Episodes Saison The Last of Us Saison 1 épisode 4 : tant d'amour, si peu d'infectés

Judith Beauvallet | 6 février 2023 - MAJ : 24/02/2023 17:05
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Après avoir fait pleurer son public d’émotion avec un épisode 3 tout en sensibilité, The Last of Us revient avec un épisode 4 appelé Please Hold my Hand, qui se recentre sur Joel et Ellie.

ATTENTION SPOILERS

Si l’épisode 3 laissait un peu les personnages principaux de côté pour raconter l’histoire d’amour de Frank et Bill et leur fin de vie, l’épisode 4 de The Last of Us parle au contraire de commencement et de renouveau pour nos héros. L’un des gros enjeux narratifs de la série est bien évidemment de réussir à rendre le lien entre Joel et Ellie aussi crédible et fort que dans les jeux vidéo, et ce nouvel épisode prend la question à bras-le-corps en racontant l'évolution émouvante de la relation entre le loup solitaire bourru et la gamine espiègle.

 

 

TROIS PETITS TOURS

La structure de cet épisode 4 appelé Please Hold my Hand est pensée comme une mise en abyme du chemin que parcourent les personnages : s’ils vont physiquement d’un point A à un point B (en passant une bonne partie de leur temps dans la voiture qui les emmène jusqu’à Kansas City), ils suivent aussi un chemin précis dans leur rapport l’un à l’autre. Pour preuve, la structure en triptyque de l’épisode, dont certaines scènes de la deuxième moitié répondent directement à des scènes de la première.

Lorsqu’Ellie veut lire les jeux de mots douteux de son livre de blagues à Joel, et ainsi avoir un échange avec lui qui ressemble à autre chose qu’une brimade d’animateur de colo, Joel refuse tout net. Ellie annonce qu’il ne pourra pas “y échapper” et que les blagues reviendront. Ce dont Ellie parle en réalité, consciemment ou non, c’est de l’attachement qui va forcément finir par naître entre ce père qui a perdu sa fille et cette ado orpheline.

Vers la moitié de l’épisode, lors de leur première nuit de camping dans la forêt, Ellie revient à la charge en posant une devinette à Joel. Celui-ci accepte sobrement le dialogue en donnant la bonne réponse, ce qui met Ellie en joie. A la fin de l’épisode arrive le troisième temps de cette escalade de mignonnerie : de nouveau sur leurs lits de camp, désormais arrivé à leur point B, Joel accepte de rire ouvertement et sincèrement à la blague d’Ellie, qui en est ravie. Le lien entre eux deux est désormais établi à un niveau familier, au-delà de la “simple” lutte pour la survie, et on termine bien loin du premier dialogue de l’épisode au cours duquel Ellie demandait à Joel si elle était comme une famille pour lui et qu’il lui répondait froidement qu’elle n’était qu’une marchandise.

 

The Last of Us : photo Pedro Pascal, Bella RamseyEllie fait la kakou

 

La fameuse structure en triptyque concerne aussi le danger couru par les personnages et leur capacité à y faire face. La scène d’introduction de l’épisode montre Ellie qui manie un pistolet devant un miroir et qui, se regardant droit dans les yeux, joue à se tirer dessus. Au milieu de l’épisode, cette situation est appliquée à la vie réelle, ce qui est bien différent, et Ellie est amenée à tirer sur un jeune homme pour sauver Joel. La dernière image de l’épisode, elle, montre de nouveau un enfant prêt à tirer, mais cette fois-ci il s’agit de Sam, un enfant encore plus jeune qui, à travers un regard caméra, menace très concrètement de tuer Joel.

La situation atteint d’autant plus le spectateur que cette fois-ci, il est personnellement visé (via le regard caméra de Sam vu depuis les yeux de Joel), et parce que de ce côté-ci de la barrière, ce n’est plus un antagoniste qui est visé, mais bien notre héros. L’épisode est donc brillamment construit autour de cette image toujours plus violente d’un enfant qui tient une arme à feu, et commence à questionner sérieusement la morale qui change radicalement en fonction du camp dans lequel on se trouve (coucou aux personnes qui ont déjà versé leurs plus belles larmes en jouant à The Last of Us 2).

