Fubar : critique Schwarzy fait de la résistance sur Netflix

Déborah Lechner | 29 mai 2023 - MAJ : 29/05/2023 18:09
Déborah Lechner | 29 mai 2023 - MAJ : 29/05/2023 18:09

Quelques jours avant l'arrivée de sa série documentaire sur NetflixArnold Schwarzenegger a fait son arrivée sur la plateforme avec la série Fubar, un mélange douteux entre True Lies et Alias étiquetté comme une comédie d'action, même si on cherche encore la comédie et l'action.

SCHWARZY FAIT SON STALLONE

Pourquoi ramener le nom de Sylvester Stallone dans une critique consacrée à Arnold Schwarzenegger ? Pour que l'autrice de ces lignes entretienne ses obsessions, certes, mais surtout parce que la série Fubar et la trajectoire de son acteur principal ont plus d'un point commun avec la série Tulsa King et son autre tête d'affiche aux gros bras et cheveux gris.

De la même manière que la filmographie de Stallone a récemment pris un tournant avec un premier passage à la télévision pour contrecarrer son vieillissement, celui qu'on surnomme le chêne autrichien – et dont une partie de la carrière est étroitement lié à celle de l'Étalon Italien – a lui aussi fait un premier vrai détour par le petit écran pour conjurer les rides et l'arthrite dans une oeuvre méta

Comme l'ancien culturiste l'a expliqué au Hollywood Reporter, Fubar est autant un documentaire sur sa vie qu'une histoire fictive. Il y incarne ainsi Luke Brunner, un espion de la CIA sur le point de prendre sa retraite, mais obligé de rempiler pour une dernière mission. Dans le premier épisode, comme une note d'intention, il allume un énorme cigare (élément indissociable de son image), puis enfourche une moto avec une veste en cuir noire.

 

Fubar : photo, Arnold SchwarzeneggerVOUS AVEZ LE REF C'EST BON ?

 

Toute ressemblance avec Terminator n'est évidemment pas fortuite, les épisodes enchainant les clins d'oeil et références à la carrière de l'acteur, de l'amour de son personnage pour les comédies de Danny DeVito, en passant par sa réplique empruntée à Predator ou sa passion pour la musculation qui lui sert de couverture. Le but de la série ne fait donc aucun doute, même si l'acteur méritait bien mieux comme oeuvre testamentaire, Fubar étant plus occupé à esquiver son propos qu'à réellement verser dans l'autodérision et la parodie attendue au vu du pitch. 

Comme Stallone dans Tulsa King, Fubar dépeint en premier lieu son protagoniste comme un vieux monsieur un peu paumé – comprenez, un poil réac – pour qui les femmes sont des choses vierges et fragiles, les vrais hommes des as innés de la mécanique et les startups des conneries dont il faut se méfier comme de Skynet. Mais comme dans la série de Taylor Sheridan, les épisodes finissent par embrasser le point de vue de l'"anti-héros" en n'assumant jamais son obsolescence.

Fubar : Photo Arnold SchwarzeneggerPrêt pour la prochaine manif contre la réforme des retraites

 

PAS DE TRUE LIES, MAIS UN VRAI MENSONGE

Étant donné que Luke Brunner, qui a mené une double vie pendant des décennies, apprend que sa fille est aussi une espionne, il est évident que le scénario pioche autant du côté d'Alias que de True Lies (avec comme preuve le caméo de Tom Arnold dans un des épisodes). Sauf que James Cameron a été remplacé par Nick Santora, Jamie Lee Curtis par Monica Barbaro, le fringuant Arnold Schwarzenegger par un Schwarzy fatigué de 75 ans et le budget de 100 millions de dollars par une maigre enveloppe de série télé lambda. 

