Episodes Saison Scream Saison 1 Episode 4 : La fin de l'innocence

Christophe Foltzer | 23 juillet 2015
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La mort brutale de Riley annonçait un virage important pour la série. Scream a-t-elle su négocier cette première étape ? Elle fait beaucoup mieux que ça. Attention, SPOILERS.

La disparition de Riley laisse, comme on pouvait s'y attendre, le petit groupe d'amis et la ville toute entière sous le choc. Tandis qu'Emma, Noah et Audrey doutent qu'il s'agisse d'un crime commis par Tyler, le corps de ce dernier est retrouvé dans la carcasse encore fumante de sa voiture. L'hypothèse officielle ne laisse aucun doute : c'est Tyler qui a assassiné Riley, et Nina, avant de se planter en voiture pour y brûler vif, décapité par l'impact. D'ailleurs on a même retrouvé les restes du masque de Brandon James sur les lieux. Une conclusion plus qu'arrangeante pour la communauté que vraisemblable d'autant que la tête du meurtrier présumé reste introuvable.

TÊTE DE COCHON

Emma reçoit un étrange paquet peu de temps après : le Yearbook de 1994, l'année des meurtres de Brandon James, où toutes les photos des victimes ont été découpées, le portrait de son père barré au feutre avec un message lui conseillant d'enquêter sur Brandon James en allant là où le masque a été fabriqué. Un vieil hôpital où le malheureux avait multiplié les opérations chirurgicales pour palier à sa difformité et où Emma et Audrey, bientôt rejointes par Noah trouvent le repaire du tueur et des indices prouvant que Tyler n'y est pour rien : une carcasse de porc éventré, les photos manquantes de l'album du lycée, de nombreux clichés volés d'Emma, le masque de Brandon James, la tête de Tyler et le portable de Nina.

Une mise en scène selon Noah que le trio n'a pas le temps d'analyser plus que ça puisqu'ils sont arrêtés par le Sherif. De retour chez lui Noah et Audrey décryptent ce qu'ils ont pu récupérer du portable de Nina : une vidéo de la première expérience sexuelle d'Emma avec Will qui, par un piège tendu par le tueur, se retrouve diffusée sur tous les réseaux sociaux. Ambiance.

Scream, par cet épisode charnière, vient de montrer son vrai visage. La première fausse-piste est éventée définitivement et on comprend que le tueur poursuit d'autres motifs que le rappel de Brandon James. Comme le dit si bien Noah, tout ceci n'est qu'une mise en scène, répondant aux critères de la fiction : le repaire du tueur n'est que le reflet de sa psychologie et ce qu'ils découvrent à l'hôpital n'est qu'un décor beaucoup trop évident, de telles choses n'existent pas dans la vraie vie. Par cette simple ligne de dialogue, Scream signe ainsi sa note d'intention et expose clairement son objectif : rappeler à la jeunesse que la réalité n'est pas dans la consommation aveugle des réseaux sociaux et de l'industrie du divertissement qui ne fait que les manipuler, les formater et tronque leur vision des choses. Un parti-pris extrêmement audacieux et limite punk qui ne lasse pas d'impressioner surtout lorsque l'on se rappelle que nous sommes quand même en présence d'une série MTV.

 

UNE SÉRIE PUNK ?

Ce retour à la réalité bouscule tous les personnages et leur permet de gagner en profondeur à grande vitesse, cassant toutes les règles en vigueur dans un slasher. Difficile en effet de savoir ce qui va se passer alors que les personnages eux-mêmes jouent avec des règles bien connues (Noah plaisantant sur sa virginité, Audrey rigolant avec l'idée de se séparer pour inspecter l'hôpital). Cette distance par rapport à son matériau d'origine, qui était la base des films et de la série jusqu'ici, devient enfin un vrai moteur de l'intrigue et raconte quelque chose.

Car à travers cette histoire basique du chat et de la souris, des lycéens trucidés par un tueur masqué, Scream cartographie en réalité le monde actuel et se pose en critique ultra-violente. Le monde n'est plus que l'ombre de lui-même, la jeunesse sous couvert d'hyper-connectivité est plus seule et isolée que jamais, construite autour d'une image d'elle-même fausse et narcissique et lorsque le voile se déchire le réveil est brutal et tout le monde est perdu (voir à ce sujet l'évolution passionnante du personnage de Brooke).

Si le public avide de sang sera déçu par cet épisode qui nous épargne une nouvelle mort, on ne peut que féliciter les scénaristes de prendre le risque de détourner une franchise culte pour, au final, renvoyer au spectateur sa propre misère et son propre mensonge existentiel. Franchement, il fallait oser.

D'épisode en épisode, Scream s'éloigne de ce que l'on pouvait craindre pour toucher du doigt son vrai sujet, le spectateur et son rapport à la réalité. En brisant toutes les règles et en entrant de plain-pied dans la critique acide, la série gagne en intensité, en profondeur et en intérêt de façon inattendue. Vivement la suite.

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commentaires lecteurs votre commentaire !
moi
26/07/2015 à 13:13

Ben moi j'apprécie vraiment cette série que j'ai commencé a regarder par curiosité.
Et finalement, comme dit dans cette article, je la trouve surprenante et vraiment pas mal.
A voir pour le fun justement....

KibuK
24/07/2015 à 07:42

Vous êtes bien gentils avec cette série, parce que franchement, y'a pas de quoi se relever la nuit. C'est faible et pas très fun (pour ne pas dire : pas du tout)

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