Masters of Horror : Critique de tous les épisodes de la saison 1

Ilan Ferry | 8 septembre 2007
Ilan Ferry | 8 septembre 2007

Initié par Mick Garris, Masters of Horror réunit la crême de la crême du cinéma fantastique. Un évènement que la rédaction ne pouvait décemment pas laisser passer. Retour sur une première saison sanglante !


 

La Belle est la bête (John Landis)

L'histoire : Une série de meurtres étranges conduit l'inspecteur Dwight Faraday à soupçonner qu'une ancienne figure mythologique des Indiens d'Amérique pourrait être en vérité tout à fait réelle.

Masters of horror c'est avant tout des noms : ceux de réalisateurs emblématiques du genre ayant trouvé dans le médium télévisuel un moyen de s'exprimer et de revenir à leurs premiers amours. Ainsi, alors que John Carpenter (La fin absolue du monde), Dario Argento (Jenifer) ou encore Stuart Gordon (Le cauchemar de la sorcière) s'essayent à l'horreur pure, d'autres maîtres comme Joe Dante (Vote ou crève) allient horreur et humour pour un cocktail détonnant. C'est le cas pour John Landis et sa Deer Woman (judicieusement traduit en français par La belle est la bête) mix réussi entre Le loup-garou de Londres et Dream On. Toutefois résumer cet épisode au mélange des deux titres de gloire cinématographique et télévisuelle du réalisateur serait réducteur, tant The Deer Woman résonne comme une œuvre portant indéniablement l'empreinte de son auteur (à l'image des autres épisodes de l'anthologie). Il faut pour cela remercier Mick Garris (instigateur de cette anthologie déjà légendaire) dont la politique de la carte blanche s'avère d'une efficacité redoutable.

Donner carte blanche à des réalisateurs aussi reconnus que ceux précités revient un peu à donner des pétards à des sales gosses : on est jamais à l'abri d'une surprise ! Et il faut dire qu'en la matière le segment de John Landis se pose là. On savait le monsieur enclin à mélanger humour et effroi avec plus ou moins de réussite, il prouve une nouvelle fois son savoir-faire avec ce segment comme synthèse de toute son œuvre comico-horrifique. Landis revient donc au genre qu'il affectionne et prend une vieille légende indienne comme prétexte à une enquête aussi absurde sur le principe qu'inquiétante à l'image. Un esprit potache qui trouve son point d'orgue dans une scène de rêve proprement hilarante qui n'est pas sans rappeler Dream On. Un épisode pas comme les autres puisqu'on y voit un Brian Benben dépressif (si si c'est possible !!) aux trousses de la magnifique Cinthia Moura dont les talents de mime n'ont d'égal que sa sculpturale beauté (la demoiselle figurant à la 68ème place du Top 100 2006 établit par le magazine américain Maxim). 

Pavé inattendu dans l'inquiétante mare des Masters of Horror, l'épisode de John Landis est traversé par un humour omniprésent qui le range instantanément aux côtés d'une autre réussite du genre : le cinglant Vote ou crève réalisé par Joe Dante. Landis prouve par là même qu'on est jamais aussi bien servi que par soi même et nous livre son meilleur film depuis longtemps. Le retour en force d'un grand ? Peut être bien…. (Note : 4/5)  I.F

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Chocolat (Mick Garris) 

L'histoire : Un biologiste se met soudainement à ressentir les mêmes sensations qu'une belle jeune femme liée à un meurtre...

Instigateur de l’anthologie Masters of Horror, Mick Garris se devait de participer à l’expérience. C’est chose faite avec Chocolat où érotisme et mort s’entremêlent dans un festival des sens macabre. Injustement taxé d’épisode le plus faible de la série, Chocolat se veut avant tout un hommage très personnel à Alfred Hitchcock. Mick Garris délaisse ainsi un temps les adaptations de Stephen King (dont la dernier flirt avec l’œuvre littéraire de l’écrivain donna lieu à un insipide Riding The Bullet.) pour livrer un Sueurs Froides pervers teinté de surnaturel. 

A cette histoire délicieusement sournoise répond un casting à l’unisson reposant uniquement sur les épaules de son couple pas comme les autres. Ainsi Henry Thomas est tout simplement parfait en scientifique candide pris dans les méandres d’une histoire d’amour tordue à l’issue inéluctable, tandis que Lucie Laurier campe avec conviction une femme aussi troublante que dangereuse. Reposant sur un pitch aussi inédit que casse gueule, Chocolat réussit le pari de traduire parfaitement un concept o combien abstrait (une love story « olfactive ») et détonne dans l’univers si particulier de  la série. (Note : 3,5/5) I.F

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La Maison des sévices (Takashi Miike) 

L'histoire : Un marin arrive au Japon à la recherche de la femme qu'il abandonna quelques années auparavant, il fait la connaissance d'une étrange prostituée.

