Esprit Cathodique n°24

Jean-Noël Nicolau | 6 octobre 2008
Jean-Noël Nicolau | 6 octobre 2008

Parce qu'il n'y a pas que le ciné et les DVD dans la vie. Et parce qu'il y a aussi la TV et qu'avec le nombre de chaînes hertziennes, celles de la TNT sans oublier surtout celles du câble et du satellite, il y a de quoi devenir fou à éplucher les programmes pour trouver THE film à voir confortablement installé dans son canapé. Ecran Large, par l'intermédiaire de son fin limier Patrick Antona, vous aide à vous y retrouver en vous offrant une sélection de ce qui serait sympathique de voir chaque semaine. Pas forcement le best of the best mais un melting-pot savamment préparé par le maestro. Voici le choix de cette semaine allant du 4 au 10 octobre 2008.

 

 

Samedi 04 Octobre

 

 

L'Ennemi Intime

Canal + Décalé

20: 25

 

Attendu comme le film qui devait enfin montrer la Guerre d'Algérie sur un nouvel angle, en pensant réussir le coup qu'avait réussi en son temps Oliver Stone et son Platoon, L'Ennemi Intime échoue à être le film définitif qu'il aurait pu être. Car en limitant les péripéties à l'antagonisme entre Benoît Magimel et Albert Dupontel, Florent Emilio Siri réduit son cadre à celui du tourment des militaires empêtrés dans une sale guerre et ne rend pas compte de toute la dimension du conflit algérien, chose qui avait été mieux captés dans La Question ou La Bataille d'Algers, qui reste la référence majeure. Il n'empêche que la facture technique irréprochable et qu'une bonne interprétation font de cet Ennemi Intime un film plus que fréquentable et qui montre que le bon cinéma de guerre n'est pas un domaine réservé aux seuls américains.

 

 


 

 

 

Dimanche 05 Octobre

 

 

Demolition Man

TF1

23:15

 

On ne peut pas revenir à Esprit Cathodique sans qu'il y ait au moins un Stallone dans le programme ! Pur produit de l'entertainement à la mode Joel Silver des années 80/90 (années bénies pour tous les amateurs de cinoche bourrin et décervelé), Demolition Man est une de ces réussites mineures de l'actioner mêlant adroitement cascades, comédie et prétexte science-fictionnel que l'on aime à se revoir. Reprenant l'idée de départ du roman de H.G. Welles Quand le dormeur s'éveillera (déjà à l'origine de Sleeper de Woody Allen !), nous suivons les péripéties musclées et semi-parodiques de notre italo-américain préféré nommé ici John Spartan (bien avant 300) tout juste décongelé de son XX° siècle violent et largué tel l'éléphant dans le magasin de porcelaine dans un futur digne des Bisounours, vite transformé en champ de bataille du fait des retrouvailles avec sa nemesis Simon Phoenix (le survolté Wesley Snipes). Pour la petite histoire, on peut apercevoir furtivement Jack Black en troglodyte du futur, le rôle de Simon Phoenix fut proposé à Steven Seagal, JCVD et Jackie Chan (dont le nom est évoqué dans une des meilleures répliques du film), Arnold Schwarzenegger est cité comme futur président des USA et des photos de Stallone à oualpé en pleine décongélation ont circulé hors du tournage.

 

 

 

 

 

Lundi 06 Octobre

 

 

À bout portant

TCM

20:45

 

A l'origine destiné pour la TV en 1964, le remake du classique de Robert Siodmak Les Tueurs (The Killers) fut jugé tellement violent qu'il sortit directement au cinéma. En fait, le réalisateur Don Siegel en livre une relecture plus personnelle et un poil subversive en faisant des tueurs à gage (Lee Marvin, Clu Gulager) les véritables héros de l'histoire, où l'on peut croiser le futur président Ronald Reagan dans son dernier rôle en salaud patenté et les jambes de la sublime Angie Dickinson (à qui Howard Hawks en a toujours voulu d'être devenue blonde) et John Cassavetes en victime désigné et remémoré via flash-back. En grand amateur de cinéma qu'il est, Tarantino s'est sûrement inspiré du duo criminel du film pour la paire Travolta/Jackson de Pulp Fiction, où l'on retrouve ce mélange de ton, allant du pince-sans-rire à la gravité et débouchant inévitablement sur la violence

 

 

 

 

 

 

Mardi 07 Octobre

 

 

Repo Man, la mort en prime

Ciné FX

21:00

 

