantonnées jusque-là aux plaies du cœur mais qui vont désormais les frapper sur le plan médical (nous tairons ici les circonstances exactes desdits traumas afin de conserver les effets de surprises).

 

 

 

Autant de constats qui tendent à prouver que Grey's anatomy tente de s'émanciper de son statut originel de « show médical guimauve et fleur bleue » pour aller jouer dans la cour des grands. Mais si les intentions sont louables, leurs mises en œuvre restent encore maladroites et, en l'état, loin d'égaler le niveau d'excellence d'Urgences. Le cœur du problème se situe du côté du rythme effréné que tente de maintenir la série, sautant d'un personnage, lieu ou sujet à un autre sans laisser le temps aux drames qui se jouent de s'installer puis de s'apaiser. Dès lors, le virage de la maturité que tente de prendre la série se retrouve en partie biaisé : les plans gores s'apparent davantage à de la gratuité en vue de choquer (les protagonistes et/ou les téléspectateurs ?), les débats sociaux sont survolés (pour ou contre la peine de mort et l'interventionnisme iraquien) tandis que le sort réservé à l'un des personnages principaux au cours du tout dernier épisode ressemble plus à un désir de cliffhanger à tout prix (« Revenez l'an prochain si vous voulez connaître la suite »).

 

 

 

 

Ce qui fonctionnait très bien au cours des premières saisons dans le registre comico-romantique tendance « cucul la praline » ne s'applique plus ici. Est-ce à dire que cette cinquième fournée d'épisodes est moins réussie que les précédentes ? Loin s'en faut bien au contraire puisque les protagonistes et leurs relations vont de l'avant : le couple Meredith - McDreamy qui arrête enfin de jouer à « oui/non », Cristina qui fait enfin le deuil de son mariage avorté d'avec Burke dans les bras d'Owen, Callie qui fait de même mais dans les bras d'une femme (une bien souriante pédiatre interprétée par Jessica Capshaw, belle-fille d'un certain Steven Spielberg)... Même les deux machos de service, Karev et Sloan, vont s'attendrir (au contact d'une femme bien entendu). C'est dire si la série progresse. Tous ceux qui lui reprochaient de faire du surplace en seront pour leurs frais. Mais la véritable star de cette saison est sans conteste à mettre au crédit d'Izzie. Non contente de devenir la rédemptrice d'Alex, elle va surtout être malmenée de toutes parts, tant sur le plan physique que psychologique. Pour autant, facile à l'adversité, Izzie va se battre.

 

 

 

À l'image de ce personnage, la saison 5 de Grey's anatomy est celle de la mutation, certes encore maladroite mais néanmoins nécessaire, afin d'affronter l'avenir. En effet, à la rentrée 2009 aux États-Unis, pas moins de trois nouveaux shows médicaux vont faire leur apparition : Mercy, Trauma et Three Rivers. On leur souhaite bien du courage pour s'imposer face à l'acariâtre House et au cœur d'artichaut Meredith car pour l'heure, les saisons 5 de l'une et de l'autre restent d'excellente facture.

 

Grey's anatomy saison 5, tous les mercredis soirs à 20h50 sur TF1, à partir du 16 septembre 2009.

 


 

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