X-Men : la série animée mérite t-elle vraiment d'être culte ?

Prescilia Correnti | 17 décembre 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Prescilia Correnti | 17 décembre 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Parmi les dessins animés des années 90, peu d’entre eux ont encore le privilège d’être tenus en estime. On se souvient tous de Batman, la série animée, Spider-Man, de la Justice League ou encore des X-Men.

Quelle histoire que celle des X-Men ! Qu’ils livrent leurs aventures en film, en comics ou en séries animées, qu’il est dur pour le public de suivre avec constance leurs différentes publications. Pourtant, les X-Men sont bien plus intéressants qu’ils n’y paraissent de prime abord. Derrière le visage hargneux de Wolverine, ou le regard cynique de Tornade, se cachent des hommes et des femmes aux histoires bouleversantes, tragiques. Miroir de notre société moderne qui n’accepte pas et craint la différence, les X-Men sont là pour représenter la disparité.

Craints, détestés, mis en cage par des politiciens envieux de leurs pouvoirs, ces mutants représentent la fracture d’un monde malade où l’homme est un loup pour l’homme. Plus qu’un récit d’hommes et de femmes aux dons surnaturels, les X-Men ce sont des aventures attendrissantes, humaines, et politiques, qui n’attendent qu’une chose : être aimé au grand jour. L’occasion pour nous de revenir sur la série (maladroite) des années 90 de Larry Houston, Fred Miller et Richard Bowman.

 

 

LES DÉBUTS

Nous sommes en 1964. Stan Lee et Jack Kirby introduisent un nouveau panel de super-héros dans l’univers Marvel. Après avoir franchi le parallèle de la guerre froide et de la guerre de Corée, puis de la peur du communisme, les scénaristes de Marvel décident de s’intéresser de plus près aux conséquences du nucléaire sur l’Homme. Ainsi les Mutants sont nés.

Aux côtés de Kirby et de Martin Goodman, Stan Lee part du principe qu’il existe, depuis l’apparition de la vie sur Terre, une race avancée de l’humanité, les mutants. Avec des méchants charismatiques, des pouvoirs hors du commun et cette faculté d’être plus « proche » des lecteurs modernes, le titre avait de quoi marcher. Sur le papier.

Pour autant, l’équipe de Charles Xavier a toujours eu du mal à percer le coeur des fans. Pourquoi ? Sûrement à cause de ses scénarios peu solides ou de son manque de personnages charismatiques. La faute aussi, sans doute, à la naissance deux années auparavant d’Iron Man, devenu aujourd’hui l’un des super-héros les plus populaires de la franchise. Il faudra tout de même attendre plus de dix pour que ces mutants puissent connaitre la renaissance qu’ils méritaient depuis leur début.

 

photoQuand tu tiens la chandelle  

 

1975. Chris Claremont, le grand, le seul, l’unique, prend les commandes du titre et impose avec maestria sa plume. De son arrivée dans le paysage des X-Men, nait le véritable âge d’or de ces super-héros. Il reprend les bases initiées par Lea Wein et Dave Cockrum et introduit de nouveaux personnages qui feront la force du titre. En plus de la troupe originelle, on compte désormais Diablo, Tornade, Colossus, Thunderbird, Charles Xavier, le Hurleur et… Wolverine.

Par la suite, les X-Men rencontreront les Shi’ars, le Club des Damnés, combattront l’une des leurs dans Dark Phoenix et gagneront en maturité et en complexité. Un parcours général un peu chaotique qui, encore aujourd’hui, a du mal à trouver sa voie, et va se retrouver dans la chronologie de la série. Laquelle oscille entre le très bon et le « on préfère oublier ça ».

 

photoQuand tu entends trop de blagues sur ton masque qui ressemble à Batman 

 

MUTANTS UN JOUR, MUTANTS TOUJOURS

L’épisode 1 de la saison 1 "Night of the Sentinels" rentre directement dans le sujet. Les spectateurs découvrent pour la première fois sur petit écran la première équipe des X-Men, avec quelques réajustements, puisqu’en plus de Cyclope, Charles Xavier, Jean Grey et le Fauve, on retrouve Gambit et Jubilee. Deux personnages qui n’ont pas réellement attiré les foules dans les publications comics et qui pourtant ont droit à leur part de gloire.

