Esprit cathodique - Numéro 6
Parce qu’il n’y a pas que le ciné et les DVD dans la vie. Et parce qu’il y a aussi la TV et qu’avec le nombre de chaînes hertziennes, celles de la TNT sans oublier surtout celles du câble et du satellite, il y a de quoi devenir fou à éplucher les programmes pour trouver THE film à voir confortablement installé dans son canapé. Ecran Large a décidé de mettre à votre service son plus fin limier, Patrick Antona et ses 17 255 films vus (compteur arrêté au 18 janvier 2008) pour vous offrir une sélection de ce qui serait sympathique de voir chaque semaine. Pas forcement le best of the best mais un melting-pot savamment préparé par le maestro. Donc, le concept est fort simple : un soir = un film. Voici le choix de cette semaine allant du 8 mars au 15 mars 2008.
Samedi 08 Mars |
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Ciné FX |
23 :00 |
Le thriller de SF à base de menace virale a le vent en poupe ces derniers temps, au vu du succès de 28 Jours semaines plus tard, Je suis une Légende et attendant Doomsday qui s'annonce sous de bons hospices. Pionniers du genre, avec le méconnu Satan Bug de John Sturges, le film réalisé en 1971 par Robert Wise (La Maison du Diable, Star Trek) est un modèle, à la forme révolutionnaire à plus d'un point. Adaptant un des premiers romans de Michael Crichton, Robert Wise anticipe avec près de 30 ans d'avance sur une esthétique du cinéma maintenant éprouvée, à savoir l'utilisation des prises de vue infra-rouge, des vidéos de surveillance et des graphiques générés par ordinateur, certes d'une manière primitive, mais en parfaite adéquation avec un suspens savamment maîtrisé. Et en des temps où la notion de danger sanitaire potentiel est des plus sensibles, Le mystère Andromède avec son thème de la lutte contre les micto-organismes en provenance de l'espace, revêt une valeur symbolique des plus marquées.
Dimanche 09 Mars |
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France 2 TMC TMC |
20 :50 20 :40 22 :25 |
La diffusion du diptyque nanardesque Mon Curé chez les Nudites et Mon Curé chez les Thaïlandaises, en cette soirée électorale, ne manquera pas de vous faire réfléchir sur ce qui est une des marottes préférées de notre président actuel, à savoir le retour du religieux dans le civil. Et de deviser sur sa formule « le curé est supérieur à l'instituteur », si c'est pour finir comme gérant de club naturiste comme Paul Préboist dans le premier ou patron de bordel thaïlandais comme Maurice Risch dans le second, alors là je signe tout de suite ! Cinématographiquement parlant, si on peut user du mot ici, Mon Curé chez les Thaïlandaises a ma petite préférence, avec son défilé de seconds couteaux du cinoche franchouillard (Jacques Balutin, Jacques Legras, Katia Tchenko et l'inévitable Daniel Prévost) en roue libre intégrale. Enfin petite anecdote, l'auteur de ces deux perles ringardes, Robert Thomas (disparu en 1989), possède une postérité inattendue avec sa pièce de théâtre 8 Femmes, adaptée par François Ozon en 2002.
On reste dans le domaine du constat social et de la baisse du pouvoir d'achat avec Le Convoyeur, polar violent et sacrément bien torché, qui donnait pour une fois une vision originale et réaliste sur un corps de métier au demeurant mal payé et parfois envoyé au casse-pipe. Albert Dupontel démontrait qu'il pouvait être impressionnant sans en faire trop et Jean Dujardin commençait sa mue qui allait le faire passer de bon second rôle à tête d'affiche imparable.
Lundi 10 Mars |
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W9 France 4 Virgin17 |
20 :45 20 :45 22 :55 |
Ce Lundi, c'est soirée teenager et rock'n'roll mais pas décérébrée pour le coup. Si Empire Records mérite le détour pour son côté petit film de bande sympa qui permet de voir les premiers pas de Liv Tyler et Renee Zellweger, partageant quelque ressemblance avec High Fidelity, sans arriver au niveau quand même, les amateurs de franche poilade se porteront plus sur Sex Academy. Oubliez le titre français idiot auquel on préfèrera la VO Not Another Teen Movie, cette parodie cataloguant tous les poncifs des films pour ados des années 80 et 90 est un pur régal, à mille lieues au-dessus des irritants Sexy Movie et Epic Movie. On pourra s ‘amuser à relever toutes les allusions et hommages (surtout dans la scène final) qui sont faites à ce genre de cinéma typiquement hollywoodien et qui font mouche pour la plupart. Si les fans de L Word ne seront pas désarçonnés par une Mia Kirschner à nouveau sexuellement provocante, les autres spectateurs seront surpris de constater que Chris Evans peut être drôle. Pour ces deux films, les bandes originales sont un plus qui donne une patine nostalgique avec ces deux bons exemples de comédies pour les « djeun's ».
On reste dans le domaine de la nostalgie et du rock'n'roll avec Year of the Horse, concert de Neil Young avec son band Crazy Horse, tourné en 1996 par Jim Jarmusch. Agrémenté d'interviews et d'outtakes suivant la carrière de cette légende musicale depuis la fin des années 60 (vous savez cette période tant honnie par notre président), Year of the Horse rejoint le peloton des incunables du documentaire musical, quelque part entre Woodstock et Mad Dogs & Englishmen .
