Grey’s anatomy - Saison 1 & 2

Zorg | 3 juillet 2006
Zorg | 3 juillet 2006

Nouvelle série médicale en provenance directe de l'antenne d'ABC, Grey's Anatomy est une de ces pépites dont la télévision américaine a le secret et qui balaye pratiquement tout sur son passage. Un phénomène presque unique en son genre, appelé à conquérir le cœur des téléspectateurs en ouvrant celui de ses patients.

Grey's Anatomy : À quoi ça sert, comment ça marche (par Michel Chevalet)

Soyons clairs d'emblée, Grey's anatomy n'est ni le nouvel Urgences, ni un ersatz de House, et encore moins un spin-off de General Hospital. S'il fallait effectuer une comparaison, celle-ci loucherait indubitablement du côté de Desperate housewives plutôt que vers n'importe quelle autre série médicale actuellement en exercice. Quels points communs peut on trouver entre ces deux programmes qui n'ont à priori rien à voir l'un avec l'autre ? Réponse : leur style.


Les deux sont ce que les américains appellent fort à propos des « dramedies », un genre à la frontière du drame et de la comédie particulièrement en vogue dernièrement et qui, quand il est bien écrit, permet d'offrir contraste et fraîcheur avec une grande efficacité. De ce point de vue, les médecins de Seattle (Grey's anatomy) ont bien plus en commun avec les habitants de Wisteria Lane (Desperate housewives) que leurs collègues de Chicago (Urgences). Ainsi, la série imaginée par Shonda Rhimes se penche sur les destinées sentimentales (surtout) et professionnelles (aussi) d'un groupe de jeunes internes en chirurgie dans un grand hôpital de Seattle avec un ton oscillant sans cesse entre le drame le plus poignant et la comédie la plus printanière. On passe d'ailleurs de l'un à l'autre en un tournemain et une efficacité mordante. Tel un serpent qui se mord la queue, les deux styles s'alimentent l'un l'autre pour aboutir à une synthèse au ton unique et irrésistible, mais à l'équilibre parfaitement respecté.


À l'instar de Nip/Tuck, chaque épisode voit son lot de cas médicaux plus ou moins désespérés, plus ou moins cocasses, qui viennent résonner dans les vies tourmentées de nos jeunes chirurgiens. Même si elle fait preuve de la rigueur et du sérieux que l'on attend de la part d'un show se voulant un minimum crédible, Grey's anatomy refuse l'approche ultra réaliste et purement « médico-médicale ». Elle s'avère en réalité une formidable étude de caractère sur les personnages, que l'on a parfois l'impression de voir réduits à l'état de cobayes. En un mot comme en cent, on passe plus de temps dans les vestiaires, les couloirs ou les salles de gardes à voir nos jeunes chirurgiens se débattrent dans leurs doutes, leurs faiblesses, leurs sentiments, leurs envies, leurs joies et leurs chagrins plutôt qu'à manier expressément le bistouri. Ce n'est d'ailleurs pas sans une certaine ironie que le show démonte progressivement son propre postulat de départ, qui veut que les internes en chirurgie vivent 25 heures sur 24 au service de leur carrière sans avoir le temps de vivre à côté leurs vies sentimentales comme tout un chacun.

Médecins sous le scalpel (du scénariste)

Autres atouts majeurs du show : l'ensemble des personnages et le casting. C'est bien simple, on a rarement vu chorale aussi bien dessinée, aussi bien écrite et surtout aussi attachante. Contrairement à de nombreuses séries, on ne trouve pas de personnage de premier plan qui soit là pour tenir la chandelle ou boucher les trous. Que ce soit dans le quintette de jeunes internes ou dans le quatuor de chirurgiens confirmés, on ne rencontre pas de personnage moins réussi que les autres, et dont les états d'âme ne finissent pas par nous fendre le cœur ou nous transporter d'allégresse, quand ce n'est pas les deux en même temps. Les auteurs s'ingénient à disséquer les existences de chacun avec une maestria qui nous fait nous demander comment il est possible que Shonda Rhimes n'ait pas percé plus tôt.


