Elite saison 3 : que vaut le retour meurtrier de la telenovelas Netflix ?

Alexandre Janowiak | 13 mars 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 13 mars 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Netflix a explosé les compteurs en rachetant les droits de diffusion à l'international de La Casa de papel fin 2017, et a tout de suite compris qu'il y avait un filon à tirer du côté hispanique. Alors que Les demoiselles du téléphone cartonne, Netflix a aussi exploité le potentiel avec ÉliteAprès deux saisons, la troisième débarque ce 13 mars. On vous donne notre avis sur les deux premiers épisodes avant un bilan complet.

 

 

LARD DU VIDE

Lors de son arrivée sur Netflix en septembre 2018, Élite espérait surfer sur la vague Casa de Papel créée quelques mois plus tôt, d'autant plus avec certains acteurs tout droit sortis du phénomène. Force est de constater que, si les chiffres d'audiences de la série ne sont pas connus, le succès a été au rendez-vous puisque les créateurs et Netflix ont renouvelé la série pour une saison 2. Une deuxième salve d'épisodes plus qualitative techniquement que la saison 1, mais extrêmement faible sur le plan scénaristique et plongeant ses personnages dans l'excès le plus total.

Souvenez-vous, la saison 1 racontait l'enquête sur le meurtre de Marina (María Pedraza) avant que l'on découvre, nous spectateurs, le coupable en fin de saison (Polo incarné par Álvaro Rico) sans qu'il ne se dévoile aux personnages. La saison 2 se concentrait alors sur la disparition du personnage de Samuel (Itzan Escamilla) qui l'avait montée de toute pièce afin de découvrir le meurtrier et lui faire payer le prix du meurtre de Marina dont il était amoureux.

 

Photo Miguel Bernardeau, Álvaro RicoGuzman, face au meurtrier de sa soeur, sans le savoir

 

Dans la dernière ligne droite, Polo était dénoncé par son ex-petite amie Carla (Ester Expósito) et finissait par être arrêté... avant qu'il soit finalement relâché par la police quelques jours/semaines plus tard et revienne comme si de rien n’était au lycée dans un cliffhanger haletant (non). Concrètement, la saison 2 contenait donc une histoire digne d'une telenovelas dont la narration à coups de flashforwards et flashbacks alourdissait l'intrigue déjà banale et bourrée de facilités scénaristiques.

On pouvait légitimement craindre la saison 3, dont le retour a été rapide (seulement six mois après la deuxième saison), puisque le meurtre de la saison 1 et ses enjeux n'ont toujours pas été clos. Qu'en est-il vraiment après deux épisodes ? Indubitablement, les craintes se confirment sans trop de surprises. 

 

Photo Álvaro Rico, Ester ExpósitoL'heure de  la confrontation

 

ELITE SQUAD

Dès le début de cette saison 3, on comprend très rapidement que les scénaristes n'ont pas souhaité faire dans l'originalité. À l'image de la saison 1, c'est un nouveau meurtre qui va concentrer l'intrigue majeure de la série et non des moindres puisque c'est... Polo en personne qui a été tué dans une boîte de nuit d'un coup de couteau avant d'être poussé dans le vide (on se croirait presque dans Cluedo).

Reste donc à savoir qui est l'auteur ou l'autrice du meurtre, et la série va donc construire son récit sur une série d'interrogatoires des personnages principaux se déroulant après le meurtre au milieu de la boîte (lol), mais aussi des flashbacks se déroulant six mois plus tôt (à la fin de la saison 2 en gros). On retrouve donc chaque personnage face à ses regrets, ses doutes et sa surprise suite à la révélation et au procès qui devrait se préparer pour juger Polo.

Sauf que problème : lors de la confrontation devant le juge, Carla fait finalement marche arrière et affirme que Polo n'a rien à voir avec le meurtre de Marina (alors que si si, c'est bien lui, elle l'aime trop et veut le couvrir). Toute l'enquête policière des deux premières saisons tombe donc à l'eau et les haines et trahisons entre les personnages vont recommencer de plus belle avec ce retournement de situations.

