Episodes Saison The Knick Saison 2 Episode 1 : retour sans anesthésie

Jacques-Henry Poucave | 20 octobre 2015
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Gros choc de 2014, The Knick fut une des belles découvertes de la galaxie séries, emmenée par un Steven Soderbergh au sommet de son art. Après une première saison à l’épilogue d’une terrible noirceur, la série médiacle est en enfin de retour.

 

Une nouvelle dose

Malgré l’impeccable réussite de ses huit premiers épisodes, prolonger l’aventure du Knickerbocker et de ses soignants était un sacré défi. On se souvient que la saison précédente se concluait sur la fermeture annoncée de l’hôpital, la dispersion des protagonistes, et la chute de Thack, superbement interprété par Clive Owen, précipité dans une nouvelle addiction : l’héroïne.

Le show aurait pu s’arrêter là. Il formait déjà une œuvre complète, presque parfaite, dont le sujet avait été traité avec ampleur et intelligence. Une réflexion sur les maux de la société occidentale, reconstitution minutieuse et vrai questionnement sur la science, l’art et le dépassement de soi.

Réussir à renouveler notre intérêt sera donc un sacré défi.

 

Phase terminale

Cette saison 2 démarre sur les chapeaux de roue, en nous précipitant au cœur d’une violente crise. Adieu la chaleur étouffante de New York au cœur de l’été. Les teintes chaudes et orangées de la saison 1 ont laissé place à la neige et aux bourrasques d’un hiver mordant. Hiver qui règne aussi dans le cœur de nos personnages encore tous groggy après que leurs destinées individuelles et collectives aient littéralement été pulvérisées.

Et en quelques mois, leur situation est passée de complexe à quasi-désespérée. Thack est complètement accro à l’héroïne et ne doit sa survie qu’à l’intervention de Gallinger, si proche du point de rupture qu’il n’hésite pas à le kidnapper pour le sevrer de force.

Algernon souffre des conséquences de la baston ultra-violente dans laquelle il s’est lancé suite au mariage de Cornelia. Son rétine décollée, il pourrait ne plus voir suffisamment bien pour continuer d’opérer. Bertie semble perclus de rage, humilié et choqué par le comportement de son ancien mentor et la liaison qu’il a entretenu avec Lucy.

Cette dernière se languit de Thack, mais demeure désespérément seule. La situation est encore pire pour la sœur Harriet, dont l’activité d’avorteuse a été découverte et dont le procès approche. Malgré le soutien et la bonne volonté de son complice, on voit mal ce qui pourrait sauver ce personnage particulièrement touchant d’un destin funeste.

Et si Cornelia trouve l’occasion de revenir à New York, il paraît évident que son beau-père lui prépare un petit enfer domestique.

 

Repartis pour un tour ?

Une nouvelle fois impossible de ne pas louer la qualité globale de la réalisation, la direction artistique et le talent des comédiens. The Knick demeure d’une élégance et d’une intelligence en matière de mise en scène qui la place très au-dessus de la concurrence. En l’état le show est tout simplement beaucoup plus abouti que la majeure partie de la production cinéma.

Attention toutefois, car si ce début de saison impressionne une nouvelle fois grâce à sa maîtrise et son accomplissement, The Knick joue un jeu dangereux. En effet, il est évident que nos héros dispersés vont essayer de recréer l’équilibre instable, l’espèce de montée presque rock’n roll qui fit leur gloire dans la saison 1.

Par conséquent, ce premier épisode nous permet de voir les éléments du puzzle se mettre en place. Un mouvement plaisant et intrigant, car le spectateur est véritablement désireux de voir ces anti-héros s’allier à nouveau.

Mais cette démarche ne pourra être plaisante à suivre que si le résultat s’avère radicalement différent de la première saison. The Knick ne doit pas se contenter de rejouer l’amour impossible d’Algernon et Cornelia, de même qu’il devra rapidement trouver un nouvel angle pour traiter l’addiction de Clive Owen et faire progresser sa romance avec Eve Hewson.

 

Le calme avant la tempête ?

Mais on ne se fait pas vraiment de soucis. Tout simplement parce que non seulement les exceptionnelles qualités de la première saison sont toujours là et bien là, mais surtout parce que la série en garde encore beaucoup sous le pied.

La discrétion du score de Cliff Martinez est à ce titre une bonne indication de ce qui nous attend. Après avoir accompagné les personnages pendant une première saison en forme de montée hallucinogène, elle est désormais presque indétectable. Car The Knick a encore la gueule de bois de sa première saison.

Reste désormais à savoir si elle nous proposera d’assister à la chute finale de tous ses anti-héros, ou à une nouvelle ivresse, plus anarchique (mais forcément moins surprenante) que la précédente.

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