The Shield : retour sur la saison 1

Stéphane Argentin | 1 janvier 2005
Stéphane Argentin | 1 janvier 2005

Par delà leurs immenses qualités intrinsèques, il est amusant de constater l'émergence et le succès rencontrés par les productions télévisées à caractère obscur d'une part et à filiation policière d'autre part. Ainsi, l'on ne compte plus le nombre de NCIS : Enquêtes spéciales, FBI : Portés disparus et autres Experts (et ses différents spin-off à Miami et New York), de même que les séries dont les personnages agissent en marge des règles morales et légales. Aux États-Unis, deux chaînes sont devenues de grandes spécialistes de ce genre de programmes « marginaux » : HBO (Oz, La caravane de l'étrange…) et FX à qui l'on doit deux des séries chocs du moment, Nip/Tuck et The Shield. Au passage, il est amusant de constater que les « héros » de ces deux séries seront bientôt réunis sous les traits de « monstres » dans le film Les quatre fantastiques (respectivement le Dr. Doom pour Julian McMahon et La chose pour Michael Chiklis) De là à y déceler une quelconque interprétation sur la vision qu'ont Hollywood de tels personnages de séries, il n'y a qu'un pas.

 


Pour en revenir à The shield, celle-ci peut être vue comme un croisement entre l'excellente fiction new-yorkaise NYPD Blue transférée dans les quartiers chauds de la côte ouest, et Cops, autre série « documentaire » coup de poing sur l'univers des flics et diffusée sur… FX ! Le créateur de The shield, Shawn Ryan, a d'ailleurs bien potassé ses cours et a su les amalgamer en une seule et même fiction pour aboutir ainsi à un style visuel brutal, filmé en 16mm caméra à l'épaule (Cops à nouveau ou encore 24 heures chrono) pour nous dépeindre le quotidien de ce commissariat d'un nouveau genre situé à Los Angeles et de sa Strike Team emmenée par le plus dirty des Harry que la télévision nous ait jamais offerte : Vic Mackey (Michael Chiklis). 

 


Sachant pertinemment que la pérennité d'une fiction pourrie jusqu'à la moelle n'aurait qu'un temps, les scénaristes ont très malicieusement (sournoisement ?) su intégrer des éléments / personnages auxquels le spectateur puisse se raccrocher : le respectueux des règles (Dutch), l'ambitieux politique (le capitaine Aceveda, accessoirement adversaire hiérarchique idéal de Mackey) ou encore l'expérimentée qui accepte certains compromis (Claudette). Même le personnage de Vic Mackey, sous des allures premières de gros dur impénétrable, ripoux quand ça l'arrange (aussi bien pour une affaire en cours que dans son propre intérêt), aura progressivement droit à son lot de sensibilisation, devenant ainsi l'ange gardien d'une jeune mère prostituée ou pétant les plombs avant de craquer définitivement dès lors que sa famille se retrouve impliquée (in)directement. 

 


Un contrepoids progressif qui nous amène à nous interroger sur les fondements même de ce type de fiction télévisuelle, par ailleurs excellente sur bien des points (aussi bien artistiques que techniques), supposée refléter comme un miroir la société dans laquelle nous vivons. The Shield est-il un vrai brûlot politiquement incorrect mais authentiquement rigoureux (beaucoup de flics aux États-Unis admettent sous couvert de l'anonymat de nombreuses similitudes entre la série et la réalité), ou bien un faux prétexte pour séduire un public sans cesse plus friand de ce genre de programme choc dont certaines chaînes se sont faites les porteuses de flamme ? 

 

 

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