De fait, Fubar ne fonctionne sur aucun des registres qu'il invoque, que ce soit la comédie ou l'action. Concernant la bagarre, il ne faut s'attendre à rien de musclé ou d'un minimum solide, la mise en scène et le montage étant inexistants, sauf quand il s'agit de surdécouper les scènes où Luke tente péniblement de désarmer un ennemi ou de le dérouiller. Arnold Schwarzenegger, via sa doublure, reste en effet un des principaux garants de l'action, celui qui déjoue les situations périlleuses, arrête les méchants et s'avère finalement toujours à la hauteur de l'exercice, alors que toute la série prouve l'inverse. 

 

Fubar : Photo Arnold Schwarzenegger, Monica Barbaro, Jay BaruchelAllô Papa bobo

 

L'acteur (et producteur exécutif) est au centre d'un projet qu'il ne peut pas porter, et c'est tout le problème. Plutôt que d'assumer ses limites et d'opérer un vrai passage de relai au détour de sa relation conflictuelle avec sa fille, la série préfère en faire un super-papy qui fait de la résistance. Mais le déni dans lequel s'enfonce Fubar n'est pas son seul talon d'Achille. Il y a aussi l'humour, qui ferait passer n'importe quel clown de fête foraine pour le nouveau Desproges.

En voulant reprendre les clichés humoristiques des films d'action et d'espionnage des années 90 sans jamais chercher à les détourner, la série empile les punchlines molles sans aucun tempo comique, rendant risible ce qui se voulait gentiment moqueur. Et pour bien faire durer le supplice, les huit épisodes qui pourraient être condensés en 30 minutes font tous entre 50 minutes et 1h...

 

Fubar : Photo Travis Van Winkle, Fortune FeimsterQuand on leur demande qui est le plus lourd de l'équipe

 

Plus c'est long, plus tu regardes le plafond

Entre la lesbienne bourrue adepte du chat-bite sur ses collègues, le beau gosse séducteur qui a un petit coeur qui bat sous ses gros pecs, l'informaticien geek qui a du mal à séduire les filles (parce que c'est un geek) ou encore le beau-fils qui parle trop parce qu'il est nerveux devant beau-papa, la série ne peut pas non plus compter sur ses personnages secondaires pour relever le niveau.

Tout ce beau monde débite sans conviction des répliques niaises ou d'un autre temps (comme le chat-bite), sans que le scénario ne les extirpe de leur caricature et fonction unique. Une fois seulement, dans un des derniers épisodes, la série tente de creuser leur personnalité embryonnaire dans une dramatisation gênante et surtout un élan vain vu le temps passé à les ridiculiser

En plus de la galerie de personnages unidimensionnels, les différentes missions n'ont rien de plus exaltant et reprennent tout ce qui a déjà été vu dans n'importe quelle série policière diffusée sur TF1 ou M6 : truquer une partie de poker, s'infiltrer chez un ennemi lambda, faire évader un prisonnier, empêcher un terroriste de faire dérailler un train, etc. L'histoire de fond (parce qu'il y en a bien une) est elle aussi ennuyeuse et clichée au possible. Le but des Brunner est d'attraper Boro, un méchant ultra caricatural campé par Gabriel Luna, qui ironiquement a joué un modèle plus perfectionné de Terminator dans Dark Fate. 

 

Fubar : photo, Gabriel Luna, Arnold SchwarzeneggerBoro mire (on devait bien faire ce jeu de mots à un moment)

 

Cet antagoniste est censé avoir un lien quasi filial avec Luke et même un bout d'arc narratif qui verse sans surprise dans la psychanalyse de comptoir, à l'image de tous les autres problèmes familiaux des Brunner. Plus globalement, si on laisse de côté les "blagues" phalliques embarrassantes, la série se concentre principalement sur des querelles familiales toutes plus artificielles les unes que les autres, jusqu'à devenir une trop bonne imitation des Feux de l'amour pour être du second degré. Heureusement pour le monde, Fubar n'aura pas la même espérance de vie que le soap opera de 50 saisons. 

