24 heures chrono - Saison 4

Stéphane Argentin | 15 juillet 2007
Stéphane Argentin | 15 juillet 2007

Dix-huit mois après avoir déjoué la tentative d'attaque bactériologique, la cellule anti-terroriste (CAT) de Los Angeles est désormais dirigée par Erin Driscoll. Suite à une explosion ayant entraîné le déraillement d'un train, Jack Bauer, qui travaille désormais pour le bureau du Secrétaire de la Défense Heller à Washington, va se retrouver impliqué dans une nouvelle menace terroriste alors qu'il se rend à la CAT pour y rencontrer Erin Driscoll….

 

 

 

Laissé dans un bien piteux état (émotionnel) au terme de la troisième saison de 24 heures chrono, c'est dans la peau d'un homme neuf, frais et dispo, rasé de prêt, costard cravate et heureux en amour que l'on retrouve Jack Bauer dès les premières minutes de cette quatrième journée. JB rangé des flingues, poursuites, fusillades et autres interrogatoires musclés ? Et oui, tout du moins au début. Car, tel un John McClane systématiquement au mauvais endroit et au mauvais moment, attirant à lui les mouches (terroristes) tel de la merde, Jack ne va pas tarder à tomber la chemise et renfiler aussi sec gilet pare-balles, semi-automatique et téléphone portable pour se lancer corps et âme dans sa nouvelle journée en enfer. Welcome back Jack !

 

 

« Certaines personnes sont plus à l'aise en enfer ». Voilà bien la phrase marquante de cette quatrième saison adressée à la nouvelle compagne de Jack, Audrey Raynes. Une saison qui, grâce à une lente et formidable progression, va peu à peu basculer au fil des épisodes de la « sweet life » de départ à un authentique drame humain qui rappellera alors les toutes premières heures à l'écran de la vie de Jack Bauer aux côtés de sa femme Teri et de sa fille Kim, propulsant ainsi ce nouveau marathon de 24 heures au moins au même niveau de réussite que celui de l'année inaugurale. Car si la troisième saison de 24 avait déjà su renouer avec une intrigue nettement plus consistante et homogène du début à la fin, cette quatrième marque bel et bien le retour à ce qui fit toute la grandeur de la série et provoqua l'attachement immédiat de millions d'accrocs : une dimension humaine, forcément dramatique, et centrée autour du héros de l'histoire, Jack Bauer.

 

 

Alors bien sûr, une fois encore, les réfractaires de toujours n'accrocheront pas davantage aux différents rebondissements, retournements de situations et autres raccourcis technico-scénaristiques : un problème de téléphone ou d'informatique ? Il suffit d'appuyer sur la bonne touche puis d'entrer le bon code et hop ça repart ! Aucune piste pour retrouver la trace du suspect. Une épingle à cheveux qui traîne par terre, une petite analyse en 15 secondes chrono en main et c'est à nouveau reparti ! Mais les fans de longue date ainsi que les nouveaux venus (la série a enregistré une progression d'audience de 15% cette année aux États-Unis) apprécieront tout particulièrement ce « retour » aux ingrédients des tous débuts.

 

 

Une recette que les créateurs-scénaristes s'amusent d'ailleurs sciemment à réutiliser sans pour autant chercher systématiquement le coup de théâtre : chantages, taupes, conflits d'intérêts d'ordre aussi bien personnels que professionnels (notamment au sein de la CAT où tout est une remise en question permanente de l'autorité hiérarchique), pistes multiples avant d'en arriver finalement aux véritables motivations des terroristes... Tous les ingrédients sont à nouveau réunis entre thriller digne des plus grands et scènes d'action n'ayant rien à envier aux super productions, le tout soutenu une nouvelle fois par un casting constitué pour la plupart de quasi-inconnus mais néanmoins tous irréprochables jusque dans les rôles les plus infimes et passagers. Quant aux compositions omniprésentes de Sean Callery (rares sont les moments de silences musicaux, soit une véritable gageure sur près de 18h de show !), elles sont toujours aussi adaptées aux différentes situations (fusillades, poursuites, suspense, émotion…) sans pour autant être envahissantes.