Mais ces personnages ne sont bien évidemment que le reflet d'un casting particulièrement riche et homogène. À l'instar de celui de Lost composé pour partie de comédiens inconnus lors des débuts de la série, celui Grey's anatomy compte plusieurs membres qui sont passés d'un anonymat total à la notoriété internationale grâce au succès monstre du show. On compte bien des figures plus ou moins connues comme Patrick Dempsey, Katherine Heigl ou Sandra Oh, mais il faut bien reconnaître qu'Ellen Pompeo, qui occupe le rôle titre, était totalement inconnue avant d'exploser dans la peau fragile de Meredith Grey.


Pour ce portrait de groupe nouvelle formule, loin des vies en forme de sprint contre la mort d'Urgences, Grey's anatomy bénéficie quand même d'une écriture très enlevée, qui s'exprime pleinement lors des multiples joutes verbales que se livrent les personnages, ainsi que d'une réalisation très dynamique aux côtés desquelles la musique joue un rôle prépondérant. Avec des titres originaux d'épisodes reprenant des chansons célèbres, au premier rang desquelles figurent A hard day's night des Beatles, The First cut is the deepest de Cat Stevens pour les deux premiers épisodes, Grey's anatomy fait d'ailleurs parfois figure de juke-box télévisuel où il fait bon être entendu. Des classiques de la pop aux dernières nouveautés, on ne compte plus le nombre de morceaux diffusés au cours des deux saisons, et ABC, parfaitement conscient de la réalité des choses, facilite même la vie de ses fans en détaillant sur la page de son site consacrée au show la liste exhaustive des chansons figurant dans chaque épisode, au sein du bien nommé Music Guide.

Anatomie d'un succès

Débarquée dans l'anonymat le plus total au printemps 2005 sur ABC, Grey's anatomy est un véritable phénomène télévisuel et devait initialement occuper la case horaire post-Desperate housewives du dimanche soir en attendant le retour de Boston legal. Seulement les téléspectateurs en décidèrent autrement en étant 16,2 millions à se réunir pour la première, le 27 mars. Voyant que le remplaçant faisait de meilleures audiences que le titulaire, ABC décida très rapidement de laisser le champ libre au show médical en lui accordant presque immédiatement non seulement le slot à titre permanent, mais aussi une seconde saison pour bien préparer la rentrée de septembre.


Après 9 épisodes et un cliffhanger de fin de saison parfaitement orchestré, le show était déjà grimpé à 22 millions de téléspectateurs. La reprise en septembre 2005 s'effectua sur une base relativement stable de 18 millions, mais le réel électrochoc intervint lors de la soirée du SuperBowl, le dimanche 5 février 2006, où Grey's anatomy explosa dans la case horaire suivant l'événement télévisuel le plus regardé des États-Unis. Dans une manœuvre de génie, les auteurs concoctèrent un double épisode (le premier de l'histoire de la série, et le meilleur épisode tout court de la série jusqu'à aujourd'hui), absolument terrifiant et magnifique. Largement digne d'un bon épisode de 24 pour le suspense et le rush d'adrénaline, il scotcha à leurs écrans 38 millions de personnes, soit plus du double de l'audience régulière et rien moins que la meilleure audience de l'année pour une fiction. La chenille venait de se transforme en papillon.


Ce coup de pied au cul stratégique satellisa littéralement le show. La seconde partie du double épisode n'attira certes que 24 millions de téléspectateurs, mais la moyenne hebdomadaire monta et oscilla dès lors autour des 22 à 23 millions de personnes chaque dimanche soir. Crise de lèse majesté suprême, Grey's anatomy battit presque systématique Desperate housewives jusqu'à la fin de la saison régulière. Les femmes de Wisteria Lane sauvèrent cependant l'honneur lors des « season finales » en attirant plus de monde que nos jeunes toubibs, à ceci près que ces derniers officièrent en dehors de leur horaire normal.


Désormais armé de deux shows complémentaires le dimanche soir, car visant un public similaire (majoritairement féminin), mais qui se font mutuellement de l'ombre, ABC a donc décidé de passer à l'offensive dès septembre 2006. Elle a en effet décidé d'expédier Grey's anatomy en opération commando le jeudi soir, face au juggernaught de CBS, CSI et ses 28 millions hebdomadaires dans un duel au sommet qui promet de faire des étincelles lors de la soirée la plus importante du paysage audiovisuel américain.