Outre sa luxueuse et jouissive liste de réalisateurs, la série Masters of Horror a surtout été l'occasion de plonger dans les univers si personnels des plus grands noms du cinéma de genre. On comprend donc aisément la réaction des pontes de la chaîne Show Time devant l'opus réalisé par l'incontrôlable Takashi Miike tant cet épisode restera certainement l'une de ses œuvres les plus extrêmes. Il faut bien admettre que depuis Audition , le cinéaste s'est octroyé une réputation d'enragé de la pelloche ayant une forte prédilection pour l'étrange et les personnages complètement barrés. Politique (bienvenue) de la carte blanche oblige, le réalisateur ne s'est donc pas gêné pour nous offrir un véritable film d'horreur aux influences les plus inattendues, traumatisant au passage les quelques privilégiés ayant eu la chance de le voir avant son interdiction de diffusion par ShowTime. Avis aux plus téméraires La Maison des sévices risque bien de vous clouer à votre siège ! 

Miike a toujours revendiqué haut et fort son refus de toute concession, à travers des œuvres hautement personnelles (visitor Q) ou de commandes (La Mort en ligne ou son volet de 3 extrêmes) mais toujours empreinte d'une certaine forme de poésie. De fait, c'est avec une certaine surprise qu'on voit l'ombre de Mizoguchi planer dans cette maison des sévices où l'influence des Contes de la lune vague après la pluie se sent dès le premier plan. Onirisme et fantastique se fondent doucement avant une montée en puissance dans l'horreur cristallisée par une séquence de torture proprement insoutenable renvoyant [i]Hostel et Saw 3 au rang de simples blagues. Inceste, pédophilie, avortement, autant de sujets tabous aux Etats-Unis que le réalisateur aborde avec une radicalité qui lui est propre et un sens de l'esthétisme qui tutoie le sublime. Un paradoxe que le cinéaste cultive allégrement durant une heure incroyablement intense tout juste gâchée par le cabotinage constant de Billy Drago. Déviant, violent, déroutant, insoutenable… les qualificatifs ne manquent pas concernant cette Maison des sévices renfermant toutes les obsessions du réalisateur qui nous livre ici un yuri eiga (film de fantômes) traumatisant et pervers.

(Note : 5/5) I.F

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Sérial Auto-Stoppeur (Larry Cohen) 

L'histoire : Deux redoutables tueurs en série s'affrontent sous les yeux d'une jeune femme.

Vieux briscard de la série B, Larry Cohen n’a pas son pareil pour pondre des pitchs aussi tordus qu’efficace. Une tendance qui s’est surtout manifestée à travers ses scénarios puisque c’est à lui que l’on doit la série des Maniac cop et plus récemment les scripts de Phone Game et Cellular. En tant que réalisateur le monsieur s’est surtout spécialisé dans de purs films de genre allant de la blaxploitation ( Black Caesar, le parrain de Harlem) au film de monstre (Le monstre est vivant et ses deux suites). C’est dire si le principe des Masters of Horror constituait en soi un formidable terrain de jeu pour lui. Reposant sur un concept tordu au possible comme seul lui peut les imaginer, Serial Auto stoppeur ou le duel entre deux tueurs en séries bien vicieux, a tout de la petite perle à ranger à coté des autres surprises de la série (Chocolat ou La survivante pour ne citer qu’eux). Hélas, le résultat ne convainc qu’à moitié le réalisateur privilégiant l’angle psychologique au survival pur et dur que ce duel titanesque laissait entrevoir.

