Episodes Saison Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir Saison 1 épisode 7 - Amazon nous laisse Mordor-rire

Après un épisode plus bouillant que d'habitude, Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir nous inflige un épisode de transition. Encore.

Il paraît que Tolkien ça prend du temps avant de prendre aux tripes. Il y a dû y avoir une petite incompréhension du côté de J.D. Payne et Patrick McKay, car leur Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir commence à vraiment prendre la tête.

Alors que la série semblait enfin se réveiller au bout de sa sixième heure après un bouillant épisode 6, ce nouvel épisode 7 retombe dans les travers précédents, à savoir, trouver le moyen de ne quasiment rien raconter en une heure et quart et gâcher son potentiel. À l'aventure compagnons, nous sommes partis vers l'horizon : on conseille de rester chez soi à réparer des chaises en bois. Attention quelques spoilers !

Nous à la fin de l'épisode

COMME UN OURAGAN QUI PASSAIT PAR Là

On partait pourtant du bon pied : un cliffhanger dévastateur, un titre maléfique, puissamment évocateur (et mensonger), et une entrée en matière désespérée dans un décor infernal, lorgnant quelque peu sur le sublime épisode catastrophe de l'attaque de Port-Réal dans Game of Thrones. Véritable Pompéi à la sauce Tolkien, les Terres du Sud sont ensevelies sous les cendres, couverte d'un nuage de feu et de fumée. Quelques silhouettes hagardes tentent péniblement de se rassembler tandis que ça galope un cheval paniqué que la crinière embrasée consumera bientôt, et là un pauvre hère convulse, sa flamme vitale bientôt mêlée aux flammes qui dévorent sa chair.

La défaite est cuisante pour Galadriel, littéralement, car cuisent sous ses yeux les corps de ses camarades de combat. Et si son corps en est sorti indemne (ce qui ne manquera pas de faire à nouveau criser nos experts volcanologues du vendredi matin), son esprit se fêle. Alors qu'elle guide Theo vers le campement de l'armée de Numenor dans l'espoir de retrouver le reste de sa troupe ainsi que la mère de l'enfant, une mélancolie s'empare d'elle. Et là, enfin, au coeur des ténèbres, le lyrisme remonte, notre héroïne fend l'armure, évolue, s'humanise, à la faveur de dialogues qui tombent juste (même s'ils posent une énorme interrogation en termes d'adaptation concernant un personnage très attendu par les lecteurs).

Attention derrière toi, une scène réussie

Comme quoi, c'est possible quand la série veut se mettre à développer ses personnages. On le savait déjà d'ailleurs grâce à Elrond et Durin IV, surnageant depuis le début comme des ilots d'espoir dans cette mer de sous-écriture. Le duo ne sera d'ailleurs pas en reste, puisqu'il continue de porter vaillamment toutes les parties consacrées à Khazad-Dûm. Quand bien même ils évoluent au sein d'un arc narratif reposant sur un énorme tas de n'importe quoi, merci à eux d'exister, ainsi que les autres personnages de la cité naine.

Il faut s'y arrêter un instant : prise dans sa globalité, la série n'aura jamais su autant donner de chair, de sang et de vie à ses personnages que dans ce sous-décor, quand bien même s'y trouvent les choix d'adaptation les plus bizarres et le MacGuffin le plus faible (le mithril). Ce sous-arc narratif arrivera par ailleurs à un pic émotionnel fort prenant, et les larmes et rires partagés de Durin IV et Elrond pourraient en faire monter quelques-unes dans les yeux des spectateurs, notamment les plus nostalgiques de Legolas et Gimli, qui trouvent ici un décalque certes facile, mais indéniablement réussi. Il faut également rendre hommage à Disa et – surtout – à Durin III, tous deux impériaux et source de belles scènes.

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LES SEIGNEURS DES IDIOTS

Tout le monde n'est malheureusement pas logé à la même enseigne cependant, car nos Hobbits s'avèrent eux très inconsistants, tandis que les simagrées autour de l'identité de Meteor Man tournent à la plaisanterie. Encore une scène de danger, encore un sauvetage de Meteor Man avec des pouvoirs magiques, encore un gang de vilaines nonnes mutiques qui le suit, toujours aucune évolution des personnages ni de son intrigue. C'est presque une signature, une image de marque : l'écriture péniblement redondante et dispersée des Anneaux de Pouvoir n'allait pas disparaître en un seul épisode.