Premier des rejetons de Martin Sheen à entamer une longue carrière d'acteur (son frangin Charlie Sheen débuta la même année dans l'Aube Rouge), Emilio Estevez s'était fait remarqué dans les Outsiders avant de se voir offrir le rôle en tant que vedette de ce qui était décrit à l'époque comme une comédie punk de science-fiction. Mais nous avons droit en fait à un road-movie tendance satire sociale, avec cette plongée dans le monde des repo-man (ces recouvreurs de dette qui viennent récupérer de force les voitures impayées) et qui vire dans le bizarre tout en pastichant avec humour le classique En quatrième vitesse de Robert Aldrich. Avec le temps, le film d'Alex Cox, a acquis le statut de film-culte, surtout du fait de sa bande-son où l'on retrouve Iggy Pop, les Ramones et Suicidal Tendencies, et mérite d'être redécouvert, surtout qu'il est un des rares à nous être parvenus d'un réalisateur dont la carrière est restée bien confidentielle

 

 

 

 

 

 

Mercredi 08 Octobre

 

 

Prendre femme

Arte

22:45

 

Actrice de théâtre et de cinéma ayant trainé ses guêtres entre la France et Israël, Ronit Elkabetz, toute auréolée du Critics' Choice award décerné en 2003, tourne en Israël son premier film en tant que réalisatrice, assistée de son frère cadet Shlomi. S'inspirant de la vie de ses parents et de sa vision sans concession de la religion, Ronit interprète une femme juive qui se trouve au carrefour de son existence, hésitant entre sa vie de famille et son bonheur personnel, se heurtant à un mari dont le mutisme et l'apparente passivité sera mise à dure épreuve. Possédant  cette acuité que les cinéastes israéliens ont sur leur société et ses clivages, les Elkabetz accouchent d'un film à la sensibilité à fleur de peau, mais où les références bibliques ne sont pas absentes. Preuve du lien qui la lie à la France, elle prend deux acteurs du cinéma français parmi les plus caractéristiques, Simon Abkarian, dans celui de son mari, et Gilbert Melki.

En 2007, le succès de La Visite de la fanfare a fini par la consacrer comme une des actrices à suivre.

 

 


 

 

 

Jeudi 09 Octobre

 

 

Gabriel over the White House

TCM

00 :00

 

La curiosité de la semaine, avec toujours cette vision si particulière de la religion et de son imbrication dans la société américaine, Gabriel over the White House signé Gregory La Cava en 1933 est un parfait exemple du cinéma dit rooseveltien. Senser appuyé la politique libérale du chantre du « New Deal », il s'avère qu'au final le film semble plus apporter crédit à un régime de type fasciste qu'à une véritable démocratie. Ainsi, revenu des morts et inspiré par l'Archange Gabriel, le président interprété par Walter Huston se posera dorénavant en champion du pacifisme en imposant le désarmement pour éviter les dangers d'une nouvelle guerre mondiale, mais il n'hésitera pas à mobiliser les chômeurs et à faire fusiller les gangsters, au nom de la liberté pour tous ! Quand on sait que c'est le magnat William Randolph Hearst (le futur modèle de Citizen Kane) était producteur du film, on en déduit d'où viennent ces orientations quelque peux extrêmes.

Mais il est vrai qu'un président comme ça maintenant, cela leur ferait du bien aux américains, et ce serait à Wall Street qu'il irait faire du ménage, hein ma bonne dame...

 

 

Vendredi 10 Octobre

 

 

Les Banlieusards

Ciné FX

21 :00

 

Chouchou des anciens de la rédaction d'Ecranlarge, Joe Dante a souvent été un réalisateur maudit, nombre de ses films les plus réussis comme Explorers ou Innerspace n'ayant pas rencontré le succès public. Tout comme ces Banlieusards (The Burbs en VO) qui sortit dans une relative indifférence et finit en vidéo-club chez nous. Et oui, à l'époque, Tom Hanks n'était pas encore la star internationale que l'on connait, seul les fans du Palace en délire le vénérait en France à l'époque. Dans ce thriller à tendance satirique, Tom Hanks en banlieusard désœuvré assisté de son voisin paramilitaire (Bruce Dern) tente de prouver à son voisinage incrédule que la nouvelle famille arrivée dans leur petite ville est adepte d'une secte cannibale, responsable de nombreuses disparitions dans la région. Dans ce petit bijou de drôlerie qui montre l'envers du décor américain, il n'y a rien à jeter... si ce n'est un final qui est en complète contradiction avec les thèmes esquissés dans le film et sa parodie de la paranoïa américaine.

 

 


 

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