Esprit cathodique - Numéro 14

Patrick Antona | 2 mai 2008
Patrick Antona | 2 mai 2008

Parce qu’il n’y a pas que le ciné et les DVD dans la vie. Et parce qu’il y a aussi la TV et qu’avec le nombre de chaînes hertziennes, celles de la TNT sans oublier surtout celles du câble et du satellite, il y a de quoi devenir fou à éplucher les programmes pour trouver THE film à voir confortablement installé dans son canapé. Ecran Large, par l'intermédiaire de son fin limier Patrick Antona, vous aide à vous y retrouver en vous offrant une sélection de ce qui serait sympathique de voir chaque semaine. Pas forcement le best of the best mais un melting-pot savamment préparé par le maestro. Voici le choix de cette semaine allant du 3 mai au 9 mai 2008.

 

 

Samedi 03 Mai

 

 

Justice pour tous

TCM

22 :55

Film classique dans la veine « dénonciatrice » des productions hollywoodiennes des années 70, Justice pour tous introduit pour la première fois Al Pacino dans la défroque du personnage-type qu'il ne cessera d'interpréter depuis : celui du zorro urbain (journaliste, docteur, agent) qui met le doigt là où cela fait mal dans les rouages de la société américaine. Plutôt badin, par le ton adopté dans sa narration, le film réalisé par Norman Jewison n'a pas la portée d'œuvres plus engagées telles que Les Hommes du Président voire Le Verdict, mais brosse une agréable et pittoresque galerie de portraits typiquement new-yorkais, qui va du travesti au juge complètement allumé, et permet d'apprécier une des rares prestations cinéma de Lee Strasberg, pape de l' Actor's Studio.

 


 

 

Dimanche 04 Mai

 

 

L'Amour extra-large

All Ladies Do It

W9

NT1

20:45

22:30

Après avoir enfoncé le clou de la comédie trash et déjantée depuis Dumb & Dumber et jusqu'à Fous d'Irène, les frères Farrelly effectuent leur virage vers la comédie romantique en se basant sur la maxime : « Beauté tu n'existes que dans les yeux de tes admirateurs ». Même si la mécanique n'est pas aussi efficace que dans les films pré-cités, le registre du comique gras et destructeur n'étant utilisé qu'à quelques bonnes occasions, la réussite de L'Amour extra-large réside dans l'alchimie si particulière du couple hors-norme Gwyneth Paltrow/Jack Black (ici dans son premier rôle en tête d'affiche) qui fonctionne à merveille ; et cela, il n'y avait que des barges comme les frères Farrelly qui pensaient pouvoir y arriver.

 

On pourrait aussi donner le titre de L'Amour extra-large n°2 au film de Tinto Brass All ladies do It, variation érotique de l'opéra-comique de Mozart Cosi Fan Tutte. Car Tinto Brass les aime bien larges, les culs de ces interprètes féminines, toujours en recherche d'expériences sexuelles inédites, qui les verront s'accomplir en tant que femmes. Digne avatar des créatures felliniennes dont le maître de l'érotisme transalpin aime à orner ses films, la gironde Claudia Koll assure un spectacle des plus agréables et grivois à regarder, Tinto Brass s'amusant toujours autant avec les miroirs pour pouvoir découvrir la belle sous tous les angles. Tinto Brass, par une anecdote qu'il aime à relater, signale que c'est Claudia Koll qui provoqua un accident de la route au sortir des studios de Cinecitta pour pouvoir coincer le réalisateur et lui offrir ses services en tant que comédienne. Une bien belle histoire romaine.

