The Shield - Saison 7

Stéphane Argentin | 6 janvier 2009
Stéphane Argentin | 6 janvier 2009

Victor Samuel Mackey. Plus connu pendant sept saisons sous le diminutif de Vic Mackey, ce nom, désormais entré dans l’histoire de la petite lucarne, aurait tout aussi bien pu être celui attribué à The Shield tant la série aura été celle, au même titre que Les Soprano, des deux familles de son personnage principal : sa famille de chair (sa femme, ses enfants) et sa famille de sang (son job), l’une et l’autre étant irrémédiablement liées. Et la 7ème et dernière saison de The Shield de porter au vif la mise à nu des deux facettes de la vie de son « héros ».

 

Il faut en effet remonter au season finale de la saison inaugurale pour trouver le personnage asphyxié à ce point, seul dans sa maison alors que femme et enfants viennent de plier bagages. Par la suite, souvent à deux doigts de trébucher, Mackey avait toujours su faire face. Jusqu’à maintenant. Cette armure en acier trempé, ce « Shield » impénétrable va ainsi s’effriter petit à petit, aussi lentement qu’inéluctablement. Vic sur le point de craquer, d’être épinglé, de sombrer corps et âme ? Autant de fins possibles et de questions afférentes que se posent les téléspectateurs depuis bien longtemps (depuis le tout début ?). Comment ce flic borderline, pour ne pas dire ripou, dont on se surprend à cautionner autant qu’à réprimer les méthodes pourrait-il s’en sortir sans y laisser des plumes ?

 

Dans de telles conditions et avec un Vic plus à fleur de peau que jamais, à quoi fallait-il s’attendre en guise de conclusion ? À un final choquant ? Beaucoup de critiques US l’ont qualifié ainsi et, assurément, il l’est en grande partie mais pas forcément là où on l’attendait. Surprenant ? Oui mais peut-être pas telle que l’on aurait pu le croire. [Attention spoiler] Aussi sournois et rusé que Vic, Shawn Ryan (le créateur du show pour rappel), plutôt que de décider du droit de vie ou de mort, aussi bien moral que charnel, de sa créature, a opté pour le même genre de « non-fin » que Les Soprano, expurgée cette fois de tout pathos musical (le season finale de la saison 1 était accompagné par le très mélancolique Trouble de Coldplay), mais non sans avoir auparavant privé le personnage de ses deux familles dont il ne lui reste plus désormais que des images : celles sur son bureau (sa femme, ses gosses) et celles toutes sirènes hurlantes de la rue (son job) [Fin du spoiler]. Un choix des plus habiles cristallisé au cours d’une ultime séquence d’un series finale intitulé Family meeting écrit par Shawn Ryan lui-même, au titre là encore oh combien représentatif de l’épine dorsale de la série.

 


Peu importe les intrigues secondaires (un tueur en série potentiel pour Dutch, la maladie qui ronge de Claudette ou encore une touche « black politique » qui tombe comme un cheveu sur la soupe dans les derniers instants), seule compte la famille. Cette notion va prendre une importance grandissante à mesure que le mano à mano entre Vic et Shane ira crescendo, les deux hommes entrainant leur (ex-)compagne et leurs progénitures dans cette spirale infernale. Une spirale en forme de véritable course contre la montre où chaque épisode correspond désormais peu ou prou à une journée. Ou quand l’ultime saison de The Shield prend des allures de « 13 jours chrono ». Mais à trop lorgner du côté d’un certain 24, les scénaristes ont peut-être brûlé les étapes. Comment croire en effet à l’infiltration et au démantèlement de l’un des plus puissants cartels mexicains en si peu de temps ? Certes, l’enquête du gouvernement personnifié par la nouvelle venue Olivia (Laurie Holden) ne date pas d’hier et les aptitudes de Vic à faire passer des vessies pour des lanternes face à ses interlocuteurs ne sont plus à prouver. Mais tout de même.

 

Ce petit travers sera toutefois bien vite pardonné tant il offre sur un plateau d’argent une hypothétique porte de sortie pour Vic et, de facto, un final asphyxiant à l’amertume aussi délicieusement savoureuse que l’âpreté d’une série qui n’aura, in fine, duré que trois ans en tout et pour tout dans la vie des personnages (dixit Dutch à l’attention de Ronnie dans les dernières minutes) mais sept ans sur le petit écran (2002-2008). Après NYPD Blue (1993-2005) et son Andy Sipowicz, précédente révolution dans le registre, The Shield sera donc parvenu à inscrire son nom et celui de son Vic Mackey au fer rouge dans les annales du cop show. Et si le nouveau choc télévisuel en la matière doit survenir à la prochaine décennie, il nous tarde déjà d’y être.

 

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The Shield saison 7 : Tous les jeudis soir à 22h35 sur Canal + à partir du 8 janvier 2009.

 

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