Andor : pourquoi c'est la meilleure série Star Wars de Disney en 5 raisons

La Rédaction | 24 novembre 2022
La Rédaction | 24 novembre 2022

À côté de la nouvelle trilogie, d'Obi-Wan Kenobi ou même de The Mandalorian, Andor est ce que Disney a produit de mieux dans l'univers de Star Wars.

Depuis le rachat de Lucasfilm par Disney, l'univers de Star Wars est pour le moins instable. Après l'échec de L'Ascension de Skywalker et de la nouvelle trilogie, si quelques projets comme The Mandalorian ou la dernière saison de Clone Wars ont été remarquables, l'exploitation de la licence dans des séries sur Disney+ a livré un résultat plutôt décevant : The Bad Batch et Visions étaient jolis sans plus, quand Le Livre de Boba Fett et Obi-Wan Kenobi se sont contentés de miser sur la nostalgie et la technologie révolutionnaire d'Industrial Light & Magic.

Puis, Andor est arrivé. Et alors que personne ne l'attendait, ce prequel de Rogue One : A Star Wars Story sur le personnage secondaire de Cassian Andor (Diego Luna) a redonné foi en la Force et su trouver grâce aux yeux des critiques et des fans ayant encore assez d'espoir pour y croire.

Contre toute attente, la série créée par Tony Gilroy (La Mémoire dans la Peau) s'est révélée être une variation noire et mature de Star Wars entre espionnage, politique et drame avec une histoire qui aborde le fascisme, la résistance, la violence systémique ou encore le système carcéral. Voilà donc 5 raisons qui en font une des meilleures créations de l'univers de Star Wars (oui, à ce point, alors regardez Andor).

 

Andor : photoLe héros inattendu

 

LES OUBLIÉS DE LA GUERRE DES ÉTOILES

Contrairement à The Mandalorian, Le Livre de Boba Fett et Obi-Wan Kenobi qui s'appuient sur la mythologie de Star Wars ou des figures iconiques de la saga, Andor se distingue d'emblée par son approche réaliste et terre à terre héritée de Rogue One : A Star Story. Loin des Sith et des Jedi, la série s'intéresse d'abord aux petites mains, aux figures de l'ombre, aux laissés-pour-compte et à celles et ceux qui subissent la machine impériale, qui la font avancer ou qui tentent de l'enrayer.

De la vie des habitants sur une planète ouvrière aux couloirs de la bureaucratie impériale en passant par l'intimité du foyer d'une sénatrice qui cache son implication dans une rébellion naissante, la caméra s'immisce dans les coulisses, dévoile certains pans inexplorés de la saga et capture le quotidien des individus qui composent cette galaxie lointaine, très lointaine.

 

Andor : photoLes droïdes n'ont jamais été aussi touchants

 

À travers de petites scènes et de légers détails comme le rituel d'un sonneur de cloches, le petit-déjeuner d'un garde qui veut fuir sa condition modeste, les coutumes d'un peuple autochtone ou simplement un officier impérial qui prend un cachet d'aspirine, Andor reste constamment ancré dans le réel et offre un regard nouveau sur l'univers de Star Wars.

Dans l'immensité de Coruscant comme dans les coins les plus reculés de la galaxie, la série donne un aperçu de ce à quoi ressemble la vie sous le régime autoritaire de l'Empire en tant que citoyen, résistant ou soldat impérial. Cela permet ainsi de comprendre comment l'Empire s'est développé et comment l'Alliance rebelle s'est formée, mais surtout pourquoi certaines personnes ont choisi de se mettre au service de l'oppression quand d'autres ont décidé de la combattre en étant prêts à sacrifier leur identité ou leur vie.

 

Andor : photo, Diego LunaDe voleur à rebelle

 

ENTRE BIEN ET MAL

Au-delà du fait qu'elle s'intéresse aux citoyens ordinaires dans un univers de science-fiction extraordinaire, Andor se démarque également des autres séries Star Wars pour la caractérisation de ses personnages. Chacun possède sa propre histoire, ses propres motivations et au fil du voyage de Cassian Andor, la série montre que la frontière morale entre bien et mal ne limite pas simplement à choisir entre la Rébellion ou l'Empire.