Mardi 11 Mars |
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France 3 |
20 :50 |
Mais que fout Kathryn Bigelow bon sang ? Celle qui fut notre amazone préférée du cinéma de genre et d'action, avec un chef d'œuvre au compteur (le crépusculaire et ambiguë Near Dark) a bien du mal à enchaîner les projets. Ayant été le dindon de la farce sur l'affaire Jeanne d'Arc et reléguée malgré elle en second plan du fait de son mariage avec James Cameron (union qui dura 2 ans), elle semble revenir timidement sur les écrans avec son dernier The Hurt Locker, en cours d'achèvement. Dernière réalisation en date de la californienne, K-19, même s'il ne révolutionne pas le genre du film de sous-marin, démontre sa parfaite maîtrise de la mise en scène et son talent à rendre crédible des figures telles que Harrison Ford ou Liam Neeson en militaires russes.
Mercredi 12 Mars |
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TCM |
20 :45 |
Grand vainqueur des derniers Oscars, les frères Coen avaient déjà tâté de la reconnaissance du monde du cinéma avec leur palme d'or surprise à Cannes en 1991. Plus abouti que leur petit dernier, Barton Fink demeure cette perle du cinéma, jouant avec virtuosité entre surréalisme et peinture d'un monde hollywoodien disparu, qui emmène le spectateur à partager le quotidien d'un scénariste engagé en prise avec univers kafkaïen, odyssée intime qui l'emmènera du voisinage avec un serial-killer jusqu'aux rivages d'une plage ensoleillée.
Jeudi 13 Mars |
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TPS Star Ciné Culte Ciné Culte |
20 :55 20 :45 22 :30 |
Surréalisme toujours avec les deux premiers passages derrière la caméra de l'écrivain espagnol Fernando Arrabal ; à l'identique des réalisations de son ami et partenaire Alejandro Jodorowsky (à l'origine du Mouvement Panique), ces films échappent à une forme de critique, du fait de leur forme de poème épique fou. Parsemés de séquences allant le génie pur à une forme de portnawak compulsif et viscéral, J'irai comme un cheval fou demeure un des summums du genre. Viva la Muerte possède un modèle plus structuré, à rapprocher par sa forme des films de Luis Bunuel et dont l' ambiance générale rappelle un certain Labyrinthe de Pan. Le spectateur exigeant et curieux se doit de découvrir ces prototypes d'un cinéma contestataire et libertaire comme on n'en fait plus.
Fragile mélange de film expérimental et de film policier, 13 Tzameti était passé relativement inaperçu au moment de sa sortie. Heureusement que le DVD et la TV sont là pour réparer cette injustice, car malgré ses imperfections, le film de Géla Babluani possède un style (la photo en N&B y est pour beaucoup) et une forme d'indéniable sincérité, autant par son côté frontal et direct que par une bonne gestion de l'absurde. Du coup, le film a été remarqué à Hollywood et on parle d'un remake US, avec le même réalisateur aux commandes, et de rumeurs faisant état d'un certain Brad Pitt au casting.
Vendredi 15 Mars |
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Canal+ Canal+ Family |
20 :50 20 :45 |
Un des autres avantages de la télévision, c'est de pouvoir découvrir un film qui a fait l'événement au moment de sa sortie et qu'un irrésistible mouvement de reflux vous a empêché de voir au cinéma (en gros le souvenir des Rivières Pourpres 2 et du Petit Poucet). Gratifiée d'une double actualité du fait de l'Oscar remportée par la nouvelle fiancée du cinéma français, et du raffut suite à ces remarques étourdies sur le 11 Septembre, La Môme du coup dispose d'un certain coefficient de sympathie, et ainsi on pourra vérifier si Marion Cotillard mérite plus son prix que son maquilleur.
Et l'avenir dira si elle passera avec honneur son « bizutage » américain, découvrant ainsi plus Hollywood et son univers à double tranchant, face on sort les paillettes, pile on sort les couteaux. Plus sérieusement, on sera plus attentifs aux futurs échos qui viendront du tournage de Public Enemies, le dernier Michael Mann où elle se trouvera face à Johnny Depp et Christian Bale, biographie du gangster John Dillinger qui fut descendu en 1934 après avoir assisté à une séance du film Manhattan Melodrama (en VF L'ennemi public Numéro Un), encore une histoire de cinéma !
Joe Dante est un réalisateur que l'on chérit au plus haut point chez les amateurs de cinéma fantastique et à Ecran Large. Même si ses oeuvres sont souvent diffusées sur les réseaux câblés, que ce soit Hurlements ou les Gremlins, elles méritent souvent plus d'une vision pour en apprécier tous les niveaux de lecture. L'Aventure Intérieure (qui n'a jamais été un remake du Voyage Fantastique de Richard Fleischer !) n'échappe pas à cette règle, son intrigue mêlant astucieusement récit d'espionnage, duo comique, romance et SF délirante avec sa structure en poupées russes étant une pure merveille d'humour et de précision. Et Joe Dante possède ce talent rare de faire croire que l'aventure peut arriver à n'importe qui au coin de la rue. Alors laissez-vous encore (re)tenter par cet excellent voyage .