 

PhotoMais qui a bien pu tuer Polo ? Suspense de folie 

 

Durant ses deux épisodes, Élite prouve donc à quel point elle est incapable de se sortir de son point de départ. En s'obligeant à garder son intrigue originelle au centre, elles empêchent d'ouvrir de nouvelles perspectives à son récit (toujours aussi peu subtil), à ses personnages (toujours aussi caricaturaux) et à sa narration (toujours aussi lourde et passant du coq à l'âne).

Le nombre de sous-intrigues qui accompagnent l'histoire principale frise d'ailleurs le ridicule tant elles sont développées de manière négligée (exception faite de la maladie grave dont est atteint un des lycéens), sont basiques et élémentaires. À côté de cela, on retrouve toujours l'amour sempiternel de la série pour les dramas familiaux trashs (inceste), les clichés religieux (le personnage de Nadia tristement caractérisée quasi exclusivement par sa foi), la drogue excessive et la sexualité prégnante.

Un dernier sujet classique pour du young-adult mais souvent servi à outrance (au moins deux ébats par épisode quasiment), de façon peu réaliste, voire parfois sulfureuse. Par ailleurs, les relations sexuelles entre les mineurs sont, par exemple, toujours non-protégées, envoyant un message potentiellement malvenu au jeune public, supposant que le sexe n'a jamais de conséquences.

 

photoDes boîtes très modernes, mais on s'en fout un peu 

 

ELISUITE ALORS ?

Bref, en deux épisodes, la saison 3 d'Élite ressasse d'ores et déjà toutes les facettes noires qui l'ont forgée durant ses deux premières saisons. Et ce n'est pas l'arrivée sur le devant de la scène des adultes (en mode Riverdale) qui va apporter un peu de profondeur tant ces derniers semblent encore plus dégénérés que leurs progénitures.

Heureusement, au milieu de ce gloubi-boulga fantasque, la série semble parti pour développer (ou en tout cas, essayer) de nouvelles thématiques après le deuil dans les premières saisons comme la rédemption, le pardon, la bienveillance ou la vengeance. Mieux, quand on sait qu'une grande majorité du public ciblé par la série à moins de 25 ans, on peut même se féliciter que la drogue soit décrite, enfin, comme quelque chose de malsain et dangereux à travers le personnage de Valerio (Jorge López), exubérant, mais surtout totalement fêlé à cause de son addiction à la cocaïne et des ravages de sa consommation.

 

Photo Jorge López"Holà, me llamo Valerio, je couche avec ma soeur et je sniffe de la poudre, y tu ?"

 

Au-delà, rien de très alléchant, et il reste juste à espérer que l'arrivée de nouveaux personnages lance des intrigues plus séduisantes. Car pour le moment, le programme de cette saison 3 de Élite semble tout tracer. Les amourettes vont s'enchaîner, les plans cul se multiplier, les alliances de circonstances et trahisons rocambolesques s'accumuler et l'on va finir par savoir qui a tué Polo lors du dernier épisode, ce qui devrait amener à un cliffhanger final ridicule histoire de ne pas fermer l'intrigue, encore une fois.

À moins que... la série décide enfin de prendre de la hauteur ? En effet, cette saison 3 pourrait fermer l'arc des lycéens de Las Encinas pour laisser place à une saison 4 en forme de semi-reboot avec un nouveau casting et donc de nouveaux personnages, enjeux et intrigues. C'est une rumeur qui circule depuis quelques mois et à la vue de ses deux premiers épisodes, c'est bien ce qui semble se tramer.

Les arcs de la rédemption, de la vengeance voire de la solidarité semblant être au coeur du récit, on imaginerait bien un final dans le sillage du Crime de l'Orient-Express et de sa révélation finale, ce qui ne serait pas pour nous déplaire (il était temps). Ceux qui n'ont pas lu le roman mythique d'Agatha Christie ou vu les adaptations cinéma (notamment l'excellente de Sidney Lumet, celle de 2017 étant très bof), on ne vous spoile pas et on vous invite à découvrir ça très vite. Pour les autres, vous savez ce qui pourrait vous attendre.

La saison d'Elite est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 13 mars 2020. Les saisons 1 et 2 sont aussi disponibles sur la plateforme.

 

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