Au-delà du côté lumineux et du côté obscur de la Force, Tony Gilroy et l'équipe de scénaristes composée de Beau Willimon (House of Cards), Stephen Schiff (The Americans) et son frère Dan Gilroy (Night Call) dessinent des personnages ambigus et s'attardent autant sur les résistants que sur ceux qu'ils affrontent.

 

Andor : photoLe visage de l'Empire et de ceux qui lui sont dévoués

 

L'Empire n'est plus représenté par des sbires qui attendent d'être étouffés par Dark Vador, mais par un système froid et déshumanisé qui fonctionne grâce à des humains motivés par le pouvoir, l'instinct de conservation ou des rancoeurs plus profondes. Que ce soit une arriviste lieutenante du Bureau de Sécurité Impérial (Denise Gough) ou un pathétique responsable d’un service de sécurité privée à la solde de l’Empire (Kyle Soller), la menace qu'ils représentent devient concrète, humaine et donc plus complexe et nuancée.

De l'autre côté, Andor montre aussi une nouvelle facette de la résistance avec des rebelles désorganisés, qui n'ont pas peur de salir les mains ou de s'infiltrer sous couverture, mais qui ne partagent pas forcément la même idéologie et le même but. Certains jouent un double jeu, comme Luthen (Stellan Skarsgård) ou la sénatrice Mon Mothma, qui côtoient l'élite fortunée sur Coruscant tout en récoltant des fonds pour la résistance, tandis que d'autres sont des déserteurs impériaux désabusés, des mercenaires sans pitié, d'anciens prisonniers ou des idéalistes qui sont prêts à tous les sacrifices pour la cause.

 

Andor : photo, Genevieve O'ReillyMon Mothma, la sénatrice infiltrée

 

LE RÉVEIL DE L'IMAGE

Par rapport à Obi-wan Kenobi et Le Livre de Boba Fett, qui se reposait sur la technologie le Stagecraft, mais sans savoir utiliser ce mur de LED révolutionnaire, Andor brille par le réalisme de ses environnements et la richesse de son esthétique, à commencer par sa ville en briques dans laquelle les ruelles s’enfoncent dans l’arrière-plan en laissant imaginer une cité qui s'étend indéfiniment.

Que ce soit dans des pics rocheux dominant un barrage digne du IIIe Reich, un penthouse luxueux sur Coruscant ou les locaux lisses et immaculés des infrastructures du Bureau de Sécurité Impériale et de l'Empire, la série montre de vrais décors, tangibles, naturels, avec un minimum d'effets spéciaux et de vaisseaux spatiaux, ce qui rend l'univers de Star Wars encore plus crédible et authentique.

 

Andor : photoSobre et froid, mais fourmillant de détails

 

À plusieurs reprises, Andor use de motifs visuels et effets de style avec ses décors pour installer un sentiment de gigantisme et représenter la place de ses personnages au sein du monde qui les entoure. Peu importe que ce soit des scènes filmées à hauteur d'homme, avec la caméra dans le dos, en les enfermant dans le cadre avec un pentagone, qui rappelle le symbole de l'Empire, ou à travers des plans qui prennent de plus en plus de hauteur. 

Au milieu de ces immenses espaces, les personnages semblent pris au piège dans les rouages tentaculaires de la machine impériale, mais s’inscrivent également dans la grandeur d'une galaxie avec tout un tas d'espèces, de planètes et de coutumes qui s'opposent directement au normativisme impérial avec ses troupes habillées du même uniforme blanc ou noir. À l'inverse, les plaines des Highlands écossais utilisés pour représenter la planète Aldhani respirent la liberté et sont filmées en plan large, comme des étendues que les personnages doivent se réapproprier et une nature que l'Empire veut exploiter ou assouvir.

 

Andor : photoDes bergers contre l'impérialisme

 

prison break

Alors que The Mandalorian ou Le Livre de Boba Fett suivent un schéma épisodique, les épisodes d'Andor sont réunis en différents arcs narratifs. Et parmi tous ceux de la première saison, celui de la prison (qui se déroule dans les épisodes 7, 8 et 9) est certainement celui qui marque un tournant dans la série et l'histoire de Cassian Andor, mais aussi le plus réussi et le plus impressionnant, que ce soit au niveau de l'écriture, des décors, de la mise en scène ou de la tension croissante qui s'installe au fil des épisodes.

