Mob Psycho 100 : notre avis sur le premier épisode de la série live disponible sur Netflix

Netflix continue son appropriation des mangas les plus populaires en diffusant une version live du génial Mob Psycho 100 produite par TV Tokyo. Une adaptation qui ne fera pas que des heureux.

En très peu de temps, le mangaka ONE s'est fait une place de choix dans l'industrie du manga avec deux oeuvres exceptionnelles : One Punch Man et Mob Psycho 100. Deux mangas qui prennent à revers deux genres pourtant très balisés : le récit de super-héros et la chronique adolescente teintée de super-pouvoirs. Les aventures de Saïtama, le héros le plus fort du monde (et c'est son principal problème dans la vie) avaient déjà surpris tout le monde par leur ton désenchanté qui apportait un humour ravageur tout autant que novateur et la série animée (disponible sur Netflix) était un événement au moment de sa sortie. Pour Shigeo Kageyama, alias Mob, c'est un peu le même délire.

Mob, une belle tête de gland

Mob est donc un lycéen un peu moche, pas du tout populaire et très réservé. Son rêve, c'est de plaire aux filles, ce qui est loin d'être gagné. Par contre, il possède une grande qualité : il dispose de pouvoirs psychiques incroyables. Ce que, malheureusement, il vit comme une grosse malédiction.

Il bosse pour Reigen Arataka, un médium de pacotille, qui exploite ses dons comme un gros sale en le payant une misère et qui l'a persuadé qu'il avait des pouvoirs supérieurs aux siens et se pose donc comme un mentor. En parallèle, Mob aimerait beaucoup plaire à Tsubomi Takane, une amie d'enfance jadis épatée par ses pouvoirs mais qui s'en est lassée. Bref, la vie d'un ado, même surpuissant, c'est assez pourri.

Forcément, comparé à l'original, ça se passe mal

L'EFFET FULLMETAL ALCHEMIST

Qui a vu le film live Fullmetal Alchemist (déjà sur Netflix) sait que la japanimation a de gros problèmes lorsqu'il s'agit de passer au format live : respect de la forme jusque dans des retranchements caricaturaux et trahison totale du fond. Et, malheureusement, la série Mob Psycho 100 n'échappe pas à la malédiction. On trouvait déjà assez osé de vouloir adapter ce manga en particulier, surtout après avoir vu l'excellente série animée qui en a été tirée et, malheureusement, une fois de plus, au final, c'est n'importe quoi.

Frissons de la honte

On passera rapidement sur la réalisation, digne du plus bas de gamme des dramas japonais existant, tout comme sur le jeu des acteurs, prisonniers d'une caricature exagérée tellement poussée qu'ils en deviennent gênants pour s'attaquer au vrai problème : l'histoire. Si, dans les grandes lignes, la série live respecte les personnages, dans le détail, c'est un véritable massacre. Ils semblent tous avoir perdu la nuance qui les rendait attachants et humains.

Reigen en est d'ailleurs la plus grande victime, relégué ici à un charlatan hystérique qui s'excite dans tous les sens pour être drôle sans jamais y parvenir alors que, dans le manga et l'animé, c'était quelqu'un de plus profond que cela, tiraillé entre son mensonge, l'exploitation éhonté de Mob et l'attachement réel qu'il avait pour lui et son évolution. L'air de rien, il le formait à devenir un adulte en prenant bien conscience du danger qu'il représentait s'il perdait le contrôle de ses pouvoirs.

Le frère de Mob, Ritsu, sans pouvoirs mais excellent élève, perd aussi énormément de profondeur au passage, ne devenant plus qu'un frangin envieux des capacités du héros. Et on ne parlera pas du club des télépathes, réduit uniquement au personnage de Tomé, en totale contradiction avec son homologue de papier. Celle qui avait monté un club uniquement pour glander dans une salle réservée avec ses potes et qui utilisait Mob pour faire survivre son stratagème, devient ici une vraie passionnée de la question qui travaille vraiment sur le sujet en mode lycéenne tête-à-claque digne de Riku dans Final Fantasy X-2.

Un jeu tout en nuances donc

MOB PSYCHO 0

L'autre grand souci, et il est dépendant de ses personnages, c'est le choix du traitement de l'histoire. Ici, l'intrigue prend des raccourcis énormes en se concentrant dès le premier épisode sur le club des télépathes. Il a beau ne durer que 25 minutes, cet épisode introductif en fait bien le triple en temps ressenti tant il manque de rythme et d'intérêt. La grosse erreur étant également de nous montrer les Espers dès l'intro, donc de nous crâmer un pan entier du récit dès le départ pour accrocher le spectateur à la mode occidentale alors que l'un des intérêts des histoires de ONE fonctionne sur la surprise.

On se demande bien ce qui a guidé le choix de cette adaptation (à part le pognon) tant elle échoue à retranscrire la moindre des qualités de son homologue papier ou animé. Comparez d'ailleurs le premier épisode de l'animé et celui de la série live et vous verrez l'ampleur du carnage (les deux séries comptent au total le même nombre d'épisodes).

Des baffes qui se perdent, sérieusement

On se retrouve encore avec une version sans âme d'une oeuvre excellente, sacrifiée sur l'autel de la rentabilité et du manque d'une réelle prise de risques. Si Netflix fait beaucoup de bien à l'animation en général, dès qu'il s'agit d'adaptation live, le network ferait mieux de s'abstenir d'acheter de tels programmes. Au terme de ce douloureux premier épisode, le constat est sans appel :

Pour ceux qui connaissent et apprécient l'oeuvre originale, Mob Psycho 100 n'a aucun intérêt. Pour ceux qui ne connaissent pas, ça peut passer mais ils ne comprendront pas la qualité réelle de ce manga. Bref, la série est perdante sur tous les plans et c'est bien pour ça que nous n'irons pas plus loin dans son visionnage.