Terminator : Les chroniques de Sarah Connor - Saison 1

Stéphane Argentin | 11 février 2009
Stéphane Argentin | 11 février 2009

En janvier 2008, notre preview du pilot de Terminator : Les Chroniques de Sarah Connor (que nous appellerons pour simplifier TCSC) soulignait la (désagréable) sensation d’assister à une simple photocopie sur petit écran des longs-métrages qui l’ont précédé sur le grand tandis que le deuxième épisode laissait entrevoir certaines possibilités déjà plus prometteuses. Sept épisodes plus tard (la première saison, fauchée de plein fouet par la grève des scénaristes à Hollywood, ne compte que 9 épisodes sur les 13 prévus à l’origine), le jugement final reste toujours en délibéré même si, pour certains, ces 9 épisodes seront déjà 9 de trop.

 

Mais soyons à nouveau honnête deux minutes : que pouvait-on espérer d’une série où tous les instigateurs originels sont désormais absents (James Cameron, Arnold Schwarzenegger, Linda Hamilton…) ? L’auteur de ces lignes, qui a usé le magnétoscope familial dans les années 1980 à voir et revoir encore et toujours le premier opus en VHS, n’en attentait rien. Et c’est finalement la meilleure façon pour ne pas être déçu tout en cherchant les différentes petites raisons d’apprécier ce nouveau spectacle offert aux adorateurs de la première heure (et aux autres). Car ces raisons ne manquent pas.

 


 

 

Annonçant depuis le lancement du projet qu’ils ne tiendraient absolument pas compte des évènements relatés dans Terminator 3, les créateurs / scénaristes de TCSC (et plus spécifiquement Josh Friedman, scénariste de La Guerre des Mondes et Le Dahlia noir) vont dès lors s’ingénier à établir une alternative au prophétique soulèvement des machines. Et c’est bien de ce côté-là que réside le plus intéressant de la série : cette alternative qui, épisode après épisode, se met en place petit à petit à grand renfort de superordinateur joueur d’échecs, de parents débarqués du futur (Michael Biehn si tu nous entends) et autres approvisionnements en matériaux indispensables (le Coltan) en vue d’un futur conflit et d’un anéantissement / asservissement de l’espace humaine (remember les « 3 milliards de vie » annoncés par Sarah en ouverture de T2). Autant de nouvelles petites pièces qui, sans pour autant faire preuve d’une grande originalité, s’immiscent plutôt intelligemment dans la grande mécanique « Terminatorienne » pour mieux reconstruire le redoutable Skynet (pour rappel, les fameuses « puces » ont toutes été détruites à la fin de T2), tout en se rappelant aux bons souvenirs des pères fondateurs du grand Holocauste (la veuve de Miles Dyson, le Dr. Silberman…).

 

Toutefois, en dehors des différents paradoxes spatio-temporels déjà pointés du doigt pour les longs-métrages, et d’une manière plus générale pour l’ensemble des fictions traitant du même thème (quid d’une interaction de personnes, humaines ou non, venues du futur pour altérer le présent ?), la mécanique en question grippe encore lorsqu’elle tente de se frotter d’un peu trop près au modèle d’origine. Outre des personnages plus rigides en comparaison des films de big Jim et visiblement délaissés au seul profit de l’intrigue (les relations Sarah – John sont ainsi moins maternelles), ce sont avant tout les séquences d’action qui, différence de budget oblige, ne peuvent rivaliser et sont parfois même à deux doigts du ridicule. Entre autres exemples, citons l’ouverture du crâne d’un Terminator en vue de récupérer la puce à l’aide d’un… cran d’arrêt et d’une pince ! Et pourquoi pas un couteau-suisse pendant qu’on y est ? Le tout à l’issue d’une course-poursuite à bord… d’un fourgon blindé. Ou quand le spectre d’une séquence similaire autrement plus anthologique d’un certain T2 (encore lui) nous revient furieusement en pleine face !

 


 

 

Pour autant, et même à ce niveau, TCSC est capable de nous surprendre en bien. Pour preuve cette séquence du season finale (la plus réussie de toute la première saison) où une escouade entière du SWAT va tenter de se frotter au Cromartie. « Monumentale erreur » comme dirait Schwarzy dans l’injustement mésestimé Last action hero. Et les hommes de l’escouade en question de trépasser un par un en contrebas de la piscine d’un motel, le tout filmé hors-champ depuis le fond de ce cimetière aquatique avec accompagnement musical de Johnny Cash (The Man comes around). Ou quand TCSC prend conscience de ses propres limites, aussi bien en termes de budget que d’autocensure sur un grand network US où tout ne peut être montré, pour mieux réinventer certains « passages obligés » de la saga : le massacre du commissariat de police dans T1 et le mythique « Human casualties : 0.0 » de T2 et son fameux zéro décimal que les plus perspicaces n’auront pas manqué de percevoir comme une petite pointe d’humour ; humour dont la série n’est d’ailleurs pas dépourvue elle non plus.

 

Au terme de ces 9x42 minutes, il reste toutefois un autre bilan humain à dresser : celui des pertes du côté des téléspectateurs. Aux États-Unis, après un record à plus de 18 millions de téléspectateurs lors de la diffusion du pilot le dimanche 13 janvier 2008 (soit le meilleur démarrage de la saison passée pour une nouvelle série mais également au cours des trois dernières années), les audiences sont très vite rentrées dans le rang pour se stabiliser aux alentours des 7/8 millions. Pas vraiment de quoi pavoiser du côté de la FOX qui diffuse la série outre-atlantique, plus habituée à des scores à deux chiffres pour ses grosses locomotives sérielles (24 ou encore House), mais ces résultats sont néanmoins conformes aux prévisions des dirigeants de la chaîne. Et si le record initial s’explique en grande partie par un avant-programme plus que fédérateur (un match de football américain), il y a toutefois fort à parier que nombre de curieux / adorateurs du mythe originel auront préféré passer leur chemin dès le deuxième épisode après visionnage dudit pilot.

 

D’un côté, on ne saurait leur donner tort tant TCSC peine à s’écarter de l’épée de Damoclès cinématographique qui la surplombe. Mais, dans le même temps, on ne saurait leur donner entièrement raison tant l’alternative scénaristique amorcée par les instigateurs de ce dérivé télévisé laisse entrevoir plusieurs éléments prometteurs. Encore faudra-t-il les concrétiser au cours de la deuxième saison. Avec un peu de chance, la séquence susnommée en guise de finale sera-t-elle l’élément déclencheur d’un avenir plus radieux qui amènera peut-être TCSC à s’extirper de son statut actuel de « série B »…

 

Terminator : Les chroniques de Sarah Connor - Saison 1 : Tous les jeudis à 20h50 sur TMC à partir du 12 février 2009.

 


 

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