La Fabuleuse Mrs. Maisel saison 5 : critique qui fait ses adieux en beauté sur Amazon

Tits up!

Après une saison 4 de Mrs Maisel plutôt mélancolique, dans laquelle Midge doutait et avait du mal à avancer dans sa carrière, la comédienne de stand-up revient plus décidée que jamais, pour enfin atteindre le succès. 

On retrouve le personnage exactement là où on l’avait quitté en fin de saison précédente. En pleine tempête de neige, Midge fait face à un panneau sur lequel elle croit lire « go forward » (« avance ») avant de s’apercevoir qu’il s’agit d’une publicité pour le Gordon Ford Show, un talk-show fictif. Ce panneau est en fait un présage, puisque Midge est rapidement repérée par ledit Gordon Ford et devient la première femme à rejoindre l’équipe des auteurs de son émission. 

Espérant passer un jour à l’antenne, la comédienne va d’obstacle en obstacle et se heurte à nouveau au plafond de verre. Au lieu de se décourager, Midge va persévérer et évoluer, notamment grâce à l’aide d’autres femmes puissantes (sa manager Susie, évidemment, mais aussi Hely, la femme de Gordon Ford). Amy Sherman-Palladino, également créatrice de Gilmore Girls, met en scène de beaux moments de sororité dans lesquels ses personnages féminins s’entraident pour réussir dans un monde d'hommes. 

 Une des plus belles amitiés féminines du petit écran

Comme toujours dans la série, les dialogues sont brillants, les décors et costumes flamboyants et les moments comiques toujours très réussis. Mais au-delà de toutes ces qualités formelles, La Fabuleuse Mrs. Maisel raconte l’émancipation de Midge, qui était destinée à incarner la parfaite femme au foyer de l’Upper West Side. 

Au fil des saisons, La Fabuleuse Mrs. Maisel explore la société américaine des années 50 et 60, et s’intéresse à des personnages féminins complexes et profonds, qui ne veulent plus se contenter des rôles traditionnels d’épouses et de mères qui leur sont assignés. Et cette dernière saison est le moment de faire le bilan.

Si le tout premier épisode de la série s’ouvrait sur le mariage de Midge et Joël, cette introduction n’était qu'une fausse piste puisque ce n’est pas une histoire d’amour (ni même de divorce) qu’Amy Sherman-Palladino s’apprêtait à raconter. La relation centrale de la série est bel et bien l'amitié qui lie Midge et son agente et amie Susie, avec ses temps forts, ses hauts et ses bas, jusqu’à la dernière seconde de l’ultime épisode.

"It's a Man, Man, Man, Man, World"

Une véritable série chorale

Au-delà du personnage éponyme, la série développe, toujours avec fluidité, les arcs narratifs de nombreux personnages complexes, qui cherchent leur place dans le monde. On continue évidemment à suivre l’ascension de Midge et de Susie (cette dernière a même droit à un épisode entièrement dédié à sa vie et sa carrière), mais leur entourage n'est pas relégué au rang de simples seconds rôles. 

Dans cette ultime saison, plus que jamais, La Fabuleuse Mrs. Maisel réussit à être une véritable série chorale qui offre un final touchant à chacun, y compris à ceux qui servaient principalement de ressort comique dans les saisons précédentes, comme les parents de Joel et, dans une moindre mesure, ceux de Midge. 

En début de saison, Mei, la petite amie de Joel, déclare : « on ne peut pas tout avoir », avant de le quitter pour choisir sa carrière de médecin. Toute la suite de la saison semble être un écho à cette réplique, avec une tonalité un peu plus sombre que les saisons précédentes. C’est le moment de faire le bilan, de revenir sur sa vie, ses choix et ses erreurs, et de prendre des décisions. 

