Les héritiers de X Files

Vincent Julé | 31 juillet 2008
Vincent Julé | 31 juillet 2008

S'il a fallu attendre dix ans pour que X Files refasse l'actualité sur grand écran avec un second long-métrage, et six pour qu'elle refasse l'actualité tout court depuis la fin de la série en 2002,  on ne peut pas dire non plus qu'elle n'ait pas été citée, copiée, déclinée, j'en passe et des meilleurs. Car s'il existe une série dont l'influence s'est fait ressentir sur le paysage audiovisuel, de la télévision au cinéma en passant par les jeux vidéo, c'est bien X Files. Et rien que dans la petite lucarne, il y a de quoi faire.

 

 

Ainsi, dès que le succès de la série se confirme, tout le monde s'y met. Et on ne peut pas dire que certains fassent dans la subtilité. Dès 1996, la chaîne NBC veut son programme avec des extra-terrestres et un complot. Badaboum, Bryce Zabel et Brent Friedman pitchent Dark Skies, l'impossible vérité, où « l'Histoire telle que nous la connaissons n'est qu'un mensonge », balance la tagline. En 1961, le couple John Loengard et Kimberly Sayers emménage à Washington pour le travail de John. Assistant parlementaire, il doit enquêter sur un groupe nommé Majestic, qui en fait cache et tente de lutter contre une invasion extra-terrestre. Ils sont déjà là, prennent le contrôle des humains à travers un parasite et sont liés à chaque grande date de l'Histoire. Sans être désagréable, la série accuse une touche sixties qui se voudrait séduisante mais se révèle vite horripilante, de même que le côté « seuls contre tous ». 20 petits épisodes plus tard, c'est l'annulation et on s'en rappelle surtout aujourd'hui pour les visages d'Eric Close (FBI : Portés disparus) et Jeri Ryan (Star Trek : Voyager).

 

                    

 

La Fox tente aussi d'en remettre une couche en 1997 avec Le Visiteur, mais l'inspiration vient plutôt du grand écran et de Independence Day. En effet, Roland Emmerich et Dean Devlin essaient de rentrer leurs grosses têtes et leurs gros vaisseaux dans le poste, et pour se faire se la joue low profile avec l'histoire d'Adam MacArthur joué par John Corbett, un pilote de la Seconde guerre mondiale qui se fait enlever par les extra-terrestres pour réapparaître 50 ans plus tard, avec des super pouvoirs. Sa mission, aider les pauvres gens afin qu'ils se rendent compte qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent de leur vie, surtout en bien. Une sorte de Routes du paradis revu et corrigé qui a fait les beaux jours (enfin pas plus de 13, le nombre d'épisodes produits) de M6.

 

Idem pour Burning Zone, menace imminente qui a un temps été le compagnon de X Files les samedis soirs. Cette fois, c'est la défunte UPN qui monte une équipe secrète de scientifiques pour lutter contre les menaces biologiques, pour un résultat équivalent à savoir une saison et seulement 19 épisodes. Il faut dire aussi que la série était sombre et austère, et que le charme d'un jeune Jeffrey Dean Morgan ne faisait pas encore effet sur la gente féminine. On peut aussi citer sur le même network Special Unit 2 qui pendant deux saisons entre 2001 et 2002 voyait une division secrète de la police de Chicago aidée d'un gnome (!!) enquêter sur des affaires de monstres tout pourris. Une bonne mais un peu longue blague.

 

 

Plus intéressant, la tentative de Howard Gordon, scénariste de X Files et maintenant showrunner de 24, de dépeindre un monde où les abus scientifiques et technologiques sont monnaie courante avec Strange World. Aidé de Tim Kring, qui s'en rappellera pour Heroes, il tente aussi de développer une mythologie atour d'un docteur atteint du syndrome de la guerre du Golfe et qui a besoin d'injections pour vivre mais aussi d'un mystérieuse organisation. Malheureusement, la chaîne ABC annule tout après trois épisodes sur 13 en 1999 et on se souvient surtout aujourd'hui du magnifique générique.

