24 heures chrono : Exil

Vincent Julé | 1 septembre 2009
Vincent Julé | 1 septembre 2009

Un an et demi. C'est le temps qu'il a fallu attendre pour revoir Jack Bauer en action après la fin de la saison 6 en mai 2007. En effet, avec la grève des scénaristes qui a frappé Hollywood, il a été décidé de reporter la septième saison d'une année entière. Elle ne débute plus en janvier 2008 et mais en janvier 2009 (et septembre chez nous). Mais comment les fans vont-ils faire sans leur dose de 24 heures chrono pendant si longtemps ? Les producteurs ont-ils conscience qu'ils laissent les bas instincts des téléspectateurs sans garde-fou et qu'ils ne sont pas à l'abri que l'un d'eux se mette alors à torturer de gentils terroristes ou d'horribles citoyens ? Ont-ils pensé à la rédaction d'Ecran Large et à Laurent Pécha ? Un peu, dirait-on, car comme pour temporiser, ils ont décidé de revenir un peu plus tôt, en novembre 2008, pour un téléfilm de deux heures - soit une heure et demi sans les pubs. Il avait été question un moment de mini épisodes sur Internet ou téléphone portable, mais une diffusion télé tenait de l'évènement et était un bon moyen de faire le lien entre les deux saisons.

 

 

 

Car souvenez-vous, à la fin de la saison 6, Jack était au bord du gouffre, au propre comme au figuré. Mais ce n'est pas vraiment une surprise de le retrouver quelques années plus tard au Sangala, un pays fictif d'Afrique. Avant que la grève des scénaristes éclate, les rumeurs voulaient déjà qu'une partie de la saison 7 se passe à l'étranger avant de revenir sur le continent américain, au risque de tordre le coup au dispositif espace-temps de la série. Ce n'est pas comme si on y croyait encore, mais là, il était tout simplement question d'ellipses. L'idée est donc mort-née sur le papier, avant de servir de base à ce téléfilm bouche-trou. Jack est donc en exil, le titre du travail était d'ailleurs 24 : Exile (que Canal + a repris pour la diffusion française), et aide un ancien ami, Carl Benton (interprété par Robert Carlyle), avec son école pour réfugiés et autres missions humanitaires.

 

 

 

C'est là que le titre final, 24 : Redemption, prend tout son sens, car Jack cherche et croit trouver dans ce pays et cet altruisme, une réponse à ce qu'il était devenu aux Etats-Unis et à la souffrance qu'il avait causé aux personnes qu'il aimait. Une bonne grosse rédemption donc, sauf que bien sûr, un agent du Département d'Etat, Frank Trammel (interprété par Gil Belows) traque Jack afin qu'il comparaisse devant le Sénat américain pour plusieurs accusations de tortures. Je vois vraiment pas de quoi il veut parler, mais il est prêt à couper les fonds de l'école pour enfants et autres coups de pression. C'est le moment que choisit le général Juma (interprété par Tony Todd) et son armée d'enfants soldats de tenter un coup d'état. Tout ça, bien sûr, en deux heures. Soit le temps de la cérémonie d'investiture du nouveau président des Etats-Unis, Allison Taylor.

 

 

 

Il ne fait aucun doute que la production de ce téléfilm est à l'origine toute acquise au plaisir simple du spectateur, que ce soit le dépaysement, l'action, un Jack vulnérable et surtout le casting : Robert Carlyle, Gil Belows, Tony Todd, Isaach De Bankolé, John Voight... soit des noms, des tronches et un fort capital sympathie. Malheureusement, 24 : Redemption veut aussi raconter une histoire, avec des enjeux moraux, des sacrifices humains et tout. Avec ce téléfilm, la série semble vouloir se draper de sérieux, d'une conscience. Alors bien sûr, c'est juste le temps que Jack retrouve son flingue, tombé là près des arbustes, mais c'est déjà trop. La narration est presque plus laborieuse que n'importe intrigue à la Maison Blanche de n'importe saison, et le film ne trouve jamais son rythme, même lors des séquences d'action. On se fait donc doucement chier, et on se dit que quand même, Jack Bauer torture mieux les terroristes qu'il n'aide les enfants. Réflexion horrible, nonsensique, qui montre où 24 heures chrono nous a mené après six années de dépendance. Mais c'est pas le pire, car 24 : Redemption est un parfait prologue, une sorte de (fausse ?) tentative de désintoxication, pour ce qui nous attend dans la saison 7. Vous allez adorer... mais vous allez tomber toujours plus dans les ténèbres, comme Jack et tous ceux qui l'entourent.

 

24 heures chrono : Exil, diffusé le jeudi 3 septembre à 20h45 sur Canal+.

24 heures chrono saison 7, diffusé à partir du jeudi 10 septembre à 20h45 sur Canal+.

 

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