 

 

 

 

Lundi 05 Mai

 

 

Indiana Jones et le Temple Maudit

Rocky 2, la revanche

M6

M6

20:50

22 :55

2° épisode de la saga à être diffusé par M6 (on vous rappelle si vous l'avez oublié que Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal sort le 21 mai prochain), Indiana Jones et le temple maudit va encore plus loin que le précédent dans l'exploration des thèmes les plus représentatifs de la série B de l'âge d'or du cinéma. Avec une intrigue qui puise sa source autant dans les Jungle Jim avec Johnny Weismuller que Les Etrangleurs de Bombay de Terence Fisher, et impose dorénavant le nom de l'aventurier comme indissociable du mot « aventure ». Regorgeant de scènes d'action qui sont devenues des modèles du genre (la bagarre à Shangaï, la poursuite en wagonnets) et d'une dimension horrifique qui en secoua plus d'un, Indiana Jones et le temple maudit possède un moment de grâce absolue où la synergie de la mise en scène de Spielberg et de la musique de John Williams atteint son sommet, celui de la séquence de la « Slave Children's Crusade » qui en fait un de ces grands moments de cinéma prompt à déclencher l'enthousiasme.

 

Le Stallone de la semaine (et tant pis si nous avions oublié de citer Rocky la semaine dernière) est celui qui permi à la star de gagner définitivement ses galons, et d'enfiler par la même occasion ceux de la mégalomanie inhérente à sa condition d'étalon italien. Acteur, scénariste et désormais réalisateur (en fait son deuxième en tant que tel), Stallone décide de transformer le « perdant » Rocky Balboa en incarnation du rêve américain, dans sa veine la plus classique et celle qu'affectionne le plus le public, celle de la revanche prise avec ses poings. Tout comme Spielberg par son association avec John Williams, le couple Sylvester Stallone/Bill Conti accouche d'un de ces grands moments de cinéma conjugués à la musique avec un « Gonna Fly Now » survolté qui voit le descendant des immigrants italiens faire la course avec la nouvelle génération des fils de l'Amérique. Qui n'a pas eu envie de se remettre à la musculation et au footing après une telle vision ?

 


 

 

Mardi 06 Mai

 

 

Ghost of Mars

Ciné FX

21:00

Dernier film cinéma de John Carpenter (il n'a depuis officié que sur l'anthologie TV Master of horrors), Ghost of Mars est un de ces efficaces westerns horrifiques qu'affectionne le réalisateur. Reprenant une nouvelle fois le thème de la communauté en état de siège (Assaut, The Fog, The Thing, Prince des ténèbres) face à une menace cumulant cette fois-ci les qualités d'être extra-terrestre et surnaturelle, Ghost of Mars est la tentative de féminisation voulue par son auteur pour sortir de l'ornière de l'action-hero américain classique. Même si le film possède un petit gout d'inachevé (avec un final un peu trop expéditif), il n'en demeure pas moins un shocker brutal et sans concession, porté avec brio par la musique heavy metal composée conjointement par Big John et Anthrax : de la pure dynamite. A Ecran Large, nous sommes très attentifs au possible retour de Carpenter sur grand écran avec un L.A. Gothic encore bien mystérieux.

 

 
 

 

 

Mercredi 07 Mai

 

 

Riding the Bullet

Borat

Sci-Fi

Canal+

20 :45

22 :40

Au rayon inédit cinéma, Riding the bullet est une de ces adaptations de Stephen King (roman diffusé à l'origine sur le Net) qui a malheureusement mauvaise presse, alors que le résultat est loin d'être indigne. Inversant habilement les tenants du suspens automobile utilisés dans les classiques The Hitch-hiker et The Hitcher, la réalisation de Mick Garris (producteur et initiateur de Master of horrors) réussit à ménager le suspens jusqu'aux cinq dernières minutes, qui sont à ranger parmi les meilleurs climax tirés de l'œuvre du King de l'horreur.

 

La première incursion de Sacha Baron Cohen sur grand écran, dans la peau de sa création Ali G, avait laissé plutôt sur sa faim. En adoptant pour le kazakh Borat, autre avatar télévisuel du comique anglais, la technique éprouvée du faux reportage qui, à l'instar des « Lettres Persannes » de Montesquieu, permet de tailler un sacré costard à la plus grande puissance du monde actuel, et de manière bien plus efficace que n'importe quel manifeste politique. C'est cela aussi la fameuse puissance des images, même si le visionnage de cet OFNI permet de deviser sur cette maxime essentielle de Pierre Desproges : « On peut rire de tout mais pas avec tout le monde ... ». Et vivement la suite avec un Brüno: Delicious journeys through America for the purpose of making heterosexual males visibly uncomfortable in the presence of a gay foreigner in a mesh T-Shirt (c'est le titre !) qui s'annonce des plus ravageurs qui soit.