John Landis, Stuart Gordon, John Carpenter et les autres maîtres de l’horreur l’ont pourtant prouvés : le format court peut être un atout et non un handicap. Malheureusement au lieu de suivre à la lettre cette maxime avec toute l’efficacité qu’on peut lui reconnaître (Phone Game reste un excellent thriller durant… 1heure) Cohen se contente de suivre les parcours parallèles  de deux tueurs qui finiront par se disputer les faveurs d’une belle jeune fille (Fairuza Balk) lors d’un duel aussi court que frustrant livrant au passage une petite satire gentillette(démontrant que le réalisateur a un sens de l’humour bien noir) et bavarde où les métaphores et autres paroles à double sens se voient élevées au rang d’art. Il serait toutefois dommage de bouder notre plaisir puisque serial auto stoppeur contient son lot de petits morceaux anthologiques (le meurtre dans le motel) ainsi qu’un atout non négligeable en la personne de Michael Moriarty tout simplement génial en camionneur psychotique. Il en résulte un épisode plaisant, dommage toutefois qu’il souffre du syndrome montagnes russes et n’exploite pas suffisamment son pitch alléchant à l’image de son savoureux épilogue. (Note : 3/5) I.F

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Liaison bestiale (Lucky McKee) 

L'histoire : Deux lesbiennes voient leurs couple chamboulée par l'arrivée d'une étrange bête...

Le premier film de Lucky Mckee, May, était une relecture personnelle et carrément flippante du mythe de Frankenstein ainsi que la consécration d’un auteur à suivre. Cela acquis, l’annonce de son accession au panthéon des masters of horror semblait aussi enthousiasmante que prématuré pour le réalisateur d’un film (en attendant The woods déjà disponible en zone 1 et bientôt en zone 2). En cela, Liaison bestiale apparaît comme un coup d’épée dans l’eau faisant bien pale figure à coté des opus réalisés par ses plus illustres confrères (Joe Dante ou John Carpenter pour ne citer qu’eux)  Et pourtant, l’épisode de McKee reste intéressant à plus d’un titre, contenant in fine les mêmes défauts et qualités de May

Il faut bien reconnaître à Lucky McKee un talent indéniable pour créer des personnages attachants, magnifiques laissés pour compte d’une société trop attachée aux apparences. C’est de nouveau le cas avec cette liaison bestiale qui s’attache plus à décrire la liaison tumultueuse entre deux femmes  qu’aux ravages causées par l’intrusion d’une redoutable petite bébête. L’occasion pour McKee d’inscrire l’horreur dans un univers qui lui est propre, aussi coloré qu’inquiétant. La grande force de Liaison bestiale repose  donc entièrement sur son duo d’actrices: Angela Bettis est tout simplement géniale en scientifique coincée tandis qu’Erin Brown (plus connue des érotomanes sous le nom de Misty Mundae) dégage un sex appeal des plus inquiétants.  On peut toutefois  regretter que, à l’image de quelques uns de ses confrères, McKee n’exploite pas assez le potentiel horrifique de son sujet, préférant concentrer l’action sur les quinze dernières minutes. Cette constatation lourde de conséquences faite, Liaison bestiale n’apparaît certes pas comme le meilleur épisode de cette anthologie mais certainement le plus atypique. (Note : 3,5/5) I.F

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La survivante (Don Coscarelli) 

L'histoire : Après un accident de voiture, une femme tente d'échapper à un tueur particulièrement féroce.

Véritable casse-cou du cinéma fantastique, Don Coscarelli a su redonner au genre le coup de peps dont il avait besoin via une filmographie certes peu fournie mais d’une redoutable efficacité. Le géniteur des Phantasm prouve à nouveau son savoir faire via cet épisode très réussi reprenant judicieusement les ingrédients du survival pour mieux les intégrer à un message des plus inattendus. En opposant une jeune femme sans histoire à un tueur sanguinaire à mi chemin entre le Tall Man (autrefois incarné par l’immense Angus Scrimm qui se fend ici d’une petite apparition) et le Jeepers Creepers, le réalisateur nous invite à regarder au-delà des apparences au terme d’une heure haletante et riche en rebondissements. 

Derrière leur cotés iconoclastes les films de Coscarelli ont toujours témoignés d’un profond respect pour les mythes qu’il déconstruisait tout en redonnant au genre ses lettres de noblesse (comme en témoigne le récent et magnifique Bubba Ho Tep). La survivante ne fait pas exception à la règle et apporte sa pierre à l’édifice renaissant du survival. La survivante se démarque par son approche purement frontale que viennent à peine parasiter des flash-back construits comme les multiples pièces d’un puzzle mortel. L’occasion pour le réalisateur de mettre en parallèle deux types de prédateurs et de renverser les rapports de force lors d’un twist aussi mémorable que terrifiant. Détruire pour mieux reconstruire tel doit être l’adage du Don dont cet épisode allie l’efficacité dans l’action et le récit… ou une certaine idée du cinéma de genre selon l’un des ses artisans les plus fidèles. En cela, la survivante contient tout ce qui fait l’essence de l’anthologie Masters of Horror dont il respecte l’esprit à la lettre. (Note : 4/5) I.F

