Episodes Saison True Detective Saison 2 Episode 5 : la chair et le sang

Jacques-Henry Poucave | 20 juillet 2015
1
default_large

En dépit d’une ambiance finement ciselée, d’une photographie somptueuse et d’interprètes de haut niveau, on se demandait un peu où allait True Detective saison 2. Une question à laquelle répond enfin l’épisode 5. Attention SPOILERS.

Après l’intense fusillade en forme de massacre qui concluait le précédent épisode, il semblait évident que le scénario allait passer la vitesse supérieure, et que les personnages verraient leurs relations bouleversées. Et c’est effectivement le cas.

Deux mois après le carnage qui a ensanglanté Vinci, l’affaire Caspere est close, et les gangsters mexicains décédés sont accusés du meurtre. Velcoro (Colin Farrell) a démissionné et travaille désormais comme homme de main pour Semyon (Vince Vaughn), Ani (Rachel McAdams) a été placardisée, tandis que Paul (Taylor Kitsch) bénéficie de son héroïsme au cours de la fusillade et devient inspecteur, tandis que l’actrice qui l’accusait d’abus sexuels abandonne les charges qui pesaient contre lui.

Mais l’enquête ne fait véritablement que commencer. Éparpillés, nos anti-héros sont rassemblés par les services de police de l’État, décidés à monter une enquête confidentielle dans le but de trouver le véritable assassin de Caspere et révéler la situation de corruption endémique qui frappe la ville de Vinci.

 

Toutes les pièces du puzzle

À en juger par le nombre d’informations délivrées dans cet épisode 5 et l’avancée spectaculaire de l’enquête, comme des protagonistes, il est désormais indiscutable que la saison 2 de True Detective a pris bien de trop de temps pour démarrer. Mais qu’importe, puisque le show semble enfin retrouver des couleurs !

Il était temps, mais les nombreux éléments égrainés au fil des épisodes précédents s’assemblent. En faisant des boulots de filature pour Semyon, Ray se retrouve à espionner de mystérieuses soirées où sont invitées des prostituées. Soirées qui pourraient n’être que la prolongation des agapes mystérieuses auxquelles s’adonnait Caspere.

Déjà au bord du point de non retour, Ray apprend que l’homme qu’il a assassiné des années plus tôt n’était pas le violeur de sa femme, qui vient tout juste d’être arrêté. La rage monte encore d’un cran en lui et explose lorsqu’il interroge le psychiatre que ses collègues et lui avaient déjà houspillés un peu plus tôt. Velcoro s’efforce donc de lui briser tous les os du visage, mais obtient des informations très importantes.

Les soirées auxquelles participaient Caspere bénéficiaient de prostituées ramenées par le fils du maire, un maquereau pas réputé pour sa finesse. Caspere était pour sa part soupçonné de filmer les ébats des participants aux soirées, afin de pouvoir les faire chanter après coup.

Quand Ani découvre que des pierres précieuses ont disparu du logement de Caspere lors des fouilles de police, elle bénéficie de l’aide de Paul, qui découvre de son côté qu’un de leurs coéquipiers morts pendant la fusillade était lui aussi à la recherche des pierres, bien avant que quiconque n’ait pu en avoir connaissance par les voies officielles.

Voilà qui pourrait expliquer la pression que mettent sur Velcoro ses anciens collègues, manifestement inquiets de le voir quitter la police, sans savoir exactement ce qu’il sait de l’affaire qu’ils ont classée le plus vite possible.

L’affaire qui se dessine change ainsi radicalement de nature. Originellement investigation d’un meurtre crapuleux, le scénario vire désormais à la mise à jour d’un réseau de trafic humain d’ampleur, prêt à tout pour se dissimuler.

 

La chair et le sang

Et la mort ultra-violente de Caspere n’était peut-être qu’une étape dans le déferlement de violence qui se prépare. En effet, Ani et Paul décident de fouiller les lieux inscrits régulièrement dans le GPS de l’édile. Alors qu’ils inspectent une propriété manifestement inhabitée, le duo de choc aperçoit non loin de là une grande quantité de vautours, visiblement très occupés.

Les charognards volent en masse au-dessus d’un cabanon. Ce dernier a manifestement tenu lieu de chambre de torture. Siège doté de liens, murs maculés de sang, odeur de putréfaction… rien ne manque à l’appel.

De son côté Semyon semble enfin trouver la paix. Lui et sa compagne acceptent de laisser tomber leur masque, le mafieux reconverti admettant in fine son attirance pour le crime, et son épouse lui laissant entrevoir qu’elle n’est pas la compagne rêvée qu’elle lui a laissé croire. Franck trouve également une opportunité de retrouver sa gloire passée. L’un des principaux promoteurs du projet immobilier dont il a été évincé lui propose de lui céder des parts importantes, s’il retrouve le disque dur de Caspere, dans lequel de nombreux notables apparaîtraient en situation… désavantageuse.

Alors qu’il savoure un peu la paix retrouvée dans son couple et réfléchit aux moyens de mettre la main sur cette pièce à conviction, Semyon est interrompu par Velcoro, venu le retrouver après avoir appris qu’il avait été manipulé. Ray semble sur le point de lui arracher la gorge à mains nues quand s’achève l’épisode.

 

 

Vers un sprint final ?

Enfin, les pièces du puzzle s’assemblent. Enfin, True Detective s’affirme comme un tout cohérent et surtout parvient à créer une ambiance propre à la saison qui nous intéresse. Alors qu’ils ne sont plus officiellement chargés de l’affaire, nos trois flics peuvent évoluer librement, débarrassés du protocole, et laissent leurs personnalités affleurer.

La série en devient beaucoup plus fortes et leurs relations nettement mieux définies, bien plus naturelles et électriques.

La folie fiévreuse de Paul pointe le bout de son nez, tandis que l’attirance animale entre Velcoro et Ani se dessine. De même, la nature des crimes devient finalement un peu plus troubles, problématique et dessine un univers vénéneux. Depuis le début de la saison, la corruption de Vinci est évidente, mais nous n’avions pas encore eu l’occasion de la ressentir de manière organique. C’est désormais chose faite.

Et si on regrette encore un peu la lenteur des débuts, la très longue introduction de cette saison 2 aura eu deux mérites bien réels. Tout d’abord le temps passé auprès de ces personnages leur a conféré une épaisseur désormais palpable. La noirceur et la gravité de la série est pour de bon en accord avec les rebondissements de l’enquête.

Pour un peu, on se risquerait même à une hypothèse un peu folle mais terriblement alléchante. Ces fameuses vidéos que traquent tous les personnages pourraient-elles avoir un lien, même étroit avec les rites abominables évoqués dans True Detective saison 1 ? Bien sûr, le showrunner s’en défend, mais impossible de ne pas y penser après avoir vu les costumes d’animaux décorant l’antre de Caspere.

Et si après nous avoir annoncé pendant des mois que nous aurions affaire à une toute nouvelle enquête, Pizzolatto nous avait menés en bateau pour nous offrir une deuxième saison particulièrement manipulatrice et perverse ?

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
commentaires lecteurs votre commentaire !
Louig
20/07/2015 à 23:08

Content d'avoir retrouvé ma petite chanson du trailer ;o)
En tout cas ça présage que du bon pour la fin de saison avec ces flics en roue libre (en espérant que paulie foute le feu à sa mère)

votre commentaire