Esprit cathodique - Numéro 4

Parce qu’il n’y a pas que le ciné et les DVD dans la vie. Et parce qu’il y a aussi la TV et qu’avec le nombre de chaînes hertziennes, celles de la TNT sans oublier surtout celles du câble et du satellite, il y a de quoi devenir fou à éplucher les programmes pour trouver THE film à voir confortablement installé dans son canapé. Ecran Large a décidé de mettre à votre service son plus fin limier, Patrick Antona et ses 17 255 films vus (compteur arrêté au 18 janvier 2008) pour vous offrir une sélection de ce qui serait sympathique de voir chaque semaine. Pas forcement le best of the best mais un melting-pot savamment préparé par le maestro. Donc, le concept est fort simple : un soir = un film. Voici le choix de cette semaine allant du 23 février au 29 février.

Ecranlargiens de tout bord, si vous êtes de ceux qui avez raté le meilleur film de l'année 2006 (avec Le Labyrinthe de Pan), vous pouvez encore vous rattraper avec la diffusion de The Host. Mélangeant adroitement pamphlet politique et chronique familiale, avec des scènes où la cocasserie succède au frisson le plus intense, le coréen Bong Joon-Ho montre qu'il est un des réalisateurs à suivre de très près dans les années à venir. Et on vous laissera deviser sur le fait que J.J. Abrahams et son équipe affirment ne pas avoir vu The Host avant de se lancer sur Cloverfield ....

Alors que Paris triomphe sur les écrans (parisiens ?) depuis sa sortie, Le Péril Jeune est une bonne occasion de prendre un bain de jouvence avec cette excellente peinture de la jeunesse des années 70. A l'origine un téléfilm de la série des « Années lycée » d'Arte, il fut distribué avec à propos au cinéma et sera un des grands succès de l'année 1994. Film générationnel qui fut le tremplin idéal pour des comédiens tels que Romain Duris, Vincent Elbaz, Hélène de Fougerolles et Élodie Bouchez, il demeure encore maintenant un des meilleurs films de la vague nostalgique qui étreint de temps en temps le cinéma français.

Dernier film du cycle Abel Gance, Cyrano & D'Artagnan est l'incunable de la soirée, en un mot un chef d'œuvre. Et désolé pour les fans irréductibles de notre Gérard Depardieu national, mais le vrai et le seul bon Cyrano du cinéma demeure le fin et classieux José Ferrer, accompagné ici du regretté Jean-Pierre Cassel en D'Artagnan impétueux et bagarreur. Si le dernier long-métrage de cinéma d'Abel Gance n'est pas exempt de défauts (surtout au niveau du découpage), ce cape et d'épée astucieux et poétique et dont tous les dialogues sont en alexandrins demeure un OFNI dans la production française. A la fois hommage à la grande littérature et au théâtre classique, Cyrano & D'Artagnan flirte même avec la science-fiction et n'oublie pas le glamour avec les icônes de charme que sont Sylva Koscina et Daliah Lavi, offrant une des plus belles scènes d'échange de couple de tout le cinéma. De quoi donner des idées au sein de la rédaction d'Ecran Large ....

Si l'on peut considérer que le cinéma fantastique français est enfin parti sur de bons rails (avec des hauts et des bas certes), Maléfique était considéré en 2002 en une tentative courageuse de produire un film de genre « sérieux ». Force est de constater que la réussite fut au rendez-vous, même si le succès public le fut moins, et qu'Eric Valette ne pouvant mener à bien son projet hexagonal suivant (l'alléchant Dark Guns) fut bien obligé de se faire voir chez les ricains pour continuer dans le fantastique. Si l'accouchement du remake de One Missed Call ne fut pas sans douleur, on gardera tous nos espoirs pour le projet d'adaptation du jeu vidéo Clock Tower.

Les aventures extraordinaires de Mr West au pays des bolcheviks nous replonge dans le domaine des pionniers du cinéma russe des années 20, où tous les films, quels que soient les domaines explorés, du fantastique à la comédie, se devaient d'être porteurs de l'idéologie marxiste et tout à la gloire des soviets. Le film de Lev Koulechov est un classique du genre, parodie sur la vision que les américains avaient des communistes russes, et cela bien avant Ronald Reagan, et dont même l'ironie arrive à percer malgré ses 80 ans d'age. A noter que le revirement d'opinion final de Mr West (petit spoiler) me rappelle quelque part le changement de vision de Sylvester Stallone à la fin de Rocky IV, toute proportion gardée !