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Jenifer (Dario Argento) 

L'histoire : Jenifer est une jeune femme qui utilise son charme pour détruire les hommes qu'elle rencontre corps et âme. Frank, un officier de police, découvre en lui sauvant vie par hasard que l'enfer est souvent pavé de bonnes intentions. (D'après le comic book de Bruce Jones et Bernie Wrightson) 

Le Sang des innocents, Card Player, Vous aimez Hitchcock ?, les dernières sorties du maestro italien sont là pour nous rappeler douloureusement que Dario Argento n'est plus depuis longtemps un réalisateur majeur du cinéma d'horreur (son dernier vrai bon film, Phenomena, remonte à plus de vingt ans et encore, à l'époque, on parlait de déclin). Le retrouver à la barre d'un épisode des Masters of horror faisait craindre le pire : se rendre compte à quel point le fossé était devenu immense par rapport à ses prestigieux compères cinéastes (Carpenter, Landis, Dante,…). Le plaisir éprouvé à la vision de Jenifer n'en est que plus grand. Argento est de retour, peut être pas aussi flamboyant que du temps de sa splendeur mais suffisamment pour nous bluffer le temps d'une petite heure.  

Dans cette version de « L'homme et la bête » sous influence Frankenstein (une séquence renvoie directement aux films de Whale même si Argento se défend d'y avoir pensé), l'auteur de Suspiria laisse libre cours à une imagination débordante qui nous entraîne dans un mélange érotico-gore détonnant. Parvenant à sublimer un pitch pour le moins casse-gueule (un flic recueille une jeune femme au corps de rêve mais à la tête difforme et tombe sous son charme), Argento croit tellement à son histoire d'amour improbable que l'on adhère à tous les excès de violence et de sexe du récit.

Excellemment interprété (ce qui n'est pas vraiment habituellement le point fort des films d'Argento) et jouissivement jusqu'au boutiste, Jenifer fait assurément partie des segments les plus réussis et surtout les plus gonflés de l'anthologie Masters of horror. Ne reste plus qu'à espérer qu'Argento gardera la même inspiration pour la conclusion de sa trilogie des Trois Mères actuellement en préparation, Lacrimarium. ( Note : 3,5/5) L.P

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La fin absolue du monde (John Carpenter) 

L'histoire : « La fin absolue du monde » est film connu de quelques uns pour plonger ses spectateurs dans une frénésie dévastatrice avant que la salle ne s'embrase. Kirby Sweetman se lance à la recherche d'une des rarissimes copies du film avant de découvrir que son pouvoir n'est pas aussi fictif qu'on pourrait l'imaginer.

Presque 5 ans que Big John n'avait pas donné signe de vie, multipliant les projets avortés. On commençait à penser que Ghost of mars, patchwork jubilatoire de son cinéma et injustement décrié, serait son chant du cygne. Et le voilà comme bon nombre de ses prestigieux collègues (Argento, Dante,…) qui reprend du service pour les besoins de l'anthologie Masters of horror. Alors que l'on pouvait craindre que le cadre télévisuel (dans tous les sens du terme) ne sied pas à Carpenter, génial esthète du cinémascope qui « s'oblige » à tourner ici en 1.85, La Fin absolue du monde (quel titre exquis et encore plus prononcé avec un accent anglais comme dans le film) démontre que le réalisateur n'a rien perdu de sa superbe.


Partant d'un postulat qui n'est pas sans rappeler un de ses chefs d'œuvre horrifiques, L'Antre de la folie (un programmateur de cinéma part à la recherche d'un film qui selon la rumeur rend meurtrier tous ses spectateurs), Carpenter livre une œuvre puissamment métaphorique (une réflexion sur le pouvoir de l'image) et étonnamment gore et malsaine (le sang coule plus d'une fois à flots). Alors, certes, le manque de temps et de moyens nuisent quelque peu à l'efficacité d'un récit qui aurait gagné à être étiré mais en l'état, avec son casting brillant (Udo Kier et son regard fiévreux), sa mise en scène qui ne lésine sur aucun excès, et son cachet quasi unique de film noir horrifique, La Fin absolue du monde est un petit bijou et la preuve que les grands maîtres ne meurent jamais vraiment. (Note : 4/5) L.P

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La cave (William Malone) 

L'histoire : Une jeune fille est enfermée dans une cave par un étrange couple... 

