Les 4400 - Saison 3

Zorg | 15 janvier 2007
Zorg | 15 janvier 2007

S'il fallait élire la série dont le succès soulève le plus d'interrogations, Les 4400 pourrait aisément prétendre aux lauriers de la victoire. Lancé à l'été 2004 sur la chaîne câblée américaine TNT dans un format ultra compact (5 épisodes), le show imaginé par René Echevarria et Scott Peters fracassa l'audimat à la surprise générale, avant même que la Lost-mania ne s'empare de la planète. Disparus qui réapparaissent comme par magie sans avoir pris la moindre ride, super héros domestiques découvrant qu'ils ont désormais le pouvoir de faire léviter les ronds de serviettes se retrouvent en un tournemain confrontés à des illuminés prophétisant la fin de l'humanité et à des fonctionnaires zélés chargés d'assurer « la sûreté de la Nation ». Vaste programme.


Tellement vaste qu'on se demande dès le début si les auteurs n'ont pas eu les yeux plus gros que le tube cathodique. La seconde saison permit par la suite de combler quelques lacunes de la première, dont le criant manque de moyens finissait par devenir franchement gênant (la nuit américaine, c'est bien mais il ne faut pas non plus en abuser) mais elle mit surtout en lumières d'autres défauts, bien plus imposants cette fois-ci. Narration poussive, histoire cruellement plate et convenue, manque de charisme patent des principaux protagonistes, mise en scène antédiluvienne, les reproches s'accumulèrent à une vitesse vertigineuse.


La troisième saison des 4400 qui s'ouvre devant nous s'avère donc dans la droite lignée des précédentes. Elle reprend consciencieusement son canevas et enchaîne les épisodes sans réellement faire preuve d'inventivité ou d'innovation. Comme s'ils cherchaient à répondre à un écho venu d'autres séries plus incisives, les auteurs semblent décidés à porter les débats sur un terrain plus politique. Dans une Amérique qui n'en finit plus de recycler les traumatismes du 11 septembre, ils posent timidement la question des dérives sécuritaires et de la radicalisation des mentalisés par le truchement de la lutte entre les individus dotés de pouvoirs paranormaux et le reste de la population. Groupuscules armés caricaturaux, manipulations gouvernementales séculaires, enjeux socio-économiques taillés à l'emporte-pièce, faux prophètes plus illuminés que les Champs-Élysées durant les fêtes, l'arsenal est d'autant plus conventionnel qu'il a déjà été usé jusqu'à la corde par d'autres plus inspirés.


L'ajout au casting de Megalyn Echikunwoke est en outre l'une des pires idées sorties des cerveaux des producteurs exécutifs, même si la storyline imaginée pour l'occasion nous permet de voir sur petit écran la trop rare Tippi Hedren. La transformation subie en début de saison par Isabelle, fille de deux anciens disparus conçue durant leur enlèvement, ne serait pas si gênante si elle se bornait à n'être qu'une manoeuvre pas très subtile pour contourner la difficulté (voire la relative impossibilité) d'avoir à gérer un nouveau-né dans une série télévisée. Là où le bât blesse, c'est que le personnage se retrouve propulsé au rang très enviable de « doomsday device à tout faire », deus ex-machina de carnaval, sorte de couteau suisse du superpouvoir prêt à péter à la gueule de ses créateurs à la moindre occasion, en plus d'être une tête à claques à peine pubère de classe mondiale. Le développement du personnage présente autant de subtilité qu'un troupeau de moissonneuses-batteuses lancées à pleine vitesse et l'on hésite entre la franche hilarité et la crispation extrême devant la love-story de comptoir que les scénaristes lui ont concoctée (entre autres choses).


Quoi qu'il en soit, en cumulant les fausses bonnes idées et les revirements narratifs dignes d'un soap opéra de bas étage, Les 4400 poursuivent sur leur lancée avec une saison aussi terne qu'inintéressante.

Les 4400, à partir de 20h50 le samedi soir sur M6.

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