Episodes Saison Westworld saison 4 épisode 3 : critique des mouches de l'Apocalypse

Notre critique de l'épisode 3 de la saison 4 de Westworld.

Depuis sa première saison en 2016, la série Westworld, créée par Jonathan Nolan et Lisa Joy, n'a cessé sa chute dans le coeur d'une grande partie du public - et de la critique. La saison 2 avait été moins bien accueillie que la saison 1, et la saison 3 de Westworld a encore plus refroidi le monde. La saison 4 apparaît donc plus importante que jamais, pour dessiner l'avenir de la série (écrite sur cinq saisons, en théorie).

Depuis un premier épisode d'exposition un peu mou, la saison 4 semble lentement mais sûrement monter en puissance, de manière étonnamment solide. Critique de l'épisode 3, Années folles.

super-bernard

Bernard est donc de retour. Laissé dans sa chambre de motel poussiéreuse dans la scène post-générique du dernier épisode de la saison 3, le personnage incarné par Jeffrey Wright n'a finalement pas eu droit à un immense saut dans le futur (comme William à la fin de la saison 2 ?) : il a simplement passé sept ans dans le Sublime, pour se réveiller pile-poil avec la saison 4. Bien pratique (sauf si...?).

De retour dans la réalité, Bernard est désormais une sorte de demi-Doctor Strange : il a vu toutes les possibilités de la vie, et sait qu'il n'y a qu'un seul moyen d'éviter l'apocalypse. Accompagné de Stubbs et surtout son nouveau don de prescience (sans oublier sa télécommande de Terminator, qu'il doit toujours avoir dans sa poche), il part donc en mission pour "sauver le monde". Garantie 100% sans détail, afin de créer un nouveau suspense paradoxalement fou, et fumeux.

Sublime créature

Après Maeve et ses super-pouvoirs super-flous, Westworld gagne donc un nouveau joker avec un personnage-alter ego des scénaristes, capable de tout voir, prévoir, et savoir. Difficile de ne pas y voir une grosse facilité (nouvelle promesse d'apocalypse, après l'avoir évoquée dans la saison 3) et/ou une balle tirée dans le pied (comment gérer un personnage qui sait tout, et comment créer la moindre peur ou tension autour de lui ?).

C'est d'autant plus inquiétant que c'était l'un des gros problèmes de la saison 3 : la rétention d'informations forcée par les scénaristes, avec une Dolores qui refusait d'expliquer ses intentions et ses plans à ses alliés, en dépit du bon sens, et simplement pour maintenir un mystère artificiel. Bernard ayant plus de pouvoir que quiconque dans Westworld jusque là, la peur est immense sur la suite des événements.

Liam Hemsworth, toujours parfait en figurant

family man

Quelques preuves que Westworld a beaucoup (trop) de personnages à gérer : Bernard a mis trois épisodes à réapparaître, Dolores est totalement absente et pour contrebalancer avec son retour, sa coloc incarnée par Ariana DeBose a pour l'instant prononcé trois phrases.

Nouvelle preuve que les scénaristes aiment vraiment se compliquer la vie et se tirer des balles dans les pieds : la famille de Caleb a maintenant droit à sa propre sous-intrigue, avec un méchant monsieur qui leur veut du mal.

La saison 4 de Westworld confirme donc cette fâcheuse tendance à la surpopulation, laquelle force la narration à jongler entre diverses intrigues, parfois avec des choix qui interrogent. Dolores avait ouvert la saison, était au centre des premiers épisodes, mais est complètement écartée d'un coup pour laisser la place à de nouveaux personnages peu caractérisés (la maman, la fifille). Idem pour Charlotte, William et Clémentine, eux aussi mis de côté.

Westworld a toujours jonglé entre les intrigues et personnages (voire les temporalités), mais d'abord autour d'un noyau de personnages clairement identifiés et unis. La dérive avait commencé avec la saison 3, et la saison 4 semble aller toujours plus loin de ce côté.

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mise en abyme

Les scénaristes ne plaisantent pas avec Maeve et Caleb. Pendant que tout le monde marche dans le brouillard, ils avancent comme un bulldozer, comparé aux autres. C'est grâce à eux qu'il y a une vraie bonne ration de Westworld puisque le duo offre les meilleures idées de l'épisode.

La première : retrouver une saveur de parc Westworld, pour une réjouissante mise en abyme - option meta. Quand Maeve arrive dans cette illusion des années folles, elle observe une autre version du manège qu'elle a un peu trop vu tourner côté western. Nouveau décor mais même cauchemar, avec des versions alternatives de Dolores, du saloon, des braqueurs, et bien sûr d'elle-même. La découverte de ce cirque repeint aux couleurs de la prohibition offre un petit moment de vertige très malin, à la fois pour le personnage de Maeve, et pour le public. Cet écho aux débuts de Westworld, lorsque cette rue, cette boîte de conserve qui roule dans la poussière et ce braquage violent n'étaient pas encore des pièges pré-fabriqués, recentre la série avec malice.

"Mon pouvoir magique est en panne, attends 5 minutes stp"

Deuxième merveilleuse idée : prolonger l'illusion jusqu'à de fausses coulisses du parc, qui intègrent la révolution de Dolores dans la saison 2. Malgré des ficelles totalement ridicules (le duo qui se cache parmi les cadavres avec une discrétion épique), c'est certainement l'une des idées les plus intéressantes de Westworld, à tous les niveaux. La violence d'hier devient le divertissement de demain, et l'anomalie chaotique devient une nouvelle ligne de code, comme une machine à transformer le réel à l'infini.

Après avoir suivi Dolores dans sa guerre contre Delos durant la saison 2, le public (et Maeve) voit ainsi débarquer une version alternative de l'héroïne guerrière, assimilée par le système jusqu'à devenir une nouvelle attraction sans risque, sans conséquence, sans valeur. De quoi créer un nouveau vertige, mais cette fois-ci mâtiné de mélancolie.

En revenant dans un parc, Westworld n'a pas seulement retrouvé son âme : elle gagne une nouvelle dimension de plus en plus tragique, voire nihiliste, surtout à l'aune d'une potentielle fin du monde qui précipite le désespoir qui hante à peu près tous les personnages.

Décidément, les gosses robots dans cette série

Et enfin, il y a la conclusion terrifiante de l'épisode, avec l'image qui avait tant marqué les esprits durant la promo. Caleb est la nouvelle victime de l'armée de mouches magiques, après avoir été piégé par une hôte à l'effigie de sa fille. L'idée est d'autant plus diabolique qu'il la voit manier une vraie arme, après lui avoir appris à utiliser un flingue en plastique - un terrible petit clin d'œil à l'imaginaire américain.

En écho au petit garçon créé par Ford, qui offrait la même autopsie de sa boîte crânienne métallique, cette image mémorable annonce quelques "légers" problèmes pour la suite. Car au-delà du contrôle qui a désormais échappé à Caleb, et pourrait en théorie le pousser au suicide (soit son grand destin, selon Rehoboam), il faut se rappeler qu'il était présenté dans la saison 3 comme celui qui allait détruire l'humanité.

Serait-ce ça, le plan de Charlotte, pour ouvrir les portes de l'Apocalypse ? Caleb sera-t-il l'instrument du chaos ? Le magique Bernard est-il déjà en train de préparer une contre-attaque dans sa bande à Mad Max ? Et quel est le rapport avec Christina et sa tour ? Dans tous les cas, la saison 4 de Westworld commence à placer ses pions d'une manière particulièrement intrigante.

Un nouvel épisode de la saison 4 de Westworld, chaque semaine, depuis le 27 juin, en US+24 sur OCS