 

 

La seule nouveauté, que beaucoup seront d'ailleurs sans doute ravis d'apprendre, est la « disparition » de Kim qui a (enfin) été mise sur la touche d'un simple « Elle est partie vivre à Valencia avec Chase » de la part de son père. Mais un nouveau couple père -fille a fait son apparition en remplacement : le secrétaire Heller, homme d'un immense pragmatisme (« nous avons besoin de personnes comme Jack ») et sa fille Audrey, interprétée par la délicieuse Kim Raver, transfuge de la série New York 911, dans un rôle qui, à lui seul, sert précisément de « prétexte » à ce renouveau dramatique de la série puisque sa relation amoureuse avec Jack sera en effet soumise à rude épreuve au fil des heures.

 

Au-delà de ce point, l'article s'articule autour de certains moments clés de cette quatrième saison de 24 heures chrono, série qui, par essence même, est construite autour de multiples rebondissements que certains souhaiteront sans doute découvrir par eux même en visionnant les épisodes en question. Les personnes souhaitant ainsi conserver tout le suspense intact préfèreront donc ne pas s'aventurer au-delà de cette ligne.

 

 

Ce « Certaines personnes sont plus à l'aise en enfer » que lance Tony à Audrey est en effet la première étape vers ce basculement entre l'échange de « Je t'aime » du début et le « Je te déteste Jack » au terme du 20ième épisode et son final parmi les plus prodigieux et bouleversants que nous ait livré la série à ce jour où Jack, au service de son job et de son pays, perd définitivement la nouvelle femme de sa vie. Soit une progression émotionnelle diamétralement opposée à celle du couple Tony Almeida-Michelle Desler qui, de séparés en début de saison, décideront finalement de se remettre ensemble et de partir vivre loin de toute cette adrénaline quotidienne après un baiser fougueux qui rappellera là encore leur premier échange « charnel » de la deuxième saison.

 

 

La solution pour mener une vraie vie pleine de quiétude et de béatitude serait-elle donc de se tenir à l'écart de toute cette folie ? Apparemment, même si, dans le cas de Jack, une telle vie ne pourra jamais qu'être touchée du doigt tant que tout un tas de terroristes ne seront pas derrière les barreaux (un petit air de John McClane dans Piège de cristal ?). Des terroristes de plus en plus motivés qui n'hésitent pas à détourner un avion furtif (une sous intrigue qui rappellera l'un des meilleurs James Bond, Opération tonnerre, mais qui n'a, fort heureusement, aucun rapport avec le film immondice de Rob Cohen), à prendre d'assaut une armurerie où Jack a trouvé refuge (un mini Assaut très réussi) après avoir provoqué le black-out complet de tout un quartier….

 

 

Pour les besoins de ces différentes trames (en gros au nombre de quatre au cours de cette nouvelle saison : l'enlèvement du Secrétaire Heller, la fusion des centrales nucléaires, le détournement de l'avion furtif et enfin le vol d'une tête nucléaire), la série s'appuie à nouveau sur sa formidable faculté à faire disparaître (au sens propre ou non) les personnages dont elle n'a plus besoin au fil des épisodes : la famille de terroristes avec en son sein une très belle relation mère-fils, le départ de Driscoll motivé par le suicide de sa fille (l'une des sous-intrigues un peu « faiblardes » de cette nouvelle saison), Paul, le mari d'Audrey (le fameux ressort dramatique du 20ième épisode), sans oublier le retrait pur et simple du Président en personne.

 

 

Si 24 heures chrono reste avant tout un show télévisé à prendre comme un divertissement, il est intéressant, voire intriguant, de constater à quel point cette fiction a toujours su marché sur un fil ténu en matière de « politiquement correct » avec un pouvoir décisionnaire en place constamment remis en question. Pour cette quatrième saison, tandis que les revendications des terroristes entrent en parfaite résonance avec une certaine occupation iraquienne (le message vidéo enregistré par le leader Habib Marwan interprété par Arnold Vosloo ne laisse aucun doute à ce sujet), on notera ainsi l'incroyable faiblesse doublée d'incompétence du « Président par intérim » au visage transi, incapable de gérer une telle situation de crise sans l'aide de ses conseillers (on croirait voir George W. Bush apprenant le crash des avions sur les tours du World Trade Center dans le Fahrenheit 9/11 de Michael Moore).

