Esprit cathodique - Numéro 17

Parce qu’il n’y a pas que le ciné et les DVD dans la vie. Et parce qu’il y a aussi la TV et qu’avec le nombre de chaînes hertziennes, celles de la TNT sans oublier surtout celles du câble et du satellite, il y a de quoi devenir fou à éplucher les programmes pour trouver THE film à voir confortablement installé dans son canapé. Ecran Large, par l'intermédiaire de son fin limier Patrick Antona, vous aide à vous y retrouver en vous offrant une sélection de ce qui serait sympathique de voir chaque semaine. Pas forcement le best of the best mais un melting-pot savamment préparé par le maestro. Voici le choix de cette semaine allant du 24 mai au 30 mai 2008.

M6 ne se décidant pas à diffuser la 7° saison de Smallville (exactement, je suis en manque), on pourra se rabattre sur ce sympathique film d'action bourrin et sans prétention réalisé par le duo Mark Neveldine/Brian Taylor et où Jason Statham fait ce qu'il sait faire le mieux : courir à fond les manettes, se prendre des gamelles de folie, balancer des beignes et des bastos à paquet et s'envoyer Amy Smart en pleine rue et en levrette! Le tout sur un pitch des plus simples (et inspiré par New York 1997), mais pour une fois exploité à fond. Autant dire que c'est avec la plus grande impatience que l'on attend la séquelle en cours de tournage. De quoi vous donner un bon petit coup de pêche avant de sortir ce samedi soir .

Scaramouche représente, avec Les Trois Mousquetaires toujours réalisés par George Sidney, un des sommets du film de cape et d'épée en Technicolor et interprété par des acteurs de haut standing. Avec dans le rôle-titre, l'inspiré et virevoltant Stewart Granger opposé au classieux Mel Ferrer et entouré par les beautés renversantes de Janet Leigh et d'Eleanor Parker, la version de 1952 du roman de Rafael Sabatini (« le » grand spécialiste du roman d'aventures historiques) est demeurée célèbre pour une séquence d'anthologie : le duel final dans un théâtre, passe  d'armes ininterrompue et acrobatique de près de 7mn qui vous fera vibrer comme jamais. Le tout avec cette vision si particulière des américains sur la Révolution Française et l'arrivée finale (et anachronique) de Napoléon au son de la Marseillaise, et vous obtenez l'un des plus beaux films d'aventure jamais produits à Hollywood.  

Même les fans purs et durs de Sylvester Stallone que nous sommes à EcranLarge ont un peu de mal avec ce Rocky 5, où cette tentative de revenir aux sources se révélait ma foi bien trop simplette. Prévu à l'origine comme scénario pour le quatrième épisode (avant que la vague du reaganisme ne change la donne), Rocky 5 reste intéressant par sa volonté de stigmatiser le sport-business et ces manipulations, et délaisse le ring pour un combat de rue final assez enlevé et rythmé par du hip-hop ! Déclaré KO au niveau du box-office, notre Sylvestre préféré comprendra bien la leçon et reprendra les gants seize ans plus tard pour nous livrer la bonne conclusion qu'il fallait sur ce personnage devenu essentiel au cinéma.

On l'a un peu oublié mais dans les années 80, Kathleen Turner était l'actrice sulfureuse par excellence. Femme-fatale manipulatrice dans La Fièvre au corps, fausse moche dans A la poursuite du diamant vert, forniquant sans relâche avec Sting dans Julia & Julia, elle produit avec Les jours et nuits de China Blue sa meilleure performance, incarnant avec conviction une créatrice de mode des beaux quartiers qui se transforme la nuit venue en prostituée écumant les bas-fonds. Maître avéré quand il faut décrire des personnages à la psychologie trouble et les contradictions d'une Amérique puritaine, Ken Russell parsème l'univers de China Blue par une galerie de maniaques assez bariolée, entre un flic sadomasochiste et surtout un prêtre psychotique interprété par un Antony Perkins survolté, tentant de ramener la belle dans le droit chemin sous la menace de son vibro-masseur aiguisé comme un rasoir !

L'inédit de la semaine est (dixit notre rédacteur Laurent Pécha) un mélo bouleversant et réussi sur une famille confrontée à la perte dramatique d'un de ses enfants et qui va se déchirer, tiraillée entre le désir de la vengeance et celui du pardon. Donc à vous aussi de vous faire un avis, et puis un film avec un casting avec Mark Ruffalo, Joaquin Phoenix et Jennifer Connelly (surtout Jennifer Connelly) cela ne se refuse pas.

Redoutable portrait du grand pornocrate qu'est Larry Flynt, même si le scénario se focalise plus sur sa « lutte » concernant la liberté d'expression que sur l'élaboration de son empire du sexe, le film de Milos Forman est de ses œuvres qui, avec Boogie Nights de Paul Thomas Anderson, a ouvert la voie à une plus mûre réflexion sur cette industrie.

Et comme pour toute grande saga américaine qui se respecte, Larry Flynt est d'autant plus attachant du fait des prestations étonnantes et inattendues de Woody Harrelson et de Courtney Love, qui n'ont jamais été aussi bons.

Si vous pensez que la vision de Raquel Welch arborant bottes de cuir et stetson dans Hannie Caulder (titre en VO de ce Colt pour trois salopards) n'est pas la garantie d'un bon spectacle, alors passez votre chemin. Celle qui fut une des plus belles femmes du siècle dernier, et dont la beauté était « naturelle », n'a pas eu la carrière qu'elle aurait méritée, mais la voir dans ce western, certes un peu racoleur, du spécialiste Burt Kennedy est un plaisir coupable à savourer avec délectation. Et même les amateurs du genre y trouveront leur compte grâce à la présence des vétérans Ernest Borgnine, Jack Elam et Strother Martin (ce sont eux les 3 salopards du titre français), et autre curiosité, Christopher Lee est aussi du générique. Cet acteur-là aura vraiment tout fait (prochainement dans Triage de Danis Tanovic avec Colin Farrell).