Andor : enfin une bonne surprise pour Star Wars sur Disney+ ?

Antoine Desrues | 20 septembre 2022
Antoine Desrues | 20 septembre 2022

Après Obi-Wan Kenobi, la série Andor débarque sur Disney+ en promettant de retrouver la magie de Rogue One. Promesse tenue ?

Après Le Livre de Boba Fett et Obi-Wan Kenobi, c'est peu dire que les productions Star Wars sur Disney+ ont déçu les fans. Andor a une lourde responsabilité, alors même que la série a retardé sa diffusion de quelques semaines pour éviter le match entre House of the Dragon et Les Anneaux de pouvoir. Une démarche peu rassurante, qui plus est lorsque Lucasfilm décide de sortir les trois premiers épisodes d'une traite pour attirer le spectateur. Aveu d'échec ou stratégie payante ?

 

Andor : photo, Diego LunaSalopard de rebelle

 

Un lancement andolori

Qui a demandé une série sur le personnage le moins intéressant de Rogue One ? C'est la question qu'on est tenté de se poser en lançant les premiers épisodes d'Andor, la nouvelle série spin-off de Star Wars. Pour changer, direction l'interstice entre La Revanche des Sith et Un nouvel espoir, afin de découvrir comment le cador de la Rébellion Cassian Andor (incarné par un Diego Luna toujours impliqué) a rejoint le combat contre l'Empire.

Si l'idée paraît assez ronflante, on comprend ce qui a poussé Lucasfilm à valider ce projet : plus le temps passe, et plus Rogue One s'impose comme le meilleur Star Wars de l'ère Disney, loin devant le pétard mouillé qu'a été la postlogie. Pourtant, le film de Gareth Edwards aurait pu y laisser des plumes, la faute à une production chaotique qui, pour une fois, a été sauvée par de multiples réécritures et reshoots.

En ne regardant que les agrégateurs d'avis sur Internet et les scores au box-office, lancer la production d'un prequel ne pouvait qu'être une bonne idée. A posteriori, on peut dire que Disney a sans doute surestimé la réception de Rogue One, en plus d’avoir choisi la voie de la facilité pour un spin-off (franchement, à ce niveau-là, donnez plutôt une série au personnage de Donnie Yen !).

 

Andor : PhotoLe dépaysement made in Star Wars : Rouen après l'incident de Lubrizol

 

Néanmoins, Andor rassure dès ses premières minutes, où la caméra portée affirme une continuité avec la mise en scène d’Edwards, chevillée à des corps qui rendent l’échelle de l’univers encore plus massive. Face au système tentaculaire de l’Empire, nous voilà du côté des petites mains qui vont changer les choses, et instiguer un virus progressif dans cette machine totalitaire trop bien huilée.

De ce point de vue, la série a le mérite de se démarquer de ses congénères par l’évidence de son cap, donné par Tony Gilroy, scénariste accompli de la saga Jason Bourne, réalisateur de Michael Clayton et supposé sauveur du bourbier Rogue One. La musique singulière de Nicholas Britell (qui amène du piano et des sonorités rock dans l’écosystème musical de Star Wars) et la photographie délavée donnent le la : Andor se cherche une identité à des années-lumière des autres productions Star Wars.

 

Andor : photo, Diego LunaLe Commodore 64 des droïdes

 

Andormissement

D’un côté, cette nécessité est en accord total avec le principe de la série, qui s’attarde sur le rassemblement de peuples de plus en plus songeurs face à la suprématie de l’Empire. Loin de la dimension mythologique forcée par Boba Fett ou Obi-Wan Kenobi, Gilroy tient à rester à hauteur de citoyens, et capte le quotidien de communautés qui essaient de se (re)construire.

C’est bête à dire, mais assister au rituel du responsable d’un clocher, ou voir deux personnages partager un lit convoque une humanité plus tangible que jamais dans cet univers de science-fiction régi par sa teneur politique. En s’éloignant des puissants et des chevaliers magiciens, Star Wars rappelle à qui est dédié ce combat ancestral contre le Mal, tout en l’emportant dans des zones de gris.

 

Andor : photo, Fiona ShawMamie rebelle

 

De l’autre côté, cette quête de sens est hautement plombée par son protagoniste, qui depuis Rogue One se définit par sa manière d’être une arme obéissante de la Rébellion, un être effacé derrière sa fonction. Bien que la série s’efforce via un flash-back paresseux (et inutilement saupoudré le long des deux premiers épisodes) de forger le passé de Cassian, il n’en demeure pas moins le personnage le moins intéressant au sein d’une nouvelle troupe engageante.  