Mais de la même façon qu'Arnold Schwarzenegger n'est pas près de prendre sa retraite, son personnage devra lui aussi attendre avant de se la couler douce étant donné le cliffhanger de fin de saison qui annonce clairement une suite. Le meilleur qu'on puisse attendre de cette hypothétique saison 2 serait donc son annulation

La saison 1 de Fubar est disponible depuis le 25 mai sur Netflix

 

 

Fubar : Affiche Us

Résumé

Avec Fubar, ce qui devait être comique n'est qu'une mauvaise blague, tandis que l'action est plus proche du pétard mouillé que de l'explosion de dopamine. Arnold Schwarzenegger n'avait pas besoin de ça, son public non plus. 

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Lecteurs

(2.9)

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commentaires
Pat Rick
16/01/2024 à 14:43

Ma foi ce n'est clairement pas la série du siècle mais ça se regarde sans ennui jusqu'au bout. Je suis d'accord sur le fait que les épisodes auraient pu être plus court et que ça manque de scènes d'action.

Franken
31/05/2023 à 17:11

C’est beau tous ces gens qui ont pris le temps de regarder Fubar en s’attendant au pire et qui ont trouvé ça finalement pas si atrocement nul mais juste bof quoi…

Je crois que je vais juste prendre le temps de trouver mieux à regarder !

Laz
31/05/2023 à 13:48

Je m'attendais à bien pire. Arnold est totalement anachronique, il est presque touchant en ce qui concerne sa relation avec son ex-femme, sa relation avec sa fille ne manque pas de sel. Et les seconds rôles, quoique stéréotypés, se débrouillent correctement. Pas la série de l'année, mais un divertissement correct.

Terminéator
30/05/2023 à 18:17

Et bien moi j’ai passé un plutôt bon moment devant cette série . On ne va pas se mentir , c’est pas la prod du siècle . Mais j’en attendais tellement rien que je me suis pris au jeu. Et je trouve que Schwarzy s’en sort plutôt bien même s’il garde certains tics de jeu par moment. L’humour , on a vu bien pire , c’est du déjà vu mais ça passe bien ici. L’action , bon ok , quand vous avez vu Terminator 2 , Last Action Hero et True Lies avec le même Arnie , ça fait pâle figure à côté mais je trouve que la réalisation s’en sort pas trop mal pour ce type de prod. Par contre madame @DeborahLechner que vous fassiez votre critique et que vous n’aimiez pas , soit mais ne vous sentez pas obligé de dire que vous savez ce que le public d’Arnold veut , c’est clairement faux et prétentieux de votre part ;)

Maxenegger
30/05/2023 à 11:02

La carrière d’Arnold s’est construite avec le talent de réalisateurs tels que Paul Verhoeven, John Milius, Ivan Reitman, James Cameron, John McTiernan ou Walter Hill. Des cinéastes qui ont réussi à utiliser son charisme, mais surtout reconnaître et contrôler les talents très limités de l’acteur (Arnold est une star, pas un acteur formidable, nuance). Ce n’est pas un secret : l’autrichien de mon coeur a besoin d’être bien dirigé pour resplendir (Stay Hungry, True Lies, Last Action Hero, Conan, Terminator, Predator, la trilogie Reitman, Total Recall). Les dernières bobines de Schwarzy (Le Dernier Rempart, Sabotage, Maggy, Aftermath) ne manquaient pas de qualités, mais le jeu restreint de la star chahutait parfois-souvent la crédibilité du récit.

Écrite par Nick Santora, #Fubar ressemble à un sous-sous-sous-True Lies : un père et sa fille découvrent qu’ils travaillent secrètement pour la CIA mais chacun de leur côté. Voilà le pitch. Donc, Fubar rend-t-il service à la carrière de l’autrichien ?

