Episodes Saison Moon Knight saison 1 épisode 3 : Marvel au bord du Nil

Après deux premiers épisodes mitigés, Moon Knight s'installe en Égypte pour ce troisième chapitre et la série de Marvel semble décidée à passer aux choses sérieuses. Enfin, un tout petit peu.

Cirque de la Lune

GODS OF EGYPT

Même s'ils détonnaient par leur violence ou leur atmosphère un tantinet plus sombre que les productions habituelles de Marvel Studios, les deux premiers épisodes de Moon Knight restaient soumis aux codes du MCU et ressemblaient à une longue introduction de l'intrigue à suivre en Égypte. Étant natif du pays et un cinéaste qui traite de la culture et la société égyptienne dans ses films, Mohamed Diab, déjà réalisateur du premier épisode, retourne derrière la caméra pour cette balade sur la terre des pharaons.

Ce changement de décor s'accompagne aussi d'un changement de point de vue : après deux épisodes à travers les yeux de Steven Grant, c'est maintenant au tour de Marc Spector de montrer ses talents de mercenaire pendant que Layla le rejoint et qu'Arthur Harrow continue de chercher le tombeau d'Âmmit dans le désert grâce à son scarabée magique.

Ethan d'Arabie

Avec son combat sur les toits et la course-poursuite dans les rues du Caire, la série emprunte ostensiblement aux Aventuriers de l'Arche Perdue et Uncharted dans son atmosphère d'aventure décomplexée sur fond de mythologie. Sans être incroyable pour autant, l'action est claire, lisible, et Oscar Isaac peut mettre à profit ses qualités athlétiques et le bagout de Marc Spector, bien plus efficace que les railleries de Steven.

Une nouvelle ellipse vient interrompre l'affrontement et révéler l'existence d'une autre identité meurtrière encore inconnue (peut-être Jake Lockley), puis le rapport entre Marc et Konshu s'approfondit encore, avec un dieu de la Lune présenté différemment. Alors qu'il n'était qu'une grosse voix passant son temps à traiter Steven comme un incapable, Konshu apparaît enfin comme une déité impitoyable et trompeuse, qui semble prête à tout pour arriver à ses fins, notamment de manipuler Marc et d'abuser de ses troubles ou de ses sentiments.

Prise de bec

Espérant convaincre les autres dieux de l'aider à stopper Arthur Harrow, Marc demande une audience auprès d'eux et la série dévoile alors les pouvoirs de Konshu, qui manipule la Lune pour attirer l'attention des autres divinités égyptiennes. Néanmoins, là encore, au lieu d'expérimenter et d'exploiter les multiples possibilités offertes par cette révélation, l'épisode ne propose qu'une simple réunion entre avatars dans un sombre et malheureux décor avec le minimum en termes de direction artistique et d'éclairage.

Marvel oblige, le sérieux et la tension dramatique de la scène sont désamorcés par les braillements absurdes d'Oscar Isaac et cette audience divine est non seulement contradictoire (puisque Konshu réclame aux dieux exactement ce qu'il reproche à Arthur Harrow), mais ne s'avère surtout qu'une étape de plus menant à un prochain artefact à récupérer. 

Asgard n'était pas si moche que ça dans le premier Thor, finalement

Walking on the Moon

Après une conversation entre Marc et Layla qui confirme qu'elle est bien une réinvention moderne et égyptienne de Marlène et que Moon Knight est né comme dans les comics, la série introduit un autre personnage rattaché au justicier sélène, un de ses grands rivaux : Anton Mogart, incarné par le regretté Gaspard Ulliel.

Ce dernier rôle ne restera pas un des plus marquants de sa carrière, peut-être parce qu'il ne se limite qu'à une figure ambiguë et quelques lignes de dialogue, mais le peu de temps où il apparaît, l'acteur réussit quand même à élever son personnage par son talent et son charisme. Sa corporalité, son magnétisme et son insolente élégance portent le cambrioleur et collectionneur d'art, qui s'apparente à un méchant de James Bond correspondant assez bien à l'ambiance du début, même s'il n'est présent que pour préparer son retour en tant que Midnight Man.

Anton Mogart en mode Hugh Heffner

Dans ce qui devient un running gag aussi nul qu'inexplicable, Arthur Harrow recroise Marc Spector et agite à nouveau son bâton lumineux en récitant des formules magiques pour montrer qu'il est très très fort avant de disparaître aussi vite qu'il est arrivé, puis le scénario enchaîne encore une fois sur une scène d'action, comme dans les deux premiers épisodes. 

Outre le fait que le costume de Moon Knight le rende invincible désormais, la série semble incapable de mettre en scène son héros en action une fois qu'il est en tenue, peu importe qu'il affronte un monstre numérique en pleine rue ou une bande de malfrats dans une arène. Entre les mouvements numériques, le montage indigent ou cet humour proprement insupportable qui vient interrompre le moindre accès de violence ou de colère, ce combat est tout aussi décevant et quelconque que ceux des premiers épisodes. Peut-être un peu plus long, mais tout aussi raté. Cape en croissant de lune ou pas.

Du sang et de la violence, mais toujours avec des blagues foireuses et des effets dégueu

Après avoir renversé la dynamique entre eux, l'épisode montre Steven Grant et Marc Spector qui travaillent de concert pour résoudre leur puzzle stellaire, ce qui laisse croire que les différentes personnalités du héros pourraient peut-être coexister dans un même corps. Mais comme souvent, l'émotion est balayée par les impératifs du scénario et Konshu, qui révèle encore un peu plus l'étendue de ses pouvoirs en manipulant à nouveau le ciel sur un fond vert criant. 

Ces capacités rendent Moon Knight encore plus puissant et ouvrent de nouvelles perspectives, mais viennent un peu plus enterrer l'idée d'exploiter la frontière entre folie et réalité avec Marc et Steven. Un parti pris incertain, surtout s'il ne sert qu'à faire passer le héros par l'intrigue déjà bien usée de la perte de ses pouvoirs.

Un peu plus près des étoiles

De la même manière que pour Justin Benson et Aaron Moorhead, dont la patte ne se retrouvait que dans une pauvre séquence horrifique et quelques plans dans le deuxième épisode, l'apport de Mohamed Diab ne se ressent jamais à l'écran. La réalisation formatée reste identique aux autres productions de Marvel Studios et la représentation de la culture égyptienne (que le cinéaste voulait pourtant mettre en avant) n'est réduite qu'à quelques rues passantes, un rituel de joute à cheval et des morceaux de musique égyptienne parmi les traditionnelles pyramides et statues mythologiques.

Ce  voyage en Égypte n'est finalement qu'une nouvelle frustration. L'écriture bancale, le rythme effréné, l'action insipide et le manque d'inspiration continuent de mettre à mal les quelques qualités de Moon Knight. Sans Konshu pour les protéger, Marc et Steven vont désormais prendre des risques à se lancer à la poursuite d'Arthur Harrow. Maintenant qu'elle est arrivée à la moitié de sa saison, ce serait bien que la série en fasse autant.

Moon Knight a débuté le 30 mars sur Disney+ avec un nouvel épisode chaque mercredi.