On peut y voir un aveu d’échec, amplifié par la teneur de premiers chapitres à la rythmique laborieuse. À force de s’imposer des formats de 40 minutes, Disney+ se tire ici une balle dans le pied. Andor a juste trop d’éléments à introduire pour emporter l’adhésion lors d’un pilote qui envoie balader les codes essentiels d’une entrée en matière efficace.

 

Andor : photo, Diego Luna, Stellan SkarsgårdQuand Stellan est là, tout va

 

C’est bien simple, il faut attendre la fin de l’épisode 2 pour avoir un semblant d’élan, oserait-on parler de cliffhanger timide, pour entrevoir la promesse d’un récit en pleine expansion. C’était déjà le problème d’Obi-Wan, mais l’univers de Star Wars incite les créateurs à prolonger plus que de raison l’appel à l’aventure de ses protagonistes, et donc une stagnation avant que l’élément perturbateur du récit n’ait un réel impact.

En bref, les deux premiers épisodes pourraient être condensés en un seul, et Lucasfilm ne semble pas s’interroger sur la pertinence d’adapter ses structures sérielles aux demandes de sa narration, plutôt qu’aux désidératas rigides de sa plateforme.

 

Andor : photo"J'ai une gueule de méchant ou bien ?"

 

Sauvetage express

Fort heureusement, Andor se rattrape avec l’arrivée de Stellan Skarsgård, qui non seulement vole la vedette en tant que rebelle mystérieux et charismatique, mais permet à l’ensemble de passer la seconde. A vrai dire, la série impressionne avec son troisième épisode, aussi tendu que pleinement accompli dans son postulat initial de mise en scène. Comme un bourgeon qui a juste mis un peu trop de temps à éclore, la création de Tony Gilroy se révèle au spectateur lors d’un affrontement où le montage nerveux est toujours au service de la stratégie des combattants.

Entre la malice d’une séquence autour de poids décrochés de leurs chaînes et le siège d’une place de village, Andor convoque une véritable ambiance de guérilla urbaine, sublimée par sa propension à capter un bouillonnement insurrectionnel. À partir de là, la série choisit même de faire un pas de côté passionnant, en s’attardant moins sur ses héros que sur ses antagonistes, troufions aux dents longues d’un service de sécurité privé à la solde de l’Empire.

 

Andor : photo, Diego LunaUne scène d'action bien cool

 

Mine de rien, Gilroy s’attache à faire ce qu’aucune production Star Wars n’a pu faire à ce niveau auparavant : comprendre comment des quidams acceptent de leur plein gré de rejoindre un ordre oppressif. Plutôt que de s’attarder sur cette force déshumanisée que représentent les Stormtroopers, on parle d’humains à la personnalité distincte, ce qui est fatalement plus effrayant, surtout quand il est question de bavure policière.

Andor développe ainsi les rouages d’une machination qui semble plus colossale que jamais dans l’univers de Star Wars, surtout grâce aux grandes étendues que la caméra se permet de filmer (et en remettant un peu le StageCraft au placard). En somme, une vraie proposition de récit d’espionnage politique aux ramifications insoupçonnées. Dommage que le démarrage soit aussi difficile, mais on a forcément hâte de découvrir la suite.

Les trois premiers épisodes d’Andor sont disponibles sur Disney+ à partir du 21 septembre 2022.  

 

Andor : photo

Tout savoir sur Andor

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Pat Rick
23/09/2022 à 20:21

Vu les 2 premiers épisodes qui n'ont de passionnant à suivre.

yellow submarinee
23/09/2022 à 04:29

mais whaaaaaat ???

d'un coté on a la bouse miss marvel et de l'autre andor ? mais c'est le grand écart chez disney.

quelle claque cette série, que c'est soigné, mais que c'est bon.

vivement la suite

Kyle Reese
23/09/2022 à 00:59

1 er épisode très bon surtout le début, un coté Blade Runner en effet.
Techniquement très réussi, décors, design, sfx, photo, musique.
C'est très réaliste, très crédible.

Le deuxième est un développement du second effectivement pas forcément nécessaire mais toujours bien fichu. Ça prend un peu trop son temps mais c'est riche visuellement donc ça va encore. Bien sur il y a déjà quelques clichés ça et là mais rien de bien méchant, c'est du classique pour une histoire de ce genre.

Le 3 ème déchire bien. Ca décolle enfin vraiment. On comprend à la fin ou ils voulaient en venir avec les flashback de son enfance. j'ai apprécié le fait que leurs dialogues ne soient pas traduit, un coté immersif qui ne me dérange pas au contraire. Et ensuite on comprend que le destin d'un homme nommé Cassian Jeron Andor est en route, un futur rouage essentiel à la résistance qui a déjà été sauvé 2 fois par de bonnes âme guidé surement par leur instinct que cette homme à l'aspect banal pas très futé mais de bonne volonté et courageux pouvait changer le cours des choses.