D'ailleurs, après que le souffle ardent de l'action soit définitivement retombé, une fois passé ce magnifique décor tellurique du début abandonné (trop vite et à peine exploité), plus aucune intrigue ne sera épargnée par le manque d'action dramatique et la répétition, qui confine cette fois-ci au bégaiement, avec son jardin Hobbit qui brûle, repousse, puis re-brûle en moins de 15 minutes. C'est presque un gag.

Mmmmh, mais quelle créature cela pourrait bien être ?

Bégaiement encore quand cette-créature-dont-on-ne-doit-pas-spoiler-le-nom passe encore une tête cornue pour du fan-servicing déguisé en effet d'annonce qui ne sert à rien. C'est un gag. Bégaiement encore lorsque la "révélation" finale est la même que celle de l'épisode précédent, mais avec cette fois, le mot MORDOR inscrit en majuscules de feu à l'écran, comme si on n'avait pas compris. Ce n'est pas un gag.

Et encore, il y a pire. N'ayant de cesse de prendre son public pour de gros teubés, cet épisode 7 a une nouvelle mauvaise idée : le cumul de fausses morts. Aucune n'est crédible plus de deux secondes, et Les Anneaux de Pouvoir fait si peu d'efforts qu'elle essaie même de nous faire croire au péril mortel d'Isildur, soit LE personnage dont tout le monde connaît déjà la fin grâce aux films de Peter Jackson. Prochain épisode, on essaiera de nous faire croire à la mort de Galadriel, au Père Noël, à la théorie du ruissèlement et à la résurrection du Christ Sauveur.

Ah bon c'est le Mordor ça ? On a failli croire que c'était la Comté dites donc

VOUS POUVEZ EMBRASSER LE namárië

A contrario, et comme une preuve supplémentaire du manque cruel de puissance dramatique de la série, la mort ne s'abat ici que sur un personnage sub-tertiaire, en la personne du PNJ qui a eu le malheur de dire qu'il allait se marier à son retour à Númenor (soit la définition du suicide dans le dictionnaire des clichés hollywoodiens). Pour le reste de notre équipe, c'est chat-perché – à un estropiage près, bien amenée pour le coup –, quand bien même un coup de faucheuse aurait été bien utile pour élaguer un casting trop touffu et lancer enfin certains personnages. Mais la notion de danger est totalement absente, et celle d'aventure, totalement intangible.

Toujours pas d'objectif concret à atteindre, toujours un antagonisme rachitique en l'absence de Sauron. Toujours pas un traitre mot sur les anneaux de pouvoir du titre (au rythme où cela va, on risque d'avoir à peine commencé à allumer la forge à la saison 47). Et surtout, toujours une gestion calamiteuse des attentes. Les Anneaux de Pouvoir croit tirer sur l'élastique, mais elle le tire tant qu'elle le casse, et paradoxalement le détend, l'amollit. Elle étire tellement son intrigue qu'on se sent face à elle comme du beurre étalé sur une tartine trop longue.

On croyait être à Saint-Tropez, mais on s'est trompés

Que dire de plus qui n'ait déjà été dit mille fois ? Il ne reste plus qu'un seul épisode à cette saison 1 des Anneaux de Pouvoir, et même si le finale s'avère magistral par miracle ou par accident, cela n'empêchera pas cette première fournée de nous laisser sacrément sur notre faim. Cet épisode 7 est en effet la quatrième déception après des épisodes 3, 4 et 5, eux, plutôt moyens. Quatre épisodes manqués sur huit, potentiellement cinq la semaine prochaine : avec 50% d'échec minimum, le bilan s'annonce pour le moins mitigé, et c'est de mauvaise grâce qu'il faudra probablement admettre que Les Anneaux de Pouvoir, qui se devait d'être une grande série, est juste pépère, tranquillement regardable.

C'est surtout avec consternation qu'il faudra constater que Les Anneaux de Pouvoir est une magnifique coquille vide. Il est remarquable d'être aussi peu inspiré malgré plusieurs milliers de pages à adapter, d'être aussi éparpillée que Stranger Things et aussi molle que The Walking Dead malgré la puissance du matériau originel. Comme elles, passé l'effet "wow", les effets spéciaux travaillés, les retrouvailles avec un univers apprécié, Les Anneaux de Pouvoir révèle qu'elle n'est qu'un gimmick attrayant posé comme un appât dans un écrin plein de rien.

Rien de scandaleux, rien de prenant. Juste un prétexte pour perdre son temps, jusqu'à ce qu'on se souhaite mutuellement : namárië. Soit, "adieu, et va vers le Bien". Parce que là, t'es juste moyen.

Un nouvel épisode de Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir est disponible tous les vendredis sur Amazon Prime Video depuis le 2 septembre 2022