Une véritable série chorale

Lors d’une touchante scène d’épiphanie, le père de Midge, Abe, s’aperçoit du peu de soutien qu’il a apporté à sa fille et décide de changer les choses. La mère de Midge, Rose, continue de chercher un sens à sa vie et développe son activité d’agence matrimoniale. On apprend que Joel passera par la case prison pour avoir défendu les intérêts de Midge. Malgré un beau moment entre Lenny Bruce et Midge dans le dernier épisode, la série annonce la descente aux enfers du comédien, pionnier du stand-up (qui a réellement existé).

Cette dernière saison de La Fabuleuse Mrs. Maisel offre aussi des moments plus légers. Zelda, l’employée de maison des Weissman, a droit à son happy ending et quitte la famille (perdue sans elle) pour se marier et vivre pour elle-même. Et Sylvio, avec qui Midge avait eu une brève histoire en saison 4, réapparaît pour présenter ses excuses dans une hilarante scène de jeu de chat et de la souris dans le métro new-yorkais. 

Un dernier fortune cookie pour la route...

Une question de temps

Neuf épisodes. C’est tout ce qu’il reste à La Fabuleuse Mrs. Maisel pour boucler la série et donner aux fans ce qu’ils attendent depuis plusieurs saisons déjà : le succès de Midge. Et c‘est ce que la saison va leur livrer, mais pas forcément de la manière attendue.

À la réalisation et à l’écriture de la plupart des épisodes, le couple de showrunners Amy Sherman-Palladino et Daniel Palladino joue avec le temps et n’hésite pas à utiliser des procédés surprenants pour boucler les arcs de leurs personnages. 

C’est par le biais de flashforwards étonnants (on se demande si on a lancé la bonne série lors de l’ouverture du tout premier épisode) qu’on apprend le succès de Midge et le tournant qu’a pris sa carrière. On aperçoit donc son immense succès, mais ce saut en avant permet également d'entrevoir le revers de la médaille : les mariages et les divorces, les amitiés brisées, sa relation compliquée avec ses enfants et l’impact que sa carrière aura eu sur eux. Parce qu'« on ne peut pas tout avoir ».

Un des monologues poignants dont la série a le secret...

La série utilise également des flashbacks revenant sur des moments-clés de la vie des personnages, à l’heure de faire le bilan de leur vie, et de ses différentes relations (les étapes de la relation Midge/Joel, les relations parents/enfants…). Autre incursion dans le passé, Midge retourne à l’université pour une réunion d’anciennes étudiantes, et lit les messages qu’elle et ses amies avaient écrits à leur « moi du futur ». Le message cryptique qu'elle s'était adressé trouve son sens en fin d'épisode et devient un signe de plus qu'il lui faut avancer vers son but et prendre le crédit qui lui est dû.

Cette non-linéarité temporelle donne une dimension plus profonde et plus sombre à la saison, qui ne raconte pas seulement la route vers le succès d’une femme comédienne de stand-up dans les années 60. La série propose également une réflexion sur la vie, la famille, les relations humaines complexes, les sacrifices et les choix, les erreurs commises – et comment les réparer.

Quatre minutes...

La Fabuleuse Mrs. Maisel sait aussi suspendre le temps lors des quatre minutes qui vont changer la vie de Midge, avec un travail de mise en scène remarquable, notamment sur le son et l'éclairage. Dans ce dernier épisode, le titre de la série prend enfin tout son sens et la façon dont il est révélé semble indiquer qu’Amy Sherman-Palladino avait tout prévu depuis le début.

Le jeu avec les différentes temporalités et le ballet de personnages mis en lumière est aussi fluide que les mouvements de caméra virtuoses et les dialogues toujours aussi brillamment écrits. On ne peut que reconnaître que dans cette dernière saison, comme dans toute la série, Amy Sherman-Palladino aura maîtrisé son récit de bout en bout, pour offrir un final satisfaisant et une conclusion émouvante à chacun de ses personnages. 

La saison 5 de La Fabuleuse Mrs. Maisel est disponible en intégralité sur Amazon Prime Video en France depuis le 26 mai 2023. Les saisons 1, 2, 3 et 4 de la série sont également disponibles en intégralité sur la plateforme.