The Walking Dead : 5 morts mémorables qui en feraient presque une bonne série

Retour sur 5 morts marquantes et passionnantes de The Walking Dead, qui a parfois, autrefois, un jour, été une bonne série.

C'est presque poétique tellement c'est logique. En l'espace de 11 saisons (temps ressenti : 43), la série superstar The Walking Dead a moisi et pourri comme les zombies. À force d'intrigues creuses, de personnages invincibles, de seconds rôles insipides, de ressorts dignes de telenovelas et d'action ronflante, l'adaptation des comics de Robert Kirkman est doucement devenue un running gag et un punching-ball entre les mains des plus moqueurs – oui, on sait.

Néanmoins, ça n'a pas toujours été ainsi. Fut une époque où The Walking Dead ressemblait à une vraie série, avec un scénario, une mise en scène, de l'émotion et des tripes dignes de ce nom. C'est en honneur de ce temps lointain qu'Ecran Large revient sur quelques morts marquantes : pas forcément des personnages majeurs tués pour le plaisir du choc (donc pas de Glen), mais des scènes qui prouvent que The Walking Dead a su emballer de vrais bons moments, avec même des bouts de talent à la mise en scène et à l'écriture.

Attention spoilers évidemment !

LA MORT DE SOPHIA

Saison 2, épisode 7

En faire tout un foin

Tout le monde aime défendre la saison 1 de The Walking Dead, mais on avait envie de rappeler que la saison 2 était elle aussi très solide. Notamment grâce à la révélation sur la mort de Sophia, la fille portée disparue de Carol – assurément l'un des personnages les plus riches et passionnants, du moins pendant une partie de l'interminable série.

Perdue dès le premier épisode de la saison 2, Sophia est l'un des enjeux jusqu'au final de mi-saison, avec l'épisode Déjà plus ou moins mort (Pretty Much Already Dead). Quand elle sort finalement de la grange du bon vieux Hershel, transformée en zombie, ce n'est pas seulement son cadavre qui est mis à jour sous un soleil de plomb : c'est un miroir, qui montre que quelque chose est bel et bien en train de pourrir dans le groupe des survivants, et que personne ne peut (ou ne veut) regarder cette réalité en face.

Vrai héros prend la responsabilité de tuer enfant-zombie

La tension entre Rick et Shane monte de manière dangereuse, et Hershel n'arrive tellement pas à accepter la réalité de ce nouveau monde qu'il a enfermé ses proches zombifiés dans la grange, au cas où ils pourraient un jour être sauvés. Et tout le monde est finalement confronté au vrai visage de l'horreur avec Sophia, preuve terrifiante de l'impuissance des adultes (et parents) dans cet enfer. C'est d'autant plus tragique que Sophia sortait à peine d'un enfer autrement plus réaliste, après la mort de son père Ed, qui de toute évidence abusait d'elle et sa mère Carol.

Réalisatrice de l'épisode (à une époque où il y avait une ambition à ce niveau), Michelle MacLaren emballe cette scène avec tout le savoir-faire attendu, plaçant tous les personnages comme sur une scène de théâtre, pour mieux les forcer à regarder la réalité. C'est simple, c'est fort. Et c'est aussi l'occasion de souligner que Bear McCreary a composé quelques très beaux morceaux, du moins au début de la série, quand tout ça avait encore du sens.

LA MORT DE LIZZIE

Saison 4, épisode 14

She shot me down, bang bang

Tuer un gamin avec le joker zombie, c'est une chose. Le faire par la main d'une héroïne en est une autre. La mort de Lizzie, abattue par Carol dans l'épisode Le Verger (The Grove), est certainement l'une des plus fortes et puissantes de The Walking Dead, pour la simple et bonne raison qu'elle est le résultat d'une longue descente aux enfers qui touche un nerf particulièrement sensible. Comme un enfant peut-il grandir et se construire dans un monde post-apocalyptique, où il n'y plus de société, mais seulement la survie ? Comment peut-il être sain dans un monde fou ?

L'épisode-pause Le Verger aurait pu être un remix de La Petite Maison dans la prairie : en route vers Terminus, Carol, Tyreese, Judith, Lizzie et sa sœur Mika s'arrêtent dans une maison pour se reposer quelques jours, voire toute une vie. Sauf que c'est précisément le terminus pour Lizzie, dont la folie galopante touche un sommet lorsqu'elle tue sa sœur, pour prouver que les walkers sont nos amis. C'était la dernière étape pour cette gamine qui nourrissait et parlait aux zombies, et avait complètement perdu toute notion de bien et de mal dans un monde où la mort est plus présente que la vie.

Flower power

En s'attardant ainsi sur la tragédie d'une enfance brisée et aggravée par le cauchemar, The Walking Dead a atteint un stade de maturité rare. La fameuse scène finale est simple, sobre, terrible, et écrite et filmée avec intelligence. Même les petits symboles faciles (les fleurs, la biche) fonctionnent, parce qu'ils ont été établis et chargés de sens au préalable. Et bien sûr, il y a le talent de Melissa McBride, véritablement l'une des meilleures actrices de toute la série, ainsi que celui de la jeune Brighton Sharbino, excellente dans un rôle complexe.