 

Un autre de Heroes, l'acteur Adrian Pasdar a emprunté des chemins étranges avec Mysterious Ways en 2000 sur la chaîne canadienne PAX. Suite à une avalanche dont il a survécu miraculeusement, le professeur d'anthropologie Declan Dunn décide de vouer sa vie aux phénomènes inexpliqués et qui pourraient relever du miracle. Mais pour sa collègue et psychiatre Scull... euh Peggy, tout a une explication scientifique. Comme le fait qu'encore une fois, la série soit diffusée en France sur M6 ?

 

 

Last but not least des séries qui ont surfé à l'époque sur le succès de X-Files : Nowhere Man - L'homme de nulle part. Même si cette série créée par le regretté Lawrence Hertzog et à laquelle ont participé Joel Surnow (24) et Art Monterastelli (John Rambo) n'a eu qu'une saison de 25 épisodes sur UPN, elle est parmi toutes les héritières de X-Files, la plus originale, la plus respectée, la plus culte aussi. Dans le pilote réalisé par Tobe Hopper, le photographe Thomas Veil, joué par le plus grand acteur de tous les temps Bruce Greenwood (Exotica, De beaux lendemains), voit sa vie anéantie du jour au lendemain, lorsqu'un soir où il dîne au restaurant avec sa femme, il se rend aux toilettes pour fumer pour se rendre à son retour qu'elle a disparu, que sa table est occupée par d'autres, que le serveur ne le reconnaît pas. Pire, ses cartes de crédit ne fonctionnent plus, son numéro de téléphone est hors service et, enfin, un autre homme a pris sa place auprès de sa femme, qui jure ne jamais l'avoir vu de sa vie. Commence alors une longue quête de 25 épisodes à travers les Etats-Unis à la recherche de la vérité et de son identité. Comme le dit Thomas Veil dans le générique, « ces évènements sont réels, il faut qu'ils le soient ».

 

                

 

Mais il y en a qui, sans X Files, ne serait pas où il en est aujourd'hui, à savoir roi des geeks  et donc maître du monde, c'est... non pas Chris Carter himself qui n'a jamais réussi à réitérer l'exploit des X Files avec Millennium, Harsh Realm ou Au cœur du complot - The Lone Gunmen, mais un certain J.J. Abrams. Après s'être adonné de belle manière aux teen shows avec Felicity, il s'attaque à la série d'espionnage avec Alias, a priori plus proche de Mission : Impossible, mais qui s'avère du X Files en puissance, avec ses agents double, sa société secrète SD-6, sa mythologie autour de Rambaldi et ses missions aux frontières du réel. Passionnante sur deux saisons, la série prouvera avec les trois suivantes, alors que J.J. quitte le navire, que les auteurs ne savent pas où ils vont, qu'ils ne savent pas quoi faire et donc qu'ils feront n'importe quoi.

 

Des reproches qu'a subi aussi un temps Lost, qui partage a priori peu avec X Files si ce n'est le mystère et l'aspect feuilletonnant. Mais c'est déjà beaucoup, car entre 24, Prison Break et Lost, il s'avère que X Files a peut-être été indirectement la première série feuilletonnante. Bon ok, pas la toute première, mais du moins celle qui a le plus influencé le paysage serial d'aujourd'hui. Regardez le nombre de séries dont le background repose sur une organisation secrète et une conspiration (Dharma Initiative pour Lost, La Compagnie pour Prison Break et...euh... les Républicains pour 24). D'ailleurs, ce n'est pas pour rien qu'après le succès de Lost, toutes les chaînes ont voulu leur série mystérieuse et que dans la précipitation, elles ont toutes fait appel aux bons vieux extra-terrestres avec Threshold et dans une moindre mesure Surface.

 

 

J.J. Abrams, lui, ne se cache plus, puisque à la rentrée, il revient avec Fringe, une pâle copie (avec quand de même un pilote à 10 millions de dollars) de X Files avec tout plein de mystérieuses expériences, partie intégrante d'un « schéma » plus global. Et contrairement à Alias ou Lost, il devrait beaucoup s'investir dans cette nouvelle série. De là à dire que c'est une bonne nouvelle. Toujours est-il qu'entre X Files : Régénération sur grand écran et Fringe sur le petit, la boucle semble dans un certain sens bouclée. Pour le pire ou le meilleur ? A chacun de voir.

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