TF1 débute la diffusion en fanfare ce lundi 3 juillet à 22h30 avec rien moins que les trois premiers épisodes. Avec une première saison qui compte 9 épisodes et la seconde qui en compte 27, la chaîne enchaînera les deux de façon transparente. Les puristes peuvent cependant se rasséréner, la forte sérialisation impose de diffuser les épisodes dans l'ordre, et elle semble partie pour respecter ce principe élémentaire. Elle ne devrait pas non plus, selon toute logique, charcuter les épisodes, le contenu n'étant presque jamais graphique.

Dites Docteur, c'est grave ?

Grey's anatomy, c'est donc un cocktail tout à fait unique, un drame choral où se télescopent les existences d'un groupe de médecins, certains à l'orée de longues et brillantes carrières, d'autres au sommet de leur art, mais qui s'avère avant tout profondément humain. Avec son look de chouchou du prof, le show, très riche en émotions, et dont le titre est un jeu de mot entre le nom de son personnage principal, Meredith Grey, et un célèbre traité de médecine anglais, « Gray's Anatomy of the human body » (Anatomie du corps humain de (Henry) Gray), développe certes un côté fleur bleue plutôt appuyé, mais qui ne peut qu'emporter l'adhésion avec le casting le plus attachant qu'on ait certainement vu depuis les débuts de Friends ou d'Urgences.


Grey's anatomy, le lundi soir, à partir de 22h30 sur TF1.

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Les personnages

Meredith Grey (Ellen Pompeo)
Fille d'une chirurgienne, véritable légende parmi ses pairs, Meredith suit les traces maternelles avec tous les risques que cela comporte. Promise à un brillant avenir, elle doit cependant faire ses preuves comme n'importe quel interne, mais une soirée un peu trop arrosée la met dans une position délicate dès son premier jour d'internat. L'arrivée dans ce nouveau service et ses nouvelles responsabilités vont s'avérer riche en émotions pour notre pétillante interne. Cœur et âme du show, elle cherche à concilier sa vie sentimentale et sa vie d'interne en chirurgie, chose théoriquement impossible, avec une persévérance qui confine au désespoir.

À part un guest à droite à gauche et un rôle de troisième plan dans un ou deux longs métrages, Ellen Pompeo n'avait pas vraiment eu de rôle particulièrement marquant jusqu'alors. Fort heureusement, Grey's anatomy est venu redresser ce tort de la plus belle manière tant elle porte le show sur ses frêles épaules (très frêles je confirme tant l'actrice est particulièrement fluette pour l'avoir rencontrée en personne lors de sa venue à Monte-Carlo : l'interview prochainement, note de Stéphane Argentin).

Cristina Yang (Sandra Oh)
Cristina est le prototype de l'étudiante en chirurgie qui vendrait père et mère pour avoir l'opportunité d'entrer dans un bloc opératoire. Elle se veut concentrée sur ses études et uniquement ses études, froide, mécanique, dépourvue de la moindre courtoisie, bref elle est dévouée corps et âme à sa carrière naissante et avance avec la subtilité d'un char d'assaut. Seulement le destin a d'autres plans pour elle, et elle sera bien obligée de faire avec ces petites choses bien encombrantes (surtout pour un chirurgien) que l'on appelle émotions et sentiments.

Sandra Oh a déjà une belle carrière de télévision et de cinéma derrière elle. Elle s'est notamment distinguée récemment dans le road-wine-movie Sideways, ou la comédie romantique Sous le soleil de Toscane.

George O'Malley (T.R. Knight)
George O'Malley fait figure de bon gars à peine sorti de sa province, un peu gauche mais serviable. C'est un peu le copain de chambrée qui souffre d'une timidité maladive envers les filles, et qui pour son propre malheur est amoureux de sa meilleure amie depuis le premier jour (Meredith Grey). Plongé au cœur de la meute, ce garçon maladroit et timide souffre de n'être vu que comme le confident à qui l'on peut tout raconter par les femmes qui partagent son existence, ce qu'il accepte avec une certaine forme de fatalisme. Son existence n'attend qu'une chose, qu'il se réveille pour enfin la prendre en main et cesser d'être le vilain petit canard.

S'il fallait décerner la palme du comédien le moins capé de la sélection, T.R. Knight (pour Theodore Raymond Knight) la remporterait haut la main.

Isabel « Izzie » Stevens (Katherine Heigl)
Izzie a un corps de rêve et elle le sait. Elle le sait d'ailleurs tellement bien qu'elle a payé ses études de médecine en posant pour des photos de lingerie, ce qui n'est pas sans générer blagues potaches et commentaires de mauvais goût par ses collègues mâles, et surtout des doutes sur ses capacités à être chirurgien. Tout comme sa copine Meredith, Isabel est une jeune femme qui croit encore au Prince Charmant, et qui sait qu'un jour son heure viendra. Pardon, son prince.

Katherine Heigl est bien évidemment connue pour son rôle d'ado extra-terrestre dans la série Roswell, mais elle a fait quantité de téléfilms et de guests depuis des années.

Alex Karev (Justin Chambers)
Arrogant, hautain et dédaigneux avec ses patients comme avec ses collègues internes, Alex est le parfait exemple du toubib froid et manipulateur qui n'a aucune considération pour qui que ce soit en dehors de lui-même. George est sa tête de turc préférée, mais il ne rechigne pas non plus à se faire les griffes sur Izzie, qu'il trouve de surcroît parfaitement à son goût en tant que séducteur impénitent. Il est l'archétype du personnage qu'on aime détester, mais dont la place au sein du show ne fait l'objet d'aucune contestation.

Cet ancien modèle a porté la cape de D'Artagnan dans le film du même nom réalisé par Peter Hyams en 2001.

Derek Shepherd (Patrick Dempsey)
L'homme par qui le scandale arrive. Même s'il est un neurochirurgien de talent, Derek Shepherd est surtout le bourreau des cœurs de service. Il a quitté New York pour Seattle pour des raisons initialement inconnues, et son arrivée au Seattle Grace Hospital n'est pas passée inaperçue auprès de certaines personnes de sexe féminin.

Malgré 20 ans de métier derrière lui, Patrick Dempsey n'a jamais vraiment connu la gloire. Il a mené depuis ses débuts en 1985 une carrière discrète mais solide.

Preston Burke (Isaiah Washington)
Le Dr. Burke est le chirurgien idéal. Grand, beau, fort, et surtout doué à l'extrême avec un scalpel entre les mains, il est en position idéale pour succéder au chef de service quand celui-ci prendra sa retraite. Bien évidemment, le Destin, ayant toujours plus d'un tour dans son sac, vient brouiller les cartes et semer la confusion dans l'esprit de ce médecin à qui rien ne résiste.

Isaiah Washington est un membre supplémentaire du casting qui explose grâce à la série. Ce comédien n'a jamais connu de premier rôle marquant jusqu'ici.

Miranda Bailey (Chandra Wilson)
Affublée au début de la série d'un sobriquet pour le moins désobligeant par ses étudiants, le Dr Miranda Bailey est une femme et un chirurgien de caractère. Elle mène son groupe d'internes avec une poigne de fer, les torturant jusqu'à plus soif. Malgré un caractère autoritaire, elle sait se montrer sensible à certaine suppliques, même si elle n'ira pas pour autant jusqu'à couvrir ses larbins.

Chandra Wilson est, elle aussi, une routière de la télévision américaine, qui accède à son coin de paradis avec Grey's anatomy.

Richard Webber (James Pickens Jr.)
Le patron du service de chirurgie est un gros ours, qui peut s'avérer un peu rude au premier contact, mais qui veille sur ses troupes avec bienveillance et autorité. Même s'il est régulièrement brocardé par Miranda, il reste craint et respecté et a surtout les moyens de prouver pourquoi c'est lui le chef.

Avec 20 ans de carrière au compteur, James Pickens Jr. a roulé sa bosse un peu partout à Hollywood, que ce soit sur grand ou petit écran.

Addison Montgomery Shepherd (Kate Walsh)
Épouse de Derek Sheperd, Addison est une obstétricienne de renommée internationale, mais dont les difficultés conjugales n'ont pas affecté les performances. Sa relation avec son époux est mise à mal et elle se retrouve prise au milieu d'un triangle amoureux dont elle se serait volontiers passé.

Souvent comparée à Catherine Deneuve pour leur ressemblance physique, Kate Walsh n'a cependant pas vraiment la même notoriété que notre gloire nationale. Détail amusant, elle a joué dans Sous le soleil de Toscane la petite amie de Sandra Oh, deux ans avant de la retrouver dans Grey's anatomy.

Tout savoir sur Grey's Anatomy

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