 

The Last of Us : photo, Pedro Pascal, Bella RamseyPollution lumineuse

 

TOUTE TOUTE PREMIERE FOIS

La place des enfants et de la parentalité dans cette joyeuse tuerie est donc centrale. Bon, ok, elle est centrale dans toute la série, mais disons que cet épisode est particulièrement axé sur la question. Plus ça va et plus Joel endosse le rôle de papounet, et dans un monde postapocalyptique, ça passe aussi par l’apprentissage des petits plaisirs de la vie tels que casser du zombie ou descendre des gens. L’épisode est agrémenté de ces moments père-fille qui ressemblent à des discussions autour d’un premier bal de promo mais qui concernent en réalité la capacité d’Ellie à recharger une arme et à s’en servir.

C’est en parallèle de la violente ironie de ces scènes que les personnages vont accepter de se montrer vulnérables l’un à l’autre : Joel demande pardon à Ellie de l’avoir mise en situation de tirer sur quelqu’un à son jeune âge, et Ellie se laisse aller à quelques larmes. L’épisode entreprend de casser la carapace de nos survivants préférés pour toujours ramener l’humain dans cette lutte perpétuelle contre la fin du monde, et en faire des personnages ambigus (Joel avoue à demi-mots avoir déjà tué des innocents), mais surtout plus vrais que nature.

 

The Last of Us : photoLarmes à feu

 

Pour aller dans le sens de cette ambiguïté et de la morale variable, l’épisode introduit aussi le personnage de la terrible Kathleen, dont Ellie et Joel tuent un jeune garde (pour se défendre, certes, mais avec un zèle questionnable). Cette leader de groupuscule violent interprétée par la géniale Melanie Lynskey ne fait pas preuve de la même sensibilité que Joel : elle n'a pas de mot pour la victime ou de geste pour accompagner son dernier souffle, mais exécute un prisonnier pour passer ses nerfs.

Sa dureté pose tout autant la question de la place qui est encore donnée à la tendresse dans les relations humaines au sein d'un tel monde. Est-ce raisonnable de privilégier l’amour qu’on porte à un proche ou un enfant dans un univers où seule la loi du plus fort vaut survie ? L’épisode pose habilement les jalons des grands dilemmes propres à la franchise The Last of Us et promet une écriture passionnante pour le reste de la saison.

 

The Last of Us : photo, Melanie LynskeyDon't look down

 

TUTO TUERIE

Au-delà de toutes ces questions de fond sur le sujet-même de l’épisode, il faut quand même noter qu’en surface, Please Hold my Hand tombe un peu dans le piège de l’adaptation littérale du gameplay. C’est par moments si évident qu’il est possible que même les personnes n’ayant pas joué aux jeux le remarquent. En termes de mise en scène des décors, d’abord : les rues de la ville, d’une fidélité esthétique bluffante, sont filmées de manière à montrer les ouvertures et les chemins possibles à suivre pour les personnages. L'envie d'empoigner sa manette pour leur dire de tourner ici ou là n'est pas loin.

Une fois qu’ils sont cachés derrière des voitures pour ne pas se faire voir des véhicules ennemis ou pour se protéger des balles, les cadres et les axes de caméra reprennent ceux du jeu. Dans les phases où ça se canarde sévère, notamment : les balles fusent depuis un hors-champ très peu déterminé, tandis que le spectateur peut étudier à loisir le côté du comptoir où se trouvent les personnages et réfléchir aux options qui s’offrent à eux.

 

The Last of Us : photo, Pedro PascalLecture des journaux du matin 

 

Parmi ces options : demander à Ellie de se faufiler dans le trou d’un mur grâce auquel elle se met à l’abri dans une pièce annexe. Là aussi, une technique habituelle de son personnage et réintégrée de manière peut-être un peu artificielle. Suite à ça, Joel demandera à Ellie de l’aider à rentrer dans la pièce, lui qui est trop large pour se faufiler par le même trou. Un dialogue qui ressemble à un tutoriel de début de jeu s’ensuit, où Ellie répond qu’il y a des objets devant la porte et Joel lui demande si elle peut les pousser.

N’importe quel joueur reconnaîtra une manipulation basique exécutée des centaines de fois au cours des jeux, et les autres y verront sûrement un dialogue assez inconsistant et bizarrement rythmé. Des détails, bien sûr, et qui n’enlèvent pas grand-chose à la qualité générale de l’épisode, mais qui trahissent une tendance de la série à reproduire des schémas vidéoludiques comme pour cocher les cases obligatoires d’une adaptation fidèle.

