Désenchantée : notre bilan de la première saison de la nouvelle série Netflix du créateur des Simpson

Attendue comme le messie par tous les fans d'animation, Désenchantée est disponible sur Netflix depuis le 17 août. Nous avions pu en découvrir 5 épisodes en exclusivité. Il est maintenant temps de parler de la saison entière. Attention, on risque de SPOILER pas mal.

Pour ceux qui n'auraient pas lu notre papier sur les cinq épisodes de Désenchantée que nous avions vu en avance, on pourrait le résumer ainsi : "sympa mais pas top." En effet, la série montrait quelques limites embarrassantes, notamment en termes de structure, de réalisation et de rythme et on espérait que Matt Groening nous garde le meilleur pour la fin.

Est-ce que c'est le cas ? A-t-il réellement transformé l'essai ? Sa série est-elle digne de prendre la suite des Simpson et de Futurama ? Fin du suspense, on vous répond.

Elfo, Bean et Luci libérant la série ?

IL ÉTAIT UNE FOIS

Comme nous le disions il y a quelques semaines en conclusion, Désenchantée nous mettait dans une situation délicate et contradictoire où la série montrait un gros potentiel mais ne semblait pas, en l'état en tout cas, en mesure de s'en saisir et de le magnifier. Comme si Matt Groening et son équipe refusaient de prendre le sujet à bras le corps, de lâcher la bride et de vraiment laisser à Bean, Luci et Elfo la possibilité de nous montrer de quoi ils étaient réellement capables.

Que les fans se rassurent, la seconde moitié de la saison, et notamment les deux derniers épisodes, corrige nettement le tir. Sans trop en révéler, disons que la conclusion de la saison plonge au coeur des problématiques de ses personnages principaux même s'il faut bien le reconnaitre, la série en garde encore énormément sous le coude histoire de préparer une seconde saison.

Ainsi donc, le noeud dramatique principal de Bean (son besoin de reconnaissance par rapport à son père et son histoire douloureuse avec sa mère) devient le ressort principal. Quant au statut d'Elfo par rapport à son peuple, il prend une place capitale et importante pour l'histoire entière. Mais l'on regrette par conséquent que Luci soit le grand sacrifié du lot, le personnage n'évoluant pour ainsi dire jamais (ou alors très peu) tout au long de la série.

Donc, ceux qui attendaient un développement des héros en auront presque pour leur argent. Mais cela ne veut pas dire automatiquement que leur traitement est des plus réussis.

Face à une Féé Clochette qui a pris super cher

EN DEMI TEINTE

Car oui, autant l'avouer, Désenchantée ne nous a pas plus convaincu sur la longueur. Attention toutefois, on ne dit pas que la série est un échec. Ses épisodes restant conservent les qualités de ce que nous avions déjà vu à l'époque, notamment son humour cruel et vicelard, son cynisme touchant, ses quelques fulgurances et un univers riche et vaste dont nous n'avons découvert qu'une partie en tête. Mais force est de constater que le problème reste toujours le même : quelque chose manque à la série pour nous toucher et nous embarquer totalement et on n'arrive pas forcément à savoir quoi en particulier.

Cela tient peut-être à son rythme inégal, qui apporte une énergie totalement inadaptée au format choisi (10 épisodes de 25 minutes qui hésitent entre le filler assumé et l'intrigue fil rouge). A moins qu'il s'agisse de la répartition des éléments cruciaux de son intrigue, distillés de manière quelque peu maladroite par instants. Ou encore que cela soit du à la réalisation de l'ensemble qui ne tient pas la comparaison face à celle de Futurama par exemple.

On sent en effet que le budget est assez restreint. De fait, l'animation et les décors montrent régulièrement quelques faiblesses en se contentant du minimum syndical la plupart du temps. La direction artistique, elle, n'est clairement pas la plus inspirée de l'oeuvre de son créateur.

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Mais le problème semble davantage résider dans le traitement de son fond comique, dans son tempo, qui peine à suivre les ambitions de l'équipe. En fait, si les gags et les dialogues incisifs et percutants sont légion et la plupart du temps, très efficaces, on peut quand même déplorer d'énormes facilités de situation et des blagues rallongés bien plus qu'il ne le faudrait. Des défauts qui alourdissent gravement l'ensemble, même si tout cela reste bien plus subjectif au fond.

L'autre souci, et il est déjà plus fâcheux, c'est l'équilibre de son scénario qui ne semble réellement se réveiller que dans les deux derniers épisodes. Du coup, tout semble précipité et si les éléments posés pour la saison 2 fonctionnent, ils manquent la plupart du temps l'impact voulu parce qu'ils ont été mal préparés (notamment la conclusion du parcours d'Elfo).

ESSAIE ENCORE

Cependant, si ce que nous avançons ici teinte ce bilan d'une couleur bien sombre, il ne faudrait pas tout voir en noir. Désenchantée est loin d'être un échec.

La série est peut-être juste en deça de ce que nous espérions qu'elle soit. Son plus gros handicap viendrait peut-être de ses origines glorieuses et de la lignée qu'elle doit sublimer, ce qui nous empêcherait probablement de la considérer pour ce qu'elle est en réalité, autre que l'héritage d'un des plus grands créateurs du monde de l'animation.

Résultat, nous sommes aussi embarrassés que la dernière fois, nous sommes plus que tentés d'attendre la saison 2 avant de nous faire un véritable avis. Parce qu'en l'état, il est évident que Désenchantée n'a pas encore exploité son plein potentiel. Ce qui était pardonnable en mid-season l'est déjà moins à la fin de la saison.

Donc, évidemment, il faut regarder Désenchantée, cela reste très drôle bien que très long et ennuyeux parfois. En revanche impossible de d'affirmer honnêtement et sincèrement que nous avons là le digne successeur des Simpson et de Futurama. Et c'est peut-être là que réside notre principale déception. Comme si, au fond, le problème ce n'était pas la série pour le coup, mais bel et bien nous. Et ce n'est pas une sensation des plus agréables.

Au final, Désenchantée souffle constamment le chaud et le froid avec nos attentes. Drôle et en même temps énervante, elle ne parvient jamais à se hisser au niveau de ses glorieux ancêtres. Elle reste tout de même un spectacle d'une qualité certaine, parcourue de sacrées fulgurances et très intelligente.

La saison 1 de Désenchantée est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 17 août.