Episodes Saison Andor saison 1 épisode 10 : aux portes de la guerre des étoiles

Andor nous a exposé le système carcéral de l’Empire durant deux épisodes, désormais place à l’évasion dans un chapitre plus musclé sur Disney+.

Attention ! Il y a de très légers spoilers !

Le temps de la Rébellion a commencé

figurant héroïque

C’est la fin d’un nouvel arc pour Andor, après la bataille contre les forces de sécurité sur Ferrix et le cambriolage James Bondesque de Aldhani, la série Star Wars nous a présenté une prison impériale façon THX 1138 (le premier film de George Lucas) dont il est temps de s’échapper. Et de nouveau on se retrouve devant un épisode qui illustre à merveille l’essence de la Rébellion. En mettant en parallèle la lutte physique et bruyante de Cassian et ses co-détenus, contre la survie dans les hautes sphères de la mondanité de Mon Mothma (Genevieve O'Reilly toujours impeccable) et Luthen, Andor dépeint une Alliance Rebelle intégrée aux différentes strates de la société aux portes d'une guerre bientôt ouverte.

Ainsi, le sacrifice n’est pas que l’apanage des prolétaires écrasés par l’Empire, dans les gratte-ciel de Coruscant, Mon Mothma et Luthen sont aussi les victimes de leurs propres luttes. Une bataille qui prend donc différentes formes et qui conduit ce dixième épisode à être le plus tendu de la série jusque-là, d'autant plus souligné par la composition musicale de Nicholas Britell. C'est également dans des dialogues aux répliques ciselées qu'on perçoit la peur constante qu'induit ce combat pour enrayer la machinerie impériale – auquel on ne peut s'empêcher de continuer de voir un parallèle avec la Résistance Française durant la Seconde Guerre mondiale.

Une situation pas plus enviable

C’est là que la série gagne son intérêt à être l’origin story de Cassian Andor, et non pas seulement de relater l'histoire de l'avènement de l'Empire. Andor incarne tous ces personnages-figurants des films. Il est un martyr au destin guerrier dramatique qui donnera sa vie pour que la saga puisse avancer, et pour qu'un blondinet sorti du désert récupère tous les lauriers. Ainsi, le fait d'être un spin-off de spin-off donne plus de sens à cette envie de Tony Gilroy (showrunner de la série et scénariste de Rogue One) de mettre en avant tous les nombreux inconnus qui ont donné leurs vies pour que d'autres puissent profiter de la victoire, et cet épisode 10 est le meilleur représentant de cette intention.

Ce chapitre rattrape ainsi les défauts des précédents où Cassian était en retrait, voire carrément dispensable. Sa place fait sens et il évolue vraiment vers ce qu’il sera dans Rogue One. Avec intelligence, l'écriture de cet épisode marque plus qu'auparavant la transition du solitaire opportuniste vers un homme embrassant la cause rebelle, encourageant même à ce que chaque allié qui tombe emporte avec lui un maximum d’ennemis. Tout ce qui l’anime dans Rogue One prend réellement forme, et l'influence de Luthen se fait plus remarquer.

Le mauvais exemple ?

battlefront

Ce qui fait la force (mais aussi la faiblesse) de Andor est de ne pas jouer la carte du spectaculaire, tout est affaire de mise en place et d'attente de l’action. Le braquage du bunker de l'Empire l’avait déjà montré, après deux épisodes à regarder des bergers devant une maquette, la série nous offrait un affrontement nerveux d’où peu en sont ressortis. De fait, après nous avoir présenté le fonctionnement (ingénieux) du camp de travail dans lequel est Andor et comment il annihile toute humanité, le rebelle passe à l'attaque.

À l'instar du vol sur Aldhani, la caméra porte encore une fois un regard acéré et ne s’attarde par sur les éléments tombés au combat. L'épisode 10 retrouve cette cruauté de la guerre où tous ont autant de chances d’en sortir que d’être refroidi. Efficaces et expéditives, les fusillades sont incroyablement intenses tandis que la mise en scène rend communicative l'adrénaline du combat qui parcourt les évadés. On se surprend à se réjouir de voir un détenu abattre au moins un ennemi, alors que l'épisode ne laisse pas le temps d'être choqué par ceux au destin plus funeste.

Sortir de sa case, ou y mourir

Intense est le mot qui caractérise le mieux cette explosion d’action qui vient s'étaler sur la quasi-totalité de l'épisode sans jamais tomber dans la surenchère facile, et encore moins dans le fan service tape-à-l’œil. Plus fort encore, Andor ne perd pas en émotion dès que l'évasion est enclenchée, bien au contraire. L'empathie pour les personnages est totale grâce à une narration maîtrisée de bout en bout au fil des épisodes, et dont profite ce dixième chapitre. De la même manière que les prisonniers qui crient victoire de soulagement pour se donner de la force, on veut croire à la réussite de leur évasion, dont on préfèrerait qu'ils meurent en essayant plutôt que de retourner dans cette prison.

Jusque dans ses derniers plans Andor garde une réalisation symbolique (le logo de l’Empire habilement intégré au décor), ou qui se contente de l’essentiel pour faire ressortir le tragique de chaque scène. Pas besoin de trop de mots pour faire comprendre des idées fortes, et pas besoin de plus de mots pour dire qu'Andor reste une très bonne série Star Wars qu’on aurait aimé avoir plus tôt pour qu'elle devienne le mètre étalon de Disney+.

Un nouvel épisode d'Andor est disponible tous les mercredis sur Disney+ depuis le 21 septembre 2022