LA MORT DE NOAH

Saison 5, épisode 14

La ligne 11 parisienne le lundi matin

Drôle ou cruel ? Oui. Les deux. L'épisode Perte (Spend) de la saison 5 offre l'une des mises à mort les plus ludiques et méchantes de The Walking Dead avec Noah, victime de la lâcheté de Nicholas, et porte-parole malgré lui des dangers inhérents aux portes-tambour en cas d'apocalypse zombie (Bienvenue à Zombieland aurait pu la faire dans son générique).

L'idée est simple et diabolique : trois hommes se retrouvent coincés dans une porte-tambour assaillie par les zombies. Glenn et Noah d'un côté, Nicholas le bâtard de l'autre. Derrière eux, des zombies, et devant eux, la sortie. Si la porte tourne dans un sens, elle offre une issue d'un côté, mais ouvre forcément le buffet des morts-vivants de l'autre. Un sacré piège pervers que Jigsaw n'aurait pas renié, et qui impose un équilibre des forces collectif... en attendant une vraie solution. Mais très vite, Nicholas le bâtard panique, et au lieu de respirer et travailler avec Glenn pour s'en sortir, il s'échappe de force, pour sauver sa peau. Conséquence directe : des zombies s'engouffrent du côté de Glenn, et chopent Noah.

La scène aurait pu être simplement amusante si Noah n'avait pas ensuite été collé tronche la première sur la vitre, pour offrir un spectacle de sang avec Glenn légèrement tétanisé au premier rang. Mention spéciale à ce plan sur la bouche élargie à la main. Merci Tyler James Williams pour ce moment.

LA MORT DE SAM, JESSIE ET RON (ET rip L'ŒIL DE CARL)

Saison 6, épisode 9

Puisque je te dis que ça va bien se passer

Sans issue (No Way Out) est probablement l'une des pires tentatives de fuites incognito, mais l'un des meilleurs moments de pur chaos de The Walking Dead – d'autant que c'était la suite directe du cliffhanger de mi-saison. Alors qu'Alexandria est envahie de zombies, Rick mène ses copains à travers la horde de morts-vivants grâce à un camouflage de boyaux pour passer inaperçu. Bien sûr, et fort heureusement, rien ne se passe comme prévu : Sam commence à craquer, ce qui lui vaut d'être bouffé, et Jessie a du mal à gérer le spectacle, ce qui lui vaut également d'être bouffée. Comme elle tient fermement la main de Carl, Rick la lui tranche, ce qui agace un peu Ron. Il s'apprête à tirer sur Rick, mais Michonne l'empale. Tout est bien qui finit presque extrêmement mal puisque c'est Carl qui se prend la balle, et perd son œil (dommage, ça aurait été plus fort s'il avait été tué ici).

C'est exactement ce à quoi devait ressembler The Walking Dead : une boucherie cruelle, qui rappelle que la survie est toujours plus simple en théorie qu'en pratique, et que l'effet boule de neige du cauchemar peut rapidement devenir incontrôlable. La scène est d'autant plus mémorable qu'elle réaligne plusieurs visages de l'horreur en quelques minutes. Sam ne peut supporter la vision d'un enfant-zombie, Jessie ne peut supporter la vision de son fils dévoré, et Ron ne peut supporter de voir sa famille dévorée. Rick, lui, devra supporter de voir une miette de bonheur disparaître avec les tripes de Jessie.

La balle magique qui touche l'œil, mais pas le cerveau

Presque plus personne n'arrive à lâcher la main (et l'affaire) pour survivre, si la survie rime avec un tel désespoir. Pendant un instant, Rick lui-même semble prêt à s'abandonner, et mettre un terme à ce cauchemar sans fin ; avant d'être ramené à la vie en voyant Carl légèrement en danger. Et c'est avec ce néant, entraperçu dans les regards, au milieu d'un ancien refuge devenu l'enfer, que la scène touche un pic d'horreur totale. En plus d'offrir une scène particulièrement plaisante pour toute personne préférant les zombies aux mioches relous.

LA MORT DE DENISE

Saison 6, épisode 14

Plutôt qu'un compas dans l'œil...

Pardon, mais c'était inévitable. Impossible de ne pas reparler de cette flèche qui transperce l'œil de Denise dans l'épisode Deux fois plus long (Twice as Far). La scène est probablement plus drôle qu'autre chose, mais à ce stade, The Walking Dead commençait sérieusement à partir en vrille. La présence de l'inénarrable Merritt Wever (si vous avez un doute, revoyez son discours aux Emmy) était une des meilleures idées de la saison 6, et sa mort mi-grotesque mi-choquante restera comme l'un des moments les plus étranges de la série.

Difficile de prévoir cette flèche sortie de nulle part et qui vient interrompre un grand discours sérieux sur la vie, où Denise donne une petite leçon à Daryl et Rosita. Une surprise gentiment bête et gratuite, en plus d'être un peu facile vu que Denise n'était pas un personnage particulièrement bien écrit et aimable. Mais une surprise tout de même, qui reprend la mort d'Abraham dans les comics, et traduit bien à quel point les scénaristes avaient parfois envie de bien s'amuser.

Et tant mieux, parce qu'au milieu de dialogues si moyens, avec un Norman Reedus si réveillé qu'il a l'air de fixer un mur, cette flèche est presque un aveu de désespoir.

PS : oui on sait, il manque la mort de machine, bidule et trucmuche, mais c'était juste une sélection, et replonger dans The Walking Dead était suffisamment douloureux pour se contenter de 5 morts.