Top Secret est le film le plus drôle de l'Univers ! Voilà c'est dit. Après avoir flingué le film-catastrophe avec Y a-t-il un pilote dans l'avion ?, le trio Z.A.Z. au top de son délire créatif s'attaquait au film d'espionnage avec cette parodie ultime, dont le modèle est Cape & Poignard de Fritz Lang. Avec un Val Kilmer fringant débutant (c'est son premier film !) mais aussi des figures telles que Omar Sharif, Michal Gough et Peter Cushing, Top Secret est le genre de film qu'il faut visionner au moins deux fois, la première pour se délecter de l'humour tout azimut allant de la réplique qui tue au gros lourd qui tâche. La seconde est obligatoire pour la découverte de tous les gags en background qui ne sautent pas forcément aux yeux, et il y en a un paquet. Et il faudra encore se réserver une troisième lecture, mais cette fois-ci du DVD avec les commentaires des réalisateurs, pour expliciter les références en langage yiddish qui émaillent ce film dont le potentiel destructeur est toujours vivace.

Ce mercredi soir, double-programme Rutger Hauer des plus intéressants avec en premier ce Crépuscule des Aigles (Fatherland en VO), téléfilm de qualité dans le genre futur alternatif avec une Allemagne Nazie qui aurait (presque) gagné la 2° Guerre Mondiale. Décrivant avec sens, malgré des moyens modestes, un monde crépusculaire qui évoque le roman Le Maître du Haut-Château de Philip K. Dick, le téléaste Christopher Menaul s'en sort avec les honneurs dans ce récit qui fait, rétrospectivement, froid dans le dos. Et Rutger Hauer possède toujours cette aisance qui lui permet de se distinguer malgré un rôle casse-gueule : quoi de plus difficile que d'incarner un nazi auquel le public doit quelque part s'identifier. On verra comment Tom Cruise s'en tirera dans Valkyrie.

Epopée épique et paillarde, La Chair et le sang n'est plus à présenter ni à défendre. Même si on peut constater quelques libertés avec la réalité historique et que la peste n'a jamais été soignée aussi rapidement, le film Paul Verhoeven demeure cette oeuvre matricielle qui a fait date et lui a ouvert les portes de Hollywood. Et que dire de Rutger Hauer qui domine tout le monde de la tête et des épaules, faisant du roublard Martin le prototype parfait du bad guy auquel on adhère instantanément.

On ne l'avait pas vu venir cet Arlington Road lorsqu'il s'est pointé sur nos écrans en 1999, et pourtant ce thriller paranoïaque dans la mouvance des théories conspiratrices à la X-Files eut l'effet d'une petite bombe. Même si les ficelles se révèlent être parfois grosses, le tandem Jeff Bridges/Tim Robbins fonctionne à merveille et le final dramatique à l'extrême a rejoint le panthéon des must see du genre. Depuis ce coup d'éclat, on attend toujours la résurrection cinéma du réalisateur Mark Pellington, sa Prophétie des ombres ayant relativement déçu en 2002, et préférant depuis se consacrer avec succès à la série TV Cold case.

Festival de belles actrices pour cette soirée dans des films où leur présence réussit à (presque) sauver des entreprises qui s'annonçaient comme bien foireuses sur le papier.

Pour Dark Water, l'association de la belle brune Jennifer Connelly avec le brésilien Walter Salles (Carnets de Voyages) pour le remake d'un film de fantômes japonais quasi-parfait avait de quoi intriguer. Au final, en choisissant de se focaliser sur l'adversité tant sociale que surnaturelle qui accable cette mère en voie de divorce et en mettant en sourdine le côté horrifique, Walter Salles produit un film certes inférieur à son modèle mais qui mérite bien une seconde vision indulgente. Et qui plus est aidé par la beauté glacée de Jennifer Connelly parvenant à capter toute l'attention pour mieux laisser passer les scories.

Plaisir coupable de la semaine, Sheena, Reine de la Jungle est le parfait exemple de navets à gros budget visibles régulièrement dans les années 80. Mais les multiples apparitions de la blonde peroxydée Tanya Roberts (Dar l'invincible) avec sa tenue en peau de bête ne cachant rien de sa sublime anatomie (avec une scène de nu intégral en prime !) auront de quoi ravir le petit cochon qui sommeille en chacun, tout en nous faisant retomber en enfance lorsqu'elle exerce son pouvoir sur la faune de la savane africaine. Espérons que Tarzan, L'homme-singe avec Bo Derek sera diffusé la semaine prochaine, ainsi la boucle sera bouclée.