 


 

 

Jeudi 08 Mai

 

 

Quand la Panthère rose s'emmêle

Sept secondes en enfer

Gulli

Cinecinema Classic

20 :45

22 :30

Si le parti-pris des comédiens anglais de parodier les étrangers souvent avec génie existait bien avant Sacha Baron Cohen, le maître de la discipline demeure Peter Sellers avec son inénarrable création de l'inspecteur Clouseau, bien que l'apport du doublage français de Michel Roux soit aussi pour beaucoup dans l'impact comique. La série des Panthère rose a porté au pinacle les aventures du chef-inspecteur français le plus gaffeur au monde, pourtant personnage secondaire dans le premier film. Quatrième épisode toujours réalisé par Blake Edwards (on passera sous silence le mauvais Inspecteur Clouseau de 1968 avec Alan Arkin dans le rôle-titre !), Quand la Panthère rose s'emmêle (The Pink panther strikes again en VO) est un pur délire burlesque et dont la majeure partie des gags font encore mouche, particulièrement les agressions soudaines du majordome Kato. Mais ici, Peter Sellers se fait littéralement voler la vedette par le génial Herbert Lom qui compose un inspecteur Dreyfus entièrement possédé par son désir d'éradiquer son ex-subalterne, au point de se transformer en savant fou, avec rayon de la mort et costume du fantôme de l'Opéra à la clé.

 

Reprenant la matière de ce qui fut un de ces plus grands succès, le Règlement de comptes à OK Corral, le réalisateur John Sturges décide de revisiter ce qui demeure un des épisodes majeurs de la conquête de l'Ouest, à savoir la lutte mortelle du clan des Earp contre celui des Clanton. En proposant cette fois-ci une version 1967 moins glamour et bien plus proche de la réalité, John Sturges s'attache à décrire des héros qui sont fatigués et qui présentent déjà des signes d'autodestruction, préfigurant de deux ans la vision crépusculaire de Sam Peckinpah et de sa Horde sauvage. James Garner, crédible en Wyatt Earp retors et bien peu respectueux du code de l'honneur des cowboys, réintègrera le stetson (dans la réalité historique c'était un chapeau melon !) et les colts du plus célèbre marshall de l'Ouest, vingt ans plus tard dans Meurtre à Hollywood de Blake Edwards, où il partage la vedette avec le débutant Bruce Willis.

 


 

 

 

Vendredi 09 Mai

 

 

Blood from the Mummy's tomb

Ciné FX

21 :00


Pour beaucoup, les derniers films d'horreur produits par la Hammer dans les années 70 sont considérés comme des œuvres mineures. Ce constat est révisé à la hausse depuis quelque temps et des œuvres telles que The Vampire lovers, La Fille de Jack l'Eventreur, Docteur Jekyll & Sister Hyde et ce Blood from the Mummy's tomb apparaissent dorénavant comme des nouveaux sommets de la maison de l'Horreur, et ce n'est que justice. Adaptation fidèle du roman « Jewel of the 7 Stars » de Bram Stoker, Blood from the Mummy's tomb est plus une histoire de possession qu'un classique conte de momie revenant à la vie, et qui permet au spectateur ému que je suis de pouvoir admirer les formes affolantes de Valerie Leon, une des dernières vamps révélées par le cinéma fantastique anglais avant Rhona Mitra, et dont la dernière apparition remarquée sur nos écrans date de 1983. C'est elle qui récupère Sean Connery/James Bond au bout de sa ligne de pêche après la scène des requins dans Jamais plus jamais et qui l'emmène directement dans sa couche, avec une des meilleures répliques bondiennes à la clé (« Ta chambre ou la mienne »).

 

 

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