Parmi les « masters of horror » ayant sévi pour cette première saison, William Malone fait office de vilain petit canard (on laissera de côté Mick Garris parce qu'il est tout simplement l'instigateur de l'anthologie). Logique finalement que son épisode soit le moins concluant de tous. Si le pitch de La Cave est loin d'être inintéressant (une jeune fille se fait enlever par un couple pour servir de pâture à leur fils tragiquement décédé qui végète sous forme de « monstre » dans la cave de la maison), le traitement visuel que lui fait subir l'auteur de Terreurpointcom (sic !) plombe constamment la moindre émotion ou bonne idée qui pourrait en sortir. Dommage pour les comédiens qui mettent un certain supplément d'âme dans leur interprétation que leur réalisateur soit aussi peu enclin à faire du cinéma sobre et efficace. (Note : /5) L.P


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Le cauchemar de la sorcière (Stuart Gordon) 

L'histoire : Walter Gilman est étudiant et vient de louer une chambre dans une demeure située dans la ville d'Arkham. Alors qu'il travaille sur sa théorie des cordes interdimensionnelles, il fait des cauchemars sur une sorcière du 17e siècle et son rat à visage humain qui menacent l'existence du nourrisson d'une voisine. (D'après une nouvelle de H.P. Lovecraft)

En proposant une variation autour d'une nouvelle parmi les plus connues de H.P. Lovecraft (la Maison de la sorcière), Stuart Gordon revient auprès de son auteur de prédilection, après Re-Animator (chef-d'œuvre du genre), From beyond (demi-fiasco) et Dagon (plutôt une belle réussite). Communément admis, auprès des amateurs de Fantastique, comme le spécialiste du grand écrivain américain, Gordon se fait particulièrement plaisir avec ce Cauchemar de la sorcière en alignant les références obligées (le Necromicon, le rat à visage humain, les univers parallèles…). Loin des délires baroques et gores d'un Beyond re-animator, Le Cauchemar de la sorcière s'avère très classique à tous les niveaux. La mise en scène ne fait pas de vague à part quelques effets de surprise assez prévisibles, de même la musique du vieux comparse Richard Band nous ramène tranquillement dans les années 80.

Le déroulement de l'histoire, et son crescendo horrifique, ne perturbera sans doute pas les habitués, mais il faut reconnaître à la seconde moitié de l'œuvre une grande efficacité. C'est dans sa conclusion, joliment sanglante, que Le Cauchemar de la sorcière convainc vraiment, en particulier lorsque Gordon se lâche et ose s'attaquer au tabou de la représentation des morts de nourrissons. Du travail d'artisan, loin d'être révolutionnaire, mais de haute qualité, idéal pour un réalisateur qui, sur l'espace d'une heure, n'a pas le temps de se perdre dans des digressions qui ont pu parfois plomber ses délires cinématographiques. Un agréable moment permettant, par rebond, de conseiller la vision du formidable King of the ants, distribué en France dans un anonymat quasi scandaleux.

(Note : 3/5) J.N.N

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Les amants d'outre tombe (John McNaughton) 

Les amants d'outre-tombe (titre français qui en dit malheureusement un peu trop) ne contient pas un mais trois grands noms à son générique, un mystérieux « George A. Romero présente » (les morts-vivants seraient-ils devenus une marque déposée ?) venant s'ajouter à Clive Baker – auteur de la nouvelle dont est tiré cet épisode – et à John McNaughton – metteur en scène. Ce dernier fait honneur à sa réputation de réalisateur éclectique (de Henry, portrait d'un serial-killer à Sex crimes en passant par Mad dog and Glory, allez chercher la cohérence) en signant un film en costumes et d'inspiration gothique, assez à part dans la série des Masters of horror.

Gothique, en costumes : l'analogie avec les productions de la Hammer est évidente, et volontaire. Entre cette ambiance baroque et des zombies très « Romeriens », Les amants d'outre-tombe a tout du plaisir coupable et ultra-référentiel, qui n'a d'autre ambition que celle de divertir les fans avertis d'horreur. Pour cela, McNaughton tire pleinement profit du mélange pervers de nécromancie et de luxure que constitue son matériau de base, un récit astucieux dont les fragments ne se rejoignent qu'au dernier acte, au cours d'une scène transgressive à souhait.