Cet épisode est donc consacré à l’introduction de la plus grande menace de la franchise The Last of Us : les ennemis humains. Avec aucun infecté en vue, Please Hold my Hand correspond à ces longues phases de jeu pendant lesquelles Joel et Ellie n’affrontent que des milices armées et qui font presque oublier que les claqueurs existent. A ceci près que, lors de leurs recherches, la méchante Kathleen et son bras droit constatent qu’un sol craquelé se soulève dangereusement dans la cave d'un immeuble. Ils décident de l’ignorer et de barricader l’endroit... Une manière d’annoncer la menace qui sera celle de l’épisode suivant ?

Un nouvel épisode de The Last of Us chaque lundi sur Amazon Prime Video depuis le 16 janvier 2023 en France.

 

The Last of Us : Affiche française

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commentaires lecteurs votre commentaire !
Le Serpent
08/02/2023 à 11:34

La serie semble diviser dans les commentaires...cela m'etonne (7,7 sur senscritique, c'est quand même une très bonne moyenne sur ce site) mais à chacun son avis, moi pour l'instant j'aime beaucoup. Etant fan des jeux cela m'influence sans doute, mais pour l'instant ce melange de fidélité à l'histoire du jeu et d'approfondissement de l'univers me séduit. A l'annonce du projet j'étais très sceptique mais les bande-annonces m'avaient quand même hypé finalement. Le resultat est à la hauteur de ce que j'esperais, ce n'est peut être pas la plus grande série au monde, mais en terme de survival post-apo je trouve ça quand même de très haut niveau (surtout comparé à the walking dead)

Morcar
08/02/2023 à 11:22

@jerome69, c'est un des loupé de la série pour le moment, car dans le jeu les infectés sont une terrible menace également, qui rode à pas mal d'endroit. Ici on a l'impression qu'il n'y en a pas tant que ça. C'est dommage.

jerome69
08/02/2023 à 10:22

Ne connaissant pas le jeu , je regarde cette série sans apriori , mon seul comparatif va être avec walking dead, du fait du contexte évidement très proche.
Pour l instant je trouve les personnage moins attachants et aussi moins nombreux. La ou Rick retrouvait une bande de survivant au début de la série, ici on se concentre sur les deux héros uniquement, si ce n'est l'épisode 3 et le couple gay. On a du mal à s'attacher aussi car il meure très vite et ce que l on pense être un perso important en devenir , ben en fait non.
les épisodes sont aussi moins prenants, ça reste tres bien réalisé mais un peu poussif parfois. Par ailleurs c est le genre de série ou il faut bien planter le décor général avant de rentrer dans le détail, donc en ce sens c est acceptable.
on retrouve comme dans walking dead ou le vrai danger n est pas le zombie mais les autres humains

ArnaudB
08/02/2023 à 00:50

Je ris en liant certains de ces commentaires. A ce demander l’âge des auteurs ou si c’est juste des trolls ahahah

Marc en RAGE
08/02/2023 à 00:43

@Solo seul

Samedi diffusion de l'épisode 5 le retour des Cliquers il y aura de plus d' action

Prometheus
07/02/2023 à 18:00

La serie ayant été tournée en plein covid, sait-on si cela a pu avoir un impact sur le tournage et le scénario ?

Solo seul
07/02/2023 à 17:40

Je n'ai plus rien à dire maintenant sur ces pauvres épisodes ....
Je décroche.... je décroche...
Je décro...

ludo3101
07/02/2023 à 17:27

@ Cbeau26

"si vous voulez des zombies en vêtu"

En même temps, les zombies à poil...

Cbeau26
07/02/2023 à 15:50

Cette série est un chef œuvre ceux qui critiquent ne connaisse rien du jeux C l ambiance les dialogues la mise en scène qui est retranscrit si vous voulez des zombies en vêtu en voilà regardez walking dead ou z nation laissez the last of us pour les grands

Vulfi
07/02/2023 à 14:43

Heureusement que Bella Ramsey tient la baraque à elle seule dans cet épisode.

Ici, le pauvre Pedro Pascal a l'air constipé tout du long : la scène finale du fou rire, symbole d'un vernis censé craquer, est un ratage dans les grandes largeurs en termes de direction et de caméra.

Comme dit par d'autres, l'épisode 4 est un peu creux, privé de toute tension. On est loin du génial Ep. 3, porté par la puissante tendresse de cette histoire d'amour entre deux hommes.

Espérons que ça redécolle lors du 5 pour cette très belle série.

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