Episodes Saison Moon Knight saison 1 épisode 6 : Marvel garde le pire pour la fin

Moon Knight confirme définitivement son statut de déception dans le sixième et dernier épisode de la série de Marvel sur Disney+, sans doute le pire de tous.

Plutôt que d'exploiter son potentiel et celui de son héros, Moon Knight a préféré la médiocrité en se résignant au modèle établi depuis longtemps par les autres productions de Marvel Studios. Après la parenthèse entre psychiatrie et psychostasie dans les épisodes 4 et 5, moins désagréable que le reste (et même un peu encourageante), Marc arrivait au terme de son voyage dans l'au-delà et la série semblait prête à retourner à ses délires habituels avec des combats ennuyeux, des pouvoirs magiques délirants et des CGI atroces. Il y a bien tout ça, et pire encore.

Grosse ambiance

Au clair de la lune

Jusqu'à maintenant, les derniers épisodes des séries de Marvel ont plus été des déconvenues que des conclusions satisfaisantes, y compris pour les meilleures d'entre elles. Incapable de gérer son format sériel et ses histoires convenablement, le studio s'est donc contenté d'offrir chaque fois le traditionnel combat final entre le héros et le méchant à grand renfort de pirouettes et d'effets spéciaux en essayant de composer un spectacle assez divertissant, surprenant ou généreux pour faire oublier la pauvreté du scénario ou de la mise en scène.

Moon Knight n'échappe évidemment pas à la règle et ce sixième et dernier épisode n'est donc qu'un gloubi-boulga dans lequel chaque personnage revêt son plus beau costume de super-héros ou de grand méchant pour aller se la mettre, comme prévu. Pendant que Marc récupère Steven et redevient Moon Knight après son séjour au paradis égyptien, Arthur Harrow libère Ammit et personnalise son bâton lumineux tandis que Layla El-Faouly retrouve Konshu et accepte de devenir l'avatar de Taouret. Tout ce beau monde se retrouve ensuite aux abords d'une pyramide pour une énième bataille dantesque qui aurait presque pu être sympathique (ou tout du moins distrayante) si elle n'était pas aussi laide et bâclée.

Ton âme est à moi !

Avant même que les hostilités démarrent, l'épisode sombre déjà dans l'infamie et la fainéantise. Entre le casting qui ne fait plus aucun effort, l'humour gênant, les décors égyptiens aussi réalistes que dans l'effroyable Mort sur le Nil, les apparitions et disparitions soudaines de personnages, les effets spéciaux toujours aussi moches ou encore les incrustations flagrantes, à peu près rien ne va durant les vingt premières minutes hormis les retrouvailles entre Marc Spector et Steven Grant (soit plus de la moitié de cet épisode final d'à peine 36 minutes, sans le générique et la scène qui suit).

Oscar Isaac continue de faire illusion en s'amusant entre ses différentes personnalités et Ethan Hawke se montre un peu plus inquiétant en tant qu'Arthur Harrow. En revanche, alors qu'elle incarnait une Layla nuancée qui dissimulait sa sensibilité par un caractère plus dur, May Calamawy tombe à son tour dans le surjeu et les gestes ridicules lors des échanges mal éclairés avec Taouret et Konshu. Et afin de lui donner un rôle significatif dans le combat final, la série lui donne des pouvoirs et un costume qui n'a aucun rapport avec Taouret, mais qui rappelle étrangement celui de Wonder Woman 1984 (ou celui de Falcon).

Konshu, tu peux allumer une torche, s'il te plaît

ROYAL RUMBLE

Dès lors, dans un déchaînement de ralentis et de CGI en pleine nuit, Moon Knight et Wonder Layla se battent contre Arthur Harrow sur des fonds verts affreux et des décors basiques tandis que Konshu et Ammit jouent un très mauvais remake de Godzilla vs Kong dans lequel les deux créatures débiteraient des dialogues d'une platitude extrême avec des voix insupportables au lieu de pousser des cris.

Si l'action est à peine plus correcte que dans Falcon et le Soldat de l'Hiver ou certaines productions de Marvel Studios, le résultat n'est jamais aussi réjouissant qu'il voudrait (et devrait) l'être. Et un simple plan qui dure plus de trois secondes, un face-à-face aux proportions pharaoniques ou la phrase d'une gamine excitée de voir une "super-héroïne égyptienne" au détour d'une chorégraphie ne suffisent pas à faire oublier le découpage faussement dynamique ou les défauts de narration et de réalisation.

À l'instar du troisième épisode et du combat dans l'arène, Mohamed Diab (comme les autres réalisateurs) est incapable de concevoir une séquence d'action dans son ensemble et finit par singer ce qui a été fait ailleurs, avec plus ou moins de talent et de réussite.

Pose de combat numéro 7

Sans grande surprise, Moon Knight réussit à vaincre Arthur Harrow après un nouvel épisode d'amnésie et d'ultra-violence, puis quelques incantations plus tard, Ammit disparaît à son tour, Konshu libère Marc et Steven de leur fardeau et tout est bien qui finit presque bien. Après ça, le héros se réveille à nouveau à l'asile, mais au lieu de saisir l'opportunité de créer un retournement de situation et de bouleverser les notions de rêve et de réalité, la série assume pleinement son manque d'audace et de créativité et ramène Marc à la case départ, toujours avec ses troubles dissociatifs de l'identité, son passé torturé et ses crises.

Jusqu'au bout, Marvel n'aura pas compris que la richesse, la complexité et tout l'intérêt du personnage réside dans ses différentes personnalités et sa psyché fracturée plutôt que dans son costume et ses pouvoirs et s'en sera tenu au traditionnel divertissement super-héroïque produit à la chaîne. Malgré tout, il est quand même rafraîchissant de constater que l'épisode se termine sans avoir besoin de se raccrocher à d'autres oeuvres du MCU ou d'annoncer quoi que ce soit pour la suite. Comme si la série continuait d'exister à part, même si elle a tout fait pour leur ressembler.

Et pourquoi on dirait qu'il a une cicatrice sur son masque depuis le début ?

Avec ce dernier épisode, Moon Knight a touché un fond qu'elle avait tous les moyens d'éviter et semble même vouloir creuser encore un peu plus profond avec sa scène post-générique autour de Jake Lockey et son dernier plan : une limousine portant une plaque d'immatriculation personnalisée "SPKTR". Le dernier qui a fait ça, c'était le Joker de Jared Leto. Ce serait méchant de souhaiter que Moon Knight connaisse le même destin, mais c'est peut-être la meilleure chose qui puisse lui arriver dans le MCU.

Moon Knight est disponible en intégralité sur Disney+ depuis le 4 mai 2022