 

 

Et quel meilleur conseiller en la matière qu'un certain David Palmer ? En l'absence désormais d'une Nina Meyers, 24 heures chrono poursuit malgré tout son autre leitmotiv : les come-back. C'est ainsi que, outre le coup de main de l'ex-président, Tony Almeida, Michelle Desler ou encore la célèbre Mandy (mais oui, la tueuse particulièrement sexy interprétée par Mia Kirshner qui « s'envoyait en l'air » dans la saison 1 et qui avait attenté à la vie de Palmer dans la saison 2) font des retours particulièrement fracassants. Car, c'est aussi cela l'autre faculté extraordinaire de la série : donner à chacun des personnages, même les plus infimes (ce couple en plein désert en possession de la fameuse mallette « football »), leur heure de gloire et leurs moments d'émotion (l'analyste informatique Edgar Stiles dont la mère décède à cause des radiations). C'est ainsi que, l'espace de quelques secondes particulièrement intenses, la gratte-papier Chloe O'Brian se transformera en véritable petite « Rambotte ».

 

 

Mais le moment le plus intense de toute la saison est sans conteste possible atteint lors de ce « non cliffhanger » final, l'un des plus prodigieux qu'il ait été donné de voir à la télévision où comment, après être parvenu une nouvelle fois à déjouer le plus fou des attentats, la vie de Jack a basculé du tout au tout. Alors que, 24 heures plus tôt, le personnage menait enfin cette vie heureuse tant désirée, le voilà à présent qui s'en va au loin, soleil levant avec pour tout bagage son baluchon sur l'épaule après avoir perdu sa nouvelle compagne, son travail et son pays. Après un tel final, on attend désormais avec impatience la cinquième saison afin de voir comment les scénaristes vont bien pouvoir réintégrer ce « poor lonesome cowboy ». À très bientôt Jack… !

 

Les avis de la rédaction


Frédéric Renault : Après une troisième saison des plus décevantes, 24 redresse fièrement la tête pour une quatrième journée particulièrement excitante, qui nous offre le bad guy le plus charismatique et certains des plus grands morceaux de bravoure de toute l'histoire du show. En un mot comme en cent : couillu.

 

Vincent Julé : 24 saison 4. Bis repetita et le début du grand portnawak ! En simplifiant la menace et le méchant de service à outrance, la série croit gagner en action et en efficacité. Elle gagne surtout en surréalisme, en « terminatorisation » de Jack et donc en plaisir coupable. Un avant-goût de la saison « c'est quoi ce bordel ?! » 5.

 

Julien Foussereau : Cette quatrième fournée d'épisodes « en temps réel » confirme le déclin amorcé au cours de la précédente saison… mais pas pour les mêmes raisons. Si l'on peut apprécier un démarrage nettement plus canon ainsi que l'éviction de Kim Bauer (Hourra !), cette nouvelle loi de Murphy des attentats accumule toujours plus les incohérences, commet l'erreur de dévoiler trop rapidement son bad guy avant de se crasher lamentablement dans les dernières heures. Et dire que Kiefer a signé pour plusieurs saisons encore….

 

Thomas Douineau : Pour peu que l'on accepte l'idée de terroristes mettant sur pieds, en une journée, toute une série d'actions qu'ils avaient déjà orchestrées au cours des trois précédentes saisons et les rebondissements qui frôlent l'illogisme pour en mettre plein la vue (genre : « Mettons à exécution le plan de secours n° 52 qui masquait le 43bis et qui sera un leurre pour le 33 ! Ah merde, c'est vrai Joe est mort, passons au 72… Oui tu sais, celui où tu t'empares de tous les ordinateurs de la planète en faisant Ctrl + Q sous Windows de manière à dévier la comète de Halley sur les USA ! »), cette saison 4 réserve son lot de surprises et de morceaux de bravoure. Mais comme le dit si bien Vincent, c'est le début du portnawak où le téléspectateur, hypnotisé, s'injecte chaque épisode comme une drogue, en intraoculaire. Die Hard sur vingt-quatre heures, c'est toujours aussi jouissif, mais le côté too much de cette saison fragilise une des plus grandes séries de ces dernières années.

 

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