La mise en scène léchée et sensuelle de McNaughton offre un contrepoint parfait au grotesque des personnages (les hommes sont abrutis et les femmes nymphomanes, archétypes dans lesquels les acteurs se fondent avec délice) et au gore des situations pour aboutir à un épisode mineur mais jouissif.  (Note : 3/5) E.D 

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Vote ou crève (Joe Dante) 

L’histoire : Après qu’un conseiller en communication de la Maison Blanche ait regretté lors d’une interview télévisée que des soldats américains morts au combat ne puissent pas affirmer que la cause du conflit était juste, ces derniers sortent de terre pour restaurer leur dignité bafouée en allant voter contre le pouvoir en place…


« Lorsqu’il n’y aura plus de place en Enfer, les morts arpenteront la Terre », disait l’adage du Zombie de Romero. Dans Vote ou crève de Joe Dante, l’Enfer désigné est la guerre elle-même, et les soldats ressuscités hantent l’Amérique corrompue de George W. Bush. Cet épisode est un véritable brûlot, puisque le conflit irakien et l’administration républicaine y sont « implicitement » vilipendés : la grande chaîne d’informations prend clairement parti, on évoque les armes de destruction massive inexistantes, un camp de prisonniers ressemble étrangement à Guantanamo, et le comptage des votes est sujet à caution pendant les élections. 

En retrouvant la veine subversive de The Second Civil War, sa précédente attaque en règle des jeux de pouvoir, Joe Dante prolonge aussi bien son cinéma politique, à savoir la critique de l’American Way of Life qui parcourt sa filmographie, que le propos inhérent à la saga des morts-vivants (on peut se reporter au dossier que la rédaction a consacré au sujet). À la manière ludique qu’on lui connaît, cette influence est d’ailleurs revendiquée par quelques clins d’œil : l’apparition du zombie dans le cimetière de La Nuit des morts-vivants est « rejouée », et une pierre tombale est gravée au nom de George Romero (quand ce n’est pas celui de Jacques Tourneur, le réalisateur de Vaudou).

 

Joe Dante, le vilain petit canard d’Hollywood ayant œuvré dans l’ombre de Steven Spielberg, trouve dans cette carte blanche matière à désinhiber son tempérament acerbe, et fait de Vote ou crève un superbe exercice de genre qui perd en horreur pure (absence quasi-totale de gore) ce qu’il gagne en « mauvais esprit ». De loin, le meilleur épisode de la première saison des Masters of horror. (Note : 5/5) G.T

 

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La danse des morts (Tobe Hooper) 

L'histoire : Dans un monde cauchemardesque post-apocalyptique, des corps réanimés dansent sur la scène du Doom Room pour le plaisir de quelques survivants d'une catastrophe nucléaire…. 

La contribution de Tobe Hooper à la série des Masters of horror se classe dans le fond du panier – ce qui ne fera rien pour améliorer l'image du réalisateur vis-à-vis de ses détracteurs. La responsabilité de ce ratage n'incombe toutefois pas uniquement à Hooper, le projet étant condamné dès le départ par la toile de fond de la nouvelle originelle de Richard Matheson. La description d'une société post-apocalyptique, avec ses moyens de survivance et ses dérives, est en effet largement au-dessus des moyens en durée et en budget d'un épisode de Masters of horror.

Ce constat attriste d'autant plus que les bribes que l'on a de cet arrière-plan sont particulièrement alléchantes. Pour le reste, l'épisode est au niveau d'un banal film d'horreur pour et avec ados. Comme dans son récent Mortuary, Hooper place des jeunes au centre du récit, mais sans le détachement ironique qui sauvait les meubles dans le long-métrage. C'est l'ennui qui est mortel dans les deux premiers tiers de La danse des morts, surtout quand les idées de scénario et plus encore de mise en scène (au moindre moment de stress, la caméra devient épileptique et les enceintes hurlent du hard-rock – si l'on vomit, c'est pour des raisons purement physiologiques) tombent aussi dramatiquement à plat. 

Avec un Robert Englund qui cabotine gaiement et le quota de filles nues que tout épisode de la série se doit de fournir, le dernier acte rehausse un peu le niveau. Un peu seulement, car la traduction visuelle du supposé climax n'a rien de transcendant : en guise de « danse des morts » on a le droit, en plan très large, à un figurant maquillé à la truelle secoué de spasmes et entouré d'un halo bleuté qui le rend quasiment indiscernable… Le temps de cette scène, Masters of horror se transforme en Masters of Z movies. (Note : 2/5) E.D

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