Tout au long du show télévisé, les super-héros et méchants des comics feront des apparitions régulières sans pour autant qu’il y ait une trame cohérente quant à leur arrivée et/ou départ. X-Men : la série animée suivra donc au cours de ces cinq saisons de diffusion Charles Xavier alias Professeur X, dirigeant son équipe de mutants phares, ainsi qu'une poignée d'ex-X-Men qui apparaîtront sporadiquement, sans trop savoir pourquoi. Parce que c'est comme ça. 

 

photoEntre X-Men Star Trek, il n'y a pas qu'un pas 

 

Le visuel des premiers épisodes était quelque peu flou, baveux et « gentillet », mais la série incarnait avec perfection l’esprit des comics. Cependant, ce n’était pas là ce qui allait faire sa force. C’était plutôt sa capacité à raconter des histoires qui permettaient aux téléspectateurs de s'investir émotionnellement.

Tous les personnages principaux et certains méchants avaient au moins une poignée d'histoires intéressantes à raconter au public et la façon dont ils communiquaient, ou se disputaient les uns avec les autres, rendait la série excitante à regarder. Plutôt que de les laisser être des accessoires unidimensionnels qui pourraient être utilisés pour des séquences d'action bourrines, chaque personnage se sentait pleinement réalisé et avait sa propre façon unique de parler et de gérer les situations, ainsi que de former ses propres relations avec les autres X-Men. 

 

photoQuand t'es aussi bodybuildé qu'Arnold Schwarzenegger

 

UN SHOW EN CONSTANTE MUTATION

Si le style artistique était, disons, plaisant à regarder, la qualité de l'animation pouvait varier considérablement d'un épisode à l'autre, selon le studio qui était derrière l’épisode. C'est bien simple : ce n'est pas moins de cinq maisons de productions différentes qui se sont succédé à l'animation de la série. Une pour chaque saison, au moins, il n'y a pas de jaloux.

Dans la première saison qui était sous le contrôle de Saban Entertainment, les héros manquaient souvent de fluidité dans leurs mouvements, ce qui donnait aux parties du corps un aspect robotique. D’autres épisodes, en revanche, réussissaient à véhiculer parfaitement la notion de mouvement et de liberté, notamment dans le brillant épisode de Dark Phoenix au cours de la saison 2. Laquelle est d'ailleurs considérée un peu comme un ovni dans la série tant son exécution est parfaite et sans fêlure. Pour l'anecdote, elle était produite par Marvel Entertainment.

 

photoQuand tu te cherches capillairement parlant

 

Le plus gros souci qui a traversé la série durant ces cinq saisons de diffusion, c’est bien le manque d’une structure scénaristique cohérente et logique. Un peu ironique quand on pense que les comics subissent le même sort. Essayez de vous poser calmement sur le fil rationnel des saisons et vous vous demanderez alors pourquoi Jean est soudainement de retour, qui est Darkstar, ou pourquoi nous suivons un mutant en Écosse ?

Malgré tous ces défauts qui crèvent les yeux, mais que nous aurions tendance à oublier très vite, X-Men compense ses faiblesses par des histoires fortes, des personnages principaux attachants, un style artistique basé sur l'œuvre unique de l'incomparable Jack Kirby (puis plus tard de Jim Lee) et grâce à l'inoubliable chanson du thème principal. Tout aussi culte que l’ouverture de « L’homme-araignée » de Spider-Man des années 1960.

Alors certes, il y a plus qu'une poignée d'épisodes oubliables et la cinquième saison ne vaut pas la peine d'être regardée. Certes, la série fait tomber les téléspectateurs dans des épisodes sans expliquer qui sont certains des personnages à l'écran, et il y a un certain nombre d'incohérences dans la continuité narrative. Mais X-Men a dans ses bons moments offerts certains des meilleurs récits superhéroïques à n’avoir jamais honoré le petit écran. Par exemple, l'excellent épisode de Days of Future Past en deux parties vers la fin de la première saison. 