Bien aimé au contraire cette bande de policierss militaire pas très malins totalement imbues de leur personnes et status, prétentieux, serviteurs aveugles du pouvoir, persuadé d'être du bon coté de la barrière. Celui de la peur, de l'ordre, de l'autorité, de la domination et de la répression.

J'espère que le rythme sera calé sur ce dernier épisode qui coche presque toutes bonnes cases. Série très quali qui va j'espère prendre maintenant une toute autre ampleur.

Rick Hunter
21/09/2022 à 23:06

Hi, 1er ressenti à chaud, je viens de m'envoyer les 3 épisodes, alors pour moi l'épisode 2 ne sert à rien, il faut le virer direct, nul !
Ensuite, le 1er épisode n'est pas désagréable, l'ambiance poisseuse est plutôt bien rendue, j'aime ce ton froid et humide qui rappel un peu et de loin Blade Runner.
L'épisode 3 est le plus réussi, sauf les dialogues de l'équipe de bras cassés qui vont envahir une planète qu'ils ne connaissent pas, cette équipe de loosers est vraiment composée de debilitos ! Ensuite, j'ai trouvé lourdingue les flash-back du gosse dans la forêt avec ses congénères troglodytes, ce n'est pas traduit on comprends pas ce qu'ils disent, ça sert pas à grand chose.
Si les épisodes suivants augmentent ou tiennent le rythme de la fin de l'E03 alors on pourrait avoir une surprise, sinon on retournera cueillir des fleurs aux buttes Chaumont

Bar bar Jing jing
21/09/2022 à 19:03

Bon.

Le positif:

Effets spéciaux, design général, mise en scène, on retrouve la techno crasspec de Starwars la Trilogie, le droid B.

Le négatif:

Les dialogues, les flashback sur "l'île des enfants perdus" façon Hook de Spielberg qui cassent un rythme déjà très lent, l'histoire qui tient sur un timbre poste mais qui est délayée sur les trois premiers épisodes. Trois épisodes pour présenter au final deux personnages alors qu'on expose au moins six qui pour la plupart ne serviront à rien pour la suite.

Tout le côté anti-héros à la moral à géométrie variable est traité avec les pieds. On pouvait croire dans Rogue One que Andor est un type près à tout pour arriver à ses fins et qu'il est particulièrement cynique. Tous les résistants ne sont pas des gens biens. Parmis eux il y a aussi des gens qui agissent pour leur propre compte. Non, en fait, cet Andor-là est juste un type qui fait n'importe quoi. Il se croit malin mais c'est juste un loser. Il se met dans des situations dont il perd le contrôle et s'enfonce toujours plus loins dans les problèmes. Ça ne colle pas avec Rogue One.

Dans le négatif on peut ajouter la photo particulièrement sous-ex et monochrome. C'est commun à toutes ces prods qui sont étalonnées en post prod. C'est terne, et ça rajoute à l'ennui général ressenti devant près de trois heures, où tout ce qui se passe aurait pu tenir sur un seul épisode avec de l'action plus nerveuse, un montage coupant dans le gras et tout un tas de scènes très dispensables.

Bref, ça prétend être du cinéma et par moment ça en est, mais au final, c'est juste prétentieux et chiant.

jchanson
21/09/2022 à 16:38

Andor, ça endort.

Hailde
21/09/2022 à 15:11

Et bien surpris, très bon 1er épisode. Je ne m'y attendais plus de la part de Disney. Bien joué. Accrocheur, mature, sombre mais pas glauque, pas d'esbrouffes ou de fan service à outrance. Vraie série d'espionnage dans un starwars, bref que une série indé ou d'auteur . Gilroy, l'héritier de l'empire !

Nyl
21/09/2022 à 14:00

@EmperorKouado NM

Tu tends le bâton pour te faire battre, toi.

Non, SW et le MCU n´ont absolument rien à voir. Et faire un cross over serait la pire idée qu'on puisse avoir.

Emperorkouado NM
21/09/2022 à 12:03

@birdy en roue libre

En fait, l'univers est tellement vaste qu'il ne serait pas idiot de penser que les personnages du mcu existent dans l'univers star wars.

Morcar
21/09/2022 à 09:20

@Birdy, en effet, vu tout ce que j'ai pu lire sur les différentes séries Star Wars (j'ai tenu 3 épisodes de "The Mandalorian" avant d'abandonner, jamais rien vu des autres séries), je pressens que la série va s'étirer en longueur etc... J'attends de savoir de manière générale comment est la série avant d'envisager de la voir.
J'ai très bien vécu sans voir les autres séries, je pourrai sans celle-ci aussi.

Plus