Le percepteur s’invite aux Emmys

Zorg | 17 août 2006
Zorg | 17 août 2006

Hollywood… Son Walk of Fame sur Hollywood Boulevard, ses boutiques de luxe sur Rodeo Drive, ses paillettes, son glamour, ses paparazzis, et… son percepteur.

On a beau être star de la télé, charcuter des patients le dimanche, traquer le terroriste le lundi, faire un lifting le mardi, pourchasser un serial-killer le mercredi, récurer des crime scenes le jeudi ou se faire un petit black-jack le vendredi, il n'empêche qu'un jour, il faut faire sa déclaration d'impôts comme monsieur tout le monde. Et la cérémonie des Emmy Awards ne dérogera pas à la règle le 27 août prochain.

Même si on lui reproche souvent de plus s'apparenter à un concours de popularité qu'à une véritable distinction pour l'excellence du travail accompli, la cérémonie des Emmy Awards reste un événement majeur de la vie hollywoodienne qui requiert l'intervention de professionnels de la communication (en clair, des acteurs) pour présenter la soirée.

Tel un chapelet de dommages collatéraux de luxe signés Vuitton ou Armani, avec un Emmy viennent presque immédiatement la gloire, l'argent, la drogue et les filles faciles pour les lauréats, mais aussi un gros panier cadeau pour chacun des présentateurs. Et par la même occasion, une lettre de l'Academy of Television Arts and Sciences, qui invite autant qu'elle met en garde nos Guy Lux de substitution de ne pas oublier de déclarer à Monsieur le Percepteur la valeur dudit panier cadeau. Soit un chiffre estimé entre 27 000 et 33 000 dollars. Pas mal pour une pochette surprise et deux minutes de boulot. Il est donc logique que le fruit de leur dur labeur soit soumis à l'impôt, mais précisons tout de même que cette somme devient déductible si les heureux récipiendaires décident d'en faire don à une œuvre de charité.

© Les Éditions Albert René / Goscinny - Uderzo

Car oui, nous parlons bien des présentateurs. C'est-à- dire des types qui se pointent sur scène la goule enfarinée dans le seul but de faire un mini-discours aussi inutile qu'interminable, et qui manquent une fois sur deux de se prendre les pieds dans la moquette ou dans la robe de soirée de la godiche qu'ils ont pendue à leur bras. Godiche qui généralement se charge de déclamer le souverain et tant attendu « And the winner is… ».

Et les compétiteurs dans tout ça ? S les nominés ont chacun droit à un ensemble de présents d'une valeur estimée à 2 000 dollars, les lauréats doivent eux se contenter de la gloire, de l'argent, de la drogue et des filles faciles. Après tout, ils ont déjà hérité du bibelot le plus recherché de la soirée, ils ne vont quand même pas venir se plaindre non plus.

Par ailleurs, même si le petit écran a actuellement le vent en poupe et fait figure de nouvel Eldorado créatif, on mesure cependant très facilement le gouffre qui le sépare encore du grand écran. 100 000 dollars, c'est ainsi la valeur minimale estimée des packages remis lors de la dernière cérémonie des Oscars. L'IRS, l'administration fiscale américaine, en plus de souhaiter bonne chance aux participants et de leur rappeler leurs devoirs de contribuables, aurait d'ailleurs collecté à cette occasion quelque 1.2 millions de dollars d'impôts. C'est bien la preuve que même à Hollywood, on ne badine pas avec le fisc.

La pratique de ces « Gift Bags » n'est pas neuve, mais tend à être de plus en plus mise en avant par ses promoteurs, certains y voyant l'occasion rêvée pour promouvoir leurs produits. Les sacs, paquets, pochettes cadeaux, appelez-ça comme il vous plaira, sont d'ailleurs mis au point par des sociétés spécialisées dans le Product Placement, et comme il fait parfois bon se montrer au balcon pour la Reine d'Angleterre, il fait désormais bon pour certains secteurs marketings de figurer dans ces cabas de luxe où l'on trouve une kyrielle de babioles.

En attendant que le Père Noël fasse sa distribution dimanche prochain, voici la liste complète du contenu des « 2006 Primetime Emmy Presenter Gift Bags ».

Un séjour de cinq jours à l'Old Bahama Bay, sur Grand Bahama Island, avec accès à tous les sports nautiques
Inscription d'un an au Sports Club/LA sur les deux côtes (Est et Ouest, le club ayant des antennes sur les deux rives)
Un téléphone mobile d'une valeur de 329 dollars
Deux nuits à l'hôtel US Grant de San Diego, avec traitement thalasso
Inscription d'un an au club YogaWorks (là encore sur les deux côtes)
Escapade de cinq jours pour golf ou ski à l'Adara Hotel de Whistler, Colombie Britannique, Canada
Séjour de cinq jours au Wharekauhau Country Estate à Featherston, Nouvelle Zélande
Séjour de quatre jours au Dolphin Bay Hotel, à Pismo Beach, Californie
Séjour de six jours au Molokai Ranch, à Hawaii
Un chèque cadeau pour des produits pour bébés, avec séance de « shopping consulting »
Chèque cadeau pour deux jours pour dégustation de vin à « l'Emmy Crash Camp » , au Napa Valley Hotel, Californie
Certificat pour un dîner de six personnes (vin compris) au Crustacean Restaurant, à Beverly Hills
Un chèque cadeau pour le centre de remise en forme Fresh
Des produits de beauté de la marque Gingi
Jeu de cravate en soie et de boutons de manchettes en lapis
Chèque cadeau pour la chaîne de restaurants Morton's Steakhouse(d'une valeur de 1 500 dollars l'an dernier)
Un collier de perles provenant de Pearl Paradise
Un chèque cadeau pour le centre de remise en forme Prive And Ona
Une valise en cuir Dooney & Bourke
Un assortiment de chocolats (pour mieux faire passer la pilule probablement)
Un chèque cadeau pour du linge de maisons chez DreamSleep Studios
Des instructions pour savoir où et comment faire don de ses smokings et robes de soirées usagées (portées une fois donc) à des œuvres caritatives.

Vous aurez compté qu'au final 28 jours d'hôtel grand luxe et deux séances de thalasso ne sont pas de trop pour se remettre de l'effort surhumain qui consiste à décacheter une enveloppe et faire ensuite la bise à Teri Hatcher ou Eva Longoria. Même si cela n'est pas précisé, il est cependant probable que les gentils bénéficiaires auront à choisir une destination parmi celles mentionnées, et que non, la vie étant injuste, vous ne pourrez pas tester tous les hôtels, monsieur Sutherland.

Enfin, notez bien qu'on peut s'inscrire chez le Fripier des Stars ! À la rédac, on compte déjà des amateurs pour récupérer le soutien-gorge de Jessica Alba, pour dénicher la petite culotte de Lindsay Lohan (il faudrait déjà qu'elle en porte, Ndlr.), ou pour mettre la main sur le caleçon de Colin Farrell.

Source : Yahoo News

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