LES GROS INCONVÉNIENTS ET TRUCS NULS :

- C’est horrible : les huit épisodes se ressemblent beaucoup trop. De fait, un certain ennui s’installe rapidement. L’histoire manque cruellement de rythme. Les huit épisodes de quasi 1 heure pourraient largement être condensés en 30/35 minutes.
- L’action est mollasse et petit bras. Fubar n’est décidément pas True Lies (son modèle) : l’ultra classicisme de l’action fatigue.
- Les personnages secondaires cumulent bien trop de clichés (à l’instar de l’intrigue très typée 90).
- On aurait aimé dans la narration une relation père/fille beaucoup plus subtile. Dommage, c’est le concept de la série !
- L’humour est censé être assuré par le duo de deux agents de la CIA aux rôles secondaires, Ruth et Aldon. Gags, punchlines, quiproquos et malentendus, les tentatives humoristiques ne manquent pas... Mais quelle fadeur. On frôle souvent la gênance... Le potentiel comique n’opère pas.

LES TRUCS COOLS DE FUBAR :

- J’ai fortement apprécié la façon dont la série épingle certains stéréotypes de genre (rôles assignés aux femmes, manière dont les pères/hommes contrôlent leurs vies). Cet ADN moins patriarcal est rafraîchissant dans le genre comédie/action. Netflix veut coller à l’air du temps ?... Et alors ? Tant mieux.
- Monica Barbaro est la véritable star de la série ! Schwarzy ne démérite pas, mais il rate 1 scène sur 2 / Il peut parfois étonnanment étonner (voir exceller) dans l’autre sens.
- Les cliffhangers de fin d’épisodes ont marché sur moi.
- J’ai aimé dans l’écriture les réactions de con de Luke Brenner (Schwarzenegger). Celui-ci n’a pas toujours le bon rôle, les bonnes réponses ou attitudes.
- J’ai aimé le choc des générations entre le père et la fille (old-school vs modernité).
- J’ai ADORÉ les nombreux messages cachés d’Arnold adressé au véritable Amour de sa vie dans la vraie vie ; Maria Shriver. Le mea culpa sur les «liaisons» est savoureux.
- Le clin d’oeil à Jumeaux : j’ai ri (un peu). Quel regret de ne pas voir «triplet» (Twins 2) suite à la disparition d’Ivan Reitman.
- La présence- caméo de Tom Arnold est sous exploitée, mais fait plaisir.

CONCLUSION :

Fubar , série netflixienne calibrée pour le grand public, ne révolutionne rien et n’invente pas l’eau chaude. Mais au fil des épisodes (ça s’améliore dans les 3 derniers épisodes), ce récit d’action familial se révèle être relativement divertissant et un peu fun. Perso, je suis resté sur l’ambiance bon enfant du show.

Fubar, c’est principalement quoi ? Une série qui avait du potentiel sur le papier avec un Schwarzy dans une comédie d’action True Liesienne... Mais sans la plume et le talent de James Cameron. Fubar ne restera pas dans l’Histoire.

La fin de la saison est trèèèèèès ouverte. Comme la série semble cartonner... Il y aura probablement une suite. Je suis de ceux qui préfère la hype d’un «King Conan».

DGG08
30/05/2023 à 10:11

j'essaie encore, mais clairement je'm'ennue a'mourir

jj24
30/05/2023 à 09:35

le dernier terminator dark fate etait une nulité absolue et bien je voie helas qu'il continue dans cette serie
et dire que au debut des année 80 je l'ais adoré true lit last action hero comando total recall ;pedator et la serie de 1 a 3 voir 4 les terminator
mais faut croire helas que tout cela ne dure pas hé il a pris un cout de vieux quand meme
on pas toujours etre et avoir etait merci quand pour ces film a lui pour ces film que je viens de cité

Liojen
30/05/2023 à 08:33

Finalement celui qui s’en est le mieux sorti niveau série c’est JCVD avec son génial et hilarant Van Johnson!

flo
30/05/2023 à 00:18

@Flash toi pas besoin de confirmer, t'es bien moisi

Lord Sinclair
29/05/2023 à 23:23

J'ai tenu 20 mn...
C'est encore pire que Tulsa King.
La vieillesse est un naufrage, paraît il.

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