 

photoLa bonne version du Club des Damnés

 

MIROIR DU MONDE MODERNE

Nombreux sont les thèmes qui sont apparus dans X-Men. L'un des plus répandus, à savoir l'intolérance à l'égard des mutants, établit des parallèles étroits avec les problèmes de relations interraciales modernes. D'autres questions telles que les préjugés, l'holocauste, le sida, le génocide et la gentrification ont toutes été abordées d'une manière ou d'une autre dans la série.

L'une des forces de X-Men était qu'elle pouvait s'emparer de l'une de ces problématiques majeures afin de créer des épisodes associés qui pouvaient ne pas reposer essentiellement sur l'action, mais qui pouvaient au contraire être purement narratifs. En se concentrant par exemple sur le caractère émotionnel d'un personnage et en s'appuyant entièrement dessus.

 

photoSi vous n'aimiez pas Cyclope, ça va être compliqué pour vous

 

Beauty & the Beast, un épisode particulièrement attendrissant, met efficacement en lumière comment la série animée pourrait s'attaquer avec sensibilité aux préjugés sans laisser de côté son audience principale, la jeunesse. Dans cet épisode, le Fauve travaille sur une procédure qui permettrait à une femme aveugle de recouvrer la vue en cas d'attaque d'un groupe anti-mutants ironiquement nommé "Friends of Humanity ". 

Le Fauve tombe éperdument amoureux de l'une de ses patientes, Carly. Malheureusement, le père bigot de cette dernière n'approuve pas cette relation, selon lui malsaine, et exige que "le mutant" soit enlevé. Le personnage de Fauve qui essaie d'ignorer la violence, est prêt à quitter l'hôpital à la demande du paternel, mais devient furieux quand Carly est enlevée par des membres de la secte Friends of Humanity et risque sa propre vie pour la sauver.

 

photoTornade qu'on aime toujours d'amour 

 

Autre exemple : l'épisode 18 de la saison 3, intitulé Nightcrawler, se focalise sur un mutant à la peau bleue, mais au coeur tendre, appelé Nightcrawler, ou Diablo en VF, et qui est considéré comme un démon par les religieux locaux. Craignant d'être attaqué par les habitants s'ils le voient, Diablo préfère se cacher et ne jamais se révéler au grand jour.

Pourtant, même s'il est contraint de vivre reclus, haï à cause de son apparence démoniaque, il reste ferme dans ses convictions et dans sa foi envers l'humanité. En l'occurrence, vers la fin de l'épisode, ce dernier explique comment il utilise la religion pour garder la foi à laquelle Wolverine, quelqu'un qui a subi un torrent d'atrocités dans sa vie, répond "Nous sommes des mutants ! Dieu nous a abandonnés il y a longtemps !".

 

photoMiroir, Miroir... 

 

C'est cette intolérance (ou jalousie) des humains qui a fragmenté les mutants en raison de leurs points de vue divergents. Certains ne souhaitent rien de plus que de vivre en paix parmi les hommes tandis que d'autres croient appartenir à une race supérieure qui mérite de gouverner les humains. Charles et Magneto sont les antithétiques qui incarnent parfaitement cette dualité et qui sont aussi les deux mutants les plus importants de la saga.

Charles, leader des X-Men, permet aux mutants de vivre tranquillement et sans crainte dans son manoir, aide les gens dans le besoin, passe une partie de son temps à s'opposer à la législation anti-mutants et essaie de résoudre les problèmes sans recourir à la violence. Magneto, quant à lui, a très peu de contraintes et est prêt à causer des dommages à grande échelle si cela peut l'aider à atteindre l'égalité ou la supériorité pour les mutants. Prenez le temps de lire House of M, vous allez être bluffé.

