Dr House - Saison 2

Zorg | 2 mars 2007
Zorg | 2 mars 2007

Quand nous avions quitté le bon Docteur House à l'issue de la première saison, deux révélations de taille venaient d'être faites au téléspectateur : nous avons appris d'où lui venait son infirmité et nous avons par la même occasion fait connaissance de la femme par qui le scandale arriva. Cette deuxième saison de House, qui débute mercredi 3 janvier sur TF6, enchaîne donc directement après les événements ayant clos la précédente pour nous plonger une fois encore au cœur des cas cliniques les plus inextricables tout en poursuivant l'exploration mentale du personnage titre.

 


Pour rappel aux nouveaux arrivants, le docteur Gregory House est en substance un prodige du diagnostic doublé d'un psychopathe. Alter ego médical de Sherlock Holmes, il dissout les cas médicaux les plus complexes et les plus exotiques comme l'on résout une enquête de police, tout en soumettant collègues et patients à son humeur irascible et des méthodes à l'éthique, disons téméraire. Fidèle à sa devise personnelle « Tout le monde ment », il met à nu les émotions et secrets de ses patients (voire au passage de ses condisciples) pour mieux débusquer le virus, la tumeur ou la condition héréditaire conduisant à coup sûr le patient vers la morgue sans son intervention. Samaritain acerbe et misanthrope, dixième dan de sarcasme, estropié sentimental incapable de faire confiance à qui que ce soit, il allie le génie pur et l'antipathie la plus profonde, fascine autant qu'il révulse.

 

 


Avant que le show ne souffle sa deuxième bougie, un doute subsiste cependant : quid de la longévité du show ? Les qualités d'écriture ne sont plus à démontrer, les personnages sont tous parfaitement à l'aise dans leurs blouses, et chaque épisode s'appuie sur une mécanique parfaitement huilée bien que procédurale et récurrente. Mais la principale interrogation porte tout de même sur la capacité des auteurs à faire respirer le show, d'une part avec des épisodes présentant des cas médicaux qui soient suffisamment exotiques tout en restant accessibles au commun des mortels (un délicat équilibre à atteindre, les deux aspects étant pour ainsi dire antinomiques), et d'autre part en n'enfermant pas le personnage central dans un quelconque schéma ou carcan qui viderait la série de son âme.

 

 


L'évidence s'impose donc dès les premiers épisodes de la saison : House n'a rien perdu de sa superbe. Bien au contraire, on sent que le show a légèrement gagné en maturité, et les légères réserves que l'on aurait pu avoir à l'entame s'évaporent très vite pour laisser place au plaisir du visionnage. Capitalisant sur l'acquis de la saison inaugurale et une popularité croissante, on aperçoit par exemple quelques têtes connues supplémentaires, venues faire un guest de ci de là (Cynthia Nixon, Ron Livingston, Charles S. Dutton) sans que cela nuise pour autant à la crédibilité du show. De plus, malgré le scepticisme initial sur la capacité des auteurs à trouver des histoires toujours pertinentes, les cas médicaux n'ont rien à envier à ceux de la première saison. Les revues scientifiques et médicales spécialisées sont un réservoir inépuisable de cas cliniques complexes, mis au service de l'imagination des scénaristes, qui sont alors en mesure de nous offrir des épisodes riches, captivants et aux dilemmes moraux parfois insoutenables. Le développement des personnages secondaires est par contre un peu déséquilibré. En dehors d'un tétanisant diptyque au cours duquel l'un des larbins de House fait face à la mort de près, c'est le personnage du Dr Allison Cameron (Jennifer Morrison) qui bénéficie de la meilleure évolution. Les autres demeurent un peu dans l'ombre, quand ils ne sont pas rabaissés au rang de faire-valoir comme avec le Dr Chase (Jesse Spencer).

 

 


Mais rendons à César ce qui lui appartient. House, c'est avant tout « The Hugh Laurie Show ». Même si le comédien doit dans une certaine mesure s'effacer devant le personnage en or massif imaginé par David Shore, le Britannique, qui vient tout juste d'être promu au rang d'Officier de l'Ordre de L'Empire Britannique, livre une prestation toujours aussi intense dans la défroque du toubib autant intoxiqué par son mal-être que par les opiacées. Après les révélations du final de la première saison (fabuleux épisode Three Stories, nous ne le répéterons jamais assez), Shore et son équipe ont poursuivi l'exploration de la psyché torturée du personnage en s'assurant notamment la participation de la très séduisante Sela Ward pour une poignée d'épisodes. L'arc ainsi construit met en avant des aspects de la personnalité de House qui étaient jusqu'ici restés dans l'ombre, mais la progression ne s'arrête pas là. De multiples cas au cours de la saison sont là pour souligner tel ou tel trait du personnage, dont particulièrement l'épisode All In, qui met à mal les nerfs du spectateur et durant lequel la partie de poker se joue autant sur le tapis vert que dans la salle de réa.

 

 


À l'instar de la première saison, l'épisode final de la seconde, intitulé No Reason, est en outre un nouveau petit chef d'œuvre écrit par David Shore. Le bougre semble se spécialiser dans les narrations non linéaires, et accouche d'un épisode choc parmi les plus captivants de l'histoire du show, aux profondes conséquences sur Greg House, et dont on ne sait qui de l'entame ou du dénouement vous décroche le plus la mâchoire. Quoi qu'il en soit, à l'issue de la saison, House demeure malgré tout un personnage éminemment complexe et torturé, prêt à recourir aux solutions les plus extrêmes pour sauver un patient en dépit de tous les risques et garde-fous éthiques qu'on pourrait lui jeter dans les pattes. Qu'il doive lutter contre vents, marées et hiérarchie pour arriver à ses fins à coups de « Housismes », et le plaisir en est alors décuplé.

 

 


Pour sa deuxième saison sur l'antenne de la Fox, House s'est de surcroît offert le luxe de devenir le show scripté le plus regardé de la chaîne. Combiné à l'ogre American Idol, l'émission de radio-crochet la plus regardée de la planète, House a atteint la moyenne de 17 millions de téléspectateurs par semaine (+25% par rapport à l'année précédente), avec des pics à 20 millions et plus en certaines occasions, décrochant ainsi la 6e place du hit-parade des fictions scriptées. La troisième saison tient d'ailleurs parfaitement son rang depuis la rentrée de septembre et est régulièrement la série la plus regardée de la soirée, les mardis où elle est diffusée sur la Fox.

 

 


Pour sa deuxième saison, Dr. House reste donc l'unes des séries médicales les plus passionnantes de la télévision. Avec son casting parfait, ses casses têtes médicaux et ses vannes de compétition, le show efface sans problème le difficile cap de la première année, toujours critique, souvent fatal. Là où d'autres séries aux concepts tout aussi élevés ont tiré toutes leurs cartouches pour la première année, House n'a même pas besoin de trouver un second souffle pour la suivante et poursuit son brillant petit bonhomme de chemin pour le plus grand bonheur de ses fans. Toujours humain, jamais moralisateur, House est un joyau aux mille facettes qui brille intensément et dont il est difficile de détourner les yeux.

 

La saison 2 de House sur TF6, trois épisodes tous les mercredis à partir de 20h50.

 

 

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