Victime de la répression et de la justice expéditive de l'Empire, qui fait voter de nouvelles lois pour doubler les peines de prison, Cassian se retrouve enfermé dans une usine impériale dont le fonctionnement évoque celui d'un camp de concentration où les prisonniers sont dépossédés de leurs biens et exploités comme main-d'oeuvre remplaçable pour fabriquer des pièces sous la surveillance d'un kapo.

 

Andor : photo, Diego Luna, Andy SerkisAvec un Andy Serkis toujours aussi impeccable

 

À l'intérieur de la prison, les détenus deviennent les rouages de la machine impériale, obligés d'assembler mécaniquement des pièces à la chaîne en respectant des quotas. Comme les autres décors impériaux, l'usine est aussi ingénieusement ordonnée qu'oppressante, le seul contraste avec la blancheur stérile des murs venant des uniformes noirs des gardiens qui s'amusent à punir et intimider les prisonniers à la traîne ou les nouveaux venus.

Pourtant, en exploitant l'arrogance de l'Empire, ces individus oubliés vont trouver une faille dans le système et s'échapper. Ayant compris que la solidarité et le travail d'équipe sont les seuls moyens de lutter, Cassian abandonne son image de nomade solitaire et se découvre l'âme d'un rebelle et d'un leader en poussant les autres à se soulever.

La naissance de cet esprit de révolte a lieu dans un épisode qui ne relâche jamais la tension, avec une caméra au plus près de l'action et des combats qui capture l'élan insurrectionnel, mais aussi ceux qui tombent brutalement durant l'assaut. Ce soulèvement de masse est illustré par un plan symbolique des évadés qui s'échappent de la prison, dont la forme reprend celle du symbole de l'Empire : tous ne connaitront pas la galaxie libre pour laquelle ils se battent.

 

Andor : photoOne way out

 

LA MENACE FANtôme

Enfin, Andor s'illustre surtout pour sa dimension politique et sa façon d'utiliser l'univers de Star Wars pour tendre un miroir à notre réalité. Tout comme George Lucas s'est inspiré de l'imagerie nazie pour représenter l'Empire dans la trilogie originale et s'est servi de la prélogie pour dresser un parallèle avec l'administration Bush et la dérive sécuritaire des États-Unis, le scénario s'inspire pleinement de l'Histoire et du réel pour aborder le fascisme, le pouvoir de la propagande, les inégalités sociales, le traitement des migrants ou la façon dont l'oppression systémique engendre la violence et la rébellion.

Dès le premier épisode, la série frappe par son réalisme terrifiant avec une histoire de bavure policière et au fil de la saison, tout un tas d'autres scènes trouve un étrange écho avec notre monde. On pense à des rebelles armés d'AK-47, la xénophobie de l'Empire envers les autres cultures, une prison conçue comme un camp de concentration, un interrogatoire qui reprend les techniques de torture de Guantánamo ou encore une sénatrice ignorée lorsqu'elle évoque les abus de pouvoir du régime impérial.

 

Andor : photoDialogue de sourds

 

Ce rapport qu'établit Andor entre la galaxie de Star Wars et notre époque est encore plus évident dans le dernier épisode, lorsque la série s'inspire directement des manifestations, du Dimanche Rouge et de la tuerie du Bloody Sunday pour mettre en scène une émeute qui vire au bain de sang. Ainsi, alors que des habitants d'une planète ouvrière se dressent face à un cordon de gardes impériaux qui ressemblent à des CRS avec leurs tenues de protection, la situation dégénère et bascule dans la violence et l'horreur.

Avec ces personnages profondément normaux et humains et ces rapprochements entre la science-fiction dystopique et le réel, l'univers de Star Wars n'a jamais été aussi réaliste et proche du nôtre, et c'est précisément ce qui rend Andor passionnante. Derrière l'histoire de Cassian Andor, de l'Empire ou de l'Alliance rebelle, la série met en avant des réflexions politiques, éthiques et sociales aussi profondes que pertinentes sur la galaxie lointaine de Star Wars, mais aussi sur notre civilisation.

 

Andor : photoEntre les ombres

 

En définitive, Andor est la première série en prise de vues réelles à illustrer l'idée que la galaxie lointaine de Star Wars est encore plus grande que ce que les films ont montré jusqu'à maintenant. Elle est si vaste et si variée que n'importe quelle forme de narration, n'importe quel genre et n'importe quelle approche peuvent être utilisés pour raconter une histoire. De fait, elle représente une anomalie dans la production à la chaîne de Disney, mais au lieu d'être une exception, elle devrait plutôt servir d'inspiration et d'exemple.

Tout savoir sur Andor

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commentaires
Tuk
25/11/2022 à 22:35

Mouais... Le mec qui tape sur son enclume pour sonner l'alarme me semble un peu anachronique dans un monde où il suffit suffit d'appuyer sur un bouton ou de mettre un droïde pour faire la même chose....On est pas'dans le seigneur des anneaux, mais bon, ça fait "style".

Rick Hunter
25/11/2022 à 21:44

Cette saison 1 est culte, ce sera blu-ray direct pour moi car la bande son est terrible, et puis l'idée de la table qui remplace la cloche avec le mec et ses marteaux est juste géniale, c'est plein de détails comme ça, finir l'année pourrie 2022 avec cette série c'est trop cool, pour une fois thanks Disney, et avec la saison 2 essaye encore de monter la qualité d'un cran vue qu'il y aura que 2 saisons et c'est très bien, il faut finir en apothéose les gars !!

Mr Km
25/11/2022 à 13:01

Tout à fait, très bonne surprise... et pourtant les deux premiers épisodes m'avaient un peu refroidis.

Kyle Reese
25/11/2022 à 11:26

@Cinégood

De rien, j'espère que tu appréciera. ;)

Cinégood
25/11/2022 à 10:04

@Kyle Reese

Merci pour ta critique qui me donne peut-être envie de m'y remmetrre. J'avais abandonné au bout d'un épisode et demi tellement c'était plat, vide et ça faisait vraiment cheap avec 4 décors et 10 comédiens.

Solo seul
25/11/2022 à 08:59

On pourrait mettre le dernier épisode à la suite des 3 premiers épisodes et on comprendrais quand même car le reste c'est du remplissage et ne sert à rien. Je pensais en voir plus sur l'enfance de Cassian mais ça s'arrête brusquement dans le crash du vaisseau et après ? Bonne série certes mais elle n'a pas de concurrence face aux autres séries star wars tellement leurs niveaux sont bas !

Bela Lugosi
25/11/2022 à 04:29

J'en chiale tellement c'est beau...

Loozap
25/11/2022 à 02:39

L'histoire de cette serie est juste à couper le souffle

Freeza
25/11/2022 à 00:00

Entk,, la dernière épisode,,, ma laissé sur ma fin,,,, mais,, j'ai su qu'il y aura une deuxième saison,,, yes sir... bien aimé Andor.

Deus ex machina
24/11/2022 à 22:46

Du star wars mature, pour les adultes. Enfin. Passé un certain âge, même la toute première trilogie devient assez difficile à (re)regarder, excepté pour le spectacle. Mais le scénario est terriblement enfantin. Rogue one avait donné un gros coup de maturité à l'univers ...tout comme la trilogie de 2000 avait commencé à le faire, par un scénario au final complexe, montrant les rouages d'une prise de pouvoir et d'un effondrement vicieux vers un système autoritariste. Trilogie malheureusement plombé par des CGI à en avoir la nausée de par à la fois la "qualité" et la quantité. Ainsi qu'à cause de quelques personnages principaux mal écrits et joués.

Vraiment une série surprenante venant de disney, qui tombe au poil pour ceux qui ont été fans de star wars, mais sont entrés dans l'âge adulte. Après tout ceux là aussi ont le droit à leur petit plaisir tout en restant partiellement dans l'univers de leur enfance.

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