Plus tard dans la série, il est révélé que la haine de Magneto pour les humains provient de la façon dont les mutants ont été traités au cours de sa jeunesse. Dans l'épisode Deadly Reunions, il exprime les raisons pour lesquelles il ne pardonnera jamais aux humains et pourquoi il souhaite créer un monde où les mutants ne peuvent être blessés. Certains épisodes se concentrent sur cet aspect et le montrent en train d'essayer de créer un monde ou un environnement où les mutants peuvent vivre entre eux, sans craindre d'être persécutés.

 

photoDeux visages emblématiques

 

EN BREF... POURQUOI C'EST CULTE ?

À la fois épique et dramatique, stupide et grotesque, X-Men : la série animée est un morceau de nostalgie des années 90 qui ne serait probablement pas fait de la même façon de nos jours - et qu'on ne saurait probablement pas apprécier de la même façon. Fidèle aux comics, elle abordait des sujets sensibles comme le racisme et l'intolérance, et s'attaquait même à la notion de Dieu et de religion dans un excellent portrait touchant de Diablo.

X-Men a souffert de curieux problèmes de production d'épisodes et le style d'animation a muté, de Jim Lee anime à la ligne de production Bible Adventure cartoony. Le show semblait souvent conscient de ses défauts, car il ne cessait de faire apparaître et disparaître le personnage de Morph - le professeur X disait souvent à Morph qu'il n'était "pas prêt à revenir dans l'équipe".

X-Men a commencé à plat, a atteint des sommets incroyables avec les épisodes autour de Dark Phoenix, Nightcrawler et Days of future of past ainsi que d'autres intrigues à plusieurs arcs... et est revenu au niveau où il avait commencé, terminant avec le final intitulé Graduation Day. Remise des diplômes. Rideau. Fin. Mais chapeau quand même. 

 

Affiche officielle

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commentaires
BATMALIEN
16/12/2023 à 17:03

Bon article dont je partage l'avis mitigé : d'un côté des persos attachants avec des dialogues bien écrits et des thématiques fortes, et de l'autre une animation mauvaise, des tonnes d'incohérences et des litres d'absurdité.

Cette série animée est légèrement meilleure que celle sur Spider-Man ('94), mais les deux sont à des années-lumière de l'excellence de celle sur Batman ('92).

Tkotn
17/12/2020 à 17:09

Gambit personnage qui n'a pas eu de succès ????????????
La blague il a eu le droit à ces one shot la romance avec rogue, le twist avec les morlocks.
Et de mémoire il apparaît même dans les 2099 de Marvel...
Présent dans quasiment tout les jeux vidéo depuis sont arrivé...
Après la série à très mal vieillie. J'ai encore les VHS de l'époque.
Arrêter la promo pour Netflix...
Quand c'est pas bon faut juste le dire.

Marvelleux
17/12/2020 à 17:02

Netflix: x-men (mad house)
Disney+:x-men (fox Kids)

Gregdevil
17/12/2020 à 16:13

Alala la bourde, j'avais la hype en plus ! Go licencier Prescilia !!

Rayan Montreal
17/12/2020 à 15:58

Un peu que c est culte mon neveu

Cmdtp
17/12/2020 à 15:39

C’était une série pour les richoux car il fallait avoir le câble ou satellite pour l’avoir ^^

Contrairement à Batman, la vrai série culte de l’époque

Daron
17/12/2020 à 15:34

Merci pour cette article intéressant mais malheureusement vous vous trompez comme le souligne Constantine.
Il ne s'agit pas de la série animée des années 90, qui doit d'ailleurs être ajoutée sur Disney + (ils l'avaient annoncé pour début décembre mais elle n'est toujours pas présente sur la plate-forme)

Constantine
17/12/2020 à 14:47

Écran large vous êtes à côté de la plaque...la série animé X-men arrivée sur Netflix cette semaine ( avec Wolverine) c’est la série produite par Madhouse ! Donc rien à voir avec votre article...

Guéguette
06/11/2019 à 09:43

Je vous la fait courte: non.

De rien.

Devil
03/11/2019 à 20:49